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JEAN-BAPTISTE PARA
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Les impardonnables fait partie de ces livres qu'il suffit à l'homme d'ouvrir pour que sa vie s'éclaire d'une aurore durable. S'il nous fait don d'une parole nourricière, c'est qu'en lui chaque mot fut pesé sur le trébuchet du coeur, passé au tamis d'une rigueur patiente et d'une ascèse limpide. Car Cristina Campo fut bien cette «maîtresse et reine de la prose» que reconnut en la lisant Giorgio Manganelli. Qu'elle nous parle des contes de fées ou des tapis d'Orient, des Mille et Une Nuits ou des Pères du désert, de John Donne, de Marcel Proust ou du chant grégorien, toujours son regard porte plus loin que les décrets du visible. Mais qui est en vérité Cristina Campo ? Une silhouette élégante et sévère ? Un pacte entre la force et la grâce ? Une «trappiste de la perfection» ? Assurément. Ayant peu écrit, elle déclarait qu'elle eût aimé écrire moins encore. Son legs est dans Les impardonnables, aujourd'hui notre viatique.
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En avril 1927, dans un entretien au journal Prager Presse Maïakovski déclara :
« Ma plus récente passion est la littérature pour la jeunesse. Il est nécessaire de familiariser les enfants avec des notions nouvelles, avec une nouvelle approche des choses. Mon vif intérêt pour le sujet a récemment donné lieu à deux livres... » Quelques jours plus tôt, Maïakovski avait remis au Département de littérature pour la jeunesse du Gosizdat [Maison d'édition d'État fondée en mai 1919] le manuscrit de deux poèmes pour les enfants Le Cheval de feu et Tu lis et tu t'débines à Paris et en Chine. En mai de la même année, le poète évoqua de nouveau ces livres dans un entretien publié par le journal Epokha : « Je souhaite inspirer aux enfants quelques idées fondamentales sur la société. En procédant, bien sûr, avec toute la précaution requise.
Je raconte notamment une petite histoire à propos d'un cheval à roulettes. Je saisis cette occasion pour expliquer aux enfants combien de personnes ont dû collaborer à la fabrication d'un tel cheval.
Il y a par exemple un menuisier, un peintre, un tapissier. Ainsi, l'enfant se familiarise avec la nature sociale du travail. » Le Cheval de feu, superbement
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Une malle pleine de gens (essai sur Fernando Pessoa)
Antonio Tabucchi
- Folio
- Folio
- 23 Février 2012
- 9782070338450
La malle, c'est celle qui fut ouverte en 1968, 33 ans après la mort de Fernando Pessoa, et dans laquelle on découvrit plusieurs milliers de manuscrits signés de différents pseudonymes qu'il appelle ses « hétéronymes ».
Amateur éclairé de la littérature portugaise et surtout de l'oeuvre de Fernando Pessoa dont il fut aussi le traducteur, Antonio Tabucchi déballe avec tendresse et curiosité les nombreux manuscrits laissés par Fernando Pessoa et signés par la foule de ses hétéronymes. Il porte un regard sur l'oeuvre, interroge l'écriture de celui qui fut sans doute le poète le plus mystérieux du XXe siècle. Pointu, vivant, cet essai fera le régal des amoureux de Pessoa.
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La Crèche est un texte inédit retrouvé dans les archives de Manganelli au lendemain de sa mort et resté secret du vivant de son auteur. Dans ce texte, Manganelli se donne pour but d'entrer par effraction dans l'antre de la Nativité, c'est-à-dire sur la scène de naissance du monde dans lequel nous vivons.
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Lucio Mariani est un poète éminemment romain, non pas au sens topographique, bien qu'il soit né à Rome et y habite aujourd'hui encore, mais en termes de tradition culturelle. On a pu le dire proche d'un socle latin, rappelant Catulle pour l'élégance du vers, Martial pour les aiguillons de la satire épigrammatique, Virgile pour les riches résonances du paysage méditerranéen, Horace enfin dans l'alliage du stoïcisme et de l'épicurisme, dans l'alternance de la grâce et de la véhémence. Ces Restes du jour sont le carnet d'un randonneur humain parvenu à l'extrémité du cap, au pied d'un phare dont les éclairs tenaces de lucidité annoncent qu'il y a une plénitude dans ce qui ne dure pas, un accomplissement qui va plus loin que la perte. On ne manquera pas de percevoir chez ce poète un constant souci du monde, selon diverses lignes de tangence entre le poème et le temps où il nous est échu de vivre.
J.-B. Para
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Toute l'oeuvre de Manganelli tourne autour d'un questionnement ou d'un détournement de l'écriture; chacun de ses livres est un de ces météores noirs. Il s'avance dans la critique, dans le fait divers, relit Pinocchio ou Poe. Mais, avec Centurie, c'est à la maladie du roman qu'il s'attaque. À quoi bon ce ronron des histoires, si votre intrigue, son enjeu, sa manière et son dénouement, on peut tout faire tenir en une page ?
Alors ce serait une sorte de rictus. Mais Giorgio Manganelli, affrontant le défi de 100 romans d'une seule page, doit bien déplier 100 fois le dispositif possible. Alors c'est toute la gamme du fantastique, tout le spectre narratif de la langue qui sont convoqués.
Son métier est le rêve (72), Il se réveille au milieu de la nuit et prend clairement conscience de n'avoir rien compris aux Allégories de sa propre vie (84), Cet homme est mal à l'aise, c'est évident (87), Dans la ville à demi abandonnée, dévastée par la peste et par l'histoire, vivent quelques habitants qui déménagent continuellement d'une maison à l'autre (88), Dans sa précédente incarnation, cet homme était un cheval (91), L'inventeur du cygne noir est un homme mélancolique (93), Un homme avide de rêves rêvait si abondamment que, dans l'immeuble où il habitait, personne d'autre ne réussissait plus à rêver (96), Un écrivain écrit un livre sur un écrivain qui écrit deux livres, l'un et l'autre sur deux écrivains, dont l'un l'un écrit parce qu'il aime la vérité, l'autre parce qu'elle lui est indifférente [...] (100), même de recopier les 100 incipits est un formidable déclencheur d'imaginaire, ou d'écritures en cascade.
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Qu'est-ce pour vous que la poésie ? " demandait-on un jour à antonella anedda.
Et telle fut sa réponse : " c'est ma réalité, enfoncée dans ma vie : c'est une racine, et parfois une lame. " une racine qui la relie à la totalité de la terre et du cosmos, aux vivants et aux morts, à la parole même de ce qui semble ne pas avoir de voix. et une lame qui ouvre au monde, annonce une blessure, mais devient aussi l'emblème du tranchant de la poésie. la force d'un livre comme nuits de paix occidentale (1999) semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue oú le chant révèle sa part d'ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l'incandescente offrande de parole.
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Oeuvres poétiques ; le loup toqué ; anthologie poétique 1926-1958
Nikolai Zabolotski
- La Rumeur Libre
- La Bibliotheque
- 26 Janvier 2016
- 9782355770944
Le poète russe Nikolaï Zabolotski (1903-1958) est considéré dans son pays comme un « classique contemporain ». Membre fondateur de l'Oberiou aux côtés de Daniil Harms et d'Alexandre Vvendeski à la fin des années vingt, il prit une part essentielle à la rédaction de son Manifeste. La parution de son premier livre en 1929 suscita à la fois l'enthousiasme et le scandale. Après son compagnonnage avec la dernière avant-garde russe, Zabolotski eut maille à partir avec la censure lors de la publication de son poème utopique « Le Triomphe de l'agriculture » en 1933. « Obstinément et sauvagement incompris », il put cependant compter sur le soutien indéfectible de quelques amis écrivains. Arrêté en 1938 au moment de la Grande Terreur, Zabolotski fut d'abord déporté sur les rives du fleuve Amour, en Sibérie, puis transféré dans la région de l'Altaï en 1943. Libéré en 1944, il fut réintégré deux ans plus tard au sein de l'Union des écrivains.
Boris Pasternak, Joseph Brodsky et le cinéaste Alexeï Guerman, entre autres, ont dit l'admiration que leur inspirait ce poète dont l'oeuvre, jusqu'à ce jour, demeurait à peu près inconnue en France.
La présente anthologie embrasse tout l'arc de son itinéraire poétique et donne également à lire l'inoubliable récit de son arrestation et de sa déportation à Komsomolsk-sur-l'Amour.
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Cette anthologie (première publication en France) présente l'oeuvre de Vera Pavlova, jeune poète russe.
Véra Pavlova est née à Moscou en 1963. Musicienne et musicologue, diplômée de l'Académie de musique Gnessin, elle a d'abord pensé devenir compositeur. Cependant, autour de sa vingtième année, l'appel d'une autre vocation se fit entendre et Véra Pavlova comprit que la poésie serait pour elle " la voie privilégiée d'exploration de l'espace spirituel ". Elle est aujourd'hui considérée en Russie comme l'un des poètes majeurs de sa génération et a reçu en 2000 le grand prix Apollon Grigoriev. Cette anthologie, établie par Jean-Baptiste Para, est le premier ouvrage de Véra Pavlova publié en France.