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LAURE VERNIERE
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« Je connais le fond, dit-elle. Je le connais par ma grande racine :
Qu'est-ce qui vous fait peur ?
Moi je n'ai pas peur : je suis allée là-bas.
Est-ce la mer que vous entendez en moi, ses insatisfactions ?
Ou la voix du rien qui fut votre folie ?
J'ai souffert l'atrocité des soleils couchants, Écorchée jusqu'à la racine Mes fibres rouges brûlent et se crispent, une poignée de barbelés.
Je suis habitée par un cri.
Chaque nuit il sort à tire d'aile Cherchant, de ses crochets, quelque chose à aimer.
Je suis terrifiée par cette chose sombre Qui dort en moi ;
Tout le jour je sens ses manèges, doux et feutrés, sa malveillance.
Des nuages passent et se dissipent.
Seraient-ce les visages de l'amour, leur pâleur irrémédiable ?
Est-ce pour cela que je me bouleverse le coeur ? » S. P.
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« Je me parle à moi-même, à moi seule, à l'écart.
Je suis barbouillée toute rouge de désinfectants, prête au sacrifice.
L'attente pèse lourd sur mes paupières.
Elle pèse comme le sommeil.
Comme le poids de la mer. Très au loin, je sens la première vague Marée inévitable qui trimbale vers moi, sa cargaison d'agonie.
Et moi, coquillage résonnant sur cette page blanche J'affronte ces voix calamiteuses, cet élément terrible. »