Comme ses Cinq méditations sur la beauté, ce texte de François Cheng est né d'échanges avec ses amis, auxquels le lecteur est invité à devenir partie prenante. Il entendra ainsi le poète, au soir de sa vie, s'exprimer sur un sujet que beaucoup préfèrent éviter. Le voici se livrant comme il ne l'avait peut-être jamais fait, et transmettant une parole à la fois humble et hardie.
Il n'a pas la prétention de délivrer un « message » sur l'après-vie, ni d'élaborer un discours dogmatique, mais il témoigne d'une vision de la « vie ouverte ». Une vision en mouvement ascendant qui renverse notre perception de l'existence humaine, et nous invite à envisager la vie à la lumière de notre propre mort. Celle-ci, transformant chaque vie en destin singulier, la fait participer à une grande Aventure en devenir.
L'amour a inspiré les chants les plus déchirants, les meilleurs romans et les pires, des comédies irrésistibles, des tragédies bouleversantes. Il est possible d'y ajouter quelques considérations philosophiques. Des préliminaires, seulement. Non à l'amour (le philosophe n'a là-dessus aucune expertise), mais à son concept (c'est son domaine, dit-on).
L'amour n'est ni l'amitié, ni le désir, ni la passion. C'est la fusion improbable de ces tendances opposées. Car les composantes de l'amour ne jouent pas collectif, tel est le drame, et la grandeur, de l'amour. C'est parce qu'il est de nature hétérogène, donc instable, qu'il est le moteur tout-puissant de tant d'histoires, grandioses ou banales, dans les littératures universelles et dans nos vies ordinaires.
Francis Wolff est philosophe, professeur émérite au département de philosophie de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il est notamment l'auteur, chez Fayard, Pourquoi la musique ? (2015).
« L'air du temps, en accusant la science de n'être qu'un récit parmi d'autres, l'invite à davantage de modestie. On la prie de bien vouloir gentiment "rentrer dans le rang" en acceptant de se mettre sous la coupe de l'opinion. » Étienne Klein
La philosophie des Lumières défendait l'idée que la souveraineté d'un peuple libre se heurte à une limite, celle de la vérité, sur laquelle elle ne saurait avoir de prise : les « vérités scientifiques », en particulier, ne relèvent pas d'un vote. La crise sanitaire a toutefois montré avec éclat que nous n'avons guère retenu la leçon, révélant l'ambivalence de notre rapport à la science et le peu de crédit que nous accordons à la rationalité qu'il lui revient d'établir. Lorsque, d'un côté, l'inculture prend le pouvoir, que, de l'autre, l'argument d'autorité écrase tout sur son passage, lorsque la crédibilité de la recherche ploie sous la force de l'événement et de l'opinion, comment garder le goût du vrai - celui de découvrir, d'apprendre, de comprendre ? Quand prendrons-nous enfin sereinement acte de nos connaissances, ne serait-ce que pour mieux vivre dans cette nature dont rien d'absolu ne nous sépare ?
"Si un homme attribue tout ou partie des malheurs du pays et de ses propres malheurs à la présence d'éléments juifs dans la communauté, s'il propose de remédier à cet état de choses en privant les juifs de certains de leurs droits ou en les écartant de certaines fonctions économiques et sociales ou en les expulsant du territoire ou en les exterminant tous, on dit qu'il a des opinions antisémites.
Ce mot d'opinion fait rêver..."
Jean-Paul Sartre.
À l'heure où le naturalisme (thèse selon laquelle tout ce qui existe - objets et événements - ne comporte de cause, d'explication et de fin que naturelles) exerce une force philosophique et scientifique grandissante, l'oeuvre de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) suscite un regain d'intérêt en raison de son mot d'ordre : le retour aux choses mêmes.
Merleau-Ponty pose comme originaire l'étude de la perception : le corps n'est pas seulement une chose, qui serait un objet potentiel d'étude pour les sciences ; il est une condition permanente de l'expérience, parce qu'il constitue l'ouverture perceptive au monde et à son investissement. Il y a une coappartenance de la conscience et du corps dont l'analyse de la perception doit rendre compte. Merleau-Ponty rompt avec l'ontologie dualiste de Descartes et l'opposition entre les catégories de corps et d'esprit qui est si prégnante dans certaines sciences aujourd'hui : "C'est dans l'épreuve que je fais d'un corps explorateur voué aux choses et au monde, d'un sensible qui m'investit jusqu'au plus individuel de moi-même et m'attire aussitôt de la qualité à l'espace, de l'espace à la chose et de la chose à l'horizon des choses, c'est-à-dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l'être."
La construction de soi rassemble une série de lettres qui dessinent un usage de la philosophie envisagée comme un mode de vie, une thérapeutique de l'âme. Ici, les philosophes sont interpellés et mis à l'épreuve. Tour à tour, le lecteur côtoie Boèce, Épicure, Schopenhauer, Spinoza ou Etty Hillesum. Ces guides présentent des voies pour se dégager du passé, des regrets ou de la haine de soi. Ils invitent à se libérer du regard d'autrui et ouvrent au risque de l'acceptation.
Alexandre Jollien propose un dialogue intérieur qui prend la forme d'une correspondance adressée à Dame Philosophie, cette figure allégorique dont Boèce imagina recevoir la visite alors qu'il attendait dans sa prison d'être exécuté. Dans cet itinéraire, l'auteur esquisse le portrait de Dame Frayeur et de la Mort, avec lesquelles il faut bâtir une vie. Ces lettres entendent dépeindre un état d'esprit qui tente de répondre à l'invite de Spinoza : " Bien faire et se tenir en joie ".
Dans ce bref et lumineux ouvrage, Fernand Braudel présente les conclusions de trente ans de recherches sur l'histoire économique du monde entre le XVe et le XVIIe siècle.
Loin d'être une discipline aride, l'histoire économique, nous dit Braudel, est l'«histoire entière des hommes, regardée d'un certain point de vue. Elle est à la fois l'histoire de ceux que l'on considère comme les grands acteurs, un Jacques Coeur, un John Law ; l'histoire des grands événements, l'histoire de la conjoncture et des crises, et enfin l'histoire massive et structurale évoluant lentement au fil de la longue durée».
Excellente introduction aux travaux de Braudel et à ses principaux concepts, La Dynamique du capitalisme offre une leçon d'histoire concrète, ancrée dans le quotidien des villes, des marchés et des bourses du monde entier, qui parcourt le long chemin de notre modernité.
De la formation de l'éthique à l'éthique appliquée : ainsi pourrait-on caractériser le projet de la Métaphysique des moeurs. La Fondation (1785) part de l'expérience morale telle qu'elle est vécue par la conscience commune jusqu'à ce qui, permettant d'en rendre compte, apparaît comme «le principe ultime de la moralité», c'est-à-dire l'autonomie de la volonté. Formalisme et rigorisme d'une morale qui, comme le voudrait une légende tenace, serait incapable de se confronter à la contingence des situations? Rien n'est moins sûr. On trouvera ici, en guise de démenti, l'Introduction à la Métaphysique des moeurs, prélude par lequel Kant entame, en 1797, une vaste recherche sur l'application de l'exigence morale (Doctrine du droit et Doctrine de la vertu) qui compose le tome II de cette édition.
Publiées en 1797, la Doctrine du droit et la Doctrine de la vertu traitent des exigences de la morale considérées respectivement dans les institutions et dans le sujet agissant. Après la Fondation de l'éthique (qui constitue le tome I de cette édition), Kant s'attelle à son application et n'hésite pas à laisser irrésolues quelques «questions casuistiques» posées par l'établissement des devoirs moraux. On propose ici de relire tous les moments de cette entreprise contre une tradition férue de lectures partielles. Où l'on verra que se joue un tournant de la philosophie pratique moderne.
Que pourrait être une éthique démocratique ? Telle est l'interrogation qui donne son relief à la réflexion développée dans cette Éthique de John Dewey et James Hayden Tufts. L'édition de 1932 traduite ici conserve la clarté pédagogique d'un ouvrage conçu, dans sa version originelle de 1908, comme un manuel universitaire, mais elle est enrichie par la prise en compte des questions sociales et politiques surgies au cours des années terribles qui séparent les deux textes, de la Première Guerre mondiale à la crise de 1929. De l'échec des tentatives de moralisation des relations internationales aux défis d'une société livrée aux forces du marché et en proie à l'individualisme, l'actualité des thèmes imposés, de la sorte, par les événements reste la nôtre sous de nouveaux visages.
La contribution de Tufts explore la façon dont chaque société sécrète son dispositif éthique. Dewey rappelle les traits des grandes philosophies morales avant de proposer leur dépassement, qui va de pair avec le dépassement du dualisme entre individu et société. La démocratie, fait-il valoir, a besoin d'une éthique en mesure de répondre aux revendications d'autonomie d'acteurs confrontés à des forces économiques et politiques aveugles.
Une nécessité qui se trouve plus que jamais au coeur de l'espace public.
Nous sommes milliardaires en news, mais nous ne savons pas en profiter.
Pourquoi nous sentons-nous gavés, au lieu d'en faire un festin ?
Comment ne pas se noyer dans l'actualité ?
En pratiquant la philosophie.
Assidûment. Et au quotidien.
Car elle donne à chaque événement la saveur d'une énigme - ou d'une question.
Par exemple...
Valait-il mieux, pour Harvey Weinstein, qu'il se fît prendre ou qu'il restât impuni ?
Pourquoi est-il dangereux de croire que tous les gens qui nous ressemblent pensent comme nous ?
Comment l'antique paradoxe du menteur permet-il de comprendre la réaction de Laurent Wauquiez à l'enregistrement pirate de ses propos ?
Peut-on pratiquer la censure au nom de la tolérance ?
Le clitoris est-il une arme de guerre ?
Est-ce librement qu'Anakin Skywalker devient Dark Vador ?
Si Dieu existait, aurait-on besoin de croire en Lui ?
Etc.
Après le succès des Morales provisoires, leur auteur récidive, démonte les idées reçues et enfonce gaiement son scalpel dans la chair du monde.
Née d'une réflexion sur l'art d'interpréter les textes et sur la vérité des sciences humaines, l'herméneutique est devenue, grâce à Dilthey, Nietzsche et Heidegger, une philosophie universelle de l'interprétation. Elle a connu ses développements les plus conséquents et les plus influents dans les pensées de Hans-Georg Gadamer (1900-2002) et Paul Ricoeur (1913-2005). En se penchant sur ses origines, ses grands auteurs et les débats qu'ils ont suscités, mais aussi sur le sens de son universalité, Jean Grondin nous offre la première présentation synthétique du grand courant de l'herméneutique.
J'appelle cause de soi-même, causam sui, la chose dont l'essence emporte l'existence, ou bien ce que nous ne pouvons concevoir autrement que comme existant.
* J'appelle finie en son genre une chose qui est bornée, ou qui peut l'être par une autre chose de même nature qu'elle. Par exemple le corps est fini en son genre parce que quelque corps que nous imaginions, nous pourrons toujours en concevoir un plus grand que celui que nous aurons imaginé, et ce corps plus grand étant de la même nature que le premier qu'il formera, il est vrai de dire que le corps est fini en son genre ; de même une pensée est bornée par une autre pensée.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Dans ce monde ultrarapide, qui honnit le silence et l'absence, l'éloge de l'attente... qu'on n'attendait plus ! Un ouvrage éclairé, étayé par de magnifiques références littéraires, d'Homère à Buzatti. Une suspension vitale par l'une des grandes auteures spirituelles d'aujourd'hui. " Heureux ceux qui connaissent encore la joie d'attendre - une lettre, une rencontre, une éclaircie, voire la vie éternelle. "Qu'y a-t-il de commun entre le peuple hébreu marchant dans le désert pendant quarante ans, la reine Pénélope dont l'époux, Ulysse, est absent depuis si longtemps, la Belle au bois dormant, l'arpenteur de Kafka, la sentinelle de Buzzati ? ou encore l'amour lointain chanté par les troubadours et le long désir qui brûle les mystiques ?
Ici et là se manifeste une manière d'attendre - dans la paix, la détermination ou le doute, dans la confiance et la ferveur, avec parfois une joie intense.
Immense et mystérieuse, l'attente tisse toute une existence et elle élève l'être humain jusqu'à l'infini.
Un livre empli d'espérance.
Écrivain, Jacqueline Kelen a publié de nombreux livres qui étudient les grands mythes de l'Occident, les figures de la mystique et les richesses de la vie intérieure. Aux Éditions du Cerf ont paru Le diable préfère les saints
, Les compagnons de sainteté
, et Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien
(prix de la liberté intérieure 2020).
Qu'est-ce qui fait de nous des hommes ? Le privilège d'être dotés d'une conscience ? Antonio Damasio propose une nouvelle théorie permettant d'expliquer en termes biologiques le sentiment de soi. Comment le cerveau engendre t-il les structures mentales qui nous donnent à voir des images ? Comment crée t-il ce sentiment de nous-mêmes dont nous faisons l'expérience lorsque nous pensons quelque chose, percevons quelque chose, imaginons quelque chose ? Non, la conscience de soi ne tombe pas du ciel. Oui, elle peut s'expliquer, presque se montrer, et nous pouvons la connaître. Nous savons enfin ce que nous sommes et pourquoi. Une révolution.« Ce livre nous dévoile pour la première fois les fondements neurobiologiques du Soi. » Jean-Pierre Changeux « Antonio Damasio est probablement l'un des plus brillants neurologues au monde. » David Hubel, prix Nobel« Voici un livre sans équivalent » Jerome Kagan« Ce livre est une merveille qui mêle avec brio intuition poétique et précision dans l'analyse. » Peter BrookAntonio R. Damasio dirige le département de neurologie de l'Université de l'Iowa et enseigne à l'Institut Salk d'études biologiques de La Jolla, aux États-Unis. Il est l'auteur de L'Erreur de Descartes, qui a connu un très grand succès et a été traduit en dix-huit langues.
Quand Carol Gilligan a énoncé dans Une voix différente (1982) l'idée que les femmes ont une autre manière de penser la morale que les hommes, elle ne s'est pas contentée d'élargir la division des sexes à la morale. Elle a mis en avant un concept largement occulté et laissé à l'état de friche : le care. En portant l'attention sur ce « prendre soin », ce souci des autres, l'éthique du care pose la question du lien social différemment : elle met au coeur de nos relations la vulnérabilité, la dépendance et l'interdépendance. Elle rend ainsi audible la voix des fragiles et met en garde contre les dérives conjointement marchandes et bureaucratiques de nos sociétés néolibérales. Fabienne Brugère nous propose une synthèse des recherches autour de la notion de care et nous montre en quoi cette philosophie constitue aujourd'hui un véritable projet de société.
Karl Marx est universellement connu pour ses théories sociales et économiques, notamment autour du capital. De nombreux mouvements révolutionnaires ont adopté sa pensée, le marxisme.
L'ouvrage de JN Ducang reprend en les vulgarisant la pensée de Marx ainsi que son ouvrage majeur qui reste une référence : Le Capital. Il s'intéresse également à sa postérité et son influence de sa mort à nos jours.
L'épistémologie est l'étude de la science, ou plutôt des sciences. L'usage de ce mot et la conception qu'il exprime sont relativement récents, puisqu'on ne les rencontre, dans la littérature scientifique et philosophique de langue française, qu'au début du XXe siècle. L'épistémologie implique que la connaissance scientifique, de même que la connaissance commune sur laquelle elle s'appuie, se situent toutes deux dans l'Histoire. Entre cette base et son environnement social, culturel et éthique se situe l'éventail entier de la connaissance scientifique. Hervé Barreau analyse l'ensemble des problèmes qu'elle soulève, de la logique aux sciences de l'homme et de la société, en passant par les sciences physiques et les sciences du vivant.
Il n'est pas besoin de rappeler la traditionnelle méfiance des philosophes envers l'art et les artistes. Ainsi la philosophie de l'art, inaugurée avec Platon, commence-t-elle paradoxalement par une condamnation des « beaux-arts » et de la poésie. Cependant la philosophie de l'art peut naître lorsque l'expérience esthétique devient problématique. Primitif, exotique, populaire, gothique, brut, naïf, l'art se charge lui-même de faire éclater toute définition canonique du beau, contestant les évidences esthétiques héritées du passé. La philosophie de l'art n'est donc pas dans la tête du philosophe : elle est requise par l'histoire récente de la définition des « beaux-arts ». Quelles questions l'art pose-t-il à la philosophie ? Quelle énigme, mais aussi quels défis, la figure de l'artiste représente-t-elle pour le philosophe ?
Il est devenu si courant aujourd'hui de parler des logiques qu'on ne sait bien souvent plus ce qu'est la logique. Pierre Wagner donne à comprendre cette discipline en décrivant le genre de questions que se posent ou que se sont posées les logiciens, le genre de certitudes qu'ils ont acquises et la variété des projets qui animent leurs recherches. S'il expose avec clarté les bases de la logique contemporaine et ses origines historiques, l'auteur montre aussi que, depuis les années 1950, les recherches logiques ont pris de nouvelles directions, comme l'étude des structures syntaxiques et sémantiques des langues naturelles, l'informatique théorique, l'intelligence artificielle, la théorie des jeux, l'analyse dynamique des croyances et de la connaissance, ou encore les sciences cognitives.
En partant de la multiplicité des termes employés pour désigner notre expérience morale, cet ouvrage expose les principales théories de la philosophie morale et les grandes questions qui s'y rapportent. Il nous invite à analyser la nature des règles suivies par chacun en société et nous propose des exemples d'éthique appliquée à quelques domaines concrets.
« Mon âme est un orchestre caché, écrivait le poète Fernando Pessoa. Je ne me connais que comme symphonie. » D'où vient donc cette musique si particulière qui se joue en nous et nous accompagne à chaque moment ? D'où vient que nous soyons des êtres conscients, éprouvant toujours, dès que nous ouvrons les yeux et quoi que nous fassions, le sentiment inébranlable d'être toujours les mêmes ? Et quels sont, au tréfonds de nos cellules, les mécanismes qui permettent l'émergence de ce qu'il y a de plus humain en nous, nos sentiments, nos pensées, nos créations ?Antonio Damasio, l'un des spécialistes des neurosciences les plus importants et les plus originaux, lève ici le voile sur la fabrique de la conscience. Au sein du cerveau, bien sûr, et qui plus est dans ses parties les plus profondes, si intimement liées au corps et à la régulation de la vie biologique. Non, la conscience et le soi ne sont pas une « chose », une « substance », une « entité » en nous, comme on l'a longtemps postulé. Bien au contraire, ils forment un ensemble dynamique de processus nés petit à petit au fil de l'évolution biologique. Pour autant, les « naturaliser » ainsi, est-ce rabaisser l'homme ? Sûrement pas, pour Antonio Damasio, tant on peut s'émerveiller de la mécanique rendant possible la symphonie dont, à chaque instant de notre vie, nous sommes le chef d'orchestre. Une approche très originale, qui renouvelle en profondeur la science de la conscience. Antonio Damasio est professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie. Il dirige l'Institut du cerveau et de la créativité à l'Université de Californie du Sud et est professeur adjoint au Salk Institute de La Jolla. Ses ouvrages ont été traduits dans une trentaine de langues ; il est notamment l'auteur de L'Erreur de Descartes et de Spinoza avait raison, qui ont connu un immense succès.
Sandra Laugier, la penseuse de la vie ordinaire, l'initiatrice du concept de care, plébiscité lors de la crise sanitaire, entre ici en dialogue et débat avec le journaliste Philippe Petit. Un entretien exclusif avec l'une des philosophes de notre temps. Philosophe française contemporaine, Sandra Laugier a ouvert de nouveaux champs intellectuels au cours des trente dernières années en se faisant la passeuse et la penseuse de la vie ordinaire. Passeuse, avec ses traductions de Stanley Cavell (1926-2018) dans la suite du grand philosophe américain Ralph Waldo Emerson (1803-1882). Penseuse par l'édification de son domaine de réflexion propre. Elle a aussi bien exploré la philosophie analytique que la philosophie morale, les potentialités de la désobéissance civile comme celles de l'éthique féministe du
care, ou la radicalité aux États-Unis sur les questions de genre et de race. Son analyse de la culture populaire, à travers l'étude qu'elle a faite des séries télévisées, est elle aussi significative.
Aujourd'hui, la philosophe dresse un premier bilan raisonné de sa trajectoire. Pour ce faire, elle a choisi la forme du dialogue qui sied à sa démarche. Cette conversation menée par le journaliste Philippe Petit nous aide à mieux la connaître.
Une biographie existentielle et intellectuelle.
La pop ne descend pas directement des Muses. Son histoire, tous genres musicaux confondus, est intimement liée aux technologies de diffusion qui ont permis son éclosion commerciale. Agnès Gayraud parcourt cette histoire en prenant soin d'éclairer les intentions esthétiques qui traversent cette forme musicale, si souvent dépréciée au profit d'une supposée grande musique.
Tout le monde connaît la pop, la reconnaît, a un avis sur elle. Pourtant, sa singularité artistique et philosophique reste peu interrogée, comme si un tabou pesait sur cette forme musicale née au début du XXe siècle et dont le destin est lié à ses conditions techniques de production et de diffusion.
Son ancrage, essentiel, dans le monde de la phonographie, est généralement interprété comme le trait honteux d'une musique qui aurait cessé d'en être tout à fait une, jusqu'à s'identifier aux " sons du capitalisme " qui déguisent en sucreries auditives les grognements de la bête immonde.
L'enregistrement et ses conséquences auraient avant tout dégradé la musique, altéré ce qui la préservait -; imagine-t-on -; de la standardisation, jusqu'à produire à la chaîne une forme de musique consommable, accessible à tous, universellement médiocre. Des hits d'ABBA aux hymnes de Beyoncé, la pop serait structurellement
inauthentique.
Dans cet ouvrage, Agnès Gayraud se penche sur la profondeur de cette musique longtemps qualifiée de " légère " et cantonnée à un statut d'objet de consommation. Elle y déploie tous ses paradoxes, au coeur des oeuvres musicales elles-mêmes, pour révéler les ramifications esthétiques d'une richesse insoupçonnée de ce qui a peut-être été l'art musical le plus important du XXe siècle.