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Fayard
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Les mots de la musique : 200 auteurs parlent de 200 musiciens
Franck Médioni, Collectif
- Fayard
- Litterature Francaise Fayard
- 30 Octobre 2024
- 9782213727554
Ils sont 222 auteurs, romanciers, poètes, journalistes ou musiciens. Chacun d'entre eux a choisi un musicien ou une musicienne du XXe siècle et écrit un texte libre de quatre pages.Musique classique, chanson, musiques du monde, pop, rock, reggae, jazz, rap, musiques électroniques, toutes les musiques sont présentes dans ce livre qui forme un vaste un panorama littéraire de la musique du siècle passé.
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Bono - artiste, activiste et chanteur du groupe de rock irlandais U2 - publie ses Mémoires. Surrender est un texte sincère et irrévérencieux, intime et profond - l'histoire de sa vie hors du commun, des défis qu'il a dû surmonter, et des amis et de la famille qui l'ont soutenu et façonné.
« Quand j'ai commencé à écrire ce livre, j'espérais dépeindre en détail ce que j'avais seulement esquissé dans mes chansons. Les personnes, les lieux et les possibilités qui s'étaient présentés à moi. «Surrender» est un terme lourd de sens pour moi. Ayant grandi en Irlande, dans les années 1970, les poings levés (sur le plan musical), ce n'était pas un concept naturel. C'est un terme autour duquel je me contentais de tourner jusqu'à ce que je me plonge dans mes souvenirs pour ce livre. Aujourd'hui, je suis toujours aux prises avec ce commandement qui appelle à l'humilité. Au sein du groupe, dans mon mariage, dans ma foi, dans ma vie d'activiste. Surrender est l'histoire d'un pèlerin peinant à avancer... mais qui s'amuse en cours de route. » Bono.
La carrière de Bono, un des artistes les plus iconiques du monde de la musique, est largement documentée. Mais dans Surrender, Bono lui-même se livre pour la première fois sur sa vie extraordinaire et sur ceux qui l'ont partagée. De sa voix unique, Bono nous raconte son enfance et sa jeunesse à Dublin, notamment la perte brutale de sa mère à l'âge de quatorze ans, l'improbable parcours de U2 jusqu'à ce que le groupe de rock devienne l'un des plus célèbres de la planète, et enfin ses plus de vingt années d'activisme consacrées à la lutte contre le sida et l'extrême pauvreté. Dans un récit introspectif d'une grande sincérité, et avec un solide sens de l'humour, Bono lève le voile sur sa vie, ainsi que sur la famille, les amis et la foi qui l'ont toujours soutenu, bousculé et façonné. -
« Lorsque j'étais enfant, j'apprenais la ?théorie musicale dans de petits manuels (je ne sais pas s'ils existent encore) partagés en deux : le livret vert des questions et celui rouge des réponses. La première leçon de la première année était la suivante : ?Qu'est-ce que la musique ? ; et sur le livret rouge, il était écrit : ?La musique est l'art des sons. Quel ne fut pas mon éblouissement, à l'âge de huit ans, en découvrant cette définition. Je ne sais pas si ce fut mon entrée dans la ?théorie musicale, mais je crois que ce fut mon entrée en philosophie. Il y avait dans cet énoncé tout le pouvoir magique des formules définitionnelles. Elle concentrait en quelques mots simples le mystère des choses impalpables. Je n'ai guère changé d'opinion : la musique est bien l'art des sons. »De cette définition banale, « la musique est l'art des sons », ce livre tire toutes les conséquences jusqu'aux plus éloignées. Chemin faisant, il répond aux questions que nous nous posons sur la musique et sur les arts. Pourquoi, partout où il y a de l'humanité, y a-t-il de la musique ? Pourquoi la musique nous fait-elle danser ? Et pourquoi nous émeut-elle parfois ? Qu'exprime la musique pure ? Représente-t-elle quelque chose ? Et qu'est-ce que la beauté ? Est-elle dans les choses ou en nous ? Pourquoi tous les êtres humains font-ils des images, des récits, des musiques ? Que nous disent du monde réel ces mondes imaginaires ?
Les questions les plus simples sont souvent les plus profondes. Aucun livre sur la musique ou sur les arts ne les pose avec cette tranquillité et cette originalité.Francis Wolff est philosophe, professeur à l'École normale supérieure (Paris). Il est notamment l'auteur de Socrate (PUF, 2000), Dire le monde (PUF, 2004), Philosophie de la corrida (Fayard, 2007) et Notre humanité (Fayard, 2010). Il a consacré une part importante de son enseignement à la musique.
88 extraits de musiques commentées dans le livre sont proposés à l'écoute sur le site Internet www.pourquoilamusique.fr Le livre est aussi disponible sous la forme d'un epub 3.0 enrichi de ces extraits musicaux -
Philosophie de la chanson moderne
Bob Dylan
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 2 Novembre 2022
- 9782213722368
Dans cet ouvrage, son premier depuis qu'il s'est vu décerner le prix Nobel de littérature, Bob Dylan nous donne un aperçu personnel et hors du commun de la musique populaire. À travers soixante-six textes, illustrés de cent cinquante photos, il se penche sur les titres d'autres artistes, de Stephen Foster à Elvis Costello, en passant par Hank Williams et Nina Simone. Mystérieux, touchants, profonds, souvent empreints d'un humour ravageur, ces essais sont la quintessence de sa plume inimitable.
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L'orchestre, comment ça marche ? Quels sont les rouages de cette étrange communauté humaine et musicale ? On la perçoit comme une masse indifférenciée, sous le nom d'Orchestre philharmonique de Berlin ou d'Orchestre de Paris, négligeant trop souvent qu'il s'agit d'une réunion d'individualités. Qui sont ces musiciens d'orchestre, ces anonymes, ces sans-grade dont on oublie qu'ils sont de grands musiciens ? Ils représentent un paradoxe vivant : artistes et salariés, interprètes et exécutants, aristocrates et prolétaires. Est-ce par vocation ou par défaut qu'ils font ce métier ? Qui se soumet pendant ses études à l'excellence et à la compétition pour finalement fondre son talent dans un groupe ? Comment s'organise cette communauté fortement structurée et hiérarchisée (solistes et musiciens du rang, cordes et vents, c'est une vraie microsociété) ? Avec en point culminant le rapport au chef d'orchestre : pouvoir ou confiance ? Si un chef se montre parfois despotique, un orchestre peut facilement le dévorer tout cru. L'orchestre peut être le paradis ou l'enfer, ses membres peuvent se comporter comme une classe turbulente ou s'élever jusqu'à la transcendance : ce sont des êtres humains, avec leurs forces, leurs travers, leurs diversités, mais lorsqu'ils communient pour le même objectif, on se trouve devant la plus magique des inventions.
De longtemps passionné par l'orchestre, son répertoire et la communauté humaine qu'il représente, Christian Merlin éclaire les us et coutumes, les servitudes et les grandeurs de cette institution avec une empathie communicative, fondée sur une documentation internationale et une longue familiarité admirative avec les musiciens.Critique musical au Figaro depuis 2000, Christian Merlin collabore aussi aux revues L'Avant-Scène Opéra et Diapason, et participe à de nombreuses émissions sur France Musique. Il est maître de conférences à l'Université Lille 3, où il enseigne les études germaniques et la musicologie. -
Ceci n'est pas un livre pour les musiciens, non plus que pour les non-musiciens ; il est destiné, plutôt, à l'esprit curieux désireux de découvrir les parallèles entre la musique, la vie, et cette sagesse qui devient audible pour l'oreille pensante.La musique peut être beaucoup plus qu'un agréable élément ornemental. Elle exige un parfait équilibre entre intellect, émotion et tempérament. Si l'on parvenait à cet équilibre, les hommes et même les nations pourraient interagir plus facilement. A travers la musique, il est possible d'imaginer un autre modèle social, où l'utopie et l'empirisme conjuguent leur force, nous permettant de nous exprimer librement et d'entendre les préoccupations les uns des autres. Le monde du son est capable de hisser l'individu de l'inquiétude pour sa propre existence à une perception universelle de sa place parmi les autres êtres humains.Si le West-Eastern Divan Orchestra est évidemment incapable d'apporter la paix, il peut cependant créer les conditions d'une compréhension sans laquelle il est impossible de parler de paix. Il a la faculté d'éveiller la curiosité de chaque individu, de l'inciter à écouter le récit de l'autre, et d'inspirer le courage nécessaire à entendre ce qu'on préférerait ne pas entendre. Puis, lorsqu'on a entendu l'inacceptable, il devient possible à tout le moins d'accepter la légitimité du point de vue de l'autre.D.B.Daniel Barenboim, pianiste et chef d'orchestre de réputation internationale, a dirigé entre autres l'Orchestre de Paris de 1975 à 1989, puis l'Orchestre symphonique de Chicago de 1991 à 2006. Il est actuellement chef à vie de la Staatskapelle de Berlin et principal chef invité à la Scala de Milan.
Il a fondé avec Edward Said, en 1999, le West-Eastern Divan Orchestra, formé de musiciens venant de tous les pays du Moyen-Orient. Son action pour la paix lui a valu de nombreuses récompenses (Prix Prince des Asturies, 2002, avec Edward Said ; Prix de la Fondation Wolf, 2004 ; Premium Imperiale du Japon, 2007). Il a reçu en janvier 2008 un passeport palestinien. -
Richard Strauss eut une vie merveilleuse qu'il raconta durant ses dernières années dans des textes longs ou courts mais toujours pleins d'humour.
Christophe Looten les a réunis pour les offrir au lecteur francophone. On y découvre les premiers pas de l'apprenti compositeur, les premiers succès, puis la gloire venue avec les grandes oeuvres. Les derniers souvenirs, rédigés pendant la Seconde Guerre mondiale, nous permettent de mieux comprendre pourquoi Strauss n'a pas quitté l'Allemagne nazie et ce qu'il a essayé de faire durant cette période tragique.
Riches en anecdotes et en traits d'esprit, ces petits chefs-d'oeuvre nous plongent dans l'Allemagne musicale du début du siècle. On y rencontre tour à tour Cosima Wagner, Johannes Brahms, Johann Strauss, et le compositeur y évoque Richard Wagner, Hans von Bülow, Gustav Mahler et Arnold Schoenberg.
Le compositeur relate également comment il a conçu ses oeuvres et le travail mené avec ses librettistes, les chefs d'orchestre, les metteurs en scène et les interprètes, ainsi que l'accueil qu'elles ont reçu.
Cette sorte d'autobiographie, qui n'était disponible jusqu'à présent qu'en allemand, est indispensable pour bien connaître Strauss et saisir l'importance historique de ses oeuvres.
Spécialiste de la musique allemande de la seconde moitié du XIXe siècle, Christophe Looten est aussi le compositeur de deux opéras, de plusieurs messes, symphonies, concertos, et de six quatuors à cordes. -
Orphée aux enfers libéraux : l'art lyrique pour entendre le monde contemporain
Thierry Santurenne
- Fayard
- Les Chemins De La Musique
- 11 Octobre 2023
- 9782213726175
Naguère taxé de conservatisme et d'élitisme, malgré sa réelle popularité, l'opéra n'en fut pas moins, tout au long de son histoire, le véhicule d'une pensée sociale et politique bien moins inféodée qu'on ne le croit à la pensée dominante. Il s'imposa ainsi comme la principale caisse de résonance des mouvements esthétiques, littéraires et philosophiques accompagnant son développement en même temps que le vecteur d'idées nouvelles, subversives ou révolutionnaires. Le renouveau de la mise en scène lyrique au xxe siècle a permis de mesurer le rôle important joué par l'opéra en tant que témoin de la modernité en faisant apparaître son discours critique sur les institutions, l'individu, le couple, la famille, le pouvoir, l'argent, le rapport à la nature et à la spiritualité - parmi bien d'autres aspects. Traversé de nombreuses innovations, le répertoire vingtièmiste, qui jette un regard souvent décapant sur les métamorphoses et les dérives de notre civilisation - et en particulier celles qu'imposent l'économie libérale - est particulièrement fécond.
Ce travail analytique entrepris par les metteurs en scène contemporains est ici repris et prolongé en considérant ce qu'une cinquantaine d'opéras représentatifs du xxe siècle disent de notre temps. On y trouvera aussi bien Poulenc que John Adams, Puccini, Stravinsky Richard Strauss, Chostakovitch et Britten, entre autres.
Agrégé de lettres, docteur en littératures française et comparée, Thierry Santurenne est chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt de l'Université de Paris-Créteil et enseignant à l'École internationale d'Études politiques (Créteil-Fontainebleau). -
Guide de la théorie de la musique
Claude Abromont, Eugène de Montalembert
- Fayard
- Les Indispensables De La Musique
- 29 Août 2001
- 9782213609775
D'une conception ouverte et neuve, abondamment illustré (plus de 500 exemples musicaux, tableaux et schémas), le Guide de la théorie de la musique est amené à occuper une place centrale dans la pratique musicale du xxie siècle.
Son premier volet expose de manière claire et concise les notions indispensables à la compréhension de la musique (notes, durées, rythmes, gammes, accords, tonalités, modulations, modes, nuances, ornements...) et offre enfin droit de cité à de nombreux thèmes moins souvent abordés comme les musiques du xxe siècle, le jazz, l'informatique musicale, la notation ancienne, l'histoire de la pensée harmonique ou l'évolution des tempéraments...
Sans omettre les traditions musicales non occidentales, le Guide des « théoriciens » présente dans un second volet pour la première fois sous une forme chronologique les très nombreux auteurs ayant contribué au développement du langage et de la pratique musicale au cours des siècles, qu'ils soient théoriciens, compositeurs, célèbres, anonymes, voire mythiques.
Enfin, un inventaire du vocabulaire essentiel et un ensemble de tableaux pratiques synthétisent les réponses aux interrogations les plus fréquentes : chronologie, terminologie, modes, chiffrages, sons harmoniques, neumes, conventions des octaves, rythmes de danse...; tandis que de nombreux index, comme l'I>index visuel reliant les symboles solfégiques courants aux notions étudiées, permettent un accès rapide aux différentes informations, encourageant la brève consultation autant que l'étude approfondie.
Irremplaçable outil de travail combinant pédagogie, encyclopédie et synthèse, ce guide s'adresse autant aux mélomanes qu'aux élèves de conservatoires, aux étudiants ou aux chercheurs.
Auteur et concepteur du Guide de la théorie de la musique, Claude Abromont est premier prix d'analyse musicale du Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il enseigne l'analyse instrumentiste. Auteur de publications dans plusieurs revues spécialisées, il est également professeur de culture musicale au CNR de Dijon.
Auteur du volet Guide des « théoriciens », Eugène de Montalembert est titulaire du DNESM de composition du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon. Il enseigne la culture musicale aux ENM de Bourg-La-Reine/Sceaux, Pantin et Yerres, tout en intervenant dans le cadre de nombreuses formations.
« Un livre qui fera date et qui servira pendant longtemps de référence. » (Harry Halbreich) « Une petite bible, en quelque sorte. Une bible qu'on pourrait croire. » (Jacques Drillon) -
Pulvérisateur de frontières, créateur fantasque en dehors de tout système, trois fois oscarisé, Michel Legrand est l'auteur d'une oeuvre foisonnante, en équilibre entre jazz, variété, comédie musicale, musique de films, de concert, de scène, de ballet. C'est un parcours unique où Agnès Varda tend la main à Steve McQueen, Orson Welles à Xavier Beauvois. Aujourd'hui, Michel Legrand se raconte avec humour, gravité et liberté, entremêlant présent et passé. Aucun sujet sensible n'est éludé : les abandons du père, la relation passionnelle avec Jacques Demy, les tourments de la dépression californienne, le rapport au dogmatisme de la musique contemporaine. Soyez prévenus, vous tenez entre les mains le premier livre jamais publié à convoquer à la fois Maurice Chevalier, Miles Davis, Pierre Boulez, Jean-Luc Godard, Sarah Vaughan, Joseph Losey, Damien Chazelle, Stan Getz, Natalie Dessay... et Michael Jackson.
Cet ouvrage est une invitation à voyager dans les multiples vies d'une vie. Mieux, d'un destin. Un récit où Michel Legrand brosse le portrait de trois femmes essentielles : Nadia Boulanger, sa mère de musique ; Barbra Streisand, son interprète américaine d'élection ; Macha Méril, la femme de sa vie, rencontrée en 1964 à Rio et épousée en 2014, un demi-siècle après leur coup de foudre. C'est aussi cela J'ai le regret de vous dire oui : à plus de quatre-vingts ans, une leçon de vie et d'espérance, à la pointe du présent.
Préface de DAMIEN CHAZELLE MICHEL LEGRAND est compositeur, pianiste, chef d'orchestre et chanteur. Parmi ses films : Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, L'Affaire Thomas Crown, La Piscine, Un été 42, Yentl. Il a récemment composé l'oratorio Between yesterday and tomorrow pour Natalie Dessay et deux concertos, l'un pour piano, l'autre pour violoncelle.
Spécialiste de la musique à l'image, STÉPHANE LEROUGE conçoit la collection discographique Écoutez le cinéma ! chez Universal Music France. Depuis vingt-cinq ans, il travaille avec Michel Legrand sur les rééditions phonographiques du compositeur.
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La musique dans l'exil, et la musique de l'exil. Comment l'éloignement contraint de leur terre d'origine a-t-il affecté les oeuvres des musiciens qui ont vécu cette épreuve ? C'est à cette question qu'Etienne Barilier tente de répondre dans cet ouvrage, en scrutant les oeuvres qui expriment, voire thématisent l'exil. Selon le contexte historique (insurrection polonaise, révolution russe, stalinisme, nazisme...) ou l'" issue " de leur exil, il évoque ceux pour qui cela n'a pas eu apparemment grande conséquence sur la puissance créatrice (Stravinsky, Schönberg, Milhaud) et ceux chez qui il tarit peu ou prou la veine créatrice (Rachmaninov, Bartók) ; le retour peut être plus ou moins catastrophique (Prokofiev ou, dans des circonstances tout autres, Korngold).
Un exil intérieur peut être contraignant jusqu'à la mort (Chostakovitch, Weinberg, Feinberg); il a été aussi prélude à l'assassinat en camp d'extermination, et suscitant des oeuvres de résistance (Ullmann, Schulhoff). Zemlinsky, Hindemith, Kurt Weill et bien d'autres illustreront ici comment le plus immatériel des arts, la musique, peut incarner le déchirement, la séparation et la permanence d'une identité.
De cette fracture intime que le XXe siècle a lestée de sa douleur propre, Etienne Barilier développe des enjeux de civilisation qui, bien au-delà de la musique, touchent durablement notre époque.
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Son essence mystérieuse semble faire de la musique le langage même de la nature. Rêvant de pouvoir agir sur elle à la façon d'Orphée, les compositeurs ne cessent de l'écouter pour intérioriser ses voix : ils s'emploient tour à tour à l'imiter, à reproduire ses mouvements, à peindre ses effets sur la sensibilité, à enregistrer et métamorphoser ses sons, ou à puiser en elle de puissants modèles formels.
Des Quatre Saisons (Vivaldi) à La Mer (Debussy), de la Symphonie pastorale (Beethoven) au Catalogue d'oiseaux (Messiaen) et à l'écologie sonore, Emmanuel Reibel met ici en lumière la façon dont les représentations musicales de la nature se sont articulées à l'histoire de l'idée de nature.
En traversant les saisons, les paysages et les jardins, parfois troublés par des tempêtes, nous découvrons ainsi comment la musique se nourrit de tout ce qui constitue notre environnement - minéraux, végétaux, ou animaux, qui ont donné lieu à un foisonnant bestiaire musical - sans oublier les préoccupations les plus actuelles liées à la préservation de cette nature qui nous est chère.
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C'est toute une époque de la vie musicale française qui revit à travers cette correspondance: celle des années cinquante où une génération de compositeurs en quête de nouvelles références se trouva confrontée aux transformations radicales du langage musical sous l'influence des musiciens de l'Ecole de Vienne.Tel était le cas de Pierre Boulez, alors jeune créateur en pleine recherche, s'essayant également à la direction d'orchestre, désireux de remettre en question les habitudes en cours, tant d'un point de vue esthétique que pratique.Sa rencontre avec André Schaeffner (1895-1980) va se révéler extrêmement féconde. De trente ans plus âgé que lui, ethnologue de profession, musicien de formation, esthéticien d'une étonnante érudition, ouvert à tous les courants musicaux, celui-ci représentait tout à la fois le savoir et l'ouverture d'esprit dans des domaines alors peu explorés, où il jouait un véritable rôle de précurseur.L'ainé va ainsi remplir la fonction de passeur à l'égard du second, lui faisant découvrir la richesse des musiques non européennes et l'aider à porter un regard neuf sur certaines partitions-phares de la musique du XXe siècle.S'étalant sur quelque vingt années, leurs riches échanges trouvent un large écho à travers cette correspondance très importante pour la connaissance de la gestation de la pensée musicale de Boulez. Abondamment annotée afin qu'elle soit mieux située dans les divers milieux où évoluaient alors les deux correspondants, elle est complétée par les textes de leurs propres articles auxquels leurs lettres font souvent référence.De nationalité brésilienne, Rosângela Pereira de Tugny est professeur de musicologie à l'université de Belo Horizonte. Elle a écrit une thèse sur la musique de piano de Boulez, Stockhausen et John Cage.
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La rumeur des batailles ; la musique au tournant des XVIIIe et XIXe siècles
Martin Kaltenecker
- Fayard
- Les Chemins De La Musique
- 5 Avril 2000
- 9782213606187
Alors qu'on ne cesse d'étudier les bouleversements politiques, sociaux, ou philosophiques qu'ont entraînés la Révolution française et l'épopée napoléonienne, s'est-on jamais interrogé sur les transformations auxquelles s'est trouvée soumise la musique sous le choix des événements qui ne sont alors soudainement précipités à travers toute l'Europe ?
Certes plus d'un a remarqué l'écho des musiques militaires dans les symphonies de Beethoven et jusque chez Rossini, dont la musique bruyante témoigne encore de ce qu'il est le "fils d'un siècle de fracas". On a vu également, dans cette veine guerrière, fleurir moult pièces de circonstance - représentations musicales de batailles ou cantates - illustrant sur le monde pittoresque une actualité fertile en épisodes mouvementés. Mais, au-delà de ces musiques de circonstance, on est frappé par le souci de simplification du discours qui anime soudain nombre de compositeurs, que ce soit les expérimentations menées avec les masses sonores par Gossec et Méhul écrivant pour les fêtes de la Révolution, ou celles développées avec la force que l'on sait par Beethoven, dont la musique est ressentie alors comme "colossale". Apparaît alors un penchant général pour les effets sonores puissants, le goût d'instrumenter de façon épaisse, de grossir le trait, de privilégier des tempos rapides, de jouer fort.
Ainsi donc, en ce tournant du XVIIIe au XIXe siècle qu'accompagne la rumeur des batailles révolutionnaires et napoléoniennes naît un nouveau ton, fait de registres divers : hiératisme sublime chez Gluck, lenteur réfléchie chez Beethoven, fascination pour la vitesse et goût de l'élan chez Weber, effets de masse et de spatialisation sonore chez Berlioz, ivresse rythmique chez Rossini.
C'est l'unité de ce champ stylistique, réplique du grand tremblement de terre de l'Histoire, qu'analyse cet ouvrage nourri de la pensée des grands écrivains de l'époque où le sentiment du sublime se trouve porté à son comble.
Martin Kaltenecker, producteur à France Musiques, a été l'un des fondateurs de la revue Entretemps. Auteur de nombreux articles sur la musique du XIXe et du XXe siècle, il a traduit des ouvrages de Luciano Berio, Carl Dahlhaus ainsi que la correspondance Mahler-Strauss. -
Les bémols de Staline ; conversations avec Guennadi Rojdestvensky
Bruno Monsaingeon
- Fayard
- 26 Février 2020
- 9782213716817
Un témoignage de première main sur la vie musicale du dernier siècle et la situation des artistes en régime soviétique par le chef d'orchestre Guennadi Rojdestvensky.
Un nom impossible à prononcer, un personnage mythique mais mal connu : l'un des plus éminents chefs d'orchestre russes du XXe siècle, Guennadi Rojdestvensky (1931-2018) s'est confié, au cours d'un quart de siècle de conversations, à Bruno Monsaingeon. Des échanges qui, lorsqu'ils étaient filmés, firent l'objet de plusieurs documentaires, et qui constituent ici la substance infiniment plus vaste d'un livre. On y trouve de nombreux éléments biographiques, depuis l'enfance misérable, les débuts à l'âge de vingt ans au Bolchoï, et l'évocation, pleine d'humour, de fabuleuse drôlerie et d'émotion, des figures de Chostakovitch, Prokofiev, Schnittke et Stravinsky, dont il fut l'ami et le champion le plus éminent, et dont il a créé de nombreuses oeuvres écrites à son intention ; l'édification progressive d'un répertoire symphonique d'une ampleur sans équivalent. On y trouve aussi un tableau saisissant de la vie artistique en régime soviétique. L'oppression des consciences, les tracasseries bureaucratiques, les ruses déployées pour les déjouer, sont relatées de façon captivante, par un grand musicien qui connut le système de l'intérieur, de sa période la plus féroce jusqu'à son agonie lénifiante et lugubre. Un livre qui est non seulement la chronique pittoresque d'une vie, mais aussi celle, émouvante, de tout un peuple et d'une histoire tragique.
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Août 1964 : Jeanne Tallon, vingt-trois ans, entre comme ouvreuse à l?Olympia. Elle y restera jusqu?en 1999, occupant toutes les fonctions, jusqu?à la direction de salle. Aujourd?hui, elle raconte, vus de l?intérieur, trente-cinq ans de la vie du plus célèbre music-hall d?Europe. Des générales en robe de soirée et smoking aux concerts de rock, des alertes à la bombe aux tours manqués des illusionnistes.Elle a vu le tout jeune Johnny Hallyday, les lèvres blanches de trac, écouter religieusement Bruno Coquatrix avant de se jeter sur scène, elle a consolé des fans de Frédéric François et donné des places gratuites à des mamies resquilleuses. Elle a repassé les chemises d?un des Compagnons de la chanson, dansé avec Sacha Distel et bu le dernier verre avec Charles Trenet. Au fil de ses souvenirs, elle raconte aussi le public d?Enrico Macias, dresse un portrait peu convenu d?un Jean-Pierre Bacri, alors ouvreur-placier, charmant les jolies spectatrices, pleure à la légendaire dernière de Jacques Brel, et assiste aux répétitions d?Yves Montand. Elle découvre Michel Sardou débutant et Michel Simon, étonné comme un enfant. Derrière les Floride et les Teppaz, le rock, la nouvelle vague et le Yé-Yé, derrière les feux du music-hall, Jeanne Tallon parle aussi , avec foi et sincérité, des « faiseuses d?ange », de la difficulté de joindre les deux bouts et du sida qui commence à frapper.Une femme dans son époque.
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Nous avions quinze ans. Hollywood avait encore du souffle. Rio Bravo, Le Vent de la plaine et Le Trésor du pendu passaient sur l?écran de l?Astoria-Cinéma. Nos grands frères crapahutaient dans les djebels, l?Algérie. Guy Mollet s?effaçait devant de Gaulle.
Dans la famille Chaussettes noires, nous prenons Eddy Mitchell sur-le-champ. Allure de rocker dans un film trotskiste anglais, il nous plaît. Le rock?n?roll aux couleurs de la France, enfin. Au troquet, rue de Belleville, nous écoutons Be Bop a Lula, musique de Gene Vincent, paroles de Claude Moine. Sur le juke-box Wurlitzer, Eddy est bon.
Depuis quarante ans, les chansons d?Eddy Mitchell nous accompagnent. M?sieur Eddy et moi est un drôle d?essai, une double évocation, intime et biographique, une promenade aux sources du style d?Eddy Mitchell.
Un hommage, un exercice d?admiration à l?égard d?une incomparable élégance. A la gloire d?un grand artiste populaire. M?sieur Eddy.A.D.