Nicole Garcia
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« L'histoire d'"Un coeur simple" est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet : quand le perroquet est mort, elle le fait empailler, et, mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Ce n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles, en étant une moi-même. » G. F.
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Je m'appelle Anna Livia est le récit âpre, tendu entre noir et lumière telle une tragédie grecque, de l'irracontable, l'inceste. Deux voix - celle d'une femme depuis longtemps partie du domaine, la mère d'Elisabeta, qui questionne ; celle du serviteur Josefino qui revit la découverte, un matin, du corps suicidé de son maître -, et un silence hanté : « Ainsi c'était déjà là. C'était là avant que de se faire. Comme dérivant à la surface d'un rêve obscur. Avant même qu'elle ait pu penser. Un jour peut-être. » Sa mère l'appelle, par-delà la violence de sa propre histoire : celle d'une fille de la basse ville « achetée » par un riche propriétaire, et, sans un mot, arrachée à son enfance. Alors s'écrit ce qui n'a pu être dit ni pensé : « Son père, il est tout ce qu'elle sait et tout ce qu'elle possède, dans l'insondable nostalgie jamais apaisée du temps d'avant, de ce temps mystérieux, enfoui au plus profond, où elle vivait en quelqu'un d'autre, le temps de l'unité maintenant perdue. »
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On ne part pas on ne revient pas
Hélène Cixous
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 2 Avril 1992
- 3328140000979
Ce texte a été enregistré en lecture publique le 24 novembre 1991 à Lille au théâtre de La Métaphore.
« Partirons-nous ? Dans l'amour, nous séparerons-nous ? Cela dépend de toute notre vie - de toutes nos séparations antérieures, lointaines. Trancherons-nous dans l'enchevêtrement d'amour et d'amour-fui que des dizaines d'années ont tissé autour de nous, sans savoir si nous y perdrons la vie, la mort ? Cela dépend de tous nos deuils réveillés. Toutes, nous avons autrefois perdu un enfant, tous, un enfant nous a déjà tués. Cet enfant nous tuera-t-il, ce Franz ? Cette histoire serait une tragédie. Un enfant merveilleux, mort mais immortel, un enfant non-voyant, venu et disparu, hante, sépare-unit un couple extrême : elle - poésie, lui - musique. Tous deux aveugles. Entre leurs cécités : la musique. Clara, Nathanaël, le grand chef d'orchestre vivent un jour d'apocalypse. Tout ce qu'ils craignent, sera-t-il exaucé dans une heure ? Resterons-nous, - à la fin - qui reste ? » H.C.
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Les textes qui composent cet enregistrement, pièce de théâtre, poèmes, et extraits de recueils, choisis par l'auteur, sont autant de jalons dans cette difficile conquête.
« L'Incessant met en présence un homme et une femme qui s'affrontent avec âpreté. Cet homme et cette femme sont en chacun de nous. À certains moments de crise, ils se déchirent, nous harcèlent. Mais la décision qui clôt le débat n'est jamais définitive. À tout instant elle peut être remise en cause. Alors l'affrontement recommence. Maintes et maintes fois. À moins qu'un jour l'homme cède et qu'une seconde naissance l'introduise à une nouvelle vie. » C.J.