La Praxis est le point de départ et le point d'arrivée du matérialisme dialectique. Ce mot désigne philosophiquement ce que le sens commun appelle : la vie réelle, cette vie qui est à la fois plus prosaïque et plus dramatique que celle de l'esprit spéculatif. Le but du matérialisme dialectique n'est autre que l'expression lucide de la Praxis, du contenu réel de la vie et, corrélativement, la transformation de la Praxis actuelle en une pratique sociale consciente, cohérente et libre. Le but théorique et le but pratique - la connaissance et l'action créatrice - sont inséparables.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Qu'est-ce qui, d'Aristote, émerge face aux questions d'aujourd'hui ? Aristote est le paradigme du phénoménologiquement correct. Car correct non seulement dans l'aisance ontologique à dire le monde comme il est : phénoménologie où les choses, les affections de l'âme et les sons de la voix coïncident naturellement. Mais correct aussi pratiquement, parce que les hommes qu'il nous dépeint vivent dans un monde commun et, y compris poétiquement et politiquement, présentable, au sens cette fois de respectable. Le livre interroge cette belle image à partir des inconsistances et des hiatus qu'Aristote, trop honnête, ne cherche jamais à cacher. Dire le monde ? Mais on s'aperçoit qu'il y a un saut entre ce qu'on sent et ce qu'on dit, entre la logique de la sensation et celle de la phrase. Parler en homme ? Mais il y a des hommes, les sophistes, les esclaves, les femmes, pour qui cela ne va pas de soi. En prenant le logos comme fil conducteur, on voit Aristote travailler à la fois avec et contre les sauts et les passages qu'autorise la langue grecque, elle qu'on dit un peu vite toujours déjà phénoménologique. Aristote permet ainsi de s'en laisser moins conter par les contes de la phénoménologie ordinaire.
Le discours philosophique négro-africain de ce siècle a d'abord réfléchi sur son existence, ensuite sur l'état de la culture africaine, l'enseignement, les langues africaines, les religions et enfin l'État. Toutes ces réflexions tournaient autour du paradigme de la refondation d'une histoire africaine.
La réflexion morale s'est donné un nouvel objet : l'environnement. Au début des années 70, le besoin d'une éthique environnementale a été formulé et tout un débat s'est développé sur ces problèmes : différentes tendances philosophiques s'y sont exprimées, des questions critiques ont été déterminées. L'éthique environnementale existe, comme une réflexion philosophique qui a su associer les questions morales classiques et les problèmes contemporains qui font de la nature l'objet d'un débat philosophique. Ce débat affecte plus particulièrement la communauté de langue anglaise : la crise environnementale y a été entendue comme une incitation à redéfinir les rapports de l'homme et de la nature, à ne plus voir dans celle-ci un simple réservoir de ressources, à remettre en question l'anthropocentrisme moral, à développer, donc, une nouvelle éthique. Ce livre a pour objet de présenter les principaux thèmes débattus : la question de la valeur intrinsèque, celle du bien-être animal, la conception de la communauté, celle de la wilderness, le problème du pluralisme moral.
Une présentation de la pensée japonaise ne peut que rappeler brièvement les traits fondamentaux du bouddhisme et du confucianisme, mais doit aussi souligner que la pensée du Japon ne s'est jamais réduite aux oeuvres produites sur son sol.
Avertie par les ouvrages de Marcuse, la génération de 68 savait que nous n'avions plus à travailler pour vivre. Or, on ne s'était pas plutôt préparé à l'idée d'en finir avec le travail et d'en liquider les poncifs qu'une épidémie de chômage vint en faire une obsession... Une analyse qui ne fait que prolonger les travaux de l'auteur sur le désir et sur le temps.
Dans quelle mesure s'éclairent mutuellement la définition de l'animal et celle de l'homme ? C'est à cette question proprement philosophique que s'attache cet ouvrage, en proposant une réflexion sur le rapport entre les discours zoologiques et anthropologiques dans la philosophie antique, de Platon jusqu'à Augustin.
La philosophie de tradition analytique, née à la fin du siècle dernier des critiques de l'idéalisme en Allemagne et en Grande-Bretagne, a connu des développements très variés au vingtième siècle, du réalisme à l'empirisme logique et à la philosophie linguistique. Aujourd'hui, elle semble avoir éclaté, aussi bien dans ses méthodes que dans ses doctrines, en de multiples tendances. Le but de cet ouvrage est de présenter cette diversité, non seulement dans les domaines classiques, comme la philosophie de la logique et du langage, la philosophie des mathématiques ou la théorie de la connaissance, mais aussi dans ceux où la contribution de la philosophie analytique est moins connue, en métaphysique, en philosophie de la religion, en philosophie de l'esprit, en éthique, en esthétique, en philosophie politique ou en histoire de la philosophie. Mais il s'agit aussi de révéler, à travers ces développements, la continuité d'une tradition et d'un style, qui incarne, au sein de l'espace pluriel de la philosophie contemporaine, l'une des figures du rationalisme.
Pour s'opposer au septicisme de la connaissance des valeurs, nombreux sont les philosophes qui soutiennent, avec John Rawls, qu'une croyance morale est justifiée, dans la mesure où elle appartient à un ensemble cohérent de croyances. Christine Tappolet s'inspire des travaux de Max Scheler et d'Alexius von Meinong pour défendre une conception différente. Elle soutient que la connaissance des valeurs dépend de nos émotions, ces dernières étant conçues comme des perceptions de valeurs.
Il existe chez Pascal plusieurs conceptions de la justice. La première s'emploie à montrer, à partir de la notion de point de vue, la difficulté d'en construire les concepts fondamentaux; la deuxième vise à établir la légitimité de l'ordre politique à partir de la loi divine. La troisième, les ordres de justice, échappe à tout modèle légal.
C'est au philosophe anglais John Locke qu'est dû le texte canonique de l'empirisme : Essai philosophique concernant l'entendement humain. L'expérience plus que la raison est la source de la connaissance, en ce sens, l'empirisme classique s'oppose au rationalisme et au cartésianisme.
C'est avec la découverte du paradoxe de Russell, en 1901, que commence la formation de la théorie russellienne des types. Aucun paradoxe, de l'antique paradoxe du Menteur au récent paradoxe de Burali-Forti, n'avait, plus simplement ni plus gravement, frappé d'incertitude une logique plus que deux fois millénaire. Tous ces paradoxes semblaient à Russell dessiner le symptôme d'un même mal et appeler la mise en oeuvre d'une thérapeutique commune. Après nombre de tentatives infructueuses, reprenant de Poincaré l'idée du principe du cercle vicieux, il esquissa, en 1908, la théorie qui devait s'épanouir, en 1910, dans le premier volume des Principia Mathematica et être rétrospectivement connue sous le nom de théorie des types ramifiée. Tout n'est pas faux dans cette façon habituelle de raconter l'histoire : des paradoxes à la théorie des types ramifiée, elle met à juste titre l'accent sur le principe du cercle vicieux. Mais on n'y comprendrait rien si l'on y méconnaissait le rôle fondamental de la doctrine des symboles incomplets (ou fictions logiques) et ne la ressaisissait pas dans l'horizon universaliste ultime de la logique russellienne. Cet ouvrage se présente comme une introduction à la pensée logique de Russell, mais aussi, en dialogue avec elle, sur un mode tant mathématique qu'historique ou philosophique, comme un essai de contribution à la science de la logique elle-même.
Le rythme grec, ce n'est pas seulement le rythme musical. L'enjeu de cet ouvrage est donc de savoir dans quelle mesure les différentes acceptions du mot font sens vers un concept possible de rythme spatio-temporel, et permettent une lecture transversale de la philosophie grecque antique.
La littérature moderne s'est édifiée sur les ruines de la vieille crédulité.
L'histoire du concept de champ en physique, depuis son élaboration (liée à la notion d'éther) jusqu'au moment où, en 1905, Einstein l'a rendu tel qu'en lui-même, tout en posant, avec l'hypothèse des quanta de lumière, les bases de sa modification, lui conférant ainsi son sens actuel.
Le Lycée n'est pas seulement ce sanctuaire de la République où l'on enseigne encore la philosophie mais où l'on ne rencontre plus guère de maîtres et de disciples. C'est aussi le nom de l'école fondée par Aristote, voisine mais néanmoins concurrente de l'Académie ouverte par Platon. Le propos de Jean Brun est de nous faire découvrir ici, outre la pensée aristotélicienne, la forme et le contenu d'un enseignement qui servira jusqu'au Moyen Âge de modèle pédagogique et de référence doctrinale.
La Politique d'Aristote se recommande à nous, modernes, par la limitation volontaire de son horizon à la dimension proprement humaine. Les études réunies ici, parce qu'elles éclairent, au-delà du corpus aristotélicien, la réflexion contemporaine sur la politique, témoignent de l'actualité de l'oeuvre d'Aristote.
La poétique du langage Heidegger et de ses effets sur la philosophie, la littérature, les sciences humaines, est le travail de ce livre. Seule la poétique du statut et du traitement du langage chez Heidegger, et dans tout ce qui en est issu, tient ensemble ce qui est sans cesse disjoint par la tradition dualiste du signe : la pensée de Heidegger et le politique. Par là est montrée l'illusion d'une époque qui a pris un réalisme logique et une rhétorique d'auto-apocalypse pour une pensée originale de l'art, de la poésie, de la société alors qu'ils empêchent de les penser, et de penser la modernité. Penser à neuf la relation du langage et du temps, du langage et du sujet, en tenant par le poème l'éthique et l'histoire. C'est parce que le monde actuel de la pensée n'a pas de place pour elle, que la critique est la nécessité la plus urgente, et que son utopie ouvre un monde nouveau.
Une lecture de L'Analytique transcendantale (deuxième livre de la Critique de la raison pure), conduisant de l'analyse des formes logiques du jugement à l'élucidation de leur rapport aux synthèses perceptives.
Ce livre contient trois textes : d'abord un début de commentaire du De Interpretatione d'Aristote ; ensuite un bref essai de mise au point sur l'idée de modernité ; enfin, une tentative d'interprétation portant sur le recueil Le ciel pas d'angle, publié par le poète Dominique Fourcade en 1983. Il s'agit ici, en effet, de saisir ensemble trois réalités dont les rapports complexes, mais clarifiables, pourraient bien dessiner la figure du monde : l'interprétation, la phénoménologie et la modernité. L'unité du livre doit apparaître alors que les trois activités, par leur mise en oeuvre même, entrent dans un jeu de métamorphoses sans fin.
Etude du contenu et de la genèse de la notion de sujet dans la pensée d'Emmanuel Levinas, qui habite de plus en plus les oeuvres du philosophe : on voit ainsi se constituer, de façon aussi nuancée que rigoureuse, la fonction de sujet en sa dimension éthiq
À quelles conditions pourrions-nous tenir le langage de l'expérience à propos de l'affrontement de l'homme et de l'absolu ? Saurions-nous produire un concept de l'expérience, qui rende justice à ce qui se passe et ne se passe pas, lorsque l'homme ne se préoccupe plus seulement de penser l'absolu, mais aussi de penser à lui en l'aimant ? Aux constructions théoriques organisées autour du concept de sentiment religieux (Schleiermacher), ou dans le seul élément du savoir par concepts (Hegel), nous proposons une alternative : monde et terre (Heidegger) sont l'a priori de l'expérience. Mais l'homme qui s'occupe de l'absolu - d'un absolu qui soit personne et promesse de relation, de Dieu - cesse d'incarner ces figures natives de son humanité que sont le Dasein et le mortel. Il ne s'agit certes pas de prendre congé de la phénoménologie. Il s'agit de rendre compte, phénoménologiquement, de ce qui n'est pas donné dès le commencement, de ce qu'on ne peut déduire des règlements transcendantaux de l'existence. La description de ce qu'on nomme par convention la liturgie cerne ainsi une région et une modalité de l'expérience qui nous imposent de redéfinir plusieurs concepts. Il ne faut pas présumer trop vite que nous savons déjà ce qu'il en est de l'humanité de l'homme. Mais, lorsque son aptitude à la liturgie et les contraintes qu'elle impose ont été élucidées, un ou deux moyens nous sont donnés de savoir qui nous sommes. L'homme a d'autres choses à faire que prier mais, peut-être, ne pourrait-on percevoir le sens de ces autres choses, si ne se déployait d'abord la liturgie.