Peintre rétif et frondeur, Courbet participe de l'effervescence artistique et politique de son époque. Sous l'impulsion de Jules Champfleury, il jette les bases de son propre style : le réalisme. Si Courbet ne révolutionne pas la peinture elle-même, il en bouleverse radicalement les normes, réformant à la fois le « sujet de peinture » et la manière de peindre. Aujourd'hui, son oeuvre permet de réévaluer les enjeux liés à la question de la modernité en art.
L'invention de Courbet par lui-même décline les questions de la réception de l'oeuvre, du rapport que l'artiste entretient avec son temps, comme celles relevant de la rupture esthétique.
L'Atelier du peintre, l'Enterrement à Ornans, L'Hallali du cerf, Les Baigneuses, La Rencontre, la série des Vagues et des paysages de Franche-Comté : ces chefs-d'oeuvre montrent combien Courbet fait voler en éclats toute notion de beau et de mimesis, leur substituant une iconographie qui abolit hiérarchie des genres et principe de vraisemblance. La présence de la peinture, de la matière picturale est un élément fondamental du processus créatif chez Courbet ; elle fait effet de vérité. La décision d'être peintre, l'engagement en peinture, le thème de l'autoportrait, le rapport au spectateur composent autant d'aspects d'une véritable « rhétorique du moi ». Tout au long du XIXe siècle, la présence affirmée du « corps du peintre » dit la puissance de l'acte de peindre.
To be or not to be est sorti aux États-Unis en 1942. Ernst Lubitsch avait quitté Berlin pour Hollywood depuis vingt ans, et le pays, après Pearl Harbor, entrait tout juste dans le conflit mondial. Le cinéma, lui, s'y risquait avec prudence ; seul Chaplin s'était autorisé jusque-là, avec son Dictateur, la plus extrême audace. To be or not to be prend d'autres voies, non moins drôles, non moins graves. Il raconte la résistance d'une troupe de comédiens, pareils à tous leurs semblables. Charmants, égoïstes, vaniteux, mais capables d'une minute à l'autre d'endosser l'habit des héros ou de danser sur un fil entre vie et mort. Pour les histrions, le monde en guerre est un théâtre et la scène un champ de bataille.
En son temps, To be or not to be fut peu ou mal compris, accueilli avec raideur par des critiques dont les films antinazis mettaient le goût à rude épreuve. Soixante-dix ans plus tard, le film vibre encore de ses paradoxes. Produit d'une époque troublée, il parle aux publics d'aujourd'hui comme à ceux d'hier. Incarnation de l'âge d'or hollywoodien, il joue avec ses normes, ses genres, ses limites.
Disons-le autrement : To be or not to be est devenu un classique, et comme tous les classiques, il a au moins deux histoires. L'une est ancrée dans son temps, liée aux circonstances historiques, artistiques, sociales et culturelles de sa production. L'autre, non terminée, est écrite au jour le jour par chaque nouvelle génération de spectateurs, éblouis par ce mélange unique de futilité, de drame et de profondeur.
Rohmer compte parmi les cinéastes qui ont su renouveler le cinéma français. Cinéphile prosélyte, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, il participe à la création de la Nouvelle Vague. Tout au long de sa filmographie, il conserve une indépendance et une originalité farouches, n'hésitant pas devant des genres décriés ou sous-estimés, le court-métrage, le film dit bavard, ou pire encore, le film de plage..., et il transforme chacun de ses essais. Alors, oui, les personnages parlent beaucoup dans Conte d'été, un film qui se déroule sur les plages de Dinard, mais c'est parce que le cinéaste croit à l'importance des sentiments et à celle du langage pour les explorer et en jouir. Rien de futile là-dedans. Sans doute même une grande subtilité, qui s'allie parfois au paradoxe : il y est question du hasard et du choix, du naturel et de l'artifice, de la variation et de la série, de la règle et du libre arbitre et, toujours, de l'intérêt que le cinéaste porte au féminin. Tant il est vrai que, profondément, Rohmer est animé par le goût de la beauté, par une haute idée du cinéma et par le respect de son spectateur. L'auteur Enseignante, Carole Desbarats a été directrice des études à La fémis, l'École nationale supérieure des métiers de l'image et du son. Elle est actuellement en charge de la diffusion des savoirs à l'École normale supérieure. Depuis longtemps, elle accompagne la réflexion des Enfants de cinéma sur la transmission du cinéma à l'école. On lui doit des essais sur Jean-Luc Godard, Atom Egoyan, Éric Rohmer, les larmes ou la violence au cinéma.
« Comme beaucoup de pièces de Shakespeare, Hamlet est construit de sorte que même le spectateur le plus naïf soit directement en contact avec son aspect énigmatique : pourquoi, après avoir passé une bonne part de la pièce à chercher la preuve de la culpabilité de Claudius, une fois qu'il l'a obtenue sous nos yeux de façon certaine, Hamlet sursoit-il à son acte ? Comme l'a brillamment montré Lev Vygotski, si Shakespeare «nous signale constamment et très clairement la ligne droite que devrait suivre l'action, c'est pour nous faire ressentir de manière aiguë les écarts et les détours que cette action décrit». C'est ce qu'on pourrait appeler une dramaturgie de l'aiguillage : en même temps que la pièce prend une voie, Shakespeare nous rend conscients de la voie - souvent bien plus logique - qu'elle n'emprunte pas. L'espace toujours croissant qui sépare ces deux directions ouvre un champ problématique dans lequel peuvent s'engouffrer toutes sortes de réponses critiques et scéniques. » Anne-Françoise Benhamou. Cet ouvrage est une invitation à parcourir les voies que la scène a ouvertes du milieu du XIXe siècle jusqu'aux créations les plus récentes pour donner aux énigmes de l'oeuvre toute leur force théâtrale. Catherine Treilhou-Balaudé a dirigé ces études en compagnie de Leila Adham, Anne-Françoise Benhamou, Maxime Contrepois, Rafaëlle Jolivet Pignon, et Gisèle Venet.
Au XIXe siècle, après des décennies d'expérimentation et de progrès, de faveur et (surtout) de défaveurs, le paysage triomphe, tant dans l'oeuvre des artistes que dans le regard porté sur lui par la critique et le public. Ce succès s'est construit à mesure que s'imposait le travail en plein air, la peinture « d'après nature », à mesure - ceci expliquerait-il cela ? - que la civilisation se faisait plus industrielle, plus urbaine, en même temps que la vision des mondes s'élargissait, et tandis que se développait la photographie, cet art/industrie qui devait tant contribuer à modifier les manières de voir un paysage, et de le représenter. L'art du paysage est à son apogée dans la seconde moitié duXIXe siècle, avant qu'il ne connaisse de multiples inflexions, de nouvelles structurations et déstructurations qui le conduiront à l'abstraction... une abstraction dont aujourd'hui il tend à s'éloigner pour renouer avec les réalités et l'histoire. Cet ouvrage analyse l'évolution de l'art du paysage depuis le début du XIXe siècle en donnant constamment à réfléchir sur les liens qui l'unissent à la géographie, l'histoire, la littérature et la musique. Il montre en particulier comment toutes les formes musicales sont concernées par le paysage, de l'intégration pure et simple des sons de la nature aux évocations les plus distanciées en passant par les jeux d'imitation des phénomènes naturels.
Depuis plus d'une vingtaine d'années, Thierry Machuel, compositeur et pianiste français né en 1962, développe une oeuvre originale centrée sur l'écriture chorale et la mise en musique de poètes contemporains du monde entier. Dans cet ouvrage, sont présentés Dark Like Me, sur des textes de Langston Hughes, Amal Waqti, inspiré par le poète palestinien Mahmoud Darwich, Kemuri, à partir de haïku et de tanka de Kobayashi Issa et de Takuboku Ishikawa, Paroles contre l'oubli, issu de textes rédigés par des détenus incarcérés à la prison de Clairvaux, et Leçons de Ténèbres, une pièce instrumentale évoquant le monde carcéral.
Thierry Machuel y interroge les liens entre langage et musique, entre éthique et esthétique, par-delà les différences de langue, de cultures et de conditions sociales.
La singularité de sa démarche artistique a nécessité une approche pluridisciplinaire dépassant souvent les limites de l'analyse musicale. La question du sens en poésie et en musique, la multiplicité des langues et leur incidence pour la composition, l'inscription sociale et l'enjeu éthique des oeuvres ont primé sur l'analyse formelle autonome. Cet ouvrage réunit ainsi la réflexion de chercheurs en musicologie et en littérature, d'une interprète d'Amal Waqti, d'une écrivaine, tous ayant été en constant dialogue avec le compositeur.
Dans les brochures de la collection "Textes de référence. Lycée LEGT" retrouvez les textes officiels des programmes d'enseignements généraux et technologiques édités par disciplines et par niveaux, dans une version papier complète, facile à parcourir et annoter, comprenant les horaires attribués à chaque matière.
Aujourd'hui la modernisation de la sphère publique semble trop souvent n'être qu'une affaire d'outils, de réduction de moyens et d'augmentation du contrôle, sans que l'on sache quels sont sa finalité et son impact attendu. Quant aux connotations du management, elles se réduisent parfois à productivité, travail accru et absence d'écoute...
Pourtant de telles déviations dans les conceptions et les pratiques ne sont pas une fatalité. Certes les outils sont indispensables pour améliorer le fonctionnement quotidien des services, mais il convient d'inverser la logique en partant du sens (les buts à atteindre et les enjeux du changement), afin de positionner les instruments de gestion dans un cadre cohérent.
Le « management par le sens » ouvre ainsi des voies constructives pour les cadres mobilisés sur des processus orientés par les missions et améliorés par l'implication des agents. Il peut faire avancer les réformes au service du bien public, en facilitant la compréhension des enjeux et la prise en compte de leur complexité.
Ce chemin est complexe car il suppose une réflexion prospective et une vision globale des finalités, ce qui peut provoquer davantage de débats, voire de divisions autour du sens. Mais il est aussi plus riche et il a déjà fait la preuve de son réalisme.
Ce livre montre ainsi que des expériences concrètes sont en marche, et que des prises de conscience se développent dans toutes les sphères publiques. Il s'adresse à tous ceux qui s'impliquent dans la modernisation du service public ainsi qu'aux étudiants et aux chercheurs travaillant sur ce thème.
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