À partir d'archives judiciaires et policières, Jean-André Tournerie, historien du droit, retrace et analyse des faits divers survenus en Touraine au XVIIIe siècle. Mendiants, déserteurs, officiers, artisans, comédiens, hommes et femmes originaires des lieux les plus divers, aux prises avec la justice ou témoins de drames, s'expriment comme ils s'exprimèrent jadis et nous plongent - pour des crimes de sang ou de simples peccadilles - au sein de la société contrastée qui précède la Révolution française. Nous suivons les démêlés des accusés avec une machine judiciaire complexe, parfois implacable, qui les condamnera à la pendaison, aux galères, au bannissement ou, au contraire, les innocentera.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plus qu'aux siècles précédents, le pouvoir grandissant de l'État impose à la population des villes, puis des campagnes, des institutions judiciaires efficaces et structurées. Inventant la « police », s'appuyant sur des spectacles de supplices et un usage plus prononcé de l'incarcération, l'époque moderne voit s'affirmer la criminalisation de l'individu, ainsi encadré et contrôlé.
Dominer et dresser : tel est, au XVIIIe siècle, le projet politique, social et religieux des élites face au peuple. Conjuguant leurs efforts, l'Église et l'État vont tout faire pour modifier en profondeur les mentalités populaires, entreprenant ainsi une immense oeuvre de remodelage des esprits et des corps. Mais le peuple ne renoncera pas à ses manières d'être et de penser...
En avril 1664, éclate en Gascogne l'une des plus grandes insurrections antifiscales de l'histoire de France. Au nom du roi, financiers et nouveaux fermiers prétendent établir la gabelle, impôt sur le sel abhorré, et dont jusque-là cette province est exemptée. Le pays s'embrase alors sous la menée d'un petit noble pugnace, Bernard Audijos.
Certes, la révolte n'est pas dirigée contre Louis XVI - ce qui serait crime de lèse-majesté - mais contre ces « gabeleurs » considérés comme iniques et rapaces. L'affrontement, fait d'embuscades meurtrières pour les dragons du roi, durera plus de dix ans.
Instruire les filles ? À quoi bon ? Certes, les filles de la « société » méritent quelques égards, mais les filles pauvres restent quantité négligeable et le « giron maternel » leur suffit bien. Dès le début du XVIIe siècle, cependant, les pratiques vont au-delà de ces discours. De nombreuses initiatives prennent en charge - d'abord à la ville, puis à la campagne - l'alphabétisation des petites filles issues des milieux populaires. Les élèves sont tantôt réunies par une femme dans le coin d'une maison, sous un préau, dans un jardin, au bord de l'eau, tantôt regroupées dans l'enceinte d'un couvent. Angèle de Merici, Françoise de Bermont, Louise de Marillac, Alix Le Clerc... Michel Fiévet brosse ici le portrait de ces grandes figures à l'origine de ces mouvements spontanés qui, pendant plus d'un siècle, se donnèrent pour tâche - contre l'opinion dominante - d'enseigner toutes les filles.