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Berg International
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La psychanalyse a l'epreuve de la guerre
Brousse Marie-Helene
- Berg International
- 7 Janvier 2015
- 9782370200334
Après le premier conflit mondial certains avaient pu croire qu'on pouvait en finir avec la guerre. Depuis, non seulement il y a eu la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi toutes les autres qui ont suivi.
Les modalités de la guerre se transforment continuellement, mais elle ne cesse jamais. Aujourd'hui multiple, diverse, elle manifeste les traits de l'époque qui est la nôtre en ce début de XXIe siècle : le déclin des figures d'autorité traditionnelles au profit du chiffre, des fonctions et des procédures standardisées ; le statut de Un-tout-seul du sujet qui modifie la psychologie des foules ; la montée au zénith des objets des technosciences, qui permettent de tout voir, de tout savoir et de faire la guerre sans y être physiquement ; l'information en temps réel pour tous.
Une conclusion s'impose : la guerre est une des formes dominantes du lien social interhumain. Sa « barbarie » est la civilisation même. Face à ce réel, la paix apparaît comme un délire ou un voeu pieux.
La guerre n'est pas un phénomène naturel, ce n'est pas une simple manifestation d'agressivité, car elle implique toujours une logique de discours : pas de guerre sans discours, pas de guerre sans signifiants maîtres qu'ils soient religieux, moraux, nationaux, ethniques, ou techniques.
Toujours traumatique, l'expérience des guerres marque les sujets qui y sont confrontés d'un réel indélébile. Mais ce trauma est à chaque fois et pour chacun spécifique.
La guerre est donc un laboratoire du fonctionnement psychique d'individus en situation extrême. Mais c'est aussi une mise en acte de la figure prise par le Surmoi à un moment historique donné. C'est dans cette double optique que cet ouvrage l'aborde, mobilisant une relecture de Freud et de ses élèves, à partir de l'enseignement de Jacques Lacan et des recherches novatrices menées par Jacques-Alain Miller sous le terme d'orientation lacanienne. Réunis par cette orientation, les travaux des différents auteurs apportent chacun un éclairage spécifique.
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Si l'inquiétude n'est pas un sentiment neuf dans l'histoire, son expression contemporaine, sans cesse renouvelée par les rhétoriques médiatiques, traduit un monde de la vie sans aspérité qui cherche à contourner les dangers. Paradoxalement, les risques et les périls sont entretenus par cette " culture de l'inquiétude " qui émerge dans les années 1980, accorde une importance accrue aux savoirs des experts et se trouve régulièrement instrumentalisée par le politique. Les menaces collectives se présentent comme un arrière plan commun dans lequel chacun vient à puiser et les sentiments d'inquiétude se développent, à la faveur de situations déstabilisantes, comme peur de la peur. Inquiétude et vulnérabilité, mises sous tension, s'expriment dans ces doubles mouvements de l'expérience contemporaine : défiance/confiance, hostilité/apaisement, attente/réflexivité, oubli/secret, retrait/mobilisation, fuite/quête. L'inquiétude se donne alors à comprendre comme expression obligatoire et normative d'une désorientation qui cherche à tenir le conflit à l'ombre. Par le jeu d'appropriation des rhétoriques communes de l'inquiétude, les individus dans leurs productions narratives singulières s'inventent dans des fictions qui, par leur effet performatif, créent des configurations relationnelles et situationnelles nouvelles ouvrant sur une temporalité apprivoisée.
Sociologue, maître de conférences à l'Université de Strasbourg, habilitée à diriger des recherches , membre du Laboratoire CNRS " Cultures et sociétés en Europe ", Myriam Klinger dirige actuellement l'Institut de Polémologie de l'Université de Strasbourg. Ses recherches portent principalement sur la conflictualité contemporaine, la narration, les processus de recomposition identitaire, les sentiments liés aux situations de vulnérabilité, l'inquiétude en particulier.
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Le tourment de l'origine - le malaise identitaire
Zimra Georges
- Berg International
- 11 Novembre 2011
- 9782917191453
L'homme occidental est hanté par le deuil d'une origine qu'il ne cesse de vouloir comprendre à travers les mythes, les fables et les religions qui en constituent le récit.
Si chaque peuple a son identité, sa manière de vivre, de penser et de sentir, l'homme est-il pour autant prisonnier de sa culture, identifié à ses valeurs, aliéné à ses représentations, assigné à ses croyances ? Si toutes les cultures se valent sont-elles pour autant égales ?Aujourd'hui, le débat sur l'identité traduit un malaise dans la culture. Il s'agit de distinguer entre le pluralisme nécessaire à toute vie démocratique et un multiculturalisme qui peut en être la limite.
L'effacement des repères symboliques, le décloisonnement des cultures, le brassage des populations ont favorisé l'émergence d'une identité cosmopolite, clanique. L'homme cosmopolite est un homme sans qualité, de toutes les mémoires mais d'aucune histoire, semblable aux autres mais ne ressemblant à personne. A l'inverse, et dans le même temps, les communautarismes revendiquent une identité inaltérable qui fait du Même l'organisateur du lien social, tandis que les fondamentalismes font des Ecritures le nouveau livre de sciences naturelles et de Dieu l'immense marché mondial des fanatismes.
Une identité qui prétend à l'immuabilité ne menace pas seulement le corps social mais porte atteinte à l'idée même d'humanité.
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Cet ouvrage s'organise autour de trois modes de mondialisation. Le premier intervient lorsque Galilée et Copernic réalisent que la terre n'est pas le centre de l'univers et que Christophe Colomb découvre avec le Nouveau Monde l'altérité insoupçonnée des indiens qui furent asservis et exterminés. C'est au même moment que Machiavel enseigne au Prince l'art de dominer et de soumettre le peuple et que Luther se sépare de Rome parce qu'il s'insurge contre une utilisation de la foi qui asservit les hommes. C'est alors que résonne la question toujours brûlante depuis La Boétie : "Pourquoi les hommes libres deviennent-ils esclaves ? Pourquoi le plus grand nombre est-il soumis au petit nombre ? Pourquoi le pouvoir de l'Un est-il plus grand que ceux des uns ?".
La deuxième mondialisation est celle qui déclare l'universalité de l'homme et de ses droits le proclamant libre. Les anti-Lumière rejettent alors la vision universelle de l'homme pour célébrer la servitude, l'abnégation et la soumission de l'homme déterminé par sa naissance, esclave de sa tradition, de son peuple, de sa terre. L'homme des foules n'est pas celui des masses. Ce dernier n'attend rien de personne et personne n'attend rien de lui. Il est le terreau sur lequel vont pousser les totalitarismes pour faire de lui un homme de trop comme l'écrit Claude Lefort, superflu pour Hannah Arendt qui voit dans l'expériience concentrationnaire une rupture anthropologique.
La troisième mondialisation est celle du capitalisme qui a décloisonné les frontières et les cultures pour faire du monde un vaste marché inaugurant une servitude inédite, ni volontaire ni contrainte mais désirée, espérée, attendue. "On reste, écrit Michel Rocard, trop révérencieux à l'égard de l'industrie de la finance et de l'industrie intellectuelle de la science financière. Des professeurs de maths enseignent à leurs étudiants comment faire des coups boursiers. Ce qu'ils font relève, sans qu'ils le sachent, du crime contre l'humanité." Un nouveau mal totalitaire guette l'homme, celui de ne voir son avenir que dans ce qui est pesé, mesuré, évalué, calibré, répertorié, réduit à des pratiques homogénéisantes, livré à des machines cognitives, moléculaires, économiques qui prétendent le définir et le déterminer.
La servitude, c'est aussi l'oubli du monde, l'oubli de soi, c'est n'être jamais allé plus loin que soi, être resté le même, l'identique, l'inaltéré face à la seule question qui vaille : qu'est-ce qu'un monde?