Du libéralisme aux algorithmes, en passant par le burnout, les transclasses et la trottinette, François Bégaudeau livre, à travers les maîtres mots de l'époque, une analyse implacable de l'idéologie bourgeoise. « Plus c'est plus gros, plus ça passe, dit-on, et cela ne vaut pas pour mes bonimenteurs. Comme l'ordre syllabique l'indique, le bonimenteur n'est qu'à moitié menteur. Un boniment, pour prendre, doit être un peu vrai. Il est un peu vrai que cet écran plat est plat, et plus léger - le portant je le vérifie -, et plus confortable pour les yeux - rivé à lui je suis confort. La langue du capitalisme intégré est toujours un peu vraie. Il est un peu vrai que nous autres sujets des régimes capitalistes paradigmatiques sommes libres de nos mouvements. Il est un peu vrai qu'un télétravailleur peut disposer de ses horaires. Il n'est pas archi-faux que nos élections sont démocratiques. Les marchands ne mentent pas complètement en disant qu'ils créent de la valeur ou créent de la richesse. Ils devraient juste préciser que cette richesse leur revient. La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible implacable de la précision. »
« L'idée de ce livre trouve sa source dans l'effondrement des tendresses pendant la période du confinement : les décès et abandons dans les Ehpad, la mort de nos anciens dans une effroyable solitude, avec pour les vivants l'impossibilité de faire leur deuil ; et à l'autre bout des âges, le profond traumatisme des enfants et adolescents subissant le masque, les tests, les angoisses, l'isolement, la privation d'école et l'absurde interdiction des espaces verts et des plages. L'action politique prenait alors le visage cruel d'un appareil de décision sans pitié, restreignant les libertés et réprimant la culture considérée comme bien non essentiel, sans débat et en multipliant les abus de pouvoir. Ma génération politique, au-delà des clivages partisans, n'aurait jamais pensé connaître un tel effondrement des repères et des méthodes de gouvernance. Cruauté de l'inaction climatique planétaire aussi, qui fait tous les ans des millions de déplacés et de morts, principalement sur le continent africain, victime principale et certainement la moins coupable. Cette crise climatique fait dire à des jeunes ici et ailleurs : à quoi bon mettre au monde des enfants ? Je n'ai pas donné plus de trente ans à la vie politique pour rester, bras ballants, devant cette triste faillite de la transmission de vie.Cet ouvrage est aussi une promesse faite, il y a une dizaine d'années, à Stéphane Hessel. Il nous redirait aujourd'hui, c'est certain : Indignez-vous ! Je m'inscris dans sa continuité, humblement face à son vécu de résistance et de captivité. La répétition de l'histoire, en version aggravée, est évidente : la mondialisation libérale et la loi sans pitié du profit spéculatif détruisent tous les efforts collectifs de protection, ici et dans tous les pays du monde.La cruauté ne cesse de faire reculer la civilisation et j'ai le devoir de témoigner, en incluant la parole de ceux qui se sentent happés par ce déclin. Car écrire, c'est déjà agir. La politique doit emprunter à l'amour comme barrage à la cruauté. J'ai cherché à réfléchir à voix haute, à tout ce que la politique doit à l'amour, et à tout ce qu'elle pourrait lui apporter en retour, en force de réparation et en élévation des consciences. J'ai écrit ce livre comme on aime, librement et à coeur ouvert. » Ségolène Royal
Jean-Pierre Chevènement évoque les sujets d'actualité à la lumière de son engagement et de son expérience.
Radicalisation et violence à tous les étages, surgissement face aux États-Unis d'un rival systémique - la Chine - plus puissant que ne le fut jamais l'URSS, l'Europe coincée entre les deux géants, invasion de l'Ukraine par la Russie, retour de l'arme nucléaire dans le calcul des stratèges. Jean- Pierre Chevènement nous donne sa lecture d'un monde fracturé sur lequel le sommeil de la Raison semble s'être installé.
Après un magistral résumé des mutations du capitalisme contemporain, l'auteur montre comment l'Europe, subterfuge de la mondialisation libérale, ne s'est pas préparée aux épreuves qui l'attendent et se trouve précipitée, par une logique de pouvoir incontrôlée, vers une confrontation apparemment inévitable.
Pour y parer, il n'y a pas qu'une seule réponse. Il faut à la fois relever l'Europe par la démocratie qui vit dans ses nations, réapprendre à produire à notre pays, redécouvrir l'État, remettre la citoyenneté et la puissance de l'éducation au coeur de la République, refaire enfin de la France la messagère de l'universel et des valeurs des Lumières.
Cet essai est le procès d'une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan dans la presse depuis 2017. L'autrice analyse la façon dont le débat public a été verrouillé par les médias dominants, qui ont reboublé d'efforts pour bipolariser les champs politique et journalistique autour des figures d'Emmauel Macron, de Marine Le Pen et de leurs thématiques sécuritaires et économiques. Basé sur une documentation précise, ce livre retrace l'effondrement intellectuel du « journalisme politique », qui a perdu tant en substance qu'en consistance, laissant le storytelling remplacer l'information. L'autrice aborde notamment le traitement des différents projets de réformes par les chefs-lieux éditoriaux, souvent transformés en SAV du gouvernement... S'appuyant sur l'émergence de la comm' comme cadre politique et journalistique, Pauline Perrenot dévoile le monopole absolu de la pensée libérale dans les médias et l'imbrication de la profession avec le monde patronal. Un président créé de toutes pièces par les médias, la croisière journalistique de l'extrême droite, une kabbale réactionnaire qui ponctue les séquences des chaînes d'information... drôle d'état que celui de la presse dans l'Hexagone. Pauline Perrenot s'appuie sur le traitement des thèmes qui ont « fait » l'actualité : maintien de l'ordre, sondages, loi sécurité globale, gilets jaunes, violences policières, émergence de Zemmour. Pour que la disparition de la gauche ne passe plus inaperçu.
Ses deux best-sellers (Y a-t-il une erreur qu'ILS n'ont pas commise ? et Décidément, ILS n'ont toujours rien compris), ont créé la polémique.
Ancien expert auprès de l'OMS, le professeur Christian Perronne s'est vu reprocher sa position très critique sur la gestion de la crise sanitaire du Covid 19.
Celui qui n'a jamais été interdit d'exercer, ni radié par le Conseil de l'ordre des médecins, ni jugé coupable de diffamation par un tribunal, persiste et signe dans ce nouveau livre.
Il répond ici aux questions que tout le monde continue de se poser mais que les « autorités compétentes » laissent en suspens :
Pourquoi le Covid-19 est-il si résistant ?
Les vaccins sont-ils tous aussi efficaces ?
Avec le recul, quel est le vrai bilan de la politique sanitaire en France ?
Pourquoi les polémiques ont-elles été aussi violentes ?
Comment se sont comportés pendant cette crise les laboratoires pharmaceutiques mondiaux ?
Sommes-nous condamnés à nous faire vacciner tous les 6 mois ?
... Et 27 autres questions sans réponse !
Notre agriculture ? Une industrie qui fonctionne au pétrole, aux engrais et aux pesticides. La campagne ? Une usine qui produit des « matières premières » végétales ou animales. À l'instar des sociétés industrielles dont il émane, ce système contribue au chaos climatique par la dégradation des écosystèmes, avec le soutien des politiques publiques. Contre ces méfaits, il faut une révolution agro-écologique, qui passe par la transition énergétique, l'agriculture durable, la diminution de l'alimentation carnée et la réhabilitation de l'agroforesterie. Un tel projet, dont on voit les prémices dans certains territoires, est la seule utopie réaliste. Il commande directement le contenu de nos assiettes, en quantité comme en qualité. Ce livre novateur offre un socle de pensée et d'action pour que le xxie siècle soit vivable, c'est-à-dire écologique.
Réseaux sociaux, Web TV, influenceurs...
Aujourd'hui, l'extrême droite règne en maître sur la Toile grâce à une transformation digitale tous azimuts. En immersion dans ce magma numérique, l'auteur propose une enquête fouillée sur cette e-victoire qui ne doit rien au hasard. À travers plusieurs entretiens avec des leaders d'opinions et une approche pratique du phénomène, il met à jour une stratégie bien rodée et une mobilisation de chaque instant qui, par la viralité, impose les débats et les idées de la mouvance. Mais la victoire numérique de l'extrême droite peut-elle donner lieu à une victoire électorale ? Des millions de vues et de like suffisent-ils à remporter le suffrage des urnes
Ce livre rassemble des interventions répondant à la contrainte d'un présent : une série d'irruptions de la logique de l'égalité et du pouvoir de « ceux qui ne sont rien » - des indignés et Nuit debout aux Gilets jaunes et leurs ronds points ; l'émergence des populismes et le devenir autoritaire de la version « consensuelle » et « policière » de la démocratie ; le renouveau du racisme d'État et des passions inégalitaires - islamophobie, politiques anti-migrants et anti-roms, néorépublicanisme réactionnaire. Ce recueil est le témoin de la capacité d'un philosophe, dont toute la carrière s'est vue consacrée à défendre le sens égalitaire de la démocratie contre son dévoiement oligarchique, à prendre position sur trente années et intervenir dans la conjoncture politique et sociale.
Depuis trente ans la contre-révolution intellectuelle a cherché à transformer toutes les luttes sociales et les mouvements d'émancipation du passé en prodromes du totalitarisme, toutes les affirmations collectives opposées au règne des oligarchies économiques et étatiques en symptômes d'égoïsme et d'arriération.
Les interventions ici réunies veulent à l'inverse rendre sensibles les ruptures que les inventions égalitaires opèrent dans le tissu de la domination. Elles n'apportent pas le point de vue du savant ou du moraliste, mais seulement une contribution individuelle au travail par lequel individus et collectifs sans légitimité s'appliquent à redessiner la carte du possible.
Une maternité ferme. Un accouchement tourne mal. Un enfant meurt. Interpellé, le préfet n'a qu'une chose à dire : « nous sommes comptables de la dette publique ». Et le verrou est mis.
Proposition de la littérature : tourner la clé.
À l'évidence, tout tient dans une formule - mais qu'est-ce qu'elle tient cette formule ? Un ordre, des intérêts, un verrouillage. En guise de quoi on dit : LaDettePubliqueC'estMal. C'est un assommoir : trente ans de répétition, des parleurs, des figures, des grimaces - tous les tours de l'autorité. Qui n'y feront rien : ce seront toujours des contes.
Mauvais livre de contes : l'ouvrir, le désosser, le bazarder.
Militants écologistes, Gilets jaunes, féministes, ONG... beaucoup cherchent aujourd'hui des solutions en dehors de l'État plutôt que dans l'action publique. Comment en est-on arrivé là ? L'État-providence a-t-il cédé la place à un État au service du marché ?Anne-Laure Delatte est partie à la recherche de données sur l'action publique en France depuis l'après-guerre. En les croisant et les mettant en perspective, elle éclaire avec brio soixante-dix ans d'histoire économique. Elle aborde de manière originale comment les politiques publiques ont été réparties entre les citoyens et les entreprises. Complémentaire aux travaux sur la justice fiscale et les inégalités du capital, cette approche permet de comprendre les conséquences d'une telle distribution de l'argent public sur notre régime de croissance et explique son insoutenabilité.En pratiquant l'économie comme une science sociale, l'autrice analyse la méfiance des citoyens face à un État incapable d'oeuvrer pour un régime respectueux de notre planète et inadapté aux changements qui s'opèrent sous nos yeux. Surtout, elle propose des moyens de rebâtir l'action publique dès à présent pour affronter la crise la plus existentielle de notre histoire.
L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe concerne directement l'Europe, qui avait été épargnée depuis la guerre en ex-Yougoslavie à la fin des années 1990. Elle confirme, contrairement aux discours sur la « mondialisation heureuse », que nous vivons plus que jamais à l'ère de la mondialisation armée. La France n'est pas passive dans cette évolution. Membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, elle a mené plus de 115 interventions militaires depuis la disparition de l'URSS. Son budget militaire a augmenté de 50 % au cours du quinquennat d'Emmanuel Macron, et elle a fait des ventes d'armes le vecteur de sa politique diplomatique, sans considération pour leur utilisation par des régimes autoritaires. Pourtant, l'ouvrage montre les limites de ce positionnement international, comme si la France boxait désormais « au-dessus de sa catégorie » : le camouflet du contrat de sous-marins avec l'Australie, l'annonce que l'OTAN est en mort cérébrale à l'heure où elle est plus que jamais mobilisée, l'impasse de la guerre au Mali qui confirme le recul des positions économiques et géopolitiques de la France dans son « pré carré ». Par ailleurs, l'enthousiasme pour les ventes de Rafale masque de plus en plus mal le désastre industriel qui a été confirmé par la pandémie. Serfati analyse la responsabilité de la politique qui a fait de quelques secteurs, dont le nucléaire et la production d'armes, les derniers leviers des performances françaises dans le monde. Aucun espace démocratique n'existe pour la discussion des questions géopolitiques et économiques de défense dans la Ve République. Dans la tradition bonapartiste de ce régime, elles sont l'affaire exclusive du Président. Macron a un peu plus accentué ce déni démocratique au nom d'une présidence « verticale », faisant du Conseil de défense le lieu secret des décisions politiques. Pendant ce temps, des groupes d'officiers se mobilisent publiquement pour que le pouvoir politique fasse appel à l'armée dans sa lutte contre l'insécurité dans les banlieues. Cette évolution est porteuse de lourds dangers pour la démocratie. Le dernier chapitre est consacré à la radicalisation sécuritaire de l'État français. L'état d'urgence est quasi-permanent depuis 2015. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l'exaltation sécuritaire a conduit au vote de 13 lois depuis 2015, dont quatre en 2021. Elles restreignent les libertés publiques (droit d'association, de manifestation, etc.) et renforcent les pouvoirs de police (administrative et de maintien de l'ordre), accompagnant la surenchère raciste et la répression des résistances populaires. La France constitue désormais le maillon faible des démocraties occidentales.
Cet ouvrage est la première introduction en langue française à l'ensemble de l'oeuvre du philosophe et militant Antonio Negri : en effet, ses commentateurs se sont jusqu'à présent en général intéressés exclusivement ou bien à sa période italienne ou bien à ses développements ultérieurs. Son auteur, Roberto Nigro, s'attache à en montrer la cohérence et à la resituer dans ses contextes historiques changeants. Il en souligne le caractère fondamentalement politique, y compris dans ses moments les plus « philosophiques ». Il ne néglige pas les débats qu'elle a suscités, et il relance la discussion sur certaines des thèses de Negri qui ont le plus prêté à discussion. Il insiste sur le dialogue nourri par le philosophe italien avec certains auteurs, en particulier Spinoza, Marx, Althusser, Foucault et Deleuze, pour dégager l'originalité de son intervention dans les champs théorique et politique. Enfin, il insiste sur l'actualité des thèses et des outils conceptuels élaborés par Negri, notamment son affirmation d'un primat de la puissance de la multitude sur toutes les opérations de capture dont elle fait l'objet par les appareils du pouvoir
D'où vient l'idée d'abolir la police et que recouvre-t-elle au juste? Si la police ne nous protège pas, à quoi sert-elle? 1312 raisons d'abolir la police tente de répondre à ces questions, et propose de riches réflexions critiques sur les liens entre l'abolitionnisme pénal et la race, le handicap ou le travail sexuel notamment. L'ouvrage porte également sur les mobilisations contemporaines pour l'abolition de la police en Amérique du Nord, en retraçant leur généalogie et en explorant leurs propositions stratégiques, leurs expériences et les débats qui les traversent. Les textes rassemblés dans cette anthologie commentée brossent un portrait vif et puissant du mouvement pour l'abolition de la police, dans toutes ses nuances et hors des clichés réducteurs. Comprend également les contributions de Philippe Néméh-Nombré, Robyn Maynard, Kristian Williams, Free Lands Free Peoples, Yannick Marhsall, Rémy-Paulin Twahirwa, Mad Resistance, Adore Goldman, Melina May, Alex S. Vitale, Cameron Rasmussen, Kirk « Jae » James, Dylan Rodriguez, George S. Rigakos, Mark Neocleous, Brendan McQuade, Kevin Walby et Tasasha Henderson.
Malgré le naufrage et la multiplication des alertes, le cap est à ce jour inchangé : c'est l'adaptation de toutes les sociétés au grand jeu de la compétition mondiale. Une marée de gilets jaunes a pourtant surgi sur le pont, bientôt rejointe par d'innombrables mutineries pour défendre les retraites, l'éducation et la santé. Reste, pour aller du cap aux grèves, à conjurer l'obsession du programme et du grand plan, qui paralyse l'action. Et à passer de la mobilisation virtuelle des écrans à la réalité physique des luttes et des lieux.
À travers le récit de son propre engagement, Barbara Stiegler dit la nécessité de réinventer notre mobilisation là où nous sommes, en commençant par transformer les endroits précis et concrets de nos vies.
Pierre Crétois s'intéresse ici à la tradition économique qui tient l'institution de la propriété pour souhaitable du fait des conséquences avantageuses qu'elle aurait pour la collectivité. En effet, elle serait capable de mettre fin au chaos qui régnerait là où tout est commun, et, par les limites qu'elle impose, elle serait également de nature à réunir spontanément les conditions d'un certain ordre social : l'ordre propriétaire. Cette tradition morale et politique - formalisée à la fin du xviiie siècle par Jeremy Bentham, développée ensuite par John Stuart Mill, Henry Sidgwick et bien d'autres - est d'une importance capitale pour la construction de la pensée moderne et a largement inspiré la science économique. Or, bien que le concept de propriété soit assez peu questionné en économie, il y joue un rôle cardinal d'ordonnancement des sociétés en général et des marchés en particulier. En présentant les défenses libérales et néolibérales de la propriété, il souligne leurs faiblesses et leurs conséquences délétères. Le souci de la justice - économique, sociale et environnementale - impose de cesser de considérer les choses comme absolument appropriables. Cela passe non seulement par la limitation du droit de propriété, mais surtout par la reconnaissance du fond commun de toute propriété.
Le féminisme n'a jamais cessé d'insister sur l'importance du récit intime. Croisant histoires familiales, théories politiques et faits historiques, Irene tire ici de la vie d'Hilaria, son aïeule, des armes pour outiller les mouvements féministes contemporains. Hilaria est une femme du prolétariat basque, veuve, qui élève seule ses enfants. Le tragique et le chaos de leur existence dans les années 1930 n'auront jamais raison de leur joie de vivre et de leur soif de construire un monde désirable. Ils sont une inspiration pour notre temps, où les fascismes sont à nouveau aux portes du pouvoir en Europe. Puisque la démocratisation d'un féminisme réformiste et libéral ne nous sera d'aucun secours, c'est au féminisme d'Hilaria qu'il importe de revenir, un féminisme populaire qui se dit tout à la fois anarchiste, antifasciste, anticapitaliste et anticarcéral.
Le discours sur le déclin français a pris des proportions quasi obsessionnelles au cours des dernières années. Certains chantres d'un passé mythifié exploitent un manque : nous n'avons plus de modèle de société. Celui que nous avons inventé à la Libération et qui a permis la modernisation de la France est devenu obsolète. Il est urgent d'en faire émerger un autre, fidèle à nos valeurs républicaines et capable de rassembler une majorité d'entre nous. Ce projet existe. Ce livre nécessaire en dresse le portrait.
Dans cette introduction claire et engagée, Hourya Bentouhami propose une relecture vivifiante de l'oeuvre de Judith Butler. Jusqu'à présent, les lecteurs français ont eu tendance à séparer ses écrits théoriques fondateurs sur le genre, les identités et le langage de ses interventions jugées plus directement politiques sur le 11 septembre, Israël-Palestine, Guantanamo, le Printemps arabe ou Occupy Wall Street... Butler se serait détournée de la réflexion sur le queer pour s'attacher à des objets plus classiques, mettant en jeu les formes de constitution du peuple. Mais, surtout, on tend à ignorer le dialogue qu'elle entretient avec les principales figures des théories postcoloniales et critiques de la race. Or, selon Hourya Bentouhami, ces séparations ne tiennent pas. Les élaborations théoriques de Butler attestent du nouage complexe entre sexe, genre, race et nation. Les discours de la différence sexuelle et de la différence raciale sont articulées et ont une généalogie étroitement entrelacée : impossible dès lors de déconstruire l'un sans déconstruire l'autre.
Parce que, depuis plusieurs décennies maintenant, la gauche ne cesse de stagner, de régresser, de perdre les combats qu'elle engage, il est nécessaire d'interroger nos stratégies, nos modes de pensée et nos manières de lutter.
À quelles conditions les forces progressistes peuvent-elles redevenir puissantes politiquement ?
Quels sont les écueils auxquels les militants antiracistes se trouvent confrontés lorsqu'ils mobilisent la notion de « race » ? Et comment peuvent-ils s'en prémunir ? Asad Haider trace dans cet ouvrage une généalogie des politiques de l'identité, dont il met en relief le passage d'une inscription dans la tradition révolutionnaire à l'affirmation d'une position libérale. Revenant sur sa trajectoire personnelle au sein des luttes antiracistes menées aux États-Unis ces deux dernières décennies, il éclaire les multiples controverses suscitées en leur sein par l'héritage du Mouvement des droits civiques. Il montre ainsi que les luttes comme Black Lives Matter ont donné lieu à la confrontation de conceptions antagoniques de l'identité : tandis que l'une, abstraite et consolatrice, en fait le support d'une demande individuelle de reconnaissance qui naturalise les inégalités sociales, l'autre insiste au contraire sur la dimension construite des identités et la fonction de justification des structures sociales qu'elles remplissent.
Il résulte de cette démarche une série de mises au point à la fois historiques et théoriques sur certains des débats les plus vifs qui animent les espaces publics étatsunien et, désormais, français - qu'ils portent sur la perspective « séparatiste » théorisée par les penseurs afropessimistes, sur la rhétorique des identités offensées, ou encore sur les traits constitutifs de la blanchité
Les années 2017-2022 se résument à deux événements : les Gilets jaunes et la pandémie. Aucun rapport entre eux, mais à chaque fois, deux mêmes questions furent soulevées : celle des pouvoirs et celle des droits.
La démocratie et la république héritées reposent sur une exacte coïncidence : pas de pouvoir sans droit, pas de droit qui ne s'accomplisse en pouvoir. À l'opposé, les Gilets jaunes et les anti-passe revendiquent des pouvoirs sans droit, c'est-à-dire une souveraineté.
Jusque-là, on n'en reconnaissait qu'une : la souveraineté du peuple. Les Gilets jaunes et les anti-passe souhaitent la remplacer par la souveraineté des réseaux sociaux. Ce faisant, ils se sont mis au service de ceux qui détestent le peuple. De ce dernier, les ronds-points, défilés et pancartes ne disent plus rien, sinon la destitution.
Le progrès assure-t-il le bonheur commun ?
Il y a ceux qui se prosternent devant le moindre gadget, qui l'élèvent au rang de « Progrès » à majuscule. Et d'autres qui cherchent de nouveaux chemins pour un progrès humain.
Il y a ceux qui ne laissent pas le choix : « il faut accélérer », « aller de l'avant ». Et d'autres qui, avant de s'élancer, s'interrogent sur le sens de cette course : où va-t-on ?
Il y a ceux qui célèbrent le Prométhée tout-puissant, porteur du feu et de la technique, même lorsqu'il mène à la catastrophe. Et ceux qui reprennent son flambeau, mais autrement : Prométhée a pris le parti des faibles, lanceur d'alerte contre le Jupiter de l'Olympe ou de l'Élysée.
Il y a leur progrès, et le nôtre.
« Ces êtres ne sont pas corrompus : ils sont la corruption », écrivait Juan Branco dans son best-seller Crépuscule. Dans Treize pillards, il donne la synthèse la plus accessible possible des corruptions politiques de nos dirigeants, Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Xavier Niel, Benjamin Griveaux, Gabriel Attal, Arnaud Lagardère, Bruno Roger-Petit, Anne Lauvergeon, Thierry Breton, Martin Hirsch, Fabrice Fries... En treize chapitres explosifs, il expose les manipulations et l'avidité de ceux qui nous gouvernent.
Une plongée sidérante dans le revers de notre démocratie.
Un livre indispensable dans le débat politique qui agite la France.
Dans cet ouvrage, l'initiatrice de la théorie queer montre que le corps est l'instance à partir de laquelle il est possible de penser la constitution d'identités sexuelles qui déjouent les normes de genre ordonnées à l'opposition entre masculin et féminin. Comment une sujet se forme-t-il ? Selon Judith Butler, ce processus de formation est toujours le produit paradoxal d'un assujettissement à la norme. Et ce paradoxe est constitutif de la vie psychique du pouvoir, au sens où, en tant qu'il est éprouvé psychiquement, il explique l'attachement viscéral à soi-même - autrement dit, à sa propre subordination. D'où la nécessité d'analyser avec minutie les mécanismes d'un tel assujettissement et ses résultats contrastés.