Nos peurs peuvent-elles être instrumentalisées ? Oui, répond Michel Maffesoli qui montre comment une élite centrée sur les anciennes valeurs productivistes et individualistes " invente " sans discontinuer de nouveaux dangers, pour normaliser et contraindre les comportements individuels.
La peur est un sentiment intemporel, propre à une espèce humaine consciente de sa finitude. Dans le passé ces émotions ont été régulées par diverses croyances religieuses et par des rites collectifs. La modernité a développé une idéologie du progrès, laissant accroire que l'homme pouvait éradiquer le mal, vaincre la maladie, voire la mort.
La gestion de la " pseudo-pandémie " s'est inscrite dans cette idéologie scientiste, rationaliste et les diverses élites au pouvoir (politiques, hauts fonctionnaires, experts médiatiques et médiatisés) ont amplifié les dangers, pour justifier la restriction des relations sociales et ce qui constitue en général l'essence de l'Être-ensemble.
L'auteur analyse ici la stratégie utilisée par le pouvoir : déni de la mort et de la finitude, utilisation de la scène médiatique, stigmatisation de tout mise en cause de la doxa. Il s'attache à inscrire cette critique dans l'idéologie moderne qu'il estime dépassée par les changements de valeurs à l'oeuvre dans la société de base.
Les divers mouvements de rébellion du peuple s'inscrivent en effet dans un refus de l'idéologie progressiste et réhabilite un ordre naturel que la modernité avait cru dépassé. Nous assistons un retour de la Tradition.
La modernité s'est construite sur un dépassement du passé, une négation du présent, dans l'attente d'un monde meilleur. L'auteur montre que nous abordons une nouvelle époque, où l'on s'ajuste tant bien que mal au monde tel qu'il est, sans prétendre le modeler.
Mouvement des gilets jaunes, révoltes contre la stratégie de la peur et du confinement, grèves en cascade, soulèvements divers... On aurait tort d'assimiler ces " crises " récentes à de simples revendications sociales et économiques. En réalité, toute la puissance de l'esprit rebelle populaire, c'est de dire oui, oui tout de même à la vie, oui à l'ordre des choses existant, oui au monde tel qu'il est.
Cette logique de l'assentiment n'est ni de la domination, ni de la résignation. C'est au contraire une sagesse de la vie présente, de la vie de tous les jours, avec ses malheurs (le sens du tragique, l'acceptation de la finitude) et ses bonheurs (la relation avec les autres, la solidarité, la vie quotidienne enrichie de sa part de rêve et d'imaginaire).
Dans ce nouvel ouvrage majeur, Michel Maffesoli déchiffre les valeurs émergentes dans la transmutation épochale que nous vivons, et à nous faire saisir les ressorts de l'être ensemble contemporain.
Une analyse cruciale de ce nouveau " vitalisme " qui s'ajuste tant bien que mal au monde tel qu'il est, sans prétendre le modeler.
Pascal a été profondément lié à la vie savante et spirituelle de son siècle et particulièrement à Port-Royal. Cet ouvrage nous entraine à sa suite, dans ses aventures intellectuelles et les intermittences de son coeur. Un nouveau visage de l'immense savant, philosophe et mystique français.
Philosophe, moraliste, inventeur de machines et de formes, mathématicien, physicien, théologien, polémiste... Blaise Pascal semble avoir eu mille visages. Mais de lui, finalement, que sait-on vraiment ?
En suivant l'écrivain pas à pas, de sa naissance à Clermont à sa mort à Paris, Pierre Lyraud nous dévoile les lignes de force d'une vie prématurément écourtée, mais passionnée par la recherche constante d'une vérité blessée par les troubles de son temps.
C'est alors un nouveau visage de Pascal qui nous apparaît, celui d'un penseur de la joie et de la grandeur de l'âme humaine ; d'un honnête homme soucieux de vulgarisation ; d'un ardent chrétien inquiet de l'avenir des autres ; d'un plein vivant se rendant peu à peu compte que
la vie véritable n'est pas celle du monde.
Un parcours inédit dans l'oeuvre de l'un des plus grands auteurs français.
125 x 195 mm - 192 pages
Philosophe française internationalement réputée pour sa lecture révolutionnaire de la philosophie politique en Occident, Blandine Kriegel livre ici le premier tome de son opus magnum consacré à la mutation de la Renaissance, de Pétrarque à Machiavel. Magistral. Quelle est la véritable origine de la pensée politique moderne ?Où sont ses sources authentiques ? Comment est advenue et s'est bâtie cette révolution fondatrice ? Rénovant de fond en comble l'histoire de la pensée, Blandine Kriegel livre ici un monument appelé à faire date et référence.Le premier volume de cette vaste entreprise est consacré à la Florence du
Quattrocento. Pourquoi a-t-elle inauguré le retour à l'Antiquité, défini la Renaissance, constitué un modèle en Europe et a-t-elle si précocement disparu ? Personne n'ignore l'éclat de ses artistes, Brunelleschi, Botticelli, Vinci, Michel-Ange, mais qui mesure l'importance de ses penseurs, Salutati, Bruni, Alberti, Cues, Valla, Politien ? Qui sait l'influence de l'humanisme civique, le rôle des sciences physiques et historiques, la hiérarchisation intellectuelle de la rhétorique, de la logique et de la philologie qui a conduit leur démarche ? Et comment analyser leur double mouvement : l'échappée vers l'ésotérisme qui déporte la cité vers l'utopie à la manière du
Songe de Poliphile et l'attachement au réel du Prince amer, abrupt et armé de Machiavel ? La
République imaginaire montre comment Florence, avec ses papes, ses potentats, ses peintres et ses philosophes, demeure au coeur de notre rêve politique.
Jean-Luc Nancy nous a quittés avant la publication de ce livre d'entretiens auquel il tenait. Il porte sur l'antisémitisme et le rejet des Juifs. Pourquoi hait-on les Juifs ? Comment le judaïsme a-t-il survécu à la pulsion d'extermination ? Comment vivre avec l'antisémitisme quand on est juif ?
Autant de questions, et bien d'autres, que ces entretiens soulèvent : les origines de l'antisémitisme, sa singularité irréductible, le rôle du christianisme dans sa constitution, la distinction entre antijudaïsme et antisémitisme, l'impensé que l'exclusion des Juifs représente dans l'histoire de la philosophie, le cas Heidegger depuis la sortie des
Cahiers noirs, le phénomène de banalisation, les questions théologico-politiques, ou encore le renouveau de l'antisémitisme. La haine des Juifs semble être un fait civilisationnel avéré, que Jean-Luc Nancy analyse ici sous la forme d'un dialogue sans concession avec Danielle Cohen-Levinas.
Spinoza, philosophe adulé ! Pourtant après avoir développé le premier antisémitisme laïc, il a prôné un régime totalitaire en chantant la liberté. Dans un livre sacrilège, l'auteur met au jour les trucages du philosophe et tente d'en découvrir les raisons.
Indépassable Spinoza, vraiment ? Intouchable, assurément. Inattaquable ? Pas pour Henry Mechoulan.
Considéré comme une figure prophétique de la modernité, admiré par Hegel, Freud, Einstein, et tant d'autres, Spinoza a gagné une immense popularité en apparaissant comme le sage de la joie, le héraut de la liberté de penser et le maître de la " vraie vie ". Mais cette image convenue ne serait-elle pas la conséquence d'une reconstruction artificielle ?
Sentences tronquées, traductions parcellaires, citations décontextualisées, affirmations péremptoires et omissions caractérisées : le Spinoza qui nous est présenté ici ressort différent, englué dans ses préjugés, ses contradictions, ses subterfuges et ses mensonges, ne cessant de les mêler à sa démarche qui se drape dans la recherche de la vérité.
C'est le Spinoza réel, avec ses lumières mais aussi et surtout avec ses ombres, que dévoile enfin cet ouvrage iconoclaste, percutant et convaincant, savant et passionnant. Une grande contribution à l'histoire de la philosophie et un traité de sobriété intellectuelle.
N'en déplaise aux déclinistes, la fin de la civilisation chrétienne n'est pas la fin du monde. Ce qui se joue à travers l'inversion normative et la transformation radicale des moeurs, c'est le retour du monde païen. Un livre fondamental pour comprendre cette mutation. Un grand livre de Chantal Delsol. Seize siècles de Chrétienté s'achèvent. Le temps présent connaît une inversion normative et philosophique qui nous engage dans une ère nouvelle.
La transition est brutale. Elle est difficile à accepter pour les défenseurs de l'âge qui s'efface.
De même que le vieillard tend à colorer le monde de sa propre décrépitude et à le voir décadent, de même il est des chrétiens qui, aujourd'hui, se plaisent à contempler le déclin du monde dans leur propre déclin.
Nous assistons en fait à une métamorphose. Le temps païen qui s'ouvre restaure les anciennes sagesses en même temps que les anciennes sauvageries. Le grand Pan est de retour.
L'ère chrétienne qui s'achève avait vécu sur le mode de la domination. Le christianisme doit inventer un autre mode d'existence. Celui du simple témoin. De l'agent secret de Dieu.
La philosophie, c'est facile quand on comprend que, comme la vie, elle est contradictoire. La vérité en devient un chemin sur lequel ce livre nous guide joyeusement, nous faisant passer de " Tabou " à " Volonté " ou encore de " Domination " à " Plaisir ". Vive le paradoxe existentiel ! L'Attention est-elle jamais possible si, pour sortir de la distraction, il faut déjà être attentif ? La Domination ne risque-t-elle pas de nier sa condition de possibilité en réduisant à néant la volonté de celui sur qui elle s'exerce ? Comment pouvons-nous Consoler s'il nous faut pour cela commencer par rejoindre l'autre en sa désolation ?
Nous parlons le plus souvent des choses dans le silence des contradictions qui les animent. Chaque chose bat pourtant d'un coeur paradoxal qui tient la pensée philosophique en échec tout en lui donnant son impulsion. C'est le principe assumé de ce dictionnaire : penser signifie toujours surmonter les contradictions, et si la contradiction n'était pas partout, la pensée ne serait chez elle nulle part.
Dans un langage accessible, chaque notion se trouve ici élucidée par l'épreuve de son paradoxe. D'Absolu à Volonté, en passant par Conscience et Tabou, Plaisir et Droit, Cosmos et Substance, ce dictionnaire offre une introduction inédite à la philosophie et un remarquable approfondissement de son exercice.
Art. Psychiatrie. Peinture. Folie. L'existence survient comme on ne l'attend pas. Elle se donne dans l'ouverture et dans la rencontre. L'art, particulièrement, nous saisit sans préavis. C'est l'être qui surgit et vient à notre rencontre. A notre contact. Que nous pouvons sentir.
Penser. Percevoir. Peindre. Philosopher. L'art participe-t-il du devenir ou de l'être ? Nous procuret-il seulement de la satisfaction ou change-t-il aussi notre compréhension ? Est-il au service de la folie ou du génie ? À chacune de ces interrogations existentielles répond cet ouvrage essentiel.
Ces questions, Henri Maldiney n'a cessé de se les poser. Lors de conférences qu'il a données à Brasilia, des étudiants les lui ont reposées. Il livre ici le résultat de sa méditation. Il revient sur les concepts fondamentaux de l'esthétique et les éclaire d'un jour nouveau. Il illustre son propos en commentant des oeuvres et des artistes reconnus ou moins connus. Il nourrit sa théorie d'expériences personnelles et de lieux concrets. Pédagogue toujours, érudit souvent, audacieux parfois, il éduque ici notre regard.
Et si, avec l'art, c'était l'existence elle-même qui venait à notre rencontre afin de nous ouvrir à plus grand que nous ?
Une révolution sociale en Canaan, présentée de manière poétique dans l'Exode. Un dieu, celui de Moïse, qui marque la naissance d'une " contre-religion ". Un dispositif d'émancipation. Tel est le récit que dessinent en creux les dernières découvertes.
Qui était Moïse ? L'histoire de la sortie d'Égypte n'est-elle qu'une légende ? Pourquoi la Bible le présente-t-elle comme un lépreux né d'un inceste dans une tribu maudite ? Grâce aux découvertes les plus récentes des historiens et des archéologues, il est possible d'explorer le noyau de vérité du récit de l'Exode.
Un soulèvement a eu lieu en Canaan dans l'Antiquité. Il a donné naissance à une société sans roi et sans État, dont les lois sont hospitalières aux étrangers, favorables aux asservis, aux exclus. Cette insurrection n'aurait pas été possible si un homme surnommé Moïse n'avait pas introduit un dieu étranger, un dieu qui ne sanctifie pas le pouvoir des rois, mais soutient les opprimés dans leur combat pour la justice. L'enquête se centre alors sur le dieu de Moïse afin d'élucider la genèse du monothéisme. Ce n'est pas seulement l'histoire de l'Exode qui est interprétée ici de façon originale, mais aussi le sacrifice d'Abraham, l'Alliance, le bouc émissaire, le messie. On en vient alors à se demander si le monde de Moïse, un monde affecté par une crise dévastatrice, ne ressemble pas étrangement au nôtre et si la promesse d'émancipation portée par ce récit ne nous est pas aussi adressée.
De Kant, que sait-on vraiment ? Connaît-on réellement sa philosophie ? Et sa morale, quelle est-elle au fond ? Sa pensée est-elle si compliquée, abstraite, formelle qu'on le dit ? D'ailleurs, qu'en est-il de sa vie ? Pourquoi sa biographie a-t-elle été si souvent caricaturée ? Son existence décrite comme routinière et ennuyeuse ? Son caractère dépeint comme celui, indifférent et fermé, d'un vieux garçon maniaque ? De Kant, que sait-on vraiment ? Connaît-on réellement sa philosophie ? Et sa morale, quelle est-elle au fond ? Sa pensée est-elle si compliquée, abstraite, formelle qu'on le dit ? D'ailleurs, qu'en est-il de sa vie ? Pourquoi sa biographie a-t-elle été si souvent caricaturée ? Son existence décrite comme routinière et ennuyeuse ? Son caractère dépeint comme celui, indifférent et fermé, d'un vieux garçon maniaque ?
Or, nous montre ici Christophe Bouriau, il n'y a rien de plus faux que ces images convenues. Chez l'homme qui a modelé notre modernité, la destinée et l'oeuvre suivent leurs chemins. Kant n'est pas réservé aux érudits ou aux experts. Au contraire, aujourd'hui comme hier, il continue de nous parler.
Tissant la genèse des concepts et le récit des jours, cet essai magistral nous livre le portrait d'un être charmant et attachant, esthète et gourmet, soucieux des exigences concrètes et conservant une part de mystère.
Un ouvrage essentiel où l'exposé de la pensée et le profil de la personne nous font redécouvrir en Kant un immense philosophe accessible à tous et qui a encore beaucoup à nous dire.
Nos pensées auraient-elles le pouvoir de viser le monde ? Dans ce livre, Pierre Steiner mobilise les ressources du pragmatisme et de la philosophie des techniques pour développer l'idée que nos pensées ne visent pas le monde mais y sont inscrites. Un ouvrage qui fera date.
Un citron,
La Joconde et le Père Noël. Aucun de ces trois objets ne se trouve dans notre esprit, pourtant, nous parvenons à les concevoir. Comment ? Mobilisant les ressources du pragmatisme et de la philosophie des techniques, Pierre Steiner développe l'idée que nos pensées ne visent pas le monde mais y sont inscrites.
Les principales traditions philosophiques ont en commun le présupposé que l'esprit serait comme un archer qui aurait le pouvoir, par la pensée, de " viser le monde ", ce que l'on nomme " intentionnalité ", et l'idée que les techniques ne sont que des applications de celle-ci. Contre ces présupposés, l'auteur propose une relecture critique de l'histoire de la philosophie ainsi qu'une reconsidération de la nature technique de notre intelligence.
Une pensée est un acte qui nous engage dans une situation et les concepts ne sont pas des représentations mais des techniques d'usage de signes. En dialoguant rigoureusement avec la phénoménologie et la philosophie analytique du langage et de l'esprit, mais aussi avec les sciences cognitives, Pierre Steiner combine dans cet ouvrage archéologie historique et discussion critique. Il aboutit à un positionnement radicalement nouveau.
Par son ambition, son originalité et l'ampleur des auteurs convoqués, un livre qui fera date.
Et si le monde extérieur était indépendant ! S'il répondait à ses propres lois ! Telle est la vérité trop longtemps oubliée que Maurizio Ferraris veut nous faire retrouver avec sérieux tout en souriant.
" Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations ", tel est le cri de ralliement des postmodernes. Or Maurizio Ferraris y voit un " sophisme transcendantal " potentiellement ruineux pour notre sens des réalités.
Connu en France pour ses travaux sur des objets sociaux tels que le web ou le smartphone, le philosophe italien semble avoir pressenti, bien avant que nous n'entrions dans notre époque de faits alternatifs et de fake news, l'urgence morale qu'il y a, pour la pensée, à redécouvrir le monde qui se tient farouchement au-dehors : un monde, une réalité que la pensée n'a pas construits mais dont elle doit tenir compte dans ses raisonnements et ses analyses.
La perception nous met aux prises avec cette part inconstructible du réel. Pour l'illustrer, l'auteur en appelle aux expériences marquées par la surprise ou les illusions d'optique : deux manières, pour le monde, de nous rappeler qu'il a ses lois propres et sait les faire respecter.
Cet ouvrage passionnant vise donc à mettre au jour ce " sol rocailleux " du monde sur lequel Wittgenstein tordait la bêche du langage, dans un style inimitable où la rigueur conceptuelle et la clarté argumentative le disputent à une irrésistible loufoquerie.
Longtemps, Spinoza a été considéré comme marginal, archaïque, et même " médiéval ". Sa philosophie est, en effet, étrangère à la voie moderne principale portée par Descartes, Kant, Hegel, celle de la philosophie du sujet et de l'esprit qui a exalté le " j
Une prouesse. C'est entier et vivant que Jean-François Pradeau ressuscite le grand philosophe présocratique dont il ne nous reste que des fragments. Une leçon de philosophie immémoriale et pourtant si actuelle. D'Héraclite, il ne nous reste que des fragments. Des passages, des citations, des éclats d'une pensée que l'on peine à restituer dans sa globalité. Toutefois, aujourd'hui, lorsque l'on évoque ce grand présocratique dont la renommée a traversé près de vingt-six siècles, c'est immanquablement au nom de Jean-François Pradeau qu'on l'associe. C'est à lui que l'on doit la remarquable édition scientifique d'une oeuvre parcellaire qui est devenue un succès populaire.
Conflit cosmique, mobilité perpétuelle, unité des contraires : grâce à ce livre qui offre une introduction claire, pédagogique à la vie et aux écrits de ce précurseur, Héraclite apparaît enfin sans hermétisme.
Et sa pensée, d'une profonde actualité.
Que serait la modernité sans Hegel ? Rien. Mais comment alors sortir de son système ? Ses critiques seraient-ils hégéliens sans le savoir ? Ou inaugurent-ils un autre mode de pensée ? Un livre en deux versants, avant et après, en miroir par l'un des meilleurs connaisseurs des philosophies modernes et contemporaines. Nuit et miroir. Deux images pour lire de façon inédite la philosophie de Hegel et, en particulier, mieux saisir la naissance de l'Esprit. Dans la nuit la plus noire, un miroir, à force de réfléchir le néant, suscite incompréhensiblement la lumière. Tout le secret de Hegel est ici : le spéculatif à venir est un mode de pensée qui interroge l'émergence de la lumière à partir de ce qui ne devrait pas l'autoriser, la nuit.
Si, dans sa seconde partie, l'auteur propose une lecture historique de l'après-Hegel, soit des façons de sortir de son système - Schelling, Marx, Nietzsche et Rosenzweig - des miroirs dans la nuit du négatif et leur nocturne conspiration spéculative, il lit la philosophie de l'Esprit de Hegel comme une histoire faustienne, comme on lirait un roman, un texte littéraire, ou une longue épopée poétique.
Une façon inédite d'approcher et de comprendre Hegel en son style propre qui bouleverse nos habitudes herméneutiques et nos modes académiques.
Dans ce monde ultrarapide, qui honnit le silence et l'absence, l'éloge de l'attente... qu'on n'attendait plus ! Un ouvrage éclairé, étayé par de magnifiques références littéraires, d'Homère à Buzatti. Une suspension vitale par l'une des grandes auteures spirituelles d'aujourd'hui. " Heureux ceux qui connaissent encore la joie d'attendre - une lettre, une rencontre, une éclaircie, voire la vie éternelle. "Qu'y a-t-il de commun entre le peuple hébreu marchant dans le désert pendant quarante ans, la reine Pénélope dont l'époux, Ulysse, est absent depuis si longtemps, la Belle au bois dormant, l'arpenteur de Kafka, la sentinelle de Buzzati ? ou encore l'amour lointain chanté par les troubadours et le long désir qui brûle les mystiques ?
Ici et là se manifeste une manière d'attendre - dans la paix, la détermination ou le doute, dans la confiance et la ferveur, avec parfois une joie intense.
Immense et mystérieuse, l'attente tisse toute une existence et elle élève l'être humain jusqu'à l'infini.
Un livre empli d'espérance.
Écrivain, Jacqueline Kelen a publié de nombreux livres qui étudient les grands mythes de l'Occident, les figures de la mystique et les richesses de la vie intérieure. Aux Éditions du Cerf ont paru Le diable préfère les saints
, Les compagnons de sainteté
, et Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien
(prix de la liberté intérieure 2020).
Notre temps est marqué par les bouleversements sans doute les plus importants que l'humanité ait jamais connus, et cela dans tous les domaines : les sciences, les techniques, l'environnement, la société, la morale et les moeurs, l'économie, la politique, le droit, etc.
Or nous pouvons prendre la mesure de ce qui est en train de se passer par le seul biais des modifications linguistiques, à la fois terminologiques et sémantiques. Certains mots ont été inventés pour désigner des objets, des représentations, des vécus, des processus, des actions, des images, des formes, qui soit n'existaient pas, soit étaient négligés auparavant. D'autres mots ont changé de signification.
D'
abus à woke, ce
Dictionnaire du temps présent définit, de manière raisonnée et critique, quatre cent quarante-cinq termes qui configurent nos discours et nos représentations du monde, de 1960 à nos jours.
Face à une pléthore d'informations qui contribuent à rendre notre monde opaque au lieu de l'éclairer, à lui retirer du sens au lieu de lui en donner, ce Dictionnaire a pour ambition de constituer à la fois un répertoire et un guide.
Alors qu'avance le grand chantier national qu'est la reconstruction de Notre-Dame, la question de son identité, tragiquement posée par son effondrement sous les flammes, se fait jour. Doit-elle demeurer ce qu'elle fut, mais à quelle époque ? Devenir autre pour être d'aujourd'hui et se préparer à demain, mais comment ? Faut-il craindre au contraire la disparition ou l'atténuation de son identité, mais laquelle ?
C'est à ces interrogations, publiquement débattues, que répond ici Roger Pouivet en philosophe du fait religieux et en penseur de l'incarnation.
Qu'est Notre-Dame de Paris ? Un vestige médiéval ? Un trésor patrimonial ? Un monument national ? Un site touristique ? Ou la flamme immatérielle qui anime ce lieu consacré en ferait-elle le symbole du divin matérialisé ? Et ce, selon sa vocation première qui aura été de jeter un pont entre Dieu et l'humanité ? Autrement dit, plus qu'une restauration physique, une restauration spirituelle de Notre-Dame est-elle possible ? Mais quel message religieux légueront alors ceux qui auront participé à cette reconstruction ?
Un éclairage critique indispensable sur un enjeu majeur de l'actualité.
Cette somme d'interventions au fil des circonstances montre la face cachée de l'oeuvre du grand philosophe français de réputation internationale : une magistrale façon inactuelle de traiter de l'actualité.
Pourquoi Dieu sans l'être ? Que nous dit Éros sur l'amour et le don ? Qu'est-ce que la Révélation ?
Que signifie philosopher aujourd'hui au regard de la Bible et de la théologie, de la poésie et de la littérature ?
Pourquoi faut-il en finir avec la métaphysique ? Comment repenser Descartes et Husserl, réviser Nietzsche et Heidegger, relire Levinas et Derrida ? Quelle langue neuve peut dire l'invisible, l'inouï, l'inattendu ?
Qu'est-ce que le nihilisme ? En quoi éclaire-t-il l'époque ? Où va le monde ? Où en est l'Église ? Que penser du déclin de l'Amérique, du réveil de l'islam ? Quel avenir ont la France et l'Europe ?
Pourquoi l'Évangile reste-t-il plus que jamais d'actualité ?
Telles sont, parmi d'autres, les questions de Paul-François Paoli auxquelles Jean-Luc Marion a consenti à répondre au cours de cette libre conversation comme le siècle n'en connaît plus guère.
De la rue d'Ulm et de la Sorbonne à l'université de Chicago et à Rome, de l'aventure de
Communio à l'engagement antitotalitaire, sur fond de rencontres et de portraits, d'enjeux et de combats, ce sont la clé d'une destinée et la fabrique d'une pensée qui, ici, se dévoilent. Celles du philosophe français vivant le plus lu, le plus commenté et le plus traduit au monde.
Une démonstration éblouissante de l'intelligence en acte. Une invitation, surtout, à l'espérance. Un antidote au malaise contemporain.
Un huitième péché capital a été oublié de la liste. Sans surprise, puisque c'est le mal contemporain par excellence. Chez les Pères du désert, l'acédie est ce dégoût de soi et du monde qui conduit à l'inertie. Diagnostic, remède et réinterprétation moderne : un livre pour redevenir le maître de sa vie.
Le mal de l'âme le plus insidieux et le plus répandu dans le monde contemporain serait-il aussi le plus méconnu ? Et cette ignorance ferait-elle aussi qu'il soit le moins bien combattu ? Qu'ont en commun le salarié en proie au burn-out, l'amoureux qui sombre dans l'ennui, l'actif qui cède à la torpeur ou à l'hyperactivité et la surconsommation, l'adolescent affalé sur un canapé, l'oeil rivé au plafond ou hypnotisé par l'écran vidéo, ou encore l'individu " dégoûté " de tout et rongé par les ressentiments ? Et comment cette errance et ce repli désespéré sur soi deviennent-ils un état de vie ?
Ce mal se nomme l'acédie. Tout le monde connait les sept péchés capitaux : colère, avarice, envie, orgueil, gourmandise, paresse, luxure. Mais peu de gens savent qu'il existe chez les Pères du désert un huitième péché, cette folle mélancolie, ce " démon de midi ", ce " à quoi bon ? " qui consume l'intelligence, le coeur, l'existence.
Alexandra Puppinck-Bortoli a décidé de réagir contre ce mal qui nous menace plus que jamais, personnellement et collectivement. Elle dévoile toutes les facettes actuelles de ce mal ancien, et propose des solutions pour en guérir.
Un traité du déconfinement moral et spirituel sur les ravages planétaires de l'acédie, cet autre virus pandémique qui double le coronavirus.
Une sagesse d'hier pour réapprendre à vivre aujourd'hui.
Un guide pour passer de la morosité à la joie.
Sandra Laugier, la penseuse de la vie ordinaire, l'initiatrice du concept de care, plébiscité lors de la crise sanitaire, entre ici en dialogue et débat avec le journaliste Philippe Petit. Un entretien exclusif avec l'une des philosophes de notre temps. Philosophe française contemporaine, Sandra Laugier a ouvert de nouveaux champs intellectuels au cours des trente dernières années en se faisant la passeuse et la penseuse de la vie ordinaire. Passeuse, avec ses traductions de Stanley Cavell (1926-2018) dans la suite du grand philosophe américain Ralph Waldo Emerson (1803-1882). Penseuse par l'édification de son domaine de réflexion propre. Elle a aussi bien exploré la philosophie analytique que la philosophie morale, les potentialités de la désobéissance civile comme celles de l'éthique féministe du
care, ou la radicalité aux États-Unis sur les questions de genre et de race. Son analyse de la culture populaire, à travers l'étude qu'elle a faite des séries télévisées, est elle aussi significative.
Aujourd'hui, la philosophe dresse un premier bilan raisonné de sa trajectoire. Pour ce faire, elle a choisi la forme du dialogue qui sied à sa démarche. Cette conversation menée par le journaliste Philippe Petit nous aide à mieux la connaître.
Une biographie existentielle et intellectuelle.
Le Western, ce n'est pas que du cinéma. Par-delà les clichés, cet essai fulgurant explore la signification du Nouveau Monde, la violence de la conquête et le repoussement de la frontière pour décrypter le mythe contemporain. Un livre éblouissant par un grand penseur de la modernité. On assimile souvent les westerns hollywoodiens à de simples divertissements commerciaux véhiculant les clichés les plus éculés de la modernité américaine. N'est-ce pas réducteur ? Certains westerns ne sont-ils pas d'authentiques " formes de pensée " portant un regard distancié, démystificateur et ironique sur la fondation épique du " Nouveau Monde " ?
Dans ce livre captivant, Robert Pippin s'interroge sur l'apport des grands westerns à la philosophie politique. Ceux-ci mettent en scène le grand mythe américain de la conquête de l'Ouest, le passage de la " Frontière " à une vie civilisée régie par l'État de droit. Ils donnent à voir les tensions de la modernité sous l'angle de la psychologie politique et proposent un traitement nuancé et critique des grands thèmes de l'imaginaire américain : la vie démocratique, les rapports entre les races, les sexes et les classes sociales dans une communauté nationale, le passage de la domination violente à un gouvernement rationnel et partagé. Par la prise en compte des coûts psychologiques de la transition vers la modernité capitaliste, ils nous invitent à réfléchir aux ambiguïtés du mythe américain.
Plus que jamais, le philosophe excommunié par la Synagogue est actuel. Il fallait le plus grand spécialiste de Spinoza pour nous faire comprendre en quoi cet hérétique est notre frère et notre contemporain. Un fondamental.
On a souvent voulu expliquer les oeuvres par la vie de leur auteur. Ariel Suhamy fait l'inverse : il raconte ce qu'on sait de la vie de Spinoza à la lumière de sa doctrine.
Son objet, c'est donc la vie humaine, la " vie véritable ", celle qui ne se définit pas par la simple circulation du sang et la durée de l'existence, mais par l'intelligence de Dieu, du monde et de soi, et par les actes qui en découlent. Alors, comment l'auteur de l'
Éthique a-t-il vécu ? Comment a-t-il mis en application sa pensée ? Les mythes qui entourent cet homme, ce que l'Histoire peut reconstituer de sa vie, ne dériventils pas aussi de cette pensée et de sa réception ?
Un livre novateur pour redécouvrir Spinoza.