Une introduction aux thèmes riches et complexes : les relations de l'esprit et du corps, le problème de la causalité mentale, celui de l'explication en sciences cognitives, les débats sur le statut de la " psychologie populaire ", la nature des croyances chez les adultes, les enfants et les animaux, des images mentales, de l'identité personnelle et de la conscience.
La philosophie de l'esprit et des phénomènes mentaux a connu, depuis une trentaine d'années, un renouveau important, notamment en raison de l'intérêt suscité chez les philosophes par les progrès des neurosciences et des sciences cognitives. Au sein de la tradition analytique anglo-américaine en particulier, un véritable tournant mentaliste et naturaliste tend désormais à supplanter l'approche " linguistique " jusque-là dominante. Ce livre propose une introduction aux thèmes riches et complexes que développent des auteurs comme Davidson, Fodor, Dennett et Dretske : les relations de l'esprit et du corps, le problème de la causalité mentale, celui de l'explication en sciences cognitives, les débats sur le statut de la " psychologie populaire ", la nature des croyances chez les adultes, les enfants et les animaux, des images mentales, de l'identité personnelle et de la conscience. Et il présente de façon synthétique et rigoureuse les principales théories de l'esprit actuelles : l'identité esprit-cerveau, le fonctionnalisme, l'éliminativisme, et les divers programmes de " naturalisation " de l'intentionnalité. L'auteur montre que la philosophie de l'esprit contemporaine est un domaine très ouvert, étroitement lié aux problématiques philosophiques traditionnelles comme à celles des sciences cognitives. Il s'efforce de défendre une forme de matérialisme non réductionniste, sensible à la fois au caractère naturel et causal des phénomènes mentaux et à leur dimension spécifique et autonome.
L'analyse des rapports de la philosophie et des mathématiques à propos du calcul infinitésimal, donne à voir des bouleversements historiques considérables : l'éclosion des grandes philosophies classiques de l'infini, et leur décadence rapide, les formes originales de fonctionnement que la philosophie a assurées de la Renaissance au XVIIIe siècle, vis-à-vis des recherches mathématiques, les sources d'une nouvelle idéologie plus cachée, celle de la rigueur, avec son double aspect : autonomie de la philosophie et suffisance des mathématiques, les vraies raisons enfin de la scission entre savants et philosophes dès le XVIIIe siècle. Ces mouvements historiques tournent autour de quelques grandes mutations scientifiques de long terme, en particulier la montée du calcul et sa domination progressive sur la géométrie. Mais ils sont aussi les effets des difficultés de la philosophie à transformer les intuitions qu'elle continue à emprunter à la géométrie, à penser à la fois le fini et le défini par rapport à l'infini et à l'indéfini, à distinguer le concept d'infini et l'infinité du concept. Les mathématiciens Euler et Lagrange, marquent deux étapes primordiales pour comprendre ce processus : le triomphe, encore empirique, du calcul sur la géométrie, et l'apparition de l'idéologie de la rigueur et d'un certain abandon devant le concept ; en référence à ces travaux qu'il exploite, Hegel témoigne du moment où la philosophie classique de l'infini achève de disparaître, et cède confusément la place à une nouvelle manière de philosopher, issue de l'attention à l'histoire, embarrassée de fiction, que les philosophes manifestent dès le XVIIIe siècle. Ce livre est un premier produit de la collaboration de mathématiciens et de philosophes, à partir d'un cours et de groupes de travail réunis à l'E.N.S., rue d'Ulm.
Cet ouvrage reprend une série d'articles parus dans la revue Esprit, qui témoignent de l'histoire intellectuelle française du XXe siècle. Ces différents essais présentent et discutent l'oeuvre de penseurs pour le moins originaux, et dont bien souvent les écrits et les engagements personnels ont profondément marqué une époque et une génération : Boris Souvarine, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Claude Lévi-Strauss, Georges Dumézil, Paul Ricoeur, Éric Weil, Mikaël Dufrene, Michel Foucault, Jacques Lacan, sans oublier Georges Bataille et le Collège de sociologie (Jules Monnerot et Roger Caillois), et Edgar Morin et la revue Arguments (Kostas Axelos et Jean Duvignaud). En suivant ces étonnantes traversées de notre siècle, nous pouvons établir la carte de la pensée française, cette géographie complexe aux nombreuses zones de tension. Nous pouvons aussi suivre les cheminements de chacun et dessiner des filiations, des croisements ou bien encore des parcours parallèles, sans aucun point de rencontre, mais tous s'inscrivant profondément dans un espace européen et dans une histoire occidentale du monde. C'est, finalement, cette histoire - et les philosophies qui l'explicitent - qui, de fait, donne son unité à cet ensemble de textes, et autorise la confrontation de ces pensées.
Que de philosophes aujourd'hui ! Voici les trafiquants du nihilisme, les inflationnistes de la petite et personnelle misère ; les flûtistes du capital et de la subversion nomadique ; les sous-hommes nietzschéens, et les proclamateurs du sexe ; voici la termitière des épistémologues laborieux. Dans le ciel, la procession des anges, vertus, trônes, dominations et séraphins. Sur la terre, les résignés du maître et de la loi. Les exégètes des discours, et les thuriféraires de la textualité. Ceux, qui, dans Le Nouvel Observateur, déclarent solennellement que Dieu n'est pas si mort qu'il en a l'air. Ceux qui, dans la stupeur, à la sortie du dernier séminaire, nouent les obscures ficelles du noeud borroméen. Ceux qui ont vu, de leurs yeux vu, que le soixante-quatorzième enterrement de Marx, ou de Lénine, était, sans conteste, le bon. Ceux qui haïssent la pensée, le marxisme, et le prolétariat (mais ont-ils seulement la force de la haine ?). Ceux qui aiment leur moi, leur sexe, et leur voix (mais ont-ils seulement la force de l'amour ?). Et les apôtres de la mauvaise foi, ceux qui se font des clientèles en baptisant marxistes les antiques conclusions bourgeoises sur Staline, ou sur l'affaire Lyssenko. Ceux qui conseillent, amicalement, au P.C.F., de conserver dans ses bocaux d'étalagiste la dictature du prolétariat, car on ne sait jamais. Ceux qui se prévalent de sciences ignorées, de révoltes écrasées, de textes falsifiés, pour tenir la partition du ténor d'opérette au choeur de l'eurocommunisme. Mais tous ces diseurs de la bonne aventure spéculative, charlatans ou retraités sincères, se tiennent là où l'histoire les assigne : qu'en est-il aujourd'hui de la Révolution ? Et ceux-là même qui vendent à la bourgeoisie, avec leur âme, les formulations pompeuses du défaitisme vulgaire, il faut les voir, eux aussi, sur la ligne de front, telle qu'entre deux tempêtes elle paraît se fixer. Ce cahier comporte une analyse de la conjoncture philosophique, et cinq études : deux sur Deleuze, deux sur les lacaniens, une sur les althussériens.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Qui peut rester indifférent à un personnage aussi extraordinaire ? Simone Weil (1909-1943), élève à l'École normale supérieure, agrégée de philosophie, professeur de lycée en province, ouvrière chez Renault, volontaire dans les Brigades internationales, ouvrière agricole, puis, après un bref séjour à New York en 1942, engagée à Londres dans les services de la France combattante. Là, tuberculeuse, refusant de se nourrir pour mieux partager les souffrances des Français opprimés par les nazis, elle s'éteint dans l'amour de Dieu. Car Simone Weil, bien qu'issue d'une famille juive, se convertira, à la veille de mourir, au catholicisme : c'est un des nouveaux éléments biographiques, parmi beaucoup d'autres, que Georges Hourdin apporte dans ce livre. Depuis des décennies, il médite l'oeuvre posthume de Simone Weil (La Pesanteur et la Grâce, L'attente de Dieu, La connaissance surnaturelle, La condition ouvrière, La Source grecque, Oppression et liberté, etc.) ; et il a connu ses parents et ses amis. C'est de ces nombreuses rencontres que se nourrit cette biographie intellectuelle et spirituelle, d'une philosophie qui marque indéniablement son époque. Ayant suivi un parcours politique presque inverse à celui de Simone Weil, Georges Hourdin, journaliste, fondateur d'un des grands groupes de la presse catholique (Malesherbes Publications), mêle ici ses souvenirs à l'histoire de son personnage : ce sont les années d'entre deux guerres qui sont au coeur de cet ouvrage, ces années d'interrogation, d'engagement, d'amertume aussi. Des années décisives pour la vie même de ceux qui les ont vécues intensément. Fasciné et parfois irrité par Simone Weil, Georges Hourdin nous offre, à travers ce portrait, une remarquable méditation sur Dieu, la vie et l'Histoire.
Louis Althusser est mort le 22 octobre 1990. Après dix ans d'isolement, consécutif au meurtre de sa femme Hélène en 1980, l'auteur de Montesquieu, la politique et l'histoire, de Pour Marx, de Lénine et la philosophie, de Philosophie et philosophie spontanée des savants, ne faisait plus lui-même partie du paysage intellectuel français. Pourtant, par delà le déclin du structuralisme, dont il était considéré comme l'un des fondateurs (aux côtés de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault), par delà la crise du socialisme et du marxisme dont - au prix de controverses passionnées - beaucoup voyaient dans ses écrits la refondation, sa trace intellectuelle est loin d'être effacée. Dans ce recueil, Étienne Balibar, qui fut l'élève et l'ami du philosophe, rassemble quatre écrits sur Althusser et pour lui, qui s'échelonnent de 1977 à 1990. Il s'agit d'un adieu public, où se mêlent la discussion conceptuelle et l'évocation personnelle. Il s'agit, surtout, de commencer à évaluer l'héritage du théoricien qui, plus que tout autre, a voulu combiner la modernité philosophique avec l'engagement communiste : depuis sa conception de la science (issue d'une refonte de l'épistémologie bachelardienne) et de l'idéologie (avant tout nourrie de Spinoza et de Freud), jusqu'à celle de la révolution (qui joue Marx contre lui-même). Au rebours de l'image dogmatique qui continue de prévaloir, l'accent est mis sur les tensions et les contradictions qui n'ont cessé de maintenir ouverte la pensée d'Althusser et sur l'urgence des questions qu'elle pose.
Cet ouvrage est destiné à ceux qui, largués au bord du chemin par les idéologies en déroute, recherchent un sens à leur vie. Un beau jour, ils se posent fatalement la question : Et pourquoi pas la bonne vieille philo ? Oui, mais où, comment, sous quelle forme philosopher, et surtout avec qui ? En effet, on ne philosophe pas avec la philosophie, mais avec des philosophes. Mais comme ils sont pléthore, la difficulté consiste à le ou les choisir, sans errer lamentablement dans les manuels et les encyclopédies. Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens, et en extraire un mode de réflexion agissant, est une mission impossible pour l'honnête homme/femme. C'est pourquoi l'auteur de cet ouvrage, aussi divertissant que sérieux, propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l'usage. L'une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives. L'autre accès consiste à choisir préalablement sa question, et à trouver la réponse la plus adéquate dans l'oeuvre du philosophe le plus approprié. L'auteur a facilité la tâche des lecteurs, en poussant la sollicitude jusqu'à formuler les questions qui les agitent au quotidien. Leur effort consistera à en saisir la pertinence, pour leur usage, exclusif, semi-exclusif ou collectif...
Dans les dialogues imaginés par Platon, Socrate ne cesse d'invoquer le bien. Qu'est-ce qui se cache ainsi derrière le nom du bien chez Platon ? Est-ce la justice, la « vertu » ? Un dieu ? Le monde en sa belle « âme » ? Dieu lui-même ou alors, à l'opposé, l'émotion du plaisir ? À ce problème, Luc Marie Nodier répond avec une passion insolite, et aussi quelque insolence si on considère à quel point les lectures reçues de Platon esquivent cette question. Malgré - ou plutôt à cause de - son dessein critique, son enquête vise d'abord la reconstitution d'une théorie platonicienne de la douleur et du plaisir, rarement perçue avec clarté, dont il est montré qu'elle est à la fois plus cohérente et plus digne d'être interrogée qu'il n'a semblé jusqu'ici. Elle peut, en outre, servir de préparation et d'incitation au renouveau de la pensée athéologique. Si cet ouvrage étonnamment écrit paraît dans une collection vouée aux sciences sociales, c'est parce que ces dernières, qui se croient à mille lieues de la philosophie et de Platon, feraient bien de s'interroger à propos de cette méditation. Car que veulent-elles dire lorsque, analysant la société, elles mettent en avant des sujets supposés rationnels, qui chercheraient à maximiser leur satisfaction ? Ne présupposent-elles pas ainsi qu'on cherche toujours son bien ? Mais comment le trouver si nous ignorons tout de la nature du bien ?