Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
EMMANUEL HOCQUARD
-
Charles Reznikoff signe le récit de la vie d'un musicien, compositeur, dont la musique n'est comprise par personne. De Hollywood, où Jude Dalsimer gagne sa vie comme aide-scénariste, à New York où il revient après avoir perdu son emploi, son parcours est transmis dans ses différentes rencontres avec un ami d'enfance, devenu voyageur de commerce, qui va parler avec lui - et écouter la musique qu'il a composée ; sans l'apprécier.
Dans Le musicien, tout fonctionne à partir d'un matériau qui se dédouble : notes d'observation, prélèvements autobiographiques et portrait des États-Unis pendant la Grande Dépression (chômage, misère, difficile intégration des immigrés, notamment des Juifs) ; notes de Charles Reznikoff (le roman puise dans son expérience à Hollywood, de mars 1937 à juin 1939, comme chercheur et lecteur de scénario). L'articulation entre l'écriture poétique de Reznikoff et la poursuite d'un roman est passionnante sous l'angle du document et de son traitement, de sa retranscription, pour en faire un bref et grand récit américain sur la pensée d'un créateur.
The Manner Music, de Charles Reznikoff paraît chez Black Sparrow Press en 1977, un an après sa mort, avec une préface de Robert Creeley. Le livre, traduit en français par Emmanuel Hocquard et Claude Richard, paraît chez P.O.L en 1986. Il est réédité ici pour la première fois avec la préface de Robert Creeley. -
Six parties composent le livre : «Cinquième prose», «Série Baudelaire», les deux parties intitulées «C» ainsi que celles (doubles encore) répondant au titre du livre, «Sun». Certaines avaient déjà paru dans des traductions différentes : «Série Baudelaire» traduit par Emmanuel Hocquard et Philippe Mikriammos (Éditions Royaumont, 1989), «Sun» paru en 1990, dans la traduction de Richard Sieburth aux Éditions Ulysse-Fin de siècle. Dominique Fourcade écrit : «dans le mot Sun (tel qu'inventé par Michael Palmer, sombre et surexcitant) / je ne vois ni soleil ni sentinelle». L'écriture de Palmer n'est pas une représentation de l'expérience vécue, au sens traditionnel du terme, et ne suit pas non plus un trajet linéaire. Ce sont des «filaments de discours» et des «tonalités brisées» qui remettent en question le caractère de la première personne comme sujet. «Un projet, donc, de penser contre», qui exige du lecteur un travail comparable à l'écriture elle-même.