1559-1629 est une séquence dramatique pour le royaume de France, profondément divisé par la question religieuse. Les protestants constituent environ 10% de la population française au début des années 1560. Les monarques sont de jeunes hommes incapables de gouverner par eux-mêmes ou des princes déconsidérés aux yeux de leurs sujets. En dépit des efforts de Catherine de Médicis et du chancelier Michel de L'Hospital, qui accordent aux protestants la liberté de culte, le royaume sombre dans le chaos : exactions et batailles se succèdent et les violences culminent en 1572 avec la Saint-Barthélemy. On assiste même à deux régicides (Henri III en 1589 et Henri IV en 1610).
Temps de crise sans précédent, les guerres de Religion constituent le creuset de la monarchie absolue d'Ancien Régime. Henri IV parvient à reconstituer l'unité du royaume autour de l'idéal d'obéissance à la figure royale et son fils Louis XIII bénéficie de ses succès pour achever de créer une monarchie puissante capable de s'imposer sur la scène européenne.
La reine des biographes. Un grand récit qui offre une histoire inégalée du grand et tragique XVI e siècle.
En six volumes d'exceptions, publiés entre 1994 et 2002 aux éditions de Fallois, Simone Bertière a raconté l'histoire des reines, célèbres ou oubliées, qui ont fait la France de la Renaissance à la fin de la monarchie. Voici l'édition définitive - en un beau et fort volume - des deux premiers consacrés au XVIe siècle qui ont vu s'épanouir comme jamais le pouvoir des femmes avant que les tragédies des guerres de religion n'engagent une éclipse accentuée par l'application de plus en plus rigide de la loi salique. Sous la plume élégante et inspirée de l'auteur entrent notamment et successivement en Majesté Anne de Bretagne, Jeanne de France, Marie d'Angleterre, Claude de France, Eléonore d'Autriche, Marie Stuart, Marguerite de Valois, Louise de Lorraine et naturellement Catherine de Médicis.
Pour cette nouvelle édition de luxe, illustrée de deux forts cahiers hors-texte, la grande historienne a entièrement revu, corrigé et actualisé son texte qui fait, rare en histoire, a été unanimement salué par la critique tout en racontant un très large succès public.
Un maître-ouvrage qui conjugue au plus point la rigueur historique avec l'art du récit.
Un homme à la démesure de son règne (1509-1547).
Au début du XVIe siècle, quatre jeunes princes hors du commun montent sur les principaux trônes d'Europe. Henri VIII en Angleterre, en 1509 ; François Ier en France, en 1515 ; Charles Quint en Espagne puis dans l'Empire, en 1516 et 1519 ; Soliman le Magnifique dans l'empire ottoman, en 1520. Cette nouvelle génération qui prend le pouvoir a la tranquille arrogance de la jeunesse, mais Henri VIII se distingue de ses contemporains. Car le roi pénètre bientôt dans des territoires où aucun de ses prédécesseurs n'a jamais osé s'aventurer. Si c'est un jeune roi pieux au coeur de l'Europe catholique qui monte sur le trône, c'est un prince schismatique, qui a créé une Église nationale et une nouvelle manière de régner, qui meurt en 1547. Pendant ces trente ans, il aura fait sauter les unes après les autres de multiples digues séculaires : rupture avec la papauté ; exécution de sa seconde épouse, de son principal ministre, de son chancelier, d'un cardinal, de sa cinquième épouse ; tour de vis fiscal sans précédent ; suppression de tous les monastères du royaume ; confiscation de dizaines de palais, de châteaux et de demeures nobles.
Henri VIII est aussi le monarque anglais le plus célèbre parce que son histoire demeure l'une des meilleures que l'on puisse raconter. Tout y est. La violence et le sexe. L'amour et la haine. Le pouvoir et la démesure. L'amitié et la trahison. Le fils écrasé par son père ; le père écrasant ses enfants. Le casting, ensuite, est absolument exceptionnel. Si l'on s'arrête un instant sur le personnage principal, au moment où il monte sur le trône, force est de reconnaître que rarement un roi d'Angleterre aura à ce point incarné la royauté. L'homme est un colosse de près d'un mètre quatre-vingt-dix. Il est jeune - il n'a pas encore 18 ans -, en bonne santé, beau et cultivé, riche et athlétique. Mais, progressivement, cette incarnation parfaite du prince de la Renaissance se mue en tyran sanguinaire ; de jeune premier, il se transforme en vieux-beau, puis en débris. Les premiers rôles féminins n'ont rien à lui envier, qui, pour s'en limiter aux épouses, incarnent différents stéréotypes: la sainte, l'intrigante, la discrète, le laideron, l'allumeuse, le bas-bleu. Les seconds rôles masculins sont également remarquables, du flamboyant et indispensable Thomas Wolsey à l'impénétrable Thomas Cromwell, en passant par le veule et arrogant Thomas Howard ou Thomas More, l'inflexible et souriant martyr. On se promène dans des châteaux tendus de tapisseries de fil d'or ; on poursuit des cerfs à bride abattue ; on voit des chevaliers en armure briser leurs lances en se percutant à pleine vitesse ; des hérétiques sont brûlés, puis écartelés, pendant que les plus brillants esprits du temps débattent sur la paix et l'harmonie ; le roi tente de réitérer les exploits d'Henri V en envahissant la France ; le peuple se soulève contre les réformes religieuses du souverain. Mais le règne est en même temps une tragédie intemporelle et universelle sur l'amour, la famille, la guerre, la liberté de l'esprit, et le pouvoir. Et dans cette histoire, tout est vrai !
Entre 1494 et 1559, la péninsule italienne fut le théâtre de plusieurs guerres d'une intensité encore jamais atteinte. Souvent présentées comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, les guerres d'Italie ont pourtant une réalité globale, toutes les puissances du moment étant impliquées. Outre la France, l'Espagne, le Saint Empire, la Suisse ou encore l'Empire ottoman participent au ravage des terres italiennes au cours de ce premier conflit entre les nations européennes naissantes. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent les acteurs de ces conflits, Naples, Milan, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de maintenir leurs existences politiques face aux léviathans des XVe et XVIe siècles. C'est pourquoi ce livre, où les meilleurs historiens de chaque État synthétisent les connaissances les plus actuelles, permet de repenser les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute la diversité de ce chapelet de guerres sur plus de soixante ans. Ce faisant, il invite à repenser bien des événements - la bataille de Pavie, le sac de Rome - ou des parcours - Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II - et offre une lecture aussi originale que captivante.
Fin août 1572. À Paris, des notaires dressent des inventaires après décès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l'ordinaire des vies au milieu d'une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens.
Puisant dans ces archives notariales, Jérémie Foa tisse une micro-histoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu'à l'existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d'un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d'hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date - les assassins n'ont pas surgi tout armés dans la folie d'un soir d'été.
Au fil de vingt-cinq enquêtes haletantes, l'historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d'Aubusson et taverniers de Maubert,
vies minuscules emportées par l'événement.
La seule biographie véritable du maître de la Renaissance.Lorsque l'on aborde la vie de Léonard de Vinci, deux écueils sont à éviter : placer l'artiste au-dessus de la condition humaine et en faire une sorte de génie aussi énigmatique qu'impénétrable ou, au contraire, réduire son existence à quelques épisodes incertains voire fantasmés de sa vie privée - comme sa prétendue sexualité débridée.
Loin des idées reçues et légendes tenaces, cet ouvrage nous invite à emprunter le véritable parcours de Léonard, du petit village toscan de Vinci dans lequel il naît en 1452, à Amboise, en France, où il s'éteint en 1519. Tout en suivant ses progrès dans les nombreuses disciplines auxquelles il s'essaye (dessin, peinture, bronze, architecture, mathématiques, etc.), nous voyageons au coeur de l'Italie renaissante : nous découvrons l'atelier de Verrocchio, à Florence, dans lequel le jeune peintre fait ses armes ; nous visitons Milan, où il se met au service de la puissante famille Sforza ; à Rome, nous rencontrons les Médicis (le pape Léon X et le duc de Nemours) qui admirent et protègent ce polymathe hors du commun ; enfin, dans la vallée de la Loire, à la cour de François Ier, nous revivons les dernières années du maître.
S'appuyant principalement sur des sources primaires - notamment les foisonnants Carnets du peintre -, Jean-Yves Boriaud se place ici en historien de l'art et analyse finement les conditions de réalisation des oeuvres magistrales de Léonard (
Cène, Joconde, Saint Jean-Baptiste, etc.), mais aussi l'histoire de ses nombreuses productions inachevées (cheval des Sforza, portrait d'Isabelle d'Este...). Ainsi, il parvient à nous offrir le premier portrait fidèle et authentique de cette figure emblématique de la Renaissance.
Ambitions et limites du maître de l'empire " où le soleil ne se couchait jamais ".Marignan, 1515. François Ier est le grand vainqueur de cette mémorable bataille, et son succès érige la France en première puissance européenne. Mais en quelques années, l'équilibre des pouvoirs se renverse totalement : en 1519, Charles Quint ravit le trône impérial au roi de France et, en 1525, il le bat à Pavie et le fait prisonnier.
Dès lors, plus rien ne semble s'opposer à ce que l'empereur victorieux devienne le maître absolu de toute l'Europe. Son ambition est désormais simple : revenir à une parfaite unité chrétienne en restaurant un empire universel sur le continent. S'appuyant sur une historiographie renouvelée, cet ouvrage passionnant éclaire d'un jour nouveau son véritable dessein politique, et montre qu'il s'est joué en trois temps.
De 1525 à 1529, le Habsbourg s'évertue à ravaler définitivement la France (ce qu'il parvient à faire lorsque le roi Très Chrétien perd la bataille de Landriano). De 1529 à 1540, l'héritier des rois Catholiques touche son espoir du doigt car le Saint Empire rayonne sur l'Europe, et semble alors capable de rétablir durablement la paix. Mais de 1540 à 1545, l'empereur, malade et vieillissant, s'enlise dans divers conflits (Allemagne, Turquie, etc.) et ne parvient pas à endiguer les guerres de religion qui ne cessent de prendre de l'ampleur.
Avec le talent narratif qu'on lui connaît, Guillaume Frantzwa analyse la façon dont le rêve impérial paraît triompher, avant d'être définitivement battu en brèche durant la deuxième moitié du règne de Charles Quint. Une synthèse essentielle.
Rendre compte au plus près des navires et des hommes, «au ras du pont», de la réalité du combat sur mer entre le début du XVIe et le milieu du XVIIe siècle, tel est le pari de ce livre profondément original et novateur. En cette époque de transition, le combat naval s'accomplit encore aussi bien «par le fer» des armes blanches que «par le feu» d'une artillerie variée. C'est le temps de l'évolution entre le progrès technique des navires et de l'artillerie et des pratiques toujours tournées vers l'abordage. On ne peut comprendre l'un sans l'autre, l'abordage restant l'acmé de l'engagement sur mer, moment de l'affrontement face à face où la mort revêt un visage que la destruction à distance par l'artillerie ne saurait présenter. Pour témoigner du vécu des hommes avant, pendant et après le combat, Alexandre Jubelin a puisé aux rares sources disponibles tant en France qu'en Angleterre ou en Espagne. Il offre ainsi un récit vivant et sensible de ce que furent les réalités du combat sur mer, embrassant pour la première fois aussi bien les questions techniques et que les enjeux humains.
Le portrait novateur et haut en couleurs d'une femme fascinante.On a longtemps dit de Diane de Poitiers, non sans une certaine misogynie, qu'elle fut la maîtresse de deux rois de France, François Ier et son fils Henri II, et qu'elle n'intrigua que pour son propre profit financier.
Mais Didier Le Fur nous explique ici simplement, et avec style, que cette image est faite d'une accumulation d'erreurs et d'approximations - volontaires ou non - reprises puis amplifiées, en fonction des modes, pendant quatre siècles. Il rend ainsi à cette femme passionnante sa réalité, loin des fantasmes entourant les maîtresses royales et décrypte comment sa vie, qui reste sur bien des aspects mystérieuses, a pu prendre une telle place dans l'imaginaire collectif et le roman national.
C'est un nouveau regard sur la sortie des guerres de Religion que ce livre propose : au lieu de redire les hauts faits d'Henri IV, comme maintes biographies les répètent à l'identique, il fait ressortir la grande incertitude liée à l'avènement d'un protestant pour révéler les mécanismes qui ont permis à la monarchie de se réinventer au moment où elle fut confrontée à une crise sans précédent. Ainsi, par le biais des acteurs de l'ombre, des hommes d'Église aux côtés d'Henri, il est possible de se détacher de la figure figée du roi vainqueur, et de redonner leur dimension problématique à des événements comme le sacre royal. L'étude du travail de légitimation du premier Bourbon permet alors d'appréhender la monarchie en tant qu'oeuvre collective d'acteurs travaillant à assurer sa survie.
Lana Martysheva est docteure en histoire moderne (thèse soutenue à Sorbonne Université, sous la direction de Denis Crouzet), spécialiste de l'histoire culturelle, religieuse et politique européenne (particulièrement, France et Italie). Elle a enseigné à la Sorbonne et à Aix-Marseille Université et a été Max Weber fellow à l'Institut universitaire européen de Florence. Actuellement, elle est membre de l'École française de Rome.
L'univers est gouverné par une loi générale de la putréfaction. Dieu, les anges et toutes les créatures naissent du chaos, comme les vers apparaissent à la surface du fromage. Nous sommes des dieux, et tout est Dieu : le ciel, la terre, l'air, la mer, les abîmes et l'enfer...
Tel est le credo qu'un certain Menocchio, meunier du Frioul dans l'Italie du XVIe siècle, eut à défendre devant le Saint-Office avant de périr sur le bûcher. Lecteur infatigable, exégète à ses heures, hérétique malgré lui, il s'était constitué une bibliothèque au hasard des rencontres, hors de toute discipline culturelle, prélevant librement dans les textes, élaborant sa propre vision du monde.
Avec cette étude magistrale, devenue un classique de l'historiographie, Carlo Ginzburg inventait la micro-histoire et renouvelait la connaissance d'un monde resté longtemps mystérieux, celui de la culture populaire.
"La" biographie de Charles Quint.Cette nouvelle biographie redonne sa juste place au plus grand adversaire de François 1er. Les historiographies nationales ont souvent négligé le " phénomène européen " qu'incarne cet empereur polyglotte, né aux Pays-Bas, héritier de la couronne d'Espagne puis du Saint Empire romain germanique. En 1520, le chancelier Gattinara saluait pourtant l'élection impériale comme providentielle et prévoyait la " monarchie universelle ", mythe sur lequel reposa la complexité de la stratégie géopolitique de Charles Quint. Son projet impérial témoigne d'un ambitieux programme d'unification rationnelle des territoires dans un contexte de grande tension politique et religieuse et de conflits militaires. Dans la lutte pour l'hégémonie européenne, la rivalité avec le roi de France apparaît comme l'un des aspects marquants du règne, les territoires italiens constituant un enjeu de premier plan pour des raisons aussi bien stratégiques que symboliques. L'empire carolin, construction originale et unique en son temps, fut en définitive un véritable laboratoire politique de l'Europe moderne. OEuvre cependant jamais pleinement réalisée car, entravé par les rivalités de pouvoir et par les conflits religieux qui minaient l'unité du monde chrétien, Charles Quint fut constamment contraint de reporter ses plus hautes ambitions, qu'il emporta avec lui dans sa dernière demeure, au monastère de Yuste.
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement qui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers "ceux de la religion" - hommes, femmes, vieillards, nourrissons...
Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ?
Comment une "exécution préventive" de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture.
La Saint-Barthélemy n'est l'oeuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'État. Cet effort de restauration politique va ouvrir la voie à l'absolutisme des Bourbons.
Banquiers, maîtres de Florence, papes, humanistes et mécènes, les Médicis ont incarné la Renaissance italienne. Du XIVe au XVIIIe siècle, ils ont été des acteurs majeurs de l'échiquier politique européen.
De Cosme l'Ancien à Laurent le Magnifique et Cosme Ier, premier grand-duc de Toscane, l'ascension des Médicis a été exceptionnelle : ils ont marié leurs filles à des rois, ont prêté de l'argent aux monarques, sont devenus papes et ont été au coeur des grands courants sociaux, culturels et politiques de leur temps. Rois sans couronne, ils ont été les maîtres de la République de Florence.
Encourageant et subventionnant les génies naissants, la Renaissance toscane a rayonné grâce à eux du plus magnifique éclat.
De la Florence de Dante à la veille de la Révolution française, Marcel Brion fait revivre les passionnants destins de cette captivante lignée.
Ce livre raconte plusieurs histoires en une. D'une part, celle d'une des académies les plus originales et les plus productives de la fin de la Renaissance florentine, l'académie des Alterati (1569-ca. 1630). D'autre part, celle d'un groupe social restreint, constitué de quelques dizaines de jeunes patriciens florentins que le pouvoir médicéen ne voyait pas d'un bon oeil parce que leurs ancêtres avaient lutté pour maintenir la République oligarchique. Ces jeunes nobles firent de leur académie un lieu où occuper leurs loisirs et partager leurs plaisirs - artistiques et autres -, mais aussi un collectif où travailler ensemble à leur intégration dans la société de cour médicéenne.
En troisième lieu, ce livre raconte l'histoire d'un corpus de documents, aujourd'hui dispersé, mais qui constituait jadis le fondement de toutes les activités des « Altérés ». Ces milliers de folios de documents, pour l'essentiel restés à jamais manuscrits - et très largement inexplorés - contiennent des discours académiques, des lettres, des registres d'activité, des dialogues, des poèmes collectivement corrigés, etc. Leur analyse permet de suivre au jour le jour les activités des Alterati pendant près de six décennies, et d'examiner, à travers la forme matérielle que prirent leurs travaux, comment émergèrent en leur sein, au fil de leurs débats, des horizons intellectuels collectifs.
Par l'entrelacement constant de ces trois histoires, ce livre en raconte enfin une quatrième : celle des actions, activités et discours qui, au sein de l'académie des Alterati, ont participé à la constitution de l'esthétique en savoir (et en savoir-faire) d'un type nouveau. À travers le cas des Alterati, ce livre pose ainsi la question de la formalisation des savoirs et pratiques esthétiques qui sont aujourd'hui les nôtres - et celle des liens entre leur émergence et la montée en puissance de l'autoritarisme politique moderne, au sein des aristocraties européennes de la première modernité.
Denis Crouzet a profondément renouvelé l'histoire du XVIe siècle.
Ses analyses particulièrement novatrices ont redonné au siècle de la Réforme et des troubles de religion toute sa complexité. La Renaissance est devenue sous sa plume un temps d'angoisse et de violence, éclairé de quelques rêves aussi, et animé de grandes figures dont il a renouvelé l'approche : Catherine de Médicis, Michel de L'Hospital, Calvin, Charles Quint, Nostradamus, Christophe Colomb.
Ce volume de mélanges a été composé par les très nombreux amis et élèves de Denis Crouzet, qui souhaitaient lui rendre hommage et le remercier. Les articles évoquent la figure de cet historien à l'imagination sans limites, ainsi que l'histoire des pouvoirs, des croyances, des conflits et des confrontations interconfessionnelles.
Denis Crouzet, né en 1953, a été professeur à l'université Lyon III de 1989 à 1994, puis professeur à la Sorbonne de 1994 à 2021, où il marqué des générations d'étudiants.
Spécialiste de l'histoire du XVIe siècle, il s'est penché sur la violence, les affrontements interconfessionnels et les modes de gouvernement. Auteur de Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion (Champ Vallon, 1990). il a profondément renouvelé notre connaissance des guerres de religion.
Au XVIe siècle, de profondes transformations vont bouleverser le christianisme occidental : avec les Réformes protestantes, un monde religieux unifié sous la houlette de la papauté laisse place à une chrétienté éclatée, bientôt meurtrie par les guerres de Religion. Au monde médiéval succède la modernité. C'est cette histoire que retrace Pierre-Olivier Léchot plus de cinq cents ans après l'affichage (supposé), le 31 octobre 1517, des 95 thèses de Luther. En présentant les conditions d'émergence des Réformes protestantes et leurs destins à travers l'Europe, en insistant sur leur diversité et en s'arrêtant sur les grandes figures du mouvement réformateur (Luther, Zwingli, Calvin), il ne raconte rien de moins que des changements culturels et intellectuels qui ont durablement modifié le visage de l'Occident.
Nos aventuriers sont les humanistes. Leur quête : retrouver la culture antique perdue. En restaurant sa mémoire, ils fondèrent - souvent au péril de leur vie - une civilisation de la libre pensée, la nôtre. Ils s'engagèrent dans tous les domaines de la vie sociale, depuis la peinture jusqu'aux droits des colonisés, en passant par le théâtre, l'astronomie et la religion. Nous avons beaucoup à apprendre d'eux, en un temps où la liberté d'expression est à nouveau menacée. Jean-Christophe Saladin raconte les aventures de ces hommes et de ces femmes de la Renaissance qui surent puiser dans les immenses richesses occultées du passé pour construire leur avenir.
C'est un des rois les moins aimés de l'Ancien Régime, et l'un des plus méconnus, qui meurt sous le poignard du moine Jacques Clément.
Avec lui, au milieu des guerres de Religion qui n'en finissent pas, s'éteint la dynastie des Valois : un chapitre se referme, une autre histoire de la monarchie commence, inaugurée par l'accession au trône d'Henri de Bourbon. Avec ce successeur, la figure du prince tend à se détacher de la communauté des humains et acquiert, par l'investiture divine, une dimension d'absolu.
De ce règne presque oublié, Nicolas Le Roux restitue les desseins secrets et les drames sanglants. Il décrit un monarque hanté par l'ambition de pacifier le royaume, de réconcilier ses sujets et de régénérer l'autorité royale par la piété, la justice et la douceur. Il analyse les violentes résistances que les catholiques zélés opposent à ce rêve d'harmonie, jusqu'à faire la guerre à leur propre souverain. Faisant parler les voix et les passions de ces années terribles, l'auteur propose une lecture renouvelée de l'extrémisme ligueur, de ses pulsions meurtrières et de ses fantasmes tyrannicides.
Le dernier grand roi d'Espagne.
Rarement autant que Philippe II d'Espagne (1527-1598) un souverain de l'époque moderne n'a souffert d'une image si durablement négative. Les réalisations effectives de son règne en ont parfois été négligées, tout comme l'environnement culturel, politique ou religieux dont il était le produit et qui s'imposait à lui.
L'héritage que lui lègue son père, Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique, est un cadeau empoisonné : s'il ne parvient pas à recueillir la dignité impériale, il se trouve malgré tout placé à la tête d'une gigantesque " monarchie composée ". Celle-ci fait de lui le souverain d'entités politiques disposant chacune de droits particuliers, territoires souvent sans continuité géographique les uns avec les autres. La configuration d'un tel ensemble rend délicats son gouvernement et sa conservation. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un empire dispose d'une dimension véritablement mondiale. Il n'était pas forcément écrit que la présence de l'Espagne en Amérique ou en Asie serait pérenne. Autre évolution géopolitique majeure, l'expansion ottomane qui menace l'Europe chrétienne. Philippe II est également confronté au plus grand schisme de l'Eglise chrétienne d'Occident, la réforme protestante. La seconde moitié du règne est enfin marquée par l'émergence d'une nouvelle puissance maritime agressive, l'Angleterre. Il faut ajouter à cela ce que Geoffrey Parker appelle la " révolution militaire ", qui débute au XVIe siècle. Faire la guerre devient beaucoup plus onéreux, du fait de nombreuses évolutions techniques. Plus que jamais, il est nécessaire pour un souverain de maîtriser des mécanismes financiers complexes s'il veut asseoir sa suprématie.
Le présent ouvrage suit Philippe II confronté à ces formidables défis, en tentant de nuancer certains des lieux communs attachés à sa personne. Si on lui prête d'avoir laissé guider sa politique par un fanatisme religieux, les décisions implacables qu'il prend sont davantage inspirées par une " raison d'Etat " à laquelle il se voue sans limites. En dépit d'une foi intense qui a pu lui valoir à juste titre le qualificatif de " roi prêtre ", il instrumentalise bien souvent cette religion pour la mettre au service des intérêts de sa dynastie. La " monarchie catholique " est un empire expansionniste qui ne dit pas son nom. Présenter Philippe II comme un souverain " absolutiste " serait également anachronique. En revanche, il se dégage de cette biographie novatrice la figure d'un personnage animé d'une forme de misanthropie, de mépris pour ses semblables, qui, s'accusant avec les années, est responsable en bonne partie des grands échecs de la dernière décennie du règne, en particulier la défaite de "l'invincible armada".
Prix Historia de la biographie 2021
Dans les mémoires des sociétés contemporaines, la Renaissance est restée comme un temps de bonheur marqué par le retour à l'idéal antique, un âge d'or, symbole du passage à la modernité. Pourtant, les continuités avec la période médiévale sont souvent plus fortes que les ruptures ; et il est bien difficile de réduire l'Europe de la Renaissance à un seul courant intellectuel, artistique, religieux, pas plus que l'on ne peut l'enfermer dans un schéma homogène d'évolution politique, économique ou sociale. D'Érasme à Charles Quint, de Léonard de Vinci à Luther, de la découverte de l'Amérique aux guerres d'Italie, Alain Tallon retrace l'histoire des XVe et XVIe siècles européens. En écartant nos idéalisations, il en restitue la réalité multiple.
Tout bougeait au xvie siècle : les institutions les plus anciennes vacillaient, les royaumes se disloquaient, l'Église explosait. Dans cet univers chaotique des guerres de Religion, les apparences trompeuses, les mensonges et les ruses furent souvent nécessaires à la survie. Pour mieux le comprendre, cet ouvrage propose une plongée dans les tensions qui marquèrent la noblesse française dans le second xvie siècle. Il examine ainsi, à travers les portraits d'hommes et des femmes de pouvoir - Guy de Lanssac, les Guise, Mme de Montpensier, Anne de Joyeuse, etc. - les différentes formes de contestation de la légitimité politique et d'Henri III. L'auteur retrace ainsi les étapes de la construction des principales forces d'opposition à l'autorité du monarque, qu'il s'agisse de la nébuleuse constituée autour du duc d'Anjou ou des associations catholiques radicalement opposées à l'idée qu'un hérétique puisse prétendre à la couronne. À l'issue de ce parcours, c'est bien le fascinant portrait kaléidoscopique d'un royaume que dessine Nicolas Le Roux.
Il y a cinq siècles, le Moyen Age passait à la Modernité.La plupart des dates clés sont le témoin d'événements fondateurs : 476 marque la fin de l'empire romain d'Occident, 1453 la chute de Constantinople. Dans ce paysage, 1520 est l'exception qui confirme la règle. Année en suspens, elle se caractérise non par un événement majeur mais par une multiplication de faits qui font basculer le Moyen Âge dans la modernité.
En 1520, les rivalités européennes s'exacerbent. Deux jeunes souverains, Charles Quint et François Ier, rêvent d'empire universel. L'Europe se fragmente, dans la magnificence du camp du Drap d'Or, alors qu'un ennemi pressant se réveille à l'Est, avec l'avènement de Soliman le Magnifique. À ces tensions s'ajoute une dynamique d'expansion : suivant l'Espagne, la France et l'Angleterre se lancent dans la conquête de nouveaux territoires tandis que le Portugal étend sa domination du Brésil à la Chine.
1520 est aussi l'année des grandes découvertes, avec Magellan, et d'une profonde mutation de la connaissance du monde. Celle-ci encourage la critique d'une société en proie au doute et aux rêves d'âge d'or, au milieu de laquelle Luther apparaît comme une force de dissolution du monde chrétien.
Guillaume Frantzwa brosse avec talent les soubresauts de cette époque qui préfigure l'émergence d'un nouvel ordre mondial : celui de l'Europe moderne.
Archiviste paléographe et docteur en histoire de l'art à l'université Paris-I, Guillaume Frantzwa est conservateur du patrimoine au Centre des Archives diplomatiques.
La grande synthèse non conformiste sur la Renaissance Française (1450-1550), par le plus fin connaisseur du sujet, en une forme accessible et abordable.La France, au XVIe siècle, se serait réveillée après une longue nuit, le Moyen Age, pour embrasser avec éclat et gourmandise la modernité. La civilisation française, avec ses us et coutumes, son élégance et son esprit, était née. Si depuis quelques années les historiens ont largement nuancé cette vision simpliste, ils ont convenus de la réalité de la révolution culturelle qu'aurait été cette Renaissance du XVIe siècle. Il reste pourtant un fait incontestable : si le joli tableau brossé à coup d'affirmations et d'exemples pris çà et là depuis deux siècles peut effectivement faire illusion, les auteurs de cette peinture ont effacé ou oublié, pour fabriquer cette féérie, une foultitude des personnages, d'évènements et d'idées.
Les hommes du temps n'avaient en réalité rien de progressiste, bien au contraire. Les nouveautés, qui occupent une place très secondaire, ne touchèrent qu'une toute petite minorité de privilégiés. C'est donc à une redistribution des rôles que ce livre est consacré, afin de proposer une autre réalité de la Renaissance française, celle que la majorité des individus vécurent, celle qui faisait leur quotidien. L'auteur montre notamment qu'il ne s'agissait alors pas d'inventer un monde nouveau, mais bien de rétablir une splendeur passée, un âge d'or où les hommes vivaient en harmonie, épargnés des fléaux bien réels de l'époque : les guerres, les épidémies et les famines. Bref; que le désir d'un retour à un passé fantasmé l'emportait sur la conviction de vivre un grand bond en avant. Une remise en perspective salutaire servie par une plume exemplaire.