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Gallimard
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La gloire du rap : les derniers seront les premiers
Bénédicte Delorme-Montini
- GALLIMARD
- Le Debat
- 1 Juin 2023
- 9782073021700
Les raps américain et français sont le produit de la révolution politique des années 1970. Sur fond de désoccidentalisation et de déhiérarchisation culturelle, une réinterprétation du couple égalité-liberté met alors en crise toutes les formes de transcendance. Le hip-hop en a d'emblée cristallisé les symptômes sociopolitiques les plus révélateurs : la crise de l'identité soumise à l'injonction sociale de l'autoréalisation, la réévaluation de la concurrence dans notre conception de la justice sociale, les nouvelles revendications en matière de représentation et de reconnaissance. Mais le hip-hop était encore une manière de transition entre les deux époques : son opposition à la société établie visait une perspective commune. La rupture intervient à la fin du siècle avec le gangsta rap qui déplace l'entreprise de transformation sociale sur le terrain culturel désormais dominé par les surenchères transgressives et le second degré. Muni d'un code esthétique ambivalent qui piège l'esprit critique, il engage avec la société une bataille de normes qui n'a cessé de défrayer la chronique. L'aspiration démocratique n'en a pas pour autant déserté le rap du XXI? siècle. Par un nouveau déplacement, c'est au premier chef dans ses aspects formels qu'elle se déploie à présent : dans son irréductible éclectisme et la polysémie des mots, dans le recyclage des métaphores et les caprices rythmiques amarrés à l'imprévisibilité de l'expérience. Elle prend ainsi la forme d'une démocratie esthétique qui célèbre la virtuosité stylistique et l'innovation, mais qui, totalement désintellectualisée et délestée du poids historique, ressemble à un grand jeu d'énigmes sans réponse.
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«J'ai passé avec Chopin plus d'heures que je n'en ai passé avec aucun auteur», confiait André Gide à une jeune pianiste en janvier 1951. Pianiste lui-même, et fin musicologue, l'écrivain avait à coeur de restituer Chopin à ses contemporains, tant il sentait que l'interprétation qu'en donnaient certains virtuoses de son temps en voilait les accents singuliers et contrevenait à son chant le plus intime. Il fallait revenir aux oeuvres, à leurs «intentions». C'est comme critique qu'il choisit de faire part de sa «lecture» de Chopin, en proposant un fructueux rapprochement entre le compositeur des Scherzos et le poète des Fleurs du Mal. Gide se souvenait de ses années de jeunesse, où Baudelaire et Chopin étaient tenus l'un et l'autre pour infréquentables, et leurs oeuvres pour également «malsaines». Mais qu'avaient-elles vraiment en commun qui pût laisser craindre un tel ravissement des esprits ? N'était-ce pas à leur égale perfection que l'on devait ce «secret d'émerveillement auquel l'âme aventureuse s'expose sur des chemins non tracés d'avance» ? Il s'agissait dès lors que les interprètes ne vinssent pas gâter, par trop d'assurance, la «révélation» Chopin, cette pure disponibilité à l'inouï que recèle l'écriture. Les Notes sur Chopin ont paru en 1931 dans La Revue Musicale.
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Musicanimale : le grand bestiaire sonore
Collectif
- GALLIMARD
- Livres D'art
- 22 Septembre 2022
- 9782072989094
Vocalises d'oiseaux, stridulations d'insectes, chants mélodiques de baleines, hurlements chorals de loups... Depuis toujours, l'homme s'est confronté aux voix animales pour les reproduire, les transcrire ou les transfigurer. D'innombrables bestiaires jalonnent ainsi l'histoire de la musique, de Rameau à Saint-Saëns. De nombreux instruments, appeaux, serinettes ou flageolets d'oiseaux, empruntent aussi aux animaux leurs formes et leurs matières, ou cherchent à en imiter les sons. Sans oublier les récits qui poétisent le lien des hommes aux animaux, comme Les Musiciens de Brême, ou encore Papageno, célèbre homme-oiseau de La Flûte enchantée de Mozart, dont l'identité même rend évidente l'affinité profonde que l'humanité nourrit avec la partition du vivant.
Entre imagier vagabond et cabinet de curiosités, chaque lettre de ce catalogue en forme d'abécédaire montre l'influence extraordinaire des voix animales dans l'histoire de l'art et de la musique, et questionne le devenir de la biodiversité et la disparition d'un patrimoine sonore en danger. -
Ce livre rassemble des conférences données à Darmstadt au début des années 60 alors que Boulez élabore Pli selon Pli. Elles correspondent à ce qu'écrivait naguère de Boulez son ami Michel Foucault : «L'essentiel pour lui était là : penser la pratique au plus près de ses nécessités internes sans se plier, comme si elles étaient de souveraines exigences, à aucunes d'elles. Quel est donc le rôle de la pensée dans ce qu'on fait si elle ne doit être ni simple savoir-faire ni pure théorie ? Boulez le montrait : donner la force de rompre les règles dans l'acte même qui les fait jouer.»
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L'opéra-comique : Le gavroche de la musique
Maryvonne de Saint-Pulgent
- GALLIMARD
- Decouvertes Gallimard
- 9 Novembre 2010
- 9782070438686
L'opéra-comique français, représenté à l'origine dans les loges ou baraques de foires, s'oppose au genre sérieux de la tragédie lyrique créé par Lully à la fin du XVIIe siècle, joué, lui, dans les théâtres. Après avoir bataillé des années, l'un pour se faire reconnaître, l'autre pour garder ses privilèges, les deux genres concluent un armistice. Désormais, l'opéra-comique est clairement défini comme un mélange de parlé et de chanté et il s'installe en 1783 à deux pas du boulevard des Italiens, salle Favart. Il va connaître son âge d'or au XIXe siècle, avec la création d'oeuvres parmi les plus célèbres du répertoire, Le Postillon de Lonjumeau (1836), Mignon (1866), Carmen (1875), Manon (1884), Les Contes d'Hoffrnann (1881), Louise (1900), Pelléas et Mélisande (1902). Dévastée à deux reprises par des incendies ( 1838 et 1887), la salle Favart est reconstruite une troisième fois et inaugurée en 1898. En 1939, c'est cependant la faillite et l'Opéra Comique devient une succursale de l'Opéra... Une nouvelle ère s'ouvre en 2005 : redevenu indépendant et dirigé depuis 2007 par Jérôme Deschamps, l'Opéra Cornique renoue avec son histoire pour assurer pleinement sa mission : faire découvrir au public le plus large son répertoire singulier d'oeuvres lyriques.
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L'oreille musicienne : Les chemins de la musique de l'oreille au cerveau
Claude-henri Chouard
- GALLIMARD
- Hors Serie Connaissance
- 3 Octobre 2001
- 9782070762125
Un savant, un mélomane, un musicien ont-ils la même conception de la musique ? Pourquoi certains distinguent-ils des fréquences que nous ne différencions pas ? À la confluence de l'histoire des techniques musicales, de la médecine, de la biologie et des sciences cognitives, Claude-Henri Couard, médecin spécialiste de l'audition à l'hôpital Saint-Antoine, déploie, pour répondre à ces questions, tout un domaine de recherches. La manière dont le cerveau humain écoute ou crée la musique fait désormais l'objet d'études pionnières. Elle s'explique par des phénomènes acquis en fonction de telle ou telle civilisation ; mais aussi par une organisation sensorielle et nerveuse innée, spécifique à la pratique musicale. La prédilection universelle pour l'octave ou la quinte, par exemple, correspond à des processus physiologiques objectifs contenant les valeurs numériques particulières de ces intervalles fréquentiels privilégiés. D'autres aptitudes musicales se retrouvent chez le nourrisson, en dehors de tout apprentissage préalable. Il semble bien exister, dans le cerveau du nouveau-né, des réseaux neuronaux préprogrammés dévolus à l'écoute de la musique. Les scientifiques estiment aujourd'hui que l'écoute et l'expression musicales sont une fonction propre à l'homme, au même titre que la parole : elle lui est tout autant indispensable, même si son organisation cérébrale s'en différencie nettement. Ainsi s'éclaire la part prépondérante que la musique prend dans le quotidien de notre civilisation : loin d'être un phénomène culturel que faciliterait le développement technologique, la musique est l'expression d'un besoin physiologique dont l'humanité - le fait est nouveau - commence aujourd'hui seulement à prendre conscience.
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Mystery train ; images de l'Amérique à travers le rock'n'roll
Greil Marcus
- GALLIMARD
- Folio Actuel
- 11 Septembre 2003
- 9782070428953
C'est donc un livre sur le rock'n'roll - une partie du rock'n'roll - et sur l'Amérique.
Ce n'est pas une analyse historique ou purement musicale, ni une galerie de portraits. J'ai essayé d'élargir le contexte dans lequel on écoute la musique, d'analyser le rock non pas comme expression de la jeunesse, ou de la contre-culture, mais de la culture américaine elle-même. Les artistes sur lesquels j'ai choisi d'écrire m'intéressent en particulier parce qu'ils ont plus d'ambition que les autres et qu'ils prennent plus de risques.
Ils prennent le risque du désastre artistique (dans le vocabulaire du rock : la prétention), de se mettre à dos un public qu'il est plus facile de flatter que de provoquer - leurs ambitions ont beaucoup à voir avec celles que Robbie Robertson avait pour le band : "la musique ne doit jamais être inoffensive." Ce qui m'attire encore plus chez le band, Sly Stone, Randy Newman et Elvis, c'est que je pense qu'ils se voient comme des américains symboliques.
Pour moi, ils essaient, avec leur musique, d'être à la hauteur de ce rôle.
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Le compositeur et son double ; essais sur l'interprétation musicale
René Leibowitz
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Idees
- 17 Février 1971
- 9782070277704
On sait qu'il faut des années, voire des décennies pour faire d'une personne même douée un pianiste, un violoniste, un chef d'orchestre, un chanteur. Parvenus à ce qu'il est convenu d'appeler la maîtrise de leur art, ces musiciens continuent néanmoins à éprouver des difficultés et des incertitudes. Les raisons d'un tel état de choses sont faciles à comprendre : le compositeur, dont les oeuvres constituent la raison d'être de l'interprète, exige de celui-ci un effort de lecture qui est une des tâches les plus ardues qui soient. On peut dire qu'aucun interprète n'a jamais fini de déchiffrer un texte et qu'il réussit rarement à se confondre avec ce texte, à devenir le double du compositeur.
Introduire un peu de clarté en ce domaine jusqu'à présent relativement peu exploré, tel est le but que se propose le présent ouvrage.
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Ni empereur ni roi, chef d'orchestre
Georges Liébert
- GALLIMARD
- Decouvertes Gallimard
- 26 Septembre 1990
- 9782070531141