Au début des années 60, Marc Jimenez, un jeune instituteur de l'Aude, s'installe en Picardie. Il y découvre les paysages du Nord, le gris et la brume, l'humidité et les visages rubiconds sous les casquettes mouillées... Mais aussi le corps chaud des femmes, la photographie et l'amour qui le retient dans ce paysage mélancolique.
Un récit dense, émouvant et sensuel.
" Sonneries du téléphone, ne décroche pas.
La voix dit " 0 Vicente nâo venhas buscur-me torde ", Vincent ne viens pas me chercher trop tard. Il met la casserole sur la gazinière, pose du cafetière au coin du buffet, prend le paquet entamé sur l'étagère. Cuiller à la main, soudain les larmes l'envahissent. L'arabica, fine pluie noire. Plein l'évier. " Ce soir il sait qu'il est temps. Après il n'aura plus le courage. Le voyage lui fera peur. Le mot fantômes.
Il a laissé en France toute une vie, pas plus dur que ça, des amours, des sentiments, une haleine sur vous le matin, des rires d'enfant. Un coin de terre pleine de silex dons un cimetière de Picardie. "
« Tout avait pourtant commencé comme il était convenu : on sortait des ruines de la guerre, on faisait du neuf, du propre, on voyait apparaître peu à peu le confort du formica et du plastique, de la télé et de la voiture. On la devinait bien cette vie, c'était à ces détails près la même que celle de nos parents.
Et puis. il y eut mai 68. J'avais vingt et un ans. Autant dire que ce fut une révélation qu'un premier amour. L'éblouissement durable de l'engagement social et culturel, et enfin, en 1977, la possibilité de « changer le monde ». Rien de moins. »