Sciences humaines & sociales
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L'infini dans un roseau : l'invention des livres dans l'Antiquité
Irene Vallejo
- Belles Lettres
- 10 Septembre 2021
- 9782251452210
« L'amour des livres et de la lecture respire à travers ce chef-d'oeuvre. Je suis absolument certain qu'il sera lu même une fois que ses lecteurs actuels seront passés dans l'au-delà. Mario Vargas Llosa Vallejo a judicieusement décidé de se libérer du style académique pour choisir la voix du conteur. L'histoire n'est pas considérée comme une liste d'ouvrages cités, mais comme une fable. Ainsi, pour n'importe quel lecteur curieux, ce charmant essai est accessible et émouvant dans sa simplicité parce qu'il est un hommage aux livres par une lectrice passionnée. » Quand les livres ont-ils été inventés ? Comment ont-ils traversé les siècles pour se frayer une place dans nos librairies, nos bibliothèques, sur nos étagères ?Irene Vallejo nous convie à un long voyage, des champs de bataille d'Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l'éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d'Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis. Grâce à son formidable talent de conteuse, Irene Vallejo nous fait découvrir cette route parsemée d'inventions révolutionnaires et de tragédies dont les livres sont toujours ressortis plus forts et plus pérennes. L'Infini dans un roseau est une ode à cet immense pouvoir des livres et à tous ceux qui, depuis des générations, en sont conscients et permettent la transmission du savoir et des récits. Conteurs, scribes, enlumineurs, traducteurs, vendeurs ambulants, moines, espions, rebelles, aventuriers, lecteurs ! Autant de personnes dont l'histoire a rarement gardé la trace mais qui sont les véritables sauveurs de livres, les vrais héros de cette aventure millénaire.
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Des voix s'élèvent de la nuit d'Athènes pour célébrer l'amour. Les invités du banquet d'Agathon - ce sont ses talents de tragédien que l'on fête - livrent tout à tour leur version d'Eros. Le vin lourd et épicé délie les langues. L'invention va atteindre des sommets d'extravagance avec le mythe d'Aristophane. L'intensité dramatique, modulée de main de maître, va crescendo. Enfin, Socrate prend la parole, mais plutôt que de pousser son avantage dialectique, il choisit de rapporter les propos que lui a tenus jadis la prêtresse de Mantinée. C'est unique dans l'oeuvre de Platon, et disons-le rarissime dans l'histoire de la pensée occidentale : c'est à une femme que revient la tâche d'initier le philosophe au mystère de l'amour.
Ce que dit Diotime va changer l'histoire de notre sensibilité ; George Steiner le montre dans la préface : "l' 'Eros authentique est une quête de l'immortalité, notre vie n'est valable que si elle aspire à la vision de la beauté absolue, qui est aussi vérité".
Texte établi et traduit par Paul Vicaire, annoté par François L'Yvonnet.
Préface de George Steiner.
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Jamais, peut-être, socrate ne fut aussi tranquille qu'en cette journée particulière qui s'achève par un arrêt de mort .
Le procès, banal par certains côtés (ce n'est ni la première ni la dernière fois que l'on aura la peau d'un homme libre), a pour nous valeur de symbole. il est l'un des événements fondateurs de notre identité intellectuelle : il décidera de la vocation philosophique de platon. l'histoire de la pensée occidentale porte la marque de cette césure : il y a l'avant et l'après socrate. chaque fois qu'une communauté tente, par la censure, l'ostracisme ou le meurtre, de réduire au silence un étranger moral ou intellec tuel à l'intérieur de ses murs, de bâillonner ou d'effacer ses interrogations intolérables, elle vit une heure socratique.
" (george steiner).
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La mer sans limites : Une histoire humaine des océans
David Abulafia
- Belles Lettres
- 6 Septembre 2024
- 9782251455976
Introduction
Partie I : Océan Pacifique : le plus ancien
176000 av. J.-C.-1350 apr. J.-C.
La vieille mer
Chants de marins
Partie II : Océan Indien : la mer du milieu
4500 av. J.-C-1500 apr. J.-C.
Les eaux du paradis
Au pays des dieux
Pionniers frileux
Maîtriser la mousson
Brahmanes, bouddhistes et businessmen
Un empire maritime ?
« Je m'apprête à traverser le grand océan »
Levant et couchant
« Le monde est devenu un monde de mondes »
Le dragon s'en va-t-en mer
Lumière sur l'océan Occidental
Lions, cerfs et chiens de chasse
Partie III : Océan atlantique : le plus récent
22000 av. J.-C.-1500 apr. J.-C.
Vivre en lisières
La faucille et le sabre
Marchands d'étain
Les aventuriers de la mer du Nord
« Ce dragon bardé de fer »
Des mondes d'îles nouvelles
Ours, orques et otaries
Bons profits de Russie
Poisson séché et piment doux
Le défi anglais
L'essor du Portugal
Îles vierges
Or et esclaves de Guinée
Partie IV : Dialogues océaniques
1492-1900
La grande accélération
D'autres routes des Indes
Aux antipodes
Liaisons océaniques
Un nouvel Atlantique
La bataille pour l'océan Indien
Grands galions de Manille
Les bateaux noirs de Macao
Un quatrième océan
Montée en puissance des Hollandais
À qui sont ces mers ?
Nations flottantes
Les Indes Nordiques
Austrialia ou Australie ?
Des noeuds dans la toile
Le pire endroit sur terre
La longue route jusqu'en Chine
Des fourrures et du feu
De la « ville du lion » au « port aux parfums »
Mousquetaires et Mogadoriens
Partie V : Océans confinés
1850-2000
Continents divisés, océans conjoints
À la vapeur en Asie, à la rame en Amérique
La guerre, la paix, et plus de guerre
Océans en boîte
Conclusion
Remerciements
Sources citées
Glossaire
Table des illustrations
Index des noms -
Le Gorgias est sans doute le plus animé et le plus féroce des dialogues platoniciens. A la faveur de la discussion qui oppose Socrate au sophiste Gorgias et à l'incroyable rhéteur Calliclès, Platon conduit la philosophie en un lieu où on ne voulait pas l'attendre : au sein des assemblées, des tribunaux et des discussions publiques où la question est posée de la "meilleure manière de vivre". A l'encontre de la rhétorique athénienne, la philosophie revendique la prétention exclusive d'être le seul discours éthique. Qu'il s'agisse des plaisirs, dont on ne peut vraiment jouir qu'à la condition de les maîtriser et de les connaître, ou du soin de la cité, qui exige un gouvernement susceptible d'améliorer les citoyens, la philosophie fait ici valoir sa compétence à ordonner les conduites.
Sans doute écrit au moment où Platon fondait à Athènes l'Académie (autour de 387), le Gorgias veut être le protocole éthique d'un engagement politique ; il débat donc des conditions du gouvernement de soi et des autres.
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La grande mer : une histoire de la Méditerranée et des méditerranéens
David Abulafia
- Belles Lettres
- 19 Août 2022
- 9782251453064
Pendant quelque trois mille ans, le bassin méditerranéen a été un foyer de civilisation de premier ordre. Il a exercé une influence majeure sur les affaires du monde.
David Abulafia retrace ici l'histoire d'une mer à hauteur d'homme, de la guerre de Troie à la piraterie, des batailles navales entre Carthage et Rome à la diaspora juive des mondes hellénistiques, de la montée de l'Islam aux Grands Tours du XIXe siècle jusqu'au tourisme de masse du XXe siècle.
Plutôt que d'imposer une unité artificielle à l'activité foisonnante qui se déroule à la surface de la « Grande Mer », David Abulafia insiste sur sa diversité, qu'elle soit ethnique, linguistique, religieuse ou politique.
Au coeur de sa thèse se trouve l'idée que la prospérité de cités maritimes telles qu'Alexandrie, Trieste, Salonique, Venise et beaucoup d'autres, a reposé pour une large part sur leur capacité à accueillir peuples, religions et identités et à leur permettre de coexister : la Méditerranée a incarné pendant des millénaires ce lieu exceptionnel où religions, économies et systèmes politiques se sont rencontrés, affrontés, influencés et finalement assimilés.
David Abulafia combine la recherche historique la plus exigeante avec le style enlevé du conteur. Son histoire de très longue durée a été unanimement saluée comme une splendide réussite. -
Rome. On croit savoir beaucoup de la civilisation romaine. C'est sans doute vrai. On pense la connaître parce qu'elle est la source vive de la nôtre. Là réside l'erreur. Il faudrait pouvoir restituer, sur les hommes et sur les choses, le regard des Romains. L'objectif de ce guide est d'initier cette démarche.
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Une histoire naturelle des sons : notes sur l'audible
Caspar Henderson
- Belles Lettres
- 4 Octobre 2024
- 9782251455808
Tendez bien l'oreille. Les sons façonnent notre monde de manière invisible, mais toujours significative.
Du Big Bang au silence absolu, de l'écholocalisation des chauves-souris à la Symphonie n° 11 de Chostakovitch, en passant par les grésillements d'un disque vinyle, les crépitements d'une aurore boréale ou encore la longue résonance d'un bonsho japonais, les quarante-huit chapitres d'Une histoire naturelle des sons nous font prêter l'oreille au monde
fascinant des sonorités qui nous entourent.
Avec sa prodigieuse érudition scientifique et son sens unique du merveilleux, Caspar Henderson nous ouvre la voie des espaces sonores méconnus ou inaccessibles, plus généralement de l'aventure des sons, qu'ils appartiennent à des temps très anciens, ou qu'ils demeurent l'objet de spéculations scientifiques - quand ils ne relèvent pas carrément de la science-fiction.
Des sons de l'espace aux sons de la Terre et de la vie, à commencer par ceux de l'humanité, ce livre magistral vous fera voyager jusqu'aux limites extrêmes de l'audible et vous ouvrira grand les oreilles pour mieux écouter le monde méconnu et merveilleux des terres enchantées de bruits.
« Une fête pour les oreilles, l'esprit et l'âme. Henderson ne se contente pas de célébrer les merveilles du son, il propose des réflexions merveilleusement originales sur les relations entre la musique, la science et le monde vivant. Une invitation délicieuse et généreuse à une écoute plus profonde. » David George Haskell
« Un tour d'horizon des orages, des volcans, des abeilles, des merles, des cloches, des haïkus, des vers d'oreille, de la pollution sonore, du changement climatique et même du silence. La façon dont Henderson capte et rassemble ses sources à partir de siècles de connaissances est un exploit. » The Wire, Leah Kardos
« Une quête de merveilles auditives - un hymne à l'acte d'écouter et un salut au silence. Une histoire naturelle des sons offre des heures de plaisir d'écoute. Les lecteurs peuvent et doivent prendre leur temps. Ce sera du temps bien employé. » Spectator, Simon Ings -
L'Empire romain eut l'heur de rester fort et intact pendant quatre siècles. Suffisamment longtemps pour fixer la culture romaine si solidement dans toute l'Europe que même les désastres qui suivirent ne purent l'anéantir. Nous-mêmes vivons encore avec l'héritage de cette culture.
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« La plupart des essais qui suivent ont pour but de combattre, d'une façon ou d'une autre, la poussée du dogmatisme de droite comme de gauche, qui jusqu'à présent a caractérisé notre siècle tragique. Ce motif sérieux inspire ces essais même si parfois ils paraissent désinvoltes ; car ceux qui sont solennels et pontifiants ne peuvent être efficacement combattus avec des propos encore plus solennels et plus pontifiants. » Bertrand Russell
Pourquoi Russell qualifie-t-il ses essais d'impopulaires ? Parce qu'il y envisage, avec autant de rigueur que d'humour, les impasses dogmatiques où nous mènent certains écrits philosophiques, certaines croyances et certains credo politiques, pourtant partagés par bien des hommes. Et qu'il n'a, dans ces pages acérées, aucune intention d'être populaire mais bien de former les esprits clairs et anti-totalitaires dont notre monde a besoin. -
Société aliénée et société saine : Du capitalisme au socialisme humaniste
Erich Fromm
- Belles Lettres
- Le Gout Des Idees
- 15 Janvier 2025
- 9782251456553
Dans cet ouvrage, Erich Fromm analyse la condition de l'homme moderne dans une société dont le principal souci est la production économique, au lieu d'être le développement de la créativité humaine. L'homme moderne, déclare le docteur Fromm, est étranger au monde qu'il a créé, à son semblable, aux choses qu'il utilise et qu'il consomme, à son gouvernement, enfin à lui-même. Sa personnalité est « conditionnée ». Permettre aux tendances actuelles de se développer sans frein aurait pour résultat d'engendrer une société malsaine d'individus totalement aliénés.
Que pouvons-nous faire? Entre le dirigisme capitaliste et la dictature totalitaire, il existe une troisième voie - créer une société saine dans laquelle personne n'est un moyen pour les fins d'autrui, dans laquelle l'homme est le « centre », et où toutes les activités économiques et politiques sont subordonnées au but de sa croissance. Non seulement Fromm présente ici une nouvelle psychanalyse humaniste, mais il nous montre les diverses possibilités de changement social qui peuvent nous écarter du chemin du robotisme et nous conduire à la santé mentale en tant qu'individus responsables et créatifs dans une société saine. -
Que dit la langue de l'état d'un pays ? Dans cet ouvrage sans précédent ni équivalent, les expressions étudiées racontent une société en pleine mutation, complexe, traversée de contradictions et de tensions, et intensément connectée au reste du monde. Certaines sont produites par l'État-Parti et se diffusent verticalement du haut vers le bas, à la manière des mots de la propagande étudiés par Victor Klemperer. D'autres sont forgées par les citoyens ordinaires et apparaissent au sein de communautés sur internet avant de se diffuser largement parmi plus d'un milliard de locuteurs. C'est là la singularité de la Chine actuelle, dont ce livre brosse un portrait édifiant.
Les trente-quatre néologismes choisis pour désigner une variété de réalités qui relèvent de l'organisation de l'économie et du travail, de la vie quotidienne des individus, des choix d'éducation, des pratiques culturelles, des identités sociales, de la santé publique, du contrôle politique, tant en ville qu'à la campagne, rendent compte, mieux que bon nombre d'études, de la réalité de la Chine et des Chinois. Car, malgré le renforcement de la surveillance et le poids croissant des impératifs idéologiques, la langue demeure en Chine un lieu de créativité et résistance. Et c'est bien là l'une des complexités à saisir pour comprendre la voie de ce pays hors norme.
Fruit du travail inédit de 16 contributeurs de tous horizons, sociologues, anthropologues, historiens, géographes, politistes et linguistes, tous spécialistes de la Chine contemporaine, et dirigé par Gilles GUIHEUX, professeur, sociologue à l'Université Paris Cité et Lu SHI, professeure honoraire en études chinoises à l'Université de Lille, Quand la Chine parle dresse un atlas linguistique de la Chine actuelle. -
Du fond de l'abîme : Journal du ghetto de Varsovie
Hillel Seidman, Micheline Weinstock
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 5 Février 2025
- 9782251456546
Le ghetto de Varsovie, juillet 1942, 350 000 Juifs. Des rumeurs insistantes font état de la déportation imminente des Juifs. C'est à ce moment précis que le jeune archiviste de la communauté, Hillel Seidman, décide de consigner dans un journal le récit de l'horreur quotidienne pour le transmettre à la postérité. Il poursuivra cette chronique de l'angoisse jusqu'à son arrestation en janvier 1943, de laquelle il est sauvé par un extraordinaire passeport paraguayen.
Rédigé en hébreu, paru en 1946, suivi d'une traduction yiddish en 1947, ce texte est un document humain bouleversant qui nous restitue, à travers le vécu d'un homme profondément religieux, la résistance obstinée et multiforme des Juifs de Varsovie à l'entreprise génocidaire nazie, un témoignage qui - pour reprendre l'expression de Kafka - « comme la hache doit briser la mer gelée en nous ».
Préfacé, traduit de l'hébreu et du yiddish et annoté par Nathan Weinstock, ce livre est accompagné d'un dossier documentaire, critique et photographique. -
Dans un receuil groupant plus de cinquante allocutions radiophoniques prononcées entre le mois d'octobre 1940 et le mois de juin 1945, Thomas Mann, lauréat du Prix Nobel, s'adresse directement aux Allemands. Suivant de près l'actualité internationale au cours de la guerre, sa pensée domine de très haut les problèmes soulevés par le conflit. Il dépeint la vie culturelle des Allemands avant l'avènement des Nazis et sa décadence rapide provoquée par le régime d'Hitler. Il trace un portrait saisissant du "maniaque" qui conduisit l'Allemagne à sa perte et aborde les problèmes que posent la paix future, la création des Etats-Unis d'Europe, l'établissement d'une véritable démocratie, la nécessité du progrès sociale, la question juive, la question russe, le rôle civilisateur de la France et il ébauche un monde nouveau sans frontières ni "Herrenvolker" où l'Allemagne aura, elle aussi, retrouvé sa place.
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Visit Beautiful Vietnam : Chronique des agressions contemporaines
Günther Anders
- Belles Lettres
- 18 Octobre 2024
- 9782251455754
Juré au tribunal Russell, fort de sa connaissance de première main des événements du Vietnam comme de la politique américaine, Günther Anders écrit en 1968 Visit beautiful Vietnam, une charge acérée contre la langue et la morale qui justifient toute guerre d'agression, qu'elle soit extérieure ou intérieure. L'une des idées fortes qu'Anders tente de faire passer est que la guerre du Vietnam inaugure une série de guerres d'un type nouveau, qu'il ne faut surtout pas confondre avec les précédentes. Cette guerre d'un type nouveau est une guerre dans laquelle la supériorité de la force armée de l'agresseur est telle que l'issue du conflit apparaît d'emblée sans espoir pour l'agressé. Mais il ne s'agit pas d'intégrer une nouvelle province à l'empire ; la souveraineté formelle du vassal doit être maintenue. Le but de l'agression est de forcer l'agressé à reconnaître une manière de tutelle morale, c'est-à-dire d'accepter d'entrer dans la zone d'influence politique de l'agresseur et, conséquemment, accepter les règles du jeu régissant les échanges économiques au sein de cette zone, qui favorisent naturellement la puissance dominante : le peuple agressé est réputé se défendre contre un ennemi extérieur ou se dégager d'une dictature, en marche vers la démocratie sous les conseils avisés de... son agresseur.
Visit beautiful Vietnam, qui n'avait jamais connu de traduction française, est sans doute l'ouvrage le plus sous-estimé de son auteur, ce qui est fort dommage car c'est l'un de ses meilleurs, l'un des plus finement ciselés, sous les dehors d'un désordre apparent ; le plus méchant assurément, et il est souvent méchamment drôle. -
L'Amérique et ses prophètes : La République perdue ?
Greil Marcus
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 18 Octobre 2024
- 9782251456232
Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une : « Les États-Unis attaqués ». Il avait compris combien, plus qu'ailleurs, l'Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine : une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite.
C'est un essai sur l'Amérique qu'écrit ici Greil Marcus, une Amérique édifiée sur l'idée d'un pacte avec elle-même suivant le vieux modèle du peuple élu et de son alliance avec Dieu. Lincoln, Martin Luther King Jr, Philip Roth, Dos Passos ou David Lynch : dans son glissement du politique vers la littérature, le cinéma ou la musique, Greil Marcus nous fait revivre le pacte américain, cette promesse impossible à tenir.
« Un livre puissant, déconcertant, dérangeant. [...] Le passé ne passe pas bien, nous avertit Marcus. Il nous hante. Tendez l'oreille : il y a des momies dans les archives, des squelettes dans les placards, des Indiens dans les armoires, des fantômes dans le grenier, et des secrets écrits à l'encre invisible au dos des grands textes fondateurs - mais il n'y a pas de monstres sous votre lit. » - Village Voice -
Les Romains ont influencé la forme de notre vie quotidienne, nos idéaux de justice et d'honneur, nos formes de gouvernement et nos aspirations à un monde de paix et d'ordre.
La république romaine, avec ses vertus d'honnêteté, de bravoure, de loyauté et de fair-play, reste le modèle... de notre propre république, et les histoires de ses courageux citoyens-soldats (coloriées de façon saisissante par les historiens romains tardifs) ont largement contribué à l'éducation de nos pères fondateurs.
Dans ce livre, Isaac Asimov raconte l'histoire d'une petite tribu semicivilisée qui a réalisé un grand rêve de gloire. Audacieux, intrépides et sûrs d'eux, les Romains ont, en l'espace de 500 ans, créé l'un des empires les plus puissants jamais vus. Fait unique dans l'histoire de l'humanité, tout le monde occidental vit en paix. Un grand élan de conquête donne lieu à une histoire passionnante de héros et de batailles, tant dans les plaines et les montagnes de pays lointains qu'au sein même du sénat romain, car une politique vigoureuse était pour Rome une source de puissance aussi importante que ses invincibles armées.
Isaac Asimov est l'auteur de plus de 60 livres à vocation scientifique.
Son histoire de la République romaine procède précisément de cette volonté de retranscrire pour tous ce qu'il qualifie de "grande aventure".
La méthode est tout aussi claire : il déclare d'emblée qu'il se concentrera sur la guerre et la politique. Asimov n'est donc pas tant un historien qu'un chroniqueur, un homme qui a "son" histoire de Rome à raconter, combinant toutes les histoires qu'il a entendues, chacune étant reliée à la suivante par une anecdote, un aparté ou une morale, et tissée au moyen d'analogies avec l'époque moderne.
Ce faisant, le chroniqueur Asimov rend une grande masse de détails lisible. Il est à son meilleur lorsqu'il s'agit de démêler les mécanismes de la tactique de la bataille : les guerres puniques contre Carthage et les guerres civiles de Jules César -
Vivre en bourgeoise au Moyen Âge : Les leçons du Mesnagier de Paris (1393)
Karin Ueltschi
- Belles Lettres
- 18 Octobre 2024
- 9782251455792
Comment vivaient les bourgeoises autour de l'an 1400 ?
Un manuel d'instruction ménagère, Le Mesnagier de Paris, véritable bible domestique, nous transmet de précieuses informations sur cette période d'essor urbain : un Bourgeois vieillissant enseigne à sa jeune femme de quinze ans les devoirs de la parfaite épouse. Outre les conseils de pratique religieuse attendus, on y trouve des développements sur la gestion de la maison et des domestiques, le jardinage, les chevaux et un traité d'autourserie, ainsi qu'une foule de recettes de cuisine et autres savoureuses astuces comme chasser les puces des fourrures, faire passer du boeuf pour de la venaison d'ours, ou changer du vin blanc en vin rouge.
L'apprentissage des bienséances sociales est au coeur de l'enseignement : elles semblent même l'emporter sur les impératifs spirituels, infléchissement remarquable dans un univers qui se laïcise, où culture populaire et savoir-faire technique se frottent aux traditions savantes et aux lettrés, et où les vertus humaines doivent trouver à s'épanouir au plus épais du quotidien, la bonne réputation faisant figure de bien absolu.
L'harmonie du couple est au coeur de l'affaire ; si l'exigence de l'obéissance inconditionnelle de l'épouse à son mari est rappelée avec insistance, bien des nuances se glissent dans cette leçon subtile empreinte de prévenance. Ainsi, en creux du vieux parchemin ne se dessine pas seulement le contour de la parfaite Bourgeoise, mais également l'aimable portrait d'un mari délicat, d'un prudhomme qui nous a laissé l'exquis tableau d'une jeune femme du temps jadis. -
Durant le dernier quart du XXe siècle, l'inclassable Simon Leys a proposé une interprétation de la Chine contemporaine qui n'a pas eu le don d'amuser les belles âmes ni les gens futés (politiciens, hommes d'affaires et sinologues
dans le vent).
Fin connaisseur du pays pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises dès 1955, il fut l'un des tout premiers à prêter l'oreille aux voix des gens de la rue ou du Parti.
De cette expérience sans équivalent, il s'employa, sous la forme du pamphlet informé, à écrire ce qui est sans doute la critique la plus vive et la plus spirituelle jamais écrite sur la Chine de Mao.
Son souci principal était d'autant plus éloquent qu'il était plus simple : « pour pouvoir enfin occuper la place qui lui revient dans le monde moderne, la Chine devrait commencer par respecter les Chinois, et par devenir démocratique. Le despotisme est une coûteuse extravagance qu'elle n'a plus les moyens de se permettre. »
L'attention que l'Occident porte à la Chine a une histoire. Et ces pages, dont la secrète légèreté n'est que talent littéraire, sont fondamentales pour qui entend aujourd'hui tenir un discours un tant soit peu sérieux sur la Chine. -
Introduction Livres I à XII
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Joseph Fouché, portrait d'un homme politique
Stefan Zweig
- Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 8 Octobre 2021
- 9782251452227
Traduction nouvelle intégrale.
Le Fouché (1929) de Stefan Zweig occupe une place à part dans la série des Vies. L'ouvrage a pour cadre la France de la Révolution et de l'Empire. L'existence de celui qui fut associé à la Terreur, au règne napoléonien et à la Restauration comme « massacreur » et policier impitoyable n'est comparable à aucune autre.
À bonne distance de la perspective universitaire illustrée par Louis Madelin (1901), Zweig s'est attaché à retracer la genèse psychologique d'une personnalité dont la cuirasse construite dans les épreuves et les humiliations fait obstacle à tout sentiment de sympathie de la part du lecteur.
Chronologique, le récit est découpé en une suite de neuf chapitres. Son trait spécifique est une exceptionnelle intensité dramatique. Les face-à-face de Fouché avec Robespierre jusqu'à Thermidor puis avec un Napoléon dérivant vers la tyrannie avant d'être entraîné dans une chute inexorable, théâtralisent les moments clés d'une histoire aux retournements inattendus. Ces instants où opportunisme, conquête et volonté de conservation amorales du pouvoir se mêlent inexorablement, sont, aux yeux de Zweig, l'image désespérante du temps présent.
Le succès de Stefan Zweig auprès du public français ne se dément pas. Son exploration des mouvements de l'âme continue de fasciner tout comme séduit l'élégance stylistique de ce Viennois cosmopolite. La fiction toutefois n'est pas seule à nourrir son art du récit. L'histoire elle aussi n'a cessé de le requérir.
La suite de ses biographies non romancées (les Vies) découvre un agencement virtuose du matériau légué par les historiens. Tous ces textes donnent à voir un artiste que son refus de l'engagement militant rend paradoxalement plus sensible aux menaces qui pèsent sur les sociétés européennes de son temps.
Nouveauté dans le choix du protagoniste : Fouché, dont il est question dans ce volume, est aux antipodes des hautes figures positives incarnées par Érasme et Castellion dont « le ministre de toutes les polices » est l'absolue face noire. L'humanisme zweigien se lit cette fois par contraste.
Pour autant, il ne perd rien de sa force.
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« C'est tout l'art de Peter Burke que d'avoir su, très tôt, décrire les ancrages les plus anciens de l'histoire culturelle autant que ses frontières labiles et ses lentes métamorphoses au fil des décennies. Dans un récit entraînant et magistral, l'ouvrage relie ainsi la naissance de l'histoire culturelle à la grande tradition germanophone qui court de Jacob Burckhardt à Aby Warburg en passant par Johan Huizinga, retrace ensuite les débats suscités par la notion de culture dans les milieux marxistes orthodoxes et hétérodoxes (notamment via Eric J. Hobsbawm et Edward P. Thomson en Angleterre), explore la controverse européenne autour de la notion de «culture populaire», détaille les tensions générées partout avec les différentes formes d'histoire sociale et économique, révèle les connexions inédites créées avec la microstoria et l'Alltagsgeschichte, souligne la façon dont l'histoire culturelle s'est nourrie de certains grands théoriciens (Bahktine, Foucault, Elias, Bourdieu, Goffman, de Certeau, etc.), rappelle aussi la manière dont elle fut fécondée par l'anthropologie culturelle américaine longtemps mal connue en France (Clifford Geertz et Marshall Sahlins) et dont elle fut portée enfin par l'avènement du constructivisme en philosophie.
Une fois refermé le livre, une fois ces constellations intellectuelles mieux repérées, l'histoire culturelle nous paraît soudain plus vaste et plus riche encore que nous ne l'avions imaginé au départ. » -
La République invisible : Bob Dylan et l'Amérique clandestine
Greil Marcus
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 15 Janvier 2025
- 9782251456485
1967, l'Amérique est doublement en guerre. À l'extérieur avec la guerre du Vietnam, à l'intérieur avec les émeutes raciales et le « Summer of love » californien. Le pays « où tout est possible » est en train de sombrer.
1967, Bob Dylan enregistre en secret, dans le sous-sol d'une maison de Woodstock nommée Big Pink, ce qui deviendra les mythiques Basement Tapes (les bandes du sous-sol). Il incarne cette Amérique déchirée. Déjà, deux ans plus tôt, au festival de Newport, le fantôme de l'électricité s'est emparé du chanteur et son public ne le supporte pas. Celui qui représentait jusqu'alors la renaissance du folk américain et de son rêve de paix devient le prophète d'une révolution en marche.
Greil Marcus met en lumière la violence et la démesure de la réaction suscitée par le virage qui valut à Dylan d'être traité de « Judas ». Les Basement Tapes sont le reflet d'un pays clandestin, d'une république invisible qui cherche ses racines dans une tradition orale muant au gré des secousses du grand drame américain. -
Phèdre est un des nombreux dialogues socratiques transmis par Platon. Il y est question de la beauté et de l'amour, entendu comme désir, dans un premier temps, puis de la beauté d'un discours et de la rhétorique dans un second temps. L'amour comme la rhétorique peuvent éléver la beauté de l'âme mais ils peuvent tout aussi bien l'abaisser, en s'attachant seulement au plaisir et à la domination d'autrui. Au contraire, celui qui, à travers l'être aimé ou à travers le beau discours, contemple des idées pures, gagnera en sagesse et en beauté.