Les émeutes menées par les ligues fascistes à Paris place de la Concorde, au soir du 6 février 1934 constituent sans doute la plus grave crise politique que connue la France durant l'entre-deux-guerres. Pourtant, à ce jour, il n'existait en français aucune étude historique entièrement consacrée à ces émeutes fondée rigoureusement sur les archives. Exploitant toutes les sources disponibles (archives, journaux, mémoires), Jenkins et Millington retracent minutieusement la préparation, le déroulement et les multiples conséquences de ces émeutes tragiques.
Les auteurs établissent non seulement les faits et les responsabilités avec précision, mais ils apportent aussi un éclairage nouveau sur les grandes questions qu'a suscitées cet événement complexe : dans quelle mesure la république fut-elle menacée ? Quel fut le rôle précis des anciens combattant ? Quelles étaient les motivations et les obectifs des différents groupes d'émeutiers ? Replaçant le 6 février dans le contexte des années 1930, les auteurs critiquent la méthode et les partis pris des historiens tels que Serge Berstein, Michel Winock et Antoine Prost qui nient l'existence d'un fascisme français durant l'entre-deux-guerres.
Rejetant la thèse d'une allergie française au fascisme, ils prouvent que des ligues comme les Croix-de-feu ou bien la Solidarité française n'avaient rien à envier à leurs homologues italien et allemand en matière d'antiparlementarisme, d'anticommunisme et d'autoritarisme. S'il fallut attendre l'invasion allemande pour que s'établisse avec Vichy un régime fasciste en France, ce ne fut pas en raison d'une "immunité" supposée de l'opinion française contre une telle idéologie.
Ce qui empêcha le fascisme d'arriver au pouvoir suivant les scénarios italien et allemand, ce fut la vivacité de ses adversaires communistes et socialistes qui surent, mieux qu'ailleurs, s'organiser et agir de façon à ne rien céder à l'extrême droite.