La pop ne descend pas directement des Muses. Son histoire, tous genres musicaux confondus, est intimement liée aux technologies de diffusion qui ont permis son éclosion commerciale. Agnès Gayraud parcourt cette histoire en prenant soin d'éclairer les intentions esthétiques qui traversent cette forme musicale, si souvent dépréciée au profit d'une supposée grande musique.
Tout le monde connaît la pop, la reconnaît, a un avis sur elle. Pourtant, sa singularité artistique et philosophique reste peu interrogée, comme si un tabou pesait sur cette forme musicale née au début du XXe siècle et dont le destin est lié à ses conditions techniques de production et de diffusion.
Son ancrage, essentiel, dans le monde de la phonographie, est généralement interprété comme le trait honteux d'une musique qui aurait cessé d'en être tout à fait une, jusqu'à s'identifier aux " sons du capitalisme " qui déguisent en sucreries auditives les grognements de la bête immonde.
L'enregistrement et ses conséquences auraient avant tout dégradé la musique, altéré ce qui la préservait -; imagine-t-on -; de la standardisation, jusqu'à produire à la chaîne une forme de musique consommable, accessible à tous, universellement médiocre. Des hits d'ABBA aux hymnes de Beyoncé, la pop serait structurellement
inauthentique.
Dans cet ouvrage, Agnès Gayraud se penche sur la profondeur de cette musique longtemps qualifiée de " légère " et cantonnée à un statut d'objet de consommation. Elle y déploie tous ses paradoxes, au coeur des oeuvres musicales elles-mêmes, pour révéler les ramifications esthétiques d'une richesse insoupçonnée de ce qui a peut-être été l'art musical le plus important du XXe siècle.
Ce volume - le premier des six recueils qui composent cette série d'
Écrits d'Étienne Balibar - réunit des essais et des textes d'intervention à caractère historique, philosophique et politique, pour certains inédits, rédigés entre 1995 et 2019. Ils ont en commun de chercher à éclairer le passage d'un siècle l'autre et d'affronter la question de la " fin de l'histoire ", en référence, d'une part, à l'achèvement de la mondialisation capitaliste et, de l'autre, à l'altération de notre environnement biologique et planétaire, qui a atteint le point de non-retour à la fin du XXe siècle mais demeure en partie indéterminé dans ses conséquences sociales et civilisationnelles.
Dans cette perspective, il faut arriver à penser philosophiquement un écart entre des " futurs passés " et des " nécessités contingentes ", non pas de façon purement spéculative, mais en combinant d'une façon toujours singulière la mémoire et l'analyse : repérant des
traces événementielles déterminantes pour notre institution de la politique (la " Grande Guerre ", la révolution d'Octobre, l'insurrection de Mai 68) ; décrivant des
frontières essentiellement contestées entre Orient et Occident, Nord et Sud, dans notre espace commun méditerranéen (France-Algérie, Israël-Palestine) ;
conjecturant les formes et les objectifs d'une gouvernementalité stratégique, qui devrait se préoccuper simultanément de grandes régulations planétaires institutionnelles et parier sur la capacité d'invention et de rupture des insurrections locales.
Une politique d'après la politique, à laquelle conviendront peut-être encore les noms de démocratie, de socialisme et d'internationalisme.
Ce deuxième volume des
Écrits d'Étienne Balibar est constitué de neuf études à caractère philosophique portant sur des auteurs classiques ou contemporains (Canguilhem, Badiou, Pascal, Machiavel, Marx, Foucault et Althusser, d'autres encore) et traversant les questions du savoir scientifique, de la " prise de parti " politique et de son incidence sur la connaissance, du statut de la théorie entre spéculation théologique et interprétation de l'actualité.
Rédigées entre 1994 et 2016, ces études illustrent le passage de l'auteur d'une épistémologie historique et critique, dont la question centrale avait été celle de l'articulation entre l'
idéologie et la science, à une phénoménologie des
énonciations de la vérité, dont le caractère intrinsèquement conflictuel, ouvert sur les " réquisitions " de la conjoncture, implique des interférences constantes entre la recherche de l'intelligibilité, le moment inéluctable de la décision et la répétition des grandes traditions spéculatives. Ces deux types de recherches, apparemment incompatibles, partagent une même
passion du concept, qui est commune à tous les auteurs commentés.
Distribuées en trois constellations thématiques, les lectures proposées s'organisent autour de formulations symptomatiques dont on documente à chaque fois les trajectoires d'un auteur à l'autre :
histoire de la vérité,
point d'hérésie,
idéologie scientifique. Elles débouchent sur l'esquisse d'une problématique de l'ascension polémique (par opposition à l'" ascension sémantique " des logiciens) à laquelle donnent lieu les confrontations théoriques en révélant dans l'actualité leurs enjeux de principe.
En abordant des thématiques aussi variées que la création de la vie en laboratoire, la recherche fondamentale en génétique ou la perte du mythe du progrès un philosophe et un biologiste de renom bousculent les idées, afin qu'émergent de nouvelles clés pour penser le monde au-delà du chaos.
Dans leurs laboratoires, des biologistes espèrent aujourd'hui pouvoir " fabriquer la vie ". Grâce aux formidables avancées des sciences et des techniques, nous disent-ils, " tout est possible ". Et pourtant, dans nos sociétés postmodernes, cette vieille croyance qui fondait l'idéologie du progrès, garant du bonheur à venir, apparaît définitivement obsolète : la fin de cette idéologie a accouché en Occident de la domination sans partage de l'individualisme, qui mine désormais profondément le lien social. Comment expliquer ce paradoxe entre la technoscience triomphante et la profonde crise des fondements de la pensée qui caractérise notre époque ? En s'intéressant sérieusement aux défis philosophiques et scientifiques que soulèvent les récentes explorations des sciences du vivant, de la création de la vie en laboratoire aux recherches fondamentales en génétique : c'est ce que proposent dans cet ouvrage Miguel Benasayag et Pierre-Henri Gouyon, sous la forme d'un dialogue aussi vif qu'accessible. La philosophie et la biologie y croisent leurs problématiques, se complétant et s'enrichissant. Loin de se limiter au champ scientifique, expliquent les auteurs, le modèle organique permet de porter un autre regard, riche de surprises, sur les phénomènes sociaux. Soucieux de rendre compte de la complexité inhérente à la vie, en évitant le double écueil de l'irrationnel et du scientisme, ils croisent les questions qui leur tiennent à coeur, bousculant les idées pour qu'émergent de nouvelles clés de compréhension du monde. Et pour agir, individuellement et collectivement, afin de faire surgir une autre époque, plus joyeuse et constructive.
Ouvrage rédigé avec la collaboration de Margot Korsakoff
Michel Callon et Bruno Latour ont rassemblé quelques-unes des meilleures études publiées en langue anglaise au cours des quinze dernières années dans le but de présenter des faits scientifiques analysés en détail par des sociologues et des historiens qui n'établissent a priori aucune frontière infranchissable entre les facteurs sociaux et cognitifs. (Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 1991.)
On peut soit débattre de la légitimité d'une sociologie des connaissances scientifiques, soit la faire. Ce volume prouve le mouvement en marche. Il rassemble quelques-unes des meilleures études publiées en langue anglaise au cours des quinze dernières années et a pour but de présenter des faits scientifiques analysés en détail par des sociologues et des historiens qui n'établissent a priori aucune frontière infranchissable entre les facteurs sociaux et cognitifs. Contrairement à la littérature épistémologique qui ignore tout du fonctionnement technique et social des sciences, et contrairement à la littérature sociologique qui fait généralement l'impasse sur les contenus scientifiques, de nombreuses études existent en anglais qui proposent une autre façon de parler des sciences. Elles mettent en scène des acteurs sociaux - scientifiques ou autres - qui construisent à chauds des connaissances, dont certaines finissent par s'imposer. En suivant les controverses, les conflits d'interprétation, les doutes, les coups de force, on assiste à l'élaboration de connaissance qui, une fois acceptées, font oublier les conditions de leur production. On se convainc progressivement que pour apprécier la science faite, pour comprendre pourquoi elle se répand irrésistiblement, il faut étudier la science en train de se faire. Ces études, déjà publiées pour la plupart en tirage limité par l'association Pandore, sont à nouveau disponibles. Elles ont été enrichies d'une longue présentation, où Michel Callon et Bruno Latour (Centre de sociologie de l'innovation, École nationale supérieure des mines de Paris) les restituent par rapport aux travaux de ces dernières années, pour souligner leur actualité et montrer le rôle qu'elles ont joué dans le renouveau des travaux consacrés aux rapports entre les sciences, les techniques et les sociétés. (Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 1991.)
Notre raison est sollicitée par deux abîmes qu'elle répudie tour à tour : ne sommes-nous que des marionnettes impuissantes, vivant dans un monde marqué par un implacable déterminisme ? Ou bien, le monde réel est-il gouverné par le seul hasard, qui ferait de nous, au mieux, des matelots ivres ? Pour Rémy Lestienne, face à cette double désespérance, la question clé est celle de la réalité ou de la subjectivité du hasard.
Notre raison est sollicitée par deux abîmes qu'elle répudie tour à tour : ne sommes-nous que des marionnettes impuissantes, vivant dans un monde marqué par un implacable déterminisme ? Ou bien, le monde réel est-il gouverné par le seul hasard, qui ferait de nous, au mieux, des matelots ivres ? Pour Rémy Lestienne, face à cette double désespérance, la question clé est celle de la réalité ou de la subjectivité du hasard. Accompagnant un mouvement encore minoritaire mais croissant de réflexion épistémologique, il s'adresse à la science pour découvrir des indices nouveaux pour ou contre la réalité du hasard. En refermant ce livre, on sait quel est son choix : celui de la réalité du hasard, qu'il lie à la réalité du devenir, selon une tradition initiée en 1859 en physique par James Clerk Maxwell et en biologie par Charles Darwin. Depuis les travaux de ces deux pionniers, il montre que bien d'autres découvertes sont venues apporter de l'eau au moulin des partisans d'un hasard objectif, venues d'horizons aussi divers que l'exploration du système immunitaire et celle du système nerveux, l'observation de l'Univers et l'étude des phénomènes microscopiques régis par la mécanique quantique. Cs indices ne nous poussent pas pour autant à abandonner le programme scientifique : l'idéal scientifique consiste à repousser toujours plus loin les frontières du hasard, et non point d'affirmer dogmatiquement qu'il n'existe pas.
Nombre de progrès les plus spectaculaires enregistrés aujourd'hui dans les sciences de la vie sont les fruits d'une discipline très récente, la biologie moléculaire, née dans les années 1940. C'est l'histoire passionnante -; et trop peu connue -; de cette jeune science que ce livre retrace, en explorant ses différentes facettes, scientifique, philosophique et sociale. Une histoire qui court de la convergence progressive de ses deux disciplines mères, la génétique et la biochimie, au début du XXe siècle, jusqu'à la mise en oeuvre de la technique PCR d'amplification des gènes au cours des années 1980. En mobilisant systématiquement les nombreuses études spécialisées, peu connues du public français, et ses propres recherches, Michel Morange offre ici aux lecteurs non spécialistes des explications claires sur une théorie et des techniques complexes, et apporte aux spécialistes une mise en perspective historique indispensable pour mieux comprendre les enjeux actuels des recherches en biologie.
Le système des " arbres de connaissances ", créé par Pierre Lévy et Michel Authier, constitue un dispositif totalement novateur d'acquisition et de validation des connaissances, tant pour la période scolaire que pour la formation professionnelle. Véritable alternative aux diplômes, ce système de reconnaissance des savoirs et des compétences, radicalement nouveau et profondément démocratique a été conçu pour faire retrouver l'estime de soi à ceux dont on prétend qu'ils " ne savent rien ", améliorer l'adaptation des formations à l'emploi, mobiliser au mieux les compétences des entreprises et des organisations, ouvrir enfin la perspective d'une nouvelle citoyenneté centrée sur l'apprentissage et l'échange des connaissances. Depuis sa création en 1992, le logiciel des arbres de connaissances (Gingo) a été expérimenté et mis en oeuvre dans de nombreuses organisations, expériences dont les auteurs rendent compte ici dans une postface inédite.