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Beauchesne
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Leos Janacek, Jean Sibelius, Raplph Vaughan Williams ; un cheminement commun vers les sources
James Lyon
- Beauchesne
- 3 Novembre 2011
- 9782701015958
Pour la première fois, le Tchèque Leoš Janáček (1854-1928), le Finlandais Jean Sibelius (1865-1957) et l'Anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) sont mis en perspective dans le même ouvrage. En effet, ces trois compositeurs - chacun avec sa personnalité bien affirmée - ont tissé des liens avec les sources orales du chant entonné par le peuple. L'étude commune et conjointe de leurs itinéraires s'est avérée stimulante tant les répertoires mélodiques de leurs mondes sonores est d'une richesse émouvante. Les trois hommes ont vécu pratiquement à la même époque.
Ils ont été confrontés aux tragédies de leur temps et y ont répondu en s'engageant personnellement dans la recherche de trésors dont ils pressentaient la proche disparition.
Héritiers naturels de William John Thoms (1803-1885), le créateur du mot Folk-Lore (« savoir du peuple »), en 1846, ils ont réussi à l'incarner à partir de l'expérience de leurs collectes fécondatrices de leurs musiques.
Cet ouvrage s'intéresse non seulement aux parcours biographiques de Janáček, Sibelius et Vaughan Williams mais aussi à leur conception philosophique du langage musical. Hommes de culture aux sens arnoldien et diélien du terme, ils ont compris la relation intime entre la psychologie, l'hymnologie et le processus créateur. En approchant les hommes et les femmes des campagnes, en s'appropriant leurs mélodies spontanées, témoignages de l'histoire d'une nation, et en les intégrant dans leurs oeuvres, ils se sont incorporés eux-mêmes dans l'éternel cheminement vers les sources. Un itinéraire biographique croisé introduit le propos avant trois parties distinctes consacrées à chacun des compositeurs.
Chaque partie comprend un chapitre consacré au chant populaire et deux autres dédiés à quelques partitions emblématiques de Janáček, Sibelius, et Vaughan Williams. Un dictionnaire biographique de quatre cent soixante-dix-sept entrées complète et conclut ce livre. Il est constitué de noms tchèques, finlandais et anglais, d'auteurs divers, musiciens, folkloristes, hymnologues, écrivains, poètes, historiens, hommes d'église, philosophes, théologiens, contemporains des trois auteurs traités, dont le rôle a été prépondérant pour ce qui concerne l'établissement et la préservation de la culture respective de la Moravie, de la Finlande et de l'Angleterre.
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La métaphore musicale de l'harmonie du monde à la Renaissance
Myriam Jacquemier
- Beauchesne
- Christophe Plantin
- 8 Octobre 2020
- 9782701022901
Comment dire le sacré ? Comment résoudre l'attrait irrésistible pour le principe de l'Unité alors que tout spectacle du réel renvoie à l'évidence troublante de l'altérité ? La musique par la magie des accords, la complexité des sons, la richesse de l'inventivité humaine, ne pouvait-elle pas, à bon droit, espérer rendre possible un tel espoir ? Ne pouvait-elle pas aller jusqu'à exercer un réel pouvoir de régénération de la nature entière, élevant les âmes, fédérant corps et esprits en un même idéal, jusqu'à ce que le mystère opère et que l'esprit de concorde des premiers commencements rejoue la symphonie initiale désaccordée par les colères humaines ?
A l'aube du XVIe siècle, en cette première Renaissance, un Frère franciscain vénitien, Francesco Giorgio veneto (Zorzi), polyglotte et érudit, releva le défi en un ouvrage encyclopédique extraordinairement original, le De harmonia mundi (publié en 1525), hymne somptueux grâce auquel il espérait, par une écriture symbolique puissante, faire réentendre, aux hommes et à Dieu, les sons oubliés de l'harmonie de la création que les conflits de tous bords menaçaient d'étouffer.
Un tel projet, salué par les rois et la papauté, pouvait alors se comprendre en ces temps où les guerres de religion n'avaient pas encore dévasté l'Europe, ni les troupes turques menacé les frontières. Mais, comment expliquer que, plus de cinquante ans plus tard, quelques courtes années après la sanglante nuit de la saint Barthélemy (1572), en un temps résolument déboussolé, un chrétien kabbaliste extrêmement renommé, Guy le Fèvre de la Boderie, n'eut de cesse de traduire la totalité de l'hymne latin en français, L'Harmonie du Monde (1578), dans l'espoir engagé que se rejoue, par et avec les accords harmonieux de l'hymne franciscain, l'avènement espéré d'une paix concordiste et harmonieuse politique autant que spirituelle.
Un tel anachronisme, hymne solaire réapparu inopinément en un décor de sang, met en perspective de façon problématique l'utopie du projet initial mais ainsi, réactualise sous des formes très modulées la quête d'un discours du sacré en quête d'harmonie en des temps susceptibles d'en avoir perdu l'image et le son. Dans son livre La métaphore musicale de l'harmonie du monde à la Renaissance Myriam Jacquemier, spécialiste de l'histoire des idées et des imaginaires de spiritualité à la Renaissance, relève à son tour le défi audacieux de redonner vie et sens à ce rêve puissant d'une paix harmonieuse née de la musicalité du monde, voulue autant par les hommes que par les Dieux. L'aventure paraît d'un autre temps mais une telle étude convoque des problématiques, des thématiques, des recherches rhétoriques d'une évidente universalité et d'une constante contemporanéité. De Platon aux derniers Valois, le lecteur suit, grâce à une écriture érudite mais engagée, les successives représentations des imaginaires politiques et religieux qui, depuis si longtemps, ont investi la musique du pouvoir sacro-saint d'adoucir les moeurs.