L'histoire de la philosophie est une oeuvre collective qui s'étale sur une longue période. Les
chapitres s'enchaînent sans avoir été coordonnés. Aussi, l'enjeu, pour chaque nouvelle génération, c'est de se réapproprier cette histoire.
Les auteurs du présent ouvrage nous proposent une manière originale d'y arriver. Par le dialogue, les philosophes de la tradition semblent revivre pour faire le point sur leur cheminement. Socrate, Kant, Marx, Arendt et bien d'autres répondent aux questions de Laure Becdelièvre, Laurence Hansen-Lve et Fabien Lamouche.
Au fil de ces conversations imaginaires, nous découvrons comment l'esprit de résistance a pu s'incarner à travers les figures de penseurs aussi profonds que subtils et aussi novateurs qu'insoumis.
Arnold van Gennep (1873-1957) est aujourd'hui reconnu comme un chercheur méticuleux et talentueux. Amoncelant et classant des sommes de travaux ethnographiques, avec le temps et la rigueur nécessaires, il perçoit avec une acuité fulgurante, au travers des imaginaires sociaux qui se déploient sous ses yeux, des structures symboliques propres aux organisations humaines. Avec ses Rites de passage, c'est tout un pan de l'anthropologie religieuse qui s'éclaire et éclaire les destins croisés de l'être humain et des communautés humaines.
Arnold van Gennep se révèle encore aujourd'hui comme un analyseur du vivre ensemble. Naître, grandir, se rencontrer, s'unir, se séparer, mourir, demeurent des temps de crise individuelle qui ébranlent, dans les sociétés traditionnelles aussi bien que dans les sociétés modernes, les tribus, les cercles relationnels du sujet concerné.
Il y a chez Thomas d'Aquin une autre morale que celle que nous connaissons. Si elle n'a pas été développée, c'est que les options et les sensibilités du temps ne la réclamaient pas. Cette autre morale, dont les assises ne font aucun doute, se trouve, elle, en rapport avec le meilleur des options et des sensibilités de notre temps.
La morale de Thomas d'Aquin est celle du chemin qui conduit à Dieu. Les humains sont ici-bas des voyageurs, en quête de leur fin bienheureuse. Si riche soit-elle, cette morale ne promeut pas pour elles-mêmes les valeurs proprement terrestres et humaines.
L'autre morale se définit comme une manifestation de ce qui nous habite : Dieu est en nous et pas seulement dans un au-delà, et notre vie éternelle est déjà commencée. En manifestant ce qui en nous est vie et valeur, nous les faisons nôtres et nous les développons; en les engageant dans des tâches terrestres et humaines, nous prenons au sérieux la création de Dieu remise entre nos mains. Et nous travaillons au voeu que celle-ci porte : la promotion des peuples et l'instauration d'une société juste et fraternelle dès ici-bas.
Le livre articule, en finale, ces deux morales dans un nouvel ensemble.
En 1914, Bertrand Russell (1872-1970) a déjà accompli une bonne part des travaux de philosophie et de logique mathématique qui feront de lui un des plus importants penseurs du XXe siècle et il jouit d'une exceptionnelle renommée intellectuelle. Mais cette année-là, horrifié par la folie martiale qui déferle sur le monde, il rompt avec le milieu académique et s'engage dans un combat pacifiste, devenant l'ardent militant qu'il sera jusqu'à sa mort.
Mais la philosophie ne sera jamais bien loin pour ce militant. Et c'est ainsi que, en 1916, Russell a donné à Londres des conférences dans lesquelles il s'est efforcé, d'une part, de comprendre comment nos institutions ont pu nous conduire au désastre en cours et, d'autre part, d'imaginer de nouvelles institutions - économiques, politiques, éducatives et familiales - qui pourraient empêcher ce désastre de se reproduire.
L'ouvrage tiré de ces conférences, Principes de reconstruction sociale, qui n'a rien perdu de sa brûlante actualité, est généralement reconnu comme étant la plus importante contribution de Russell à la philosophie politique.
Ce document exceptionnel n'était malheureusement plus disponible aux lecteurs francophones depuis sa première et unique parution en français, en 1924. La présente édition vient combler cette lacune.
La traduction en a été entièrement revue et corrigée par Normand Baillargeon qui signe, en plus d'une substantielle introduction qui situe l'ouvrage dans la vie de Russell et dans son parcours intellectuel, l'appareil critique (notes et bibliographie) de cette nouvelle édition des Principes de reconstruction sociale.
Oubliez Woodstock. Oubliez Live Aid. Vous avez en mains le livre-événement de la musique populaire. Rien de moins! Après avoir planché en secret pendant des années sur une machine à explorer le temps, nous avons pu rassembler les plus grands artistes et philosophes de l'histoire, qui ont accepté de se joindre à la fête et de réfléchir ensemble sur les répercussions de la musique pop dans nos vies. Ce concert unique réunit sur la même scène Platon, Hume, Rousseau, Kant, Hegel, Nietzsche, Freud, Adorno, Deleuze, Debord, Charlie Parker, Frank Sinatra, Elvis Presley, les Beatles, The Clash, Lady Gaga, Claude Léveillée, Richard Séguin, Céline Dion, Malajube et tant d'autres.
Bon concert!
La pensée d'Edgar Morin est inclassable. Ni science ni philosophie, enjambant la science et la philosophie, les sciences humaines et les sciences naturelles, sa pensée échappe aux cloisonnements disciplinaires et aux modes de connaissance compartimentée. Véritable touche-à-tout du savoir, autodidacte par complexion, Edgar Morin est l'auteur d'une oeuvre considérable, qui couvre le vaste champ du savoir et qui propose une méthode pour traiter la complexité du réel.
Cet ouvrage retrace les grands moments de l'histoire personnelle et intellectuelle qui ont fait d'Edgar Morin un des grands penseurs de notre temps, et l'auteur d'une oeuvre majeure à la convergence des savoirs, oeuvre colossale et désormais incontournable pour penser notre temps et les problèmes de notre temps.
J'ai conçu la présente anthologie comme une ressource réunissant des textes et des idées susceptibles d'aider qui le voudra à approfondir sa connaissance d'une riche tradition de pensée et de militantisme, une tradition qui me semble conserver aujourd'hui sa fraîcheur et sa pertinence, tout particulièrement en ces heures de laïcité supposée ouverte et de multiplication des accommodements avec la religion.
Dans cet ouvrage, des penseurs de toutes les époques et de diverses cultures exposent les grandes positions que l'on retrouve au sein de la famille de l'incroyance, les principaux arguments pour et contre l'existence de Dieu, les explications naturalistes des sources de la croyance religieuse, les méfaits de la religion, les éthiques non religieuses et le principe de laïcité dans l'espace public et en éducation.
Ce traité d'épistémologie comparée offre une étude des développements les plus marquants qui ont précédé et qui ont suivi l'émergence du Cercle de Vienne.
Le premier volume présente la tradition des « savants-philosophes ». Vers la seconde moitié du XXe siècle s'amorce une profonde réflexion épistémologique chez des scientifiques de pointe tels Hermann von Helmholtz, Heinrich Hertz, Ernst Mach, Ludwig Boltzmann et, du côté des Français, Pierre Duhem et Henri Poincaré. L'avènement de la « nouvelle logique » et, surtout, l'essor des investigations axiomatiques formelles promulguées par David Hilbert menèrent le Cercle de Vienne à prendre fait et cause pour l'autonomie de la méthode logique par rapport aux approches antérieures qui avaient partie liée avec la méthode historique ou encore le psychologisme.
Le second volume scrute le volet sémantique de la conception empiriste logique venue à maturité aux mains de Rudolf Carnap et de Carl Hempel dans les années 1948-1958. Suit alors une étude comparative critique des conceptions les plus connues qui se sont développées en réaction à l'empirisme logique ou en retrait de ce dernier : celles, dès les années 1930, de Karl Popper et de Gaston Bachelard ; puis, au début des années 1960, celles de Thomas Kuhn, d'Imre Lakatos et de Paul Feyerabend. La principale critique que l'auteur adresse à l'empirisme logique ne provient cependant pas de ces sources ; elle porte plutôt sur l'incapacité, chez les tenants de l'approche logique, à élaborer le constructivisme mathématique que leur projet nécessitait.
Ce travail sur la philosophie des sciences comparée n'a pas d'équivalent dans le monde francophone et ailleurs.
Dans ce premier ouvrage québécois consacré à la philosophie comme mode de vie, l'auteur retrouve les grandes écoles antiques. Le socratisme, le cynisme, le scepticisme, l'épicurisme, le stoïcisme et la vie contemplative sont les étapes obligées de son odyssée. Accessible à un large public, puisque le matériau qui le constitue a d'abord été présenté à l'occasion de cours et de conférences publiques, cet ouvrage approfondit également plusieurs thèmes de la philosophie gréco-romaine qui ont déjà fait l'objet de travaux érudits par Pierre Hadot, Michel Foucault et André-Jean Voelke.
Dans ce livre, nous explorons la philosophie du marquis de Sade dans ses perspectives, morale, juridique, politique et sociale à travers l' enchantement des sens, du coeur et de l'esprit. Son incantation des abimes existentiels dévoile l'actualité de ses idées dans le monde d'aujourd'hui.
Sade fasciné par le roi-philosophe platonicien donne sa propre version situe ce personnage dans le monde moderne. Les héros sadiens semblent se mouvoir dans l'univers de Dom Juan. Il tempère l'optimisme de la Révolution française nous offrant sa propre conception de la mise à mort de Louis XVI. Tributaire sans doute des sophistes, il déconstruit le mythe du contrat social. Enfin, l'optique kaléidoscopique du marquis pour décortiquer les phénomènes du monde donne accès à des interprétations originales de grands événements qui ont marqué l'Histoire (i.e. la psychologie du bourreau des victimes juives)
Par ses connaissances approfondies tant des Anciens que des Modernes, Sade concède à ses lecteurs une riche culture sur Dieu, l'individu , le peuple et ses gouvernants ainsi que le tableau de plusieurs formes de l'humanisme qui a traversé la civilisation occidentale. Sans préjugés, il fait la dissection de l'homme et des phénomènes en interférence avec la force des plaisirs qui porte tant l'habit de l'impérium que celui du dominium.
Le développement durable se conjugue-t-il avec la diversité culturelle ? Une telle interrogation force à relire l'histoire du modèle occidental de développement des sociétés qui a imposé aux autres peuples de la terre, un évolutionnisme culturel dès le XIXe siècle. Aujourd'hui, le concept de développement durable permet-il de penser d'autres modèles de développement économique, social, environnemental et culturel ? Donne-t-il la liberté de choisir selon les critères de sa propre culture et d'affirmer son droit à la différence ? Telles sont les interrogations qui structurent la première partie de cet ouvrage multidisciplinaire et international (Québec, Brésil, Belgique, Sénégal, France).
En prenant l'exemple des nanotechnologies, la deuxième partie de l'ouvrage examine comment penser « l'innovation technologique responsable » à partir du développement durable. Les enjeux de finalités, d'évaluation des risques, des choix sociaux et citoyens, pourraient-ils alors être posés autrement ? Les sociétés des pays du Nord, du Sud, émergents ou pauvres, pourraient-elles choisir et non subir les nanotechnologies, en tenant compte d'autres dimensions que les paramètres économiques, dans le respect de la pluralité et en affirmant la diversité des cultures ?
A chacun son développement durable ? constitue un appel pour qu'à travers la biosphère différentes formes de développement et d'épanouissement social et individuel soient possibles.
Etrangement, même si les personnes handicapées ont toujours existé dans l'histoire de l'humanité, bien peu de réflexions leur ont été consacrées. La philosophie est quasiment muette sur le sujet. Le temps paraît venu de proposer une véritable pensée du handicap. Les sciences sociales l'ont entreprise, en s'opposant à la conception médicale qui considérait spontanément le handicap comme une infirmité, une chose purement négative. Les handicapés eux-mêmes nous ont appris à revenir sur cette vision simpliste, certains (en particulier les sourds) rejetant complètement le terme de handicap pour les qualifier. Il est sans doute possible aujourd'hui d'aller plus loin, en élargissant radicalement cette notion. Ne sommes-nous pas tous, au fond, valides ou invalides, des handicapés d'une certaine manière à l'égard de l'existence ?
L'homme présumé « diminué » par le handicap apparaît également, de nos jours, opposé en tous points à l'homme supposé « augmenté » dont parle ce courant de pensée contemporain, le transhumanisme. Mais cette confrontation est-elle justifiée ? N'y a-t-il pas plutôt, dans la réconciliation entre pensée du handicap et transhumanisme, une occasion nouvelle et originale de repenser la vieille question du sens de la vie ? C'est ce que cet essai tentera de démontrer.
Aristotle's "Posterior Analytics", Book II, Chapter 19, contains one of the most significant texts in the history of philosophy and, in particular, the field of epistemology. Paolo C. Biondi's book offers a new English translation, along with a commentary and critical analysis, of this important text. The originality of the translation is grounded in the exegesis found in the commentary, which also provides an overview of the interpretations of many Aristotelian philosophers from the Greek commentators through to contemporary scholars. The critical analysis is an in-depth essay on Aristotle's thoughts on logic and psychology. Even though the essay's main argument - that human intuition lies at the base of the mind's grasp of the principles of science - reaffirms the traditional position, the conclusion is arrived at by an ingenious step-by-step study of each of the various human faculties of cognition, a study that is much like the process of putting together the pieces of a puzzle.
L'hospitalité répond aux caractéristiques de ces expériences éthiques fondamentales qui tissent la vie des êtres humains. Dans l'échange de l'hospitalité se manifeste la première forme d'une humanité générale. L'hospitalité est une catégorie qui permet d'interpréter la situation générale de l'homme dans le monde. Que nous soyons les hôtes les uns des autres signifie que notre situation dans le monde répond à une structure de la réception et de la rencontre, qu'il existe une liberté pour donner et pour recevoir au-delà des impératifs de la réciprocité. Dans une certaine mesure, ce livre propose une éthique de la contrariété face à une éthique de l'initiative, et vise une idée de la vie bonne plus intéressée à laisser ouverte la possibilité de s'émouvoir qu'à se protéger de toute irruption de l'inattendu. La compétence éthique fondamentale consiste à s'ouvrir vers le tout autre et les autres, à être accessible aux sollicitations du monde, attentif à ce qui est différent de soi-même. Il y a une certaine supériorité morale des petites manies sur l'autosuffisance, de l'amour vulnérable sur le contrôle et la modération, de la générosité de la passion sur la prudence rationnelle, de l'excès sur la simple réciprocité.
L'éthique de l'hospitalité intervient à propos dans un moment culturel tiraillé par le conflit entre les impératifs de la modernisation et de la croissance, d'une part, et d'autre part, par les exigences d'une éthique de la conservation, de la prudence et de la protection. Face à la fragilité générale du monde, nous assistons à l'émergence d'une forte sensibilité, d'une nouvelle sollicitude et d'un souci de l'autre. Dans ce contexte, le devoir des individus ne consiste pas à se protéger de la société, mais à la défendre, à prendre soin d'un tissu social en dehors duquel aucune identité ne peut se réaliser.
Avez-vous ri ou calembourisé aujourd'hui ? Non ? Alors il est probable que quelque chose ne tourne pas rond chez vous.
C'est que depuis quelques décennies déjà, et au Québec plus particulièrement, le mot d'ordre est à l'humour.
Une discipline semble pourtant allergique à l'air du temps : la philosophie. Sérieuse au possible depuis sa naissance il y a 2 500 ans, on l'imagine mal faire autre chose que de réfléchir rigoureusement et solennellement aux grandes questions de l'existence. Ce livre devrait adoucir cette perception.
Quelle place devrait occuper l'humour dans une société ? Être drôle est-il devenu une sorte d'obligation ? Accorde-t-on trop d'importance au Québec à nos humoristes ? Que se cache-t-il derrière l'humour des Yvons Deschamps, Claude Meunier et Gilles Latulippe ? Au nom d'un humour intellectuel et engagé, certains observateurs ont-ils raison de déplorer la vulgarité et la vacuité d'une frange d'humoristes ? Est-il possible de rire de n'importe quoi, n'importe comment ? Pourquoi n'y a-t-il pas plus de femmes humoristes ? Les blagues peuvent-elles aider à philosopher ? Qu'ont en commun l'humour et les mathématiques ? Certains philosophes seraient-ils des humoristes qui s'ignorent ? L'humour est-il le signe du divin en nous ?
Mêlant réflexion et rigolade, dans un style clair et accessible, 16 auteurs examinent ces délicates et difficiles questions. Preuve que le rire et la philosophie sont tous deux des moyens de chercher un sens à la vie.
La polémique contre le socialisme a été, dans la modernité politique, parmi les plus soutenues, les plus âpres, les plus opiniâtres. De 1830 à 1917 et de 1917 jusqu'à nous, elle a mobilisé continûment une coalition de réfutateurs de divers bords. Cependant, dans la longue durée historique, ce qui apparaît, c'est l'éternel retour d'un nombre fini de tactiques, de thèses, d'arguments formant une sorte d'arsenal où puisèrent les générations successives de polémistes. On peut aujourd'hui encore relever les ultimes avatars de cette argumentation dans les essais d'adversaires d'un socialisme qui, du moins sous sa forme doctrinaire, appartient au passé. Dès qu'apparurent les premières écoles qu'un néologisme (daté de 1832) allait désigner comme «socialistes» - et si contradictoires que pouvaient être les systèmes de Fourier, d'Owen, de Saint-Simon et autres «prophètes» romantiques - une partie de l'opinion s'est dressée contre des doctrines et des programmes qui promettaient de mettre un terme aux maux dont souffre la société, mais qu'elle a jugés absurdes, chimériques aussi bien qu'impies, dangereux, scélérats, et dont des hordes d'essayistes se sont employées à démontrer au public la fausseté et la nocivité. L'auteur analyse dans cet ouvrage près d'un siècle de polémiques et d'attaques contre le socialisme, de réfutation de ses doctrines et de dénonciation de ses actions. Ses analyses débouchent sur une réflexion sur certains conflits cognitifs propres à la modernité.
Ce cinquième volume de la réédition des OEuvres de Charles De Koninck tranche sur les précédents par la présence, parmi d'autres, de textes pratiquement inconnus jusqu'à maintenant - dont plusieurs consacrés à l'étude du fédéralisme. Dans son excellente introduction, Jacques Vallée explique très clairement les raisons du caractère inédit de ces textes pourtant de première importance, théorique et pratique à la fois.
Quelle est la vraie nature du fédéralisme? Existe-t-il une constitution idéale? Que penser du Grand Etat? Quelle devrait être la fonction exacte d'Ottawa au sein du Canada? Une "double souveraineté" est-elle vivable? En quoi le rapport de la commission Tremblay s'est-il révélé l'une des sources déterminantes de la révolution tranquille? Ces questions, et bien d'autres semblables nous concernant de très près au Québec, trouvent ici des formulations et des réponses d'une pertinence telle qu'on ne peut qu'en tirer le plus grand profit, aujourd'hui comme hier.
La richesse du volume ne s'arrête pas là. Car on y trouve d'une part toute une philosophie politique, s'inscrivant dans la lignée d'Aristote, Montesquieu et Alexis de Tocqueville, mais mise également en parallèle avec Max Weber, Bertrand de Jouvenel et Raymond Aron - et engagée, comme on vient de l'entrevoir. Cet engagement prend en outre la forme d'un débat constant avec le marxisme. On y découvre d'autre part une préoccupation sociologique qui ne se dément pas et le souci de ne point faire fi de questions difficiles et cruciales comme celle, par exemple, de la régulation des naissances. La primauté du bien commun, si énergiquement défendue en ses principes dans le volume précédent, aura ainsi été honorée aussi en ses formes les plus concrètes dans la vie et l'oeuvre de Charles De Koninck jusqu'à la fin, marquant chaque fois, du même coup, la grandeur du politique.
Bertrand Russell rédigea les trois essais qui composent cet ouvrage au cours d'un séjour qu'il effectua aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. S'adressant à un public d'étudiants, il y dessine le parcours intellectuel que devra suivre l'apprenti philosophe. Il lui propose de se consacrer d'abord à l'étude de la logique, des mathématiques et de l'histoire des sciences afin d'acquérir le mode de pensée le plus favorable à la philosophie, définie comme « l'art de la conjecture rationnelle ». Les exposés qu'il consacre avec sa clarté coutumière à la logique, « art de l'inférence », et aux mathématiques, « art du calcul », sont un éloge à des disciplines d'esprit toujours plus nécessaires pour faire face aux forces irrationnelles.
Dans la mesure où cet ouvrage propose une discipline de pensée rigoureuse et prudente, il conserve toute son actualité face aux forces ambiantes de l'irrationalisme et aux dogmatismes de toutes sortes.
C'est par « L'autorité et l'individu » qu'en 1948 la BBC inaugurait un programme annuel de conférences (The Reith lectures), désormais célèbre. Cette première série de six conférences porte sur l'un des problèmes les plus débattus de l'époque moderne : le conflit entre l'ordre et l'autorité d'une part, la liberté individuelle et la créativité d'autre part. Comment entretenir la coopération nécessaire à la survie du groupe sans étouffer l'initiative individuelle et jusqu'au goût de vivre ?
Russell examine cette question dans toute sa complexité et esquisse des pistes de solution d'une étonnante actualité.
Dans Comprendre Rawls, le but de Thomas Pogge s'articule autour de l'idée de défendre l'héritage rawlsien tel qu'il se présente dans La théorie de la justice en deux temps. Tout d'abord, l'exercice de pensée qu'il nous propose vise à démontrer que, malgré son imperfection, La théorie de la justice se veut une oeuvre beaucoup plus riche et beaucoup moins défaillante que certains de ses critiques les plus importants ont voulu le laisser croire. Parmi ses détracteurs principaux, Pogge croit que Robert Nozick et Michael Sandel auraient jugé à tort l'oeuvre maîtresse de Rawls en mésinterprétant certains de ses paramètres les plus fondamentaux, ce qui aurait eu pour conséquence de stigmatiser de manière importance le coeur de l'héritage rawlsien en offrant à une génération de lecteurs certaines conclusions qui ne sont pas en adéquation avec ce qui représente réellement le fondement de la pensée de Rawls.
En plus de corriger certaines imperfections associées à La théorie de la justice, tout en prenant certaines distances par rapport aux conclusions que le philosophe de Harvard a tirées plus tardivement dans sa carrière dans son livre intitulé Le droit des peuples. Selon Pogge, il n'est plus possible de parler d'une juste redistribution des richesses en se limitant au cadre de l'Etat-nation lorsque l'enjeu consiste à diminuer la disparité entre les classes sociales; les inégalités qui surgissent entre les classes des différents pays sont beaucoup plus lourdes de conséquences et d'injustice que si nous nous bornons à limiter les disparités qui subsistent au sein d'un même Etat.
Auteur vedette de la littérature médiévale tardive, tant en vernaculaire qu'en latin, Pétrarque (1304-1374) possède déjà toutes les qualités et presque toutes les partialités de l'humaniste à venir, constituant par là une figure incontournable de la culture occidentale.
Le présent ouvrage - objet d'une révision complétive - invite le lecteur d'aujourd'hui à découvrir les traits singuliers du pétrarquisme sous l'éclairage d'un thème universel et familier : l'amitié, en théorie comme en pratique. On trouve, en effet, dans l'oeuvre latine de Pétrarque - aussi bien dans ses traités de philosophie morale que dans ses divers recueils de correspondance - de nombreuses pages consacrées à l'amitié. Ces pages, écrites entre Moyen âge et Renaissance, sont donc le fait d'un auteur qui, vivant dans un monde dirigé spirituellement - voire politiquement - par l'Eglise catholique, opère, en tant que précurseur de l'humanisme, un retour à la littérature latine classique avec, surtout, une nette volonté de la relire dans un esprit nouveau. Dès lors, on se demande si, en abordant le thème de l'amitié, Pétrarque s'inspire de la réflexion des philosophes anciens ou s'il s'inscrit plutôt dans la lignée des penseurs chrétiens.
Telle est la problématique animant la première partie de ce livre qui débute par un répertoire des sources des textes de Pétrarque sur l'amitié, se poursuit par une comparaison de la doctrine pétrarquienne avec celles des auteurs (Cicéron et Sénèque) qui semblent l'avoir le plus influencée et s'achève par l'étude des lettres que Pétrarque a adressées à ses meilleurs amis pour leur parler explicitement d'amitié.
La seconde partie de l'ouvrage réunit, après révision, les principaux textes latins de Pétrarque relatifs à l'amitié, en les accompagnant d'une version française. Ces traductions inédites d'extraits pétrarquiens sont, dans la grande majorité des cas, les premières à paraître en français moderne. Le tout est complété par les appendices techniques requis pour faciliter la consultation rapide ou méthodique de ce petit livre conviant toute personne, sensible ou cultivée, au spectacle - volontairement si ancien mais toujours si actuel - de Pétrarque réfléchissant à l'amitié, vraie ou contrefaite, et s'adressant par lettres, de façon sincère autant que lettrée, à ses meilleurs amis.
Les textes rassemblés dans le présent recueil ont pour but de rendre hommage à l'ensemble de la carrière du professeur Thomas de Koninck, qui célèbre par ailleurs cette année ses cinquante ans d'enseignement à la Faculté de philosophie de l'Université Laval.
Le dévouement entier de Thomas de Koninck envers la philosophie est une évidence pour tous ceux qui ont eu l'occasion de le côtoyer, dévouement fondé sur la conviction, tout à la fois intime et inébranlable, que la philosophie délie, comme le suggérait déjà le Phédon, c'est-à-dire possède le pouvoir de libérer les virtualités humaines, et qu'elle sert en cela la dignité de chacun. Le dévouement dont il s'agit n'est pas simplement théorique, tourné vers l'abstraction, mais se traduit d'abord dans l'engagement concret envers l'autre et notamment par le souci de l'étudiant, ce qui valut d'ailleurs au professeur De Koninck le Prix d'excellence en enseignement, décerné par l'Université Laval en 2002-2003.
Venus d'horizons divers et exposant des points de vue qui, chaque fois, n'engagent évidemment que leur propre auteur, les essais qu'on va lire rejoignent tous d'une manière ou d'une autre le thème fondamental de la transcendance de l'homme, qui traduit si bien l'intérêt philosophique premier de Thomas de Koninck.
Êve propose une enquête philosophique, principalement éthique, pouvant servir de point de départ à une discussion en communauté de recherche composée d'adolescents et d'adultes. Une enquête qui pourrait conduire à s'interroger, notamment, sur : le désir, la liberté, la passion, l'identité, la séduction, le sida, la pornographie, le cybersexe, la jalousie, la fidélité, la violence conjugale, l'homosexualité, l'avortement, le respect de la personne... Comprenant une introduction permettant de saisir comment il est possible de vivre un dialogue critique avec des adolescents et des adultes, ce livre pourra être utilisé en classe tout autant qu'à la maison. Il contient aussi un ensemble de plans de discussion - d'outils de questionnement - permettant de poursuivre l'enquête que sa lecture suscitera inévitablement. Êve devrait intéresser toute personne soucieuse de vivre un dialogue avec des adolescents et des adultes désirant approfondir leur compréhension de ces expériences éminemment complexes et subtiles que sont la sexualité et l'amour.
Les textes rassemblés dans cet ouvrage sont le fruit d'une journée d'étude consacrée à la tradition néoplatonicienne et à la gnose, en l'honneur du Professeur Pierre Hadot, qui se tint au Séminaire des missions étrangères de Paris, dans le cadre des Célébrations du 150e anniversaire de la Charte de l'Université Laval, et du 340e anniversaire de la fondation du Séminaire de Québec, associé au Séminaire des missions étrangères de Paris depuis 1663 et qui est à l'origine de l'Université Laval. Monsieur Hadot recevait par la suite en Sorbonne un doctorat honoris causa de l'Universté Laval, lors d'une présentation dont on pourra lire le texte dans cet ouvrage.