Beauchesne
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La mort du devin, l'émergence du démiurge ; essai sur la contingence, la viabilité et l'inertie des systèmes
Jean Pierre Aubin
- Beauchesne
- 4 Novembre 2010
- 9782701015040
Depuis les premiers mythes de la création en passant par Fermat - pour qui le rôle du devin revient à une nature minimisant le trajet d'un rayon lumineux et qui démontre que ce trajet est bien optimal -, un consensus s'est formé chez la plupart des physiciens et des mathématiciens pour accepter l'hypothèse que ce monde est le meilleur des mondes physiques et prévisibles. Peu mettent en doute que nos variables - celles qu'observe notre cerveau - ne sauraient évoluer sans pilote. Jean-Pierre Aubin l'appelle le Devin : omniscient, il connaît l'avenir, le bien et le mal, il est capable de rechercher et de trouver la meilleure parmi toutes les évolutions possibles au long du temps.
Mais il est d'autres variables dont on peut se demander si elles n'échappent pas au pouvoir du Devin - les gènes, en biologie, les codes culturels, en sociologie, les prix, en économie, les idées, en sciences cognitives, d'autres encore. Jean-Pierre Aubin classe ce type de variable sous le nom de régulons et désigne le responsable de leur évolution : c'est le Démiurge. Il est myope, paresseux, mais explorateur, conservateur, mais opportuniste. Confronté à la nécessité d'adapter à chaque instant ses variables à un environnement qui lui est imposé, le Démiurge régule leur possible évolution viable. Le Devin prend des décisions optimales. Le Démiurge, lui, les prend à temps pour modifier les régulons lorsque la viabilité est en jeu.
Le comportement du Devin motive depuis des siècles d'innombrables travaux mathématiques. Ce n'est que depuis trente ans que les mathématiciens élaborent des métaphores du comportement du Démiurge à l'aide de nouveaux concepts et outils mathématiques venant s'ajouter à ceux conçus pour rendre compte du monde inerte. Les décrire est l'objet de la seconde partie de cet ouvrage.
Auparavant, l'auteur mène son enquête sur l'évolution dans les divers champs disciplinaires des sciences du vivant, de la biologie aux sciences cognitives, de la phylogenèse à la finance. Pour le plaisir de l'esprit et de la découverte, Jean-Pierre Aubin dévore le monde vivant en ogre mathématicien.
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L'homme est-il de sa planète le maître absolu ? Sur la nature, n'a-t-il que des droits ? Nous voyons aujourd'hui jusqu'à quelles menaces terrifiantes l'ont conduit son avidité et son imprudence. Quelle terre va-t-il laisser à ses enfants ?
De cette grave question, L'HOMME ET LA TERRE EN PÉRIL constitue une prise de conscience pressante et lucide appuyée sur les réalités les plus concrètes et rejoignant les valeurs fondamentales qui font la dignité de l'homme.
Défendre la nature, non seulement avec les raisons de la raison, mais aussi avec celles du coeur et de l'intuition, c'est contribuer à remettre tout à sa vraie place : Dieu, l'homme, les choses.
Après la critiqué d'une technicité abusive, après le constat des principales nuisances, la partie constructive de l'ouvrage laisse filtrer l'espoir : chacun à sa place peut travailler à réparer les dommages, à conjurer les menaces, à rendre la terre, notre propriété commune, plaisante à habiter.
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Pratiquement, nous entendrons, par transformisme, la théorie, restreinte au domaine de la vie, qui veut expliquer l'origine de toutes les espèces animales ou végétales à partir d'un ou plusieurs phylums primitifs uniquement par voie de descendance ou génération, par progression lente ou brusque sous l'influence d'éléments étrangers et par adaptation aux circonstances. Le transformisme est intégral, s'il prétend rattacher tous les êtres et organismes vivants à un phylum unique j il est rest1'eint s'il suppose plusieurs phylums primitifs et irréductibles entre eux.
L'évolution, en un sens très général, désigne une transformation d'ordinaire lente et continue, mais qui peut aussi être brusque et spontanée, par développement et explicitation du principe interne, soit d'un être, soit d'une idée, Elle est applicable à tous les êtres, quels qu'ils soient, et par quelque processus que le développement ait lieu.
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La répartition des plantes à la surface du globe, ainsi que les associations régulières d'espèces qui caractérisent telle région ou tel site, sont encore des faits à étudier par le naturaliste. Sans doute le point de vue est ici plus extérieur au vivant; le lien qui unit les Végétaux en associations n'est pas un lien vital au même sens que la parenté systématique : ces associations sont de simples mélanges équilibrés et non des consensus vitaux ; leur étude est un peu comparable à celles des mélanges complexes que constituent les roches. Bien qu'en ce cas l'explication appartienne plutôt à l'ordre des sciences géographiques, les géobotanistes ont cependant déjà rendu de signalés services à la connaissance des espèces et des groupes supérieurs à l'espèce.
Ainsi de tous côtés, quelle que soit leur spécialité, les naturalistes se sentent appelés à faire oeuvre de systématiciens : c'est une vérité bien mise en lumière par la science actuelle, que le but dernier de l'histoire naturelle est d' élaborer une Classification profondément pensée et synthétisante. A vrai dire, chacun sait que les espèces, genres, familles, etc., sont encore bien plutôt termes de description que termes d'explication. Le savoir humain les décrit par touches successives, il les « signifie » au moyen de tous les faits observables et mesurables qu'on peut mettre à leur compte. Mais la loi dernière de coexistence de tous ces caractères nous échappe. N'est-ce pas la grande misère des connaissances expérimentales que de s'arrêter ainsi, à distance, devant les essences! Pourtant, le centre où convergent tous les caractères importants d'un groupe naturel ne se perd pas complètement dans l'inconnu. D'autant moins difficilement qu'il s'agit d'une unité plus vaste et moins compréhensive, on peut atteindre à quelque substitut des essences: physionomie d'ensemble, tendances dominantes. Ces résultats sont la substance de l'histoire naturelle, et en font le véritable attrait. On y atteint par le désir de « comprendre », s'exerçant sur les éléments d'une information très vaste et organisée ; quelques intuitions fort modestes ne seront conquises qu'après avoir longuement contemplé l'unité vivante, après avoir, selon le mot de Bergson, « gagné sa confiance par une longue camaraderie avec ses manifestations superficielles ».
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Ce livre n'est pas un manuel, ni un traité. Il voudrait présenter les derniers résultats des études dur l'hérédité et mettre à la portée du public réfléchi ces vieux problèmes que la science moderne a rajeunis. Plus encore que frayer des chemins, il voudrait ouvrir des perspectives, faire penser, rêver peut-être !.
[.] Après avoir été détruit par un bombardement à la veille de sa parution en juin 1944, ce livre vient d'être remis sous presse. Nous avons profité de ce retard pour tenir compte des travaux publiés en 1943 et 1944 et rétablir certains passages censurés.
Avril 1945
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Quel que soit le groupe de phénomènes naturels que l'on prenne comme point de départ, en remontant des effets aux causes, on aboutit rapidement à l'inconnu ; il arrive un moment où le mètre ne troupe plus son emploi, où la balance n'a plus rien à peser.
L'esprit ne renonce pas pour autant à chercher les raisons des choses ; au contraire, ses questions se font plus pressantes à mesure que le terrain se dérobe.
Lorsqu'on médite sur les données de la biologie, on acquiert bien vite la conviction qu'il n'est pas possible, pour l'instant, de ramener les manifestations de la pie à des cycles connus de réactions physico-chimiques.
Ignorance momentanée, disent les uns, que les siècles dissiperont peu à peu ; d'autres, au contraire, aperçoivent un abîme entre les corps bruts et les êtres vivants.