Filtrer
Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Prix
Al Dante
-
-
Un long poème narratif ponctué de 12x2 dessins, montage d'énoncés et de notations dans lequel une poétesse (grosse et vieille) tient une sorte de journal où s'articule la destruction du corps privé à celle du corps social.
-
-
Poésie insurrectionnelle, Extrait des Nasses est un texte-fleuve qui témoigne d'une jeunesse dont la soif de vivre ne peut se contenter d'aucune des propositions émanant d'une civilisation malade en voie de fascisation, qui ne fonctionne que sur des jeux de domination. Ici, chaque fragment de texte est projectile autonome, et le tout : soufle de vie. ... Nous nous déployons. Habités par le vide que déploie la logique de votremonde. Nous n'avons pas d'avenir.
Le feu prenait bien. Des sorties. Nous n'en voulons pas. Arracher....
«Il y a dans ce livre, une conclusion politique, celle-ci:Nous faisons pousser les ronces», conclue Jean-Marie Gleize, dans la préface qui ouvre ce livre.
-
LE LIVRE # Hymne à l'Europe universelle (sic) est une chronique poétique, où il est question du racisme ordinaire envers les Rroms. Des petites remarques insidieuses entendues au hasard de la rue, jusqu'aux décisions de nos élus, Florence Pazzottu recense toutes les étapes participant de la fabrication d'une mythologie raciste les persécutant.
Mais les RomsManouches Tziganes / - qui ne sont pas tous d'exotiques / nomades étrangers venus d'une Inde /mythique -,mais lesManouches Roms / Tsiganes - qui n'ont pour point commun / que le regard malade qu'une Europe malade, dissociée, porte sur eux -, /mais les Tziganes RomsManouches ne sont pas / à intégrer ils sont des parties du corps / de l'Europe que soudain elle rejette / ne veut plus reconnaître les ayant transformés / au XXe siècle par statut d'exception / en errants apatrides.
EXTRAIT DE LA POSTFACE DE FLORENCE PAZZOTU > Écrire en poète, c'est étreindre le corps obscur de la langue et viser la plus grande clarté. C'est tisser une forme-pensée, une prose offerte à la trouée du vers, sans rien éluder des multiples expériences du vivre.
C'est s'éprouver toujours inconnu, intimement étranger à soi-même et étrangement lié à l'autre - et faire l'expérience que le dire qui nous fonde est toujours une adresse à autrui (à je ne sais qui).
C'est nouer ensemble des strates de pensée ou de perception de réalités hétérogènes (rugueuses, rétives ou éruptives), - et déployer un dire qui témoigne d'unmonde en l'inventant toujours autre - en avant de lui-même et à flanc d'impossible : car le récit, s'il est poème, ne colle pas à ce qui est, n'est ni conforme ni adéquat, ne restitue pas, mais performe, - invente et ouvre le possible à venir.
[.] C'est autour dumot Rromque se cristallise aujourd'hui le plus fortement cet enjeu.
-
À la croisée du théâtre, de la performance et de la poésie - sans jamais s'arranger du confort d'un genre - Nadège Prugnard rend audible les paroles suffoquées - car selon d'où on vient et ce qu'on a vécu, raconter est difficile, et être entendu encore plus malaisé. Avec "M.A.M.A.E.", des femmes s'explosent en public, renvoyant aux lecteur-e-s / spectateur-e-s toute la violence accumulée, que ce soit dans la vie ou au théâtre ; "Monoï", « Indescriptible Notre-Dame des outrages », rappelle que l'intime aussi est politique, dans un récitatif débridé et volcanique qui met à mal tous les poncifs se rapportant au désir, à la sexualité et à la jouissance féminine pour s'imposer, enfin, pulsion de vie ; "Putain de campagne !" raconte, à travers leurs propres paroles, les doutes, rancoeurs, colères, espoirs et désirs des habitant-e-s des campagnes ; "Suzanne takes you Down", écrit à partir de témoignages, relate la résistance en Auvergne avec, comme compagnonne, le fantôme de Suzanne, actrice-
-
Le Patient est le récit sans fard du quotidien d'une humanité blessée, oubliée, vidée, épuisée, mise à l'écart : celle des hôpitaux psychiatriques.
Jérôme Bertin nous raconte le quotidien de cet hôpital d'un quartier populaire de Lille, les gens qui y vivent (patients, mais également psychiatres, infirmiers, personnes de l'accueils.), et les rencontres, les menus événements et autres incidents ponctuant un temps qui s'étire dans l'ennuie et la déprime.
-
Ossip Mandelstam écrit en 1933 une Épigramme contre Staline. Plusieurs personnes peuvent en prendre connaissance. Arrêté en 1934, il est déporté à Voronej, une grande ville sur le Don.
Dès 1935, il commence à écrire les poèmes des Cahiers de Voronej (demeurés longtemps inédits et publiés après sa mort par sa femme qui les avaient appris par coeur et sauvés ainsi de la censure).
Libéré, puis à nouveau arrêté, il meurt en 1938, dans un camp de transit.
Sont ici publiés la plupart des poèmes des "Cahiers de Voronej", avec les deux poèmes consacrés à Staline (L'épigramme contre Staline et le Poème à Staline, sans doute une dernière tentative du poète pour sauver sa vie).
Les poèmes des "Cahiers" approchent une sorte d'"écriture automatique" dans laquelle des phrases semblent sorties d'un chapeau. Les moments d'écriture, basés sur une sonorité, s'emboitent pour former une polysémie imposante.
Peu de poètes ont écrit avec un tel malheur pour mémoire, une détresse, comme une fatalité du deuil. Les poèmes, donc, cette mémoire du malheur et de la mort. Au mot à mot.
-
Lecture de 5 faits d'actualité par un septuagenaire bien sonné
Julien Blaine
- Al Dante
- 12 Septembre 2016
- 9782847617276
Julien Blaine observe l'actualité. Observe et ré-agit. Il agit en utilisant, pour traiter cette actualité, les outils qu'il a façonnés tout au long de son enquête scientificopoétique pour retrouver la trace d'une langue originelle, une langue élémentaire qui remonterait aux racines du verbe, hors de toute révélation divine - enquête qui forme la charpente d'un chantier poétique commencé... il y a plus de 50 ans.
En 5 séquences, 5 faits (les crimes commis au nomde la religion, lamission spatiale Rosetta, Hillary Clinton prétendante à la gouvernance des USA, la lutte des ouvriers de Fralib et l'inacceptable situation des habitants de la Jungle de Calais), Julien Blaine dénonce 6000 ans de barbarie monothéiste, s'insurge contre le nihilisme cruel et inhumain des civilisations qui en découlent...et trouvent là de nouveaux indices pour nourrir son interminable quête d'une parole (multiple) d'avant les barbares.
Ici, le présent, dans toute sa fugacité, ne fait qu'un avec l'intemporalité du geste poétique.
-
Un monologue acide sur la vie au sud de l'Algérie, par l'unique employé de la morgue d'un petit village pétrifié entre l'ennui et la pauvreté.
Moussa est le seul employé de la morgue de BalBala, petit village perdu au sud de l'Algérie. Tous les morts du bled passent ici : femmes tuées par des hommes jaloux, personnes terrassées par des cancers provoqués par la pollution de l'importante plate-forme pétrolière voisine (à la fois distilleuse de mort et seule source de travail...), migrants, contrebandiers et autres fuyards, enfants abandonnés à eux-mêmes, suicides, victimes de scorpions... C'est à une véritable étude socio-politique sauvage à laquelle se livre Moussa, en enregistrant ses réflexions à l'aide d'un dictaphone, comme le lui a demandé Aziz, son seul confident et ami, dans le but d'écrire un livre - Aziz, qui est également le trublion du village, celui qui n'a de cesse de dénoncer les injustices,de pointer du doigt les véreux de toutes espèces : religieux, politiques, patrons, etc.
Jusqu'au jour où Aziz s'immole en plein tribunal de BalBala, et se retrouve à la morgue, en compagnie de son ami Moussa...
BalBala (mot qui veut dire tumulte en arabe) est un petit village fictif imaginé près de Ouargla, ville qui connaît une forte agitation sociale en ce moment avec le soulèvement des chômeurs du Sud (guidés par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs, CNDDC) qui réclament un peu de justice dans l'accès au marché du travail dans les champs pétroliers. Et c'est exactement ce qu'aborde ce monologue.
Le texte repose, en partie, sur des enquêtes menées personnellement par l'auteur (reporter au quotidien algérien El Watan), à plusieurs reprises, dans le Sud algérien, où des activistes comme Aziz sont régulièrement persécutés et condamnés. L'un d'eux, un jeune juriste sans travail, avait même défrayé la chronique en s'immolant dans le bureau du directeur de l'agence de l'emploi de la ville de Ouargla...
-
Dans les quatre essais qui composent ce livre s'ébauche ce que Foucault nommerait une analytique de la démocratie contemporaine en rupture ouverte avec les courants dominants de la science politique et de la philosophie politique. Il ne s'agit pas en effet de s'y demander ce qui définirait à proprement parler un régime démocratique, quelles seraient les normes de la culture démocratique, à quelles valeurs se réfèrent les usages démocratiques, en quoi consiste la vie démocratique, quelles en sont les institutions appropriées, (etc.) - mais de partir d'une tout autre question : de quelle espèce est l'opération contemporaine consistant à faire valoir le nom de la démocratie comme celui de la seule figure d'organisation et de vie politique acceptable et conforme aux exigences d'une vie civilisée ? Qu'est-ce qui est en jeu dans le balisage de notre présent par l'ensemble des discours tendant à accréditer la notion d'un horizon indépassable de « la démocratie », comme horizon du politique et de la vie commune ? De quoi cet usage du mot démocratie est-il la manifestation ou le symptôme ?
Il s'agirait donc bien de déplacer l'angle du questionnement, de se situer dans un autre champ. On ne se demandera pas dans ces textes ce qu'est en vérité la démocratie contemporaine, on n'en dénoncera pas les faux-semblants ou les illusions, on n'opposera pas à ces mensonges ou ces trahisons allégués ce qu'elle devrait être - on s'interrogera plutôt sur le point suivant : sous quelles conditions sommes-nous astreints aujourd'hui à parler de la démocratie, quels sont les principes d'agencement qui président à l'établissement de l'ordre des discours régissant la formation des énoncés à propos de « la démocratie » aujourd'hui ?
Ce qui constitue donc la trame de ces textes, ce ne sont pas des questions de définitions adéquates, ce n'est pas la critique des apparences fallacieuses ou des impostures des appareils de la démocratie contemporaines, c'est plutôt l'analyse du champ de forces et des jeux stratégiques de pouvoir qui s'établissent autour du nom de la démocratie dans nos sociétés.
-
Ce récit poétique raconte l'épopée d'une femme, une chasseuse-cueilleuse, dont la vie est une aventure de chaque instant pour sa survie. Une vie à vif, une aventure qui pourrait être la métaphore même du fait d'être, doublée d'une fable, ou plutôt d'un apologue de la féminité. Cela se passe hors époque, et dans un espace intermédiaire entre un ici et un ailleurs hypothétiques, comme dans un univers qui serait la contraction poétique entre société contemporaine et civilisation première.
Cette chasseuse-cueilleuse est en voyage, sorte de dérive initiatique, en compagnie d'un enfant, d'un bébé et d'un chien. Il s'agit de se nourrir et de nourir ; de protéger et d'être protéger ; de donner et de prendre ; de réinventer les liens entre masculin et féminin - en soi et envers l'autre ; de désapprendre pour mieux apprendre...
L'auteure place son récit dans un univers textuel complexe : poésies, listes, éléments visuels et iconiques, notes, dispositifs typographiques issus de la poésie concrète, annexes diverses.
Indice non négligeable : l'auteure sous-titre son récit «screwball ». En argot américain (la langue de tous les mélanges), ce mot désigne une personne singulière, excentrique, au comportement insaisissable. Ce terme argotique vient lui-même d'un terme technique utilisé au baseball (jeu populaire par excellence) : LA screwball (ici le féminin prend toute son importance) est une balle à effet, envoyée de telle manière que sa trajectoire est imprévisible.
-
Quelque chose est un texte dense, d'une densité extrême qui tient aussi bien du souffle que de la chair. De la chair, il a la compacité, la force, les rondeurs ; du souffle : les syncopes, le halètement, la fragilité.
Quelque chose, prose poétique, joue des antinomies non pas pour que le jeu des contradictions suggère un sujet en creux, mais bien plutôt pour affirmer un manque que malgré tout l'écriture n'arrivera peut-être jamais à dire : ni et, ni ou, et/ou peut-il se créer, peut-il s'écrire - peut-il se vivre ?
Quelque chose, comme une missive, comme un chant, est une adresse à l'aimé.
La personne qui écrit est traversée par l'aimé - est traversée par le sujet.
Ici, le poème est la peau retournée du sujet, l'en-soi de l'aimé.
La lecture de Quelque chose est une expérience qui a à voir avec la lecture des courts textes pornographiques de Michel Surya, comme L'impasse (Al Dante, 2010).
-
Après 25 années passées de prison, et une semi-liberté (17-12-2007/2-10-2008) abrégée à cause de quelques mots délivrés à la presse, Jean-Marc Rouillan, militant du groupe Action Direct, est enfin " dehors " depuis mai 2011 - mais sous surveillance électronique (un bracelet électronique lui a été mis à la cheville), avec des horaires de sorties à respecter : en semaine de 10h à 20h30; le samedi de 14h à 19h.
Et obligation de rester enfermé chez lui le dimanche. Pendant ses premiers mois de liberté, Jean-Marc Rouillan s'immerge dans ce monde "du dehors ". Lorsque sa journée de travail se termine, et jusqu'à ce que sonne l'heure fatidique du retour obligé chez soi, il marche dans Marseille, rencontre et écoute les gens, observe leur façon de vivre, s'attache à comprendre ce qui les motive, s'intéresse à leurs problèmes, et aux multiples façons qu'ils gèrent (ou pas) leur quotidien, avec leurs joies, leurs colères et leurs doutes.
Ainsi, il rencontre des hommes et des femmes, des ouvriers, des chômeurs, des poivrots, des poètes, des artistes, des intellectuels, des gens de la rue, des gens biens sous tous rapports et des voyous. Des révoltés et des soumis. Ce livre, écrit dans la solitude du dimanche, présenté comme un carnet, se construit plus en bribes et en accumulations d'indices que comme successions de narrations construites.
Il note des gestes, des faits, des images, des mots, parfois importants, parfois a priori infimes (pas de hiérarchies dans ce qui est raconté) qui permettent de penser et de réagir face à ce monde de dehors (qui souvent fait penser à une autre forme de prison). C'est dans l'accumulation de ces indices, et dans la faculté du lecteur à les mettre en lien les uns aux autres que la matière à penser se construit.
Et le constat est plutôt triste : Derrière la rumeur des bars, des rencontres, des discussions, des amitiés affirmées et d'autres naissantes et des rires, s'entendent les démerdes individuelles, les arrangements avec la solitude, les paroles vaines, les révoltes étouffées, le tout sur un fond de mémoire politique effacée. Ce carnet est illustré de dessins de Marie-Claire Cordat. Dessins noirs, expressifs, violents, effectués à la lame de rasoir sur carte à gratter.
-
143 propositions sur la vie et la mort ; et autres petits traités
Jean-michel Espitallier
- Al Dante
- 24 Janvier 2011
- 9782847618648
...
Si la mort, qui est tout ce qui n'existe plus, n'existait plus, tout ce qui n'existe plus existerait encore, et la non-existence de ce qui n'existe plus n'existerait plus. Mais en n'existant plus, la mort ne pourrait faire exister ce qui n'existe plus et sa non-existence ferait ne pas exister la non-existence de ce qui a existé. La mort ne peut donc exister qu'en faisant exister ce qui n'existe plus.
D'où nous déduirons que c'est parce que ce qui a existé n'existe plus que la mort existe...
-
Ce second livre regroupe la totalité des Biopsies encore inédits (écrits entre 1965 et 1969), poèmes composés pour être lus à voix nue et en direct au public.
Biopsie : «prélèvement d'un fragment de tissu sur un être vivant pour l'examen histologique» (Petit Larousse illustré).
« M'appuyant sur cette définition, j'ai, dans la seconde moitié des années soixante, réalisé toute une série de poèmes, souvent courts en partant d'éléments, non pas prélevés sur le corps humain, mais appartenant au corps social. Ce furent ainsi, pour certain d'entre eux, parfois des sortes de Poèmes Trouvés, autour de moi, dans le domaine économique, administratif, social, citadin. Mon activité professionnelle me fournissait une mine d'informations, banales, cocasses et quotidiennes, parfois fascinantes par leur impact, leur rôle, leur jeu, leur efficacité, leur utilaité, leur bêtise. Il m'est arrivé souvent d'écrire que mes poèmes étaient des poèmes « Serpillère, des poèmes Attrape-tout, des poèmes Éponges, des poèmes Caniveaux, ceci en vue de tenter de sublimer le Banal, l'ordinaire, le rien-du-tout, notre « ordinaire », notre quotidien. Ne serait-ce que pour le mettre en évidence, le comprendre, le vivre et l'exorciser. Et se familiariser ou rire de ses riens. » Dans ces Biopsies, on peut remarquer que le magnétophone prend une place de plus en plus importante, et qu'il n'est plus seulement un simple transmetteur de la voix, mais sert également de mini-laboratoire, avec des interventions directes sur la bande. On peut remarquer également l'utilisation de plus en plus évidente de sons ambiantiques (foules, rues, brouhahas, voitures, etc.).
-
La bonne conscience des Européens à l'égard desmigrant-e-s et des réfugié-e-s varie selon les circonstances;
Ainsi, lorsque les atrocités de la guerre en Syrie apparaissent dans toute leur crudité, elle s'éveille et s'affirme au grand jour.Malgré le poids des clichés et la déliquescence politique généralisée d'une Europe où les opinions vacillent aumoindre séismemédiatique, un peu partout en France et dans d'autres pays des gens semobilisent pour accueillir ces fugitifs toujours plus nombreux, qui passent nos frontières avec, pour seuls bagages, leurs tragiques épopées. Face à cette situation inédite, certains gouvernements, plus oumoins timorés, cherchent - ou font mine de chercher - des solutions d'aides, d'autres verrouillent leurs frontières et n'hésitent pas à lancer leurs cerbères armés contre cette populace désorientée - tandis que l'Allemagne, à la surprise générale, se pose en toute magnanimité comme État providence.
Mais les attaques terroristes de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015 changent soudainement la donne, et renvoient à la case départ le sort des déplacé-e-s, déporté-e-s, réfugié-e-s, migrant-e-s. Il n'est plus question d'hospitalité. Désormais, pour la grande majorité des gouvernements européens (dont la France), ces personnes, hier victimes à plaindre, deviennent indésirables assimilées à des terroristes : des jetables. Les frontières, à l'instar des opinions publiques, se referment. On « peut » désormais les renvoyer au pire d'où ils viennent, à l'eau ou ailleurs. Qu'importe ce qu'ils et elles deviendront, on entretient et nourrit l'amalgame :
Ils et elles paieront pour les terroristes.
La mémoire historique est courte.
-
Ce récit en 25 courts tableaux, dresse le portrait sans concession d'un personnage (l'auteur lui-même), écrivain sans illusion, vivant chichement de l'AAH (allocation aux adultes handicapés - car déclaré, par les psychiatres, bipolaire à tendance paranoïaque), fan de foot et de poésie. Étant dans l'impossibilité de s'insérer dans une société dont il ne supporte ni les lois, ni les divertissements, ni les règles de sociabilité, l'auteur décrit la solitude, l'addiction aux drogues, au sexe et à l'alcool, le besoin d'amour, le refuge dans la lecture et l'écriture. Il se décrit volontier triste, laid,misérable et sale, à l'instar d'une civilisation dont il aborre la vulgarité et la violence, agissant ainsi dans la plus pure tradition punk, où l'on renvoie à la face de la société les stigmates mêmes de son infâmie.
Dans ce court roman autofictionnel, l'auteur traite de ce qui l'environne : la ville où il vit (Marseille), le milieu des poètes, les bobos, l'alcool, sa maladie, sa sexualité, la musique, la drogue, la violence, la littérature, le désespoir.
-
Avec Le rat empoisonné, Jann-marc Rouillan clôt une trilogie sur la chronique de samise en liberté. Dans Autopsie du dehors (paru enmars 2012), l'auteur raconte sa sortie de prison et son quotidien de relégué sous surveillance électronique. Le tricard (paru en septembre 2013) relate samise en liberté conditionnelle. La prison est toujours présente, dans la chair et dans lamémoire. Et le récit est émaillé de rencontres, de discussions, d'échanges.
Dans ce dernier opus, Jann-marc Rouillan continue d'explorer cemonde dont il futmis à l'écart pendant plus de 25 ans. Tout en composant avec les règles imposées par les juges : les interdictions de séjours, les interdictions de prises de paroles, les interdictions de rencontrer certaines personnes, etc., il tente de se construire une vie en dehors des murs de la prison. La portée plus évidemment réflexive de cette troisième chronique n'est pas seulement porteuse d'une analyse radicale de notre société, qui voit le gouffre se creuser entre classes dominantes et populations opprimées et exploitées. C'est également le témoignage, rarement porté, de la difficulté pour un ex taulard de reprendre le cours normal de sa vie. Et c'est ainsi que l'auteur raconte ses relations kafkaiennes avec les diverses structures administratives, juridiques, économiques... qui contraignent autrement que la prison, mais avec cette même implacable volonté de casser chez l'ancien prisonnier toute velléité de s'en sortir...
-
Dans cet ouvrage en 5 parties, Éric Pessan trace le portrait sans concession - mais avec ironie - de l'écrivain, en décrivant son statut et sa position, réels et fantasmés. Pour ce faire, l'auteur utilise plusieurs modes d'écritures : la poésie, la liste, les notes, l'enquête, le récit... Drôle, acide... mais fort lucide.
écrivain (n. m.) : monomane maniaco-dépressif qui compose des ouvrages à partir de ses plaies, dans le but d'atteindre une gloire universelle. Exerce généralement un autre métier et consacre ses nuits, ses week-ends, ses vacances et ses rtt à traquer la belle phrase. L'espèce des écrivains a été officiellement reconnue en voie de disparition.
-
-
Ce récit introspectif traite de la douleur d'être et des origines de cette souffrance. L'intérêt de ce texte, outre la beauté et la précision de la langue, est également dans sa dimension philosophique et politique (on retrouve ici tous les thèmes chers à Michel Surya, et que l'on retrouve dans ses nombreuses études sur Georges Bataille - dont son célèbre et indispensable La mort à l'oeuvre, plusieurs fois réédité aux éditions Gallimard - mais également dans sa série d'essais sur la domination - plusieurs ouvrages publiés chez Farrago, Léo Scheer et les Nouvelles éditions Lignes -, ainsi que développés au sein de la revue Lignes - qu'il dirige depuis 1987, et qui regroupe le plus vif de la pensée politique et philosophique contemporaine).
Le Mort-Né : un texte court, synthétique, qui ne laissera personne indifférent.
-
Frères numains ; discours aux classes intermédiaires
Florence Pazzottu
- Al Dante
- 19 Août 2016
- 9782847617252
... alors vous entendez, ça gronde, ça bombe le torse, ça tape du poing et ça sanctionne, les voyageurs sans billets, les profiteurs du rsa, les resquilleurs, les agités, agitateurs, les militants incontrôlables ça dit, ça fait des listes, les délinquants, les activistes, les intégristes, les fraîchement radicalisés, des djihadisés plus ou moins, et s'il y en a un, même un seul, qui, terroriste, l'est ou pourrait l'être, ça justifie toutes les écoutes ça dit, la mise en fiche de tous les autres, car c'est au nom de la Liberté qu'on conditionne les libertés, c'est pas pareil, après la flexisécurité voici la sûreté libérale, ça promet, ça promet des flingues aux vigiles, exit le privilège d'État, et tant pis si ça ouvre la porte aux polices privées, auxmilices, ça nettoie, ça intensifie, ça hisse au rang de paradigme la lutte contre le terrorisme, toute la société scrutée, surveillée, mutique par solidarité...
Cette harangue poétique, écrite d'un souffle le 8mars 2016, participe au présent aux mouvements de colère pré-insurrectionnels (manifestations des jeunes, «Nuit debout» - La nuit n'a pas de bout, nous sommes l'aurore, lit-on sur une pancarte brandie lors d'une manifestation -, convergence des luttes ici et ailleurs...) nés de l'après 31 mars.
Une longue postface de Bernard Noël prend élan de ce texte pour continuer et développer les raisons de la colère, et porter son soutien à toutes les formes de paroles libérées et de révoltes qui s'insurgent contre cette civilisation mortifère et répressive.
-
Écrivain de l'extrême, Jérôme Bertin nous emmène dans l'à-vif du présent. Chacun de ses livres est le reflet d'un conflit : de l'impossibilité de mener à bien son métier de vivre parce que trop en but avec la brutalité de ce monde. Il est en cela proche de ce qu'écrit Jean Genet, lorsque que ce dernier oppose la violence à la brutalité : la violence étant inhérent à toute pulsion de vie (l'enfantement, le rire, la joie, la révolte, les guerres de libératon...), tandis que la brutalité est dispensée sans compter par ceux qui ont pour but de brider ses pulsions de vie.
Le projet Wolfli est le récit sans concession d'un univers qui vit au rythme d'une guérilla extrême, où se confrontent des groupuscules d'horizons différents : des pires milices fascistes au factions utopistes pour qui la guerre ne peut être gagnée que par la mort. Ici les corps sont des marchandises, chair à canon où chair à plaisir, corps qui se nourrissent et se détruisent par les armes ou dans les partouzes. Entre Guyotat et Céline, ce roman participe au renouveau de la science-fiction...