Dans Mon coeur les écoute, Gisèle Prassinos nous engage dans les voies mystérieuses de la gestation ; vie et poésie s'y rejoignent. L'auteur se partage entre deux désirs contraires et complémentaires : entre l'appel du retour au sein maternel, à la protection, l'abri, entre le refus de la lutte, le rejet des angoisses que comporte la destinée humaine, l'aspiration au vide aussi, à l'absence de pensée, puisque la pensée est déchirement et douleur, et, de l'autre côté, le souhait, le besoin, la passion d'être mère elle-même, de créer, de produire, de protéger, de donner. Il y a conflit chez elle - et tel, sans doute, est le cas dans la plupart des vies humaines -, conflit entre involution et évolution, si bien que la poétesse surgit devant nous comme une figure de proue... elle monte la garde et nous communique dans les symboles de son oeuvre toutes les clefs de notre sort.(Par Rosemarie Kieffer, À l'écoute de Gisèle Prassinos, revue Brèves, 1997) Édité aux éditions Liasse en 1982, puis chez HB éditions en 1998, Mon coeur les écoute intègre aujourd'hui la collection de poche «Récidives» du Mot fou éditions. « Le ton de Gisèle Prassinos est unique, tous les poètes en sont jaloux » André Breton
" Essentielle demeura un moment d'extase.
Ensuite, ne pouvant réprimer sa joie, elle se jeta sur l'homme endormi et le couvrit de baisers. A bientôt, lui murmura-t-elle, à bientôt mon cher mari ! Et elle s'en fut effacer les traces de ses larmes miraculeuses, décidée à se parer dignement, afin de célébrer le plus heureux des jours "
" Le ton de Gisèle Prassinos est unique : tous les poètes en sont jaloux " a écrit André Breton.
C'est l'une des deux seules femmes à figurer dans son Anthologie de l'humour noir. Mais celle dont les surréalistes admiraient les poèmes de jeunesse ne s'est pas contentée de cela: loin des modes et des écoles, elle a poursuivi une carrière toute personnelle de poète, d'écrivain et de plasticienne. On retrouvera dans ce recueil de nouvelles inédites son ton inimitable, fait tout à la fois d'humour souvent grinçant et d'une touche, tantôt de grotesque, tantôt de fantastique.
Et si l'on est intimidé par le titre de la première nouvelle, qu'on se rassure: Socrate, ici, est un chat...
Le Dedans, c'est la demeure familiale dont l'intendante est la mère et qui offre sécurité, repos, confort; qui permet des sensations délicieuses grâce à l'amitié de ses meubles, de ses objets, grâce aux odeurs ménagères et aux flammes des veilleuses. Le Grand Repas est un rite, la fête saisonnière qui célèbre le Dedans.La ville, les routes, les magasins, les habitations étrangères et ceux qu'on ne peut éviter d'y rencontrer, la nature elle-même, composent un monde féroce: Le Dehors.Celui qui parle est un homme demeuré enfantin mais moins simplement qu'il ne le paraît. Sensible, tendre et confiant dans la paix de ses murs au point d'y accueillir un mort de la famille, qui s'est tué jadis par amour, il devient timide, craintif, angoissé, cruel même dès qu'il les quitte, jusqu'à transformer chacune de ses sorties en une aventure terrifiante.Oscillation entre la rêverie sur les choses familières et l'imagination de spectres et de monstres: on retrouve là ce qu'on a toujours admiré chez Gisèle Prassinos, la double postulation vers une intimité féerique et vers une étrange démoniaque.