Daniel Mesguich
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La Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent., les masques tombent.
Ce récit est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits; les effets en sont soulignés à l'encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C'est l'histoire, "excessivement répugnante ", dit l'auteur, d'un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s'inflige. Et son personnage est celui qui ne peut plus aimer, ni être aimé: le conflit qui se déroule dans une famille bourgeoise prend une ampleur mythique.
Seuls quelques éléments comiques ou grotesques permettent de libérer de l'oppression du cauchemar.
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Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l'aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d'un de ses maîtres ; l'admiration et la recherche inconsciente d'un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d'idolâtrie, de soumission et d'un amour presque morbide.
Freud a salué la finesse et la vérité avec lesquelles l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs restituait le trouble d'une passion et le malaise qu'elle engendre chez celui qui en est l'objet.
Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l'un des chefs-d'oeuvre du grand écrivain autrichien.
L'exceptionnel talent de Daniel Mesguich lui permet une interprétation inspirée de ce texte, qui en respecte toutefois la bouleversante sobriété. -
Le train d'Erlingen ou La métamorphose de Dieu
Boualem Sansal
- Gallimard
- Ecoutez Lire
- 10 Janvier 2019
- 9782072828171
«Je plaisante, je plaisante, mais la situation est affreusement désespérée. L'affaire était louche dès le début pourtant, l'ennemi n'est pas tombé du ciel, il sortait bien de quelque trou, verdammt, un enfant l'aurait compris. Quand avons-nous cessé d'être intelligents ou simplement attentifs ?» Ute Von Ebert, dernière héritière d'un puissant empire industriel, habite à Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande. Sa fille Hannah, vingt-six ans, vit à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique, Ute lui raconte la vie dans Erlingen assiégée par un ennemi dont on ignore à peu près tout et qu'elle appelle «les Serviteurs», car ils ont décidé de faire de la soumission à leur dieu la loi unique de l'humanité. La population attend fiévreusement un train qui doit l'évacuer. Mais le train du salut n'arrive pas. Et si cette histoire était le fruit d'un esprit fantasque et inquiet, qui observe les ravages de la propagation d'une foi sectaire dans les démocraties fatiguées ? Comme dans 2084, Boualem Sansal décrit la mainmise de l'extrémisme religieux sur les zones fragiles de nos sociétés, favorisée par la lâcheté ou l'aveuglement des dirigeants. Sylvia Bergé et Coraly Zahonero de la Comédie-Française incarnent avec force les héroïnes d'un récit surprenant, énigmatique et tumultueux.
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Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci
Sigmund Freud
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 1 Juillet 2004
- 3328140020229
Dans ce texte, écrit en 1910, Freud s'attache à étudier le processus de la création artistique chez Léonard de Vinci. Il part d'un des premiers souvenirs rapporté par le peintre. Pour Freud, il s'agit plutôt d'un fantasme, qu'il appellera « le fantasme au vautour » que Léonard « s'est construit plus tard et qu'il a alors rejeté dans son enfance ». Derrière, se cache « la réminiscence d'avoir tété le sein maternel, scène d'une grande et humaine beauté qu'avec beaucoup d'artistes Léonard entreprit de représenter dans ses tableaux de la Vierge et l'enfant ». Composé « du double souvenir d'avoir été allaité et baisé par la mère », ce fantasme fait « ressortir l'intensité du rapport érotique entre mère et enfant ». Le singulier sourire énigmatique de la Joconde ou de sainte Anne s'éclaire alors d'être trace de ce que « sa mémoire conserva comme la plus puissante impression de son enfance ».
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Ce recueil se compose de quatre essais écrits en 1936 et 1937, publiés en 1950. Noces à Tipasa évoque un «jour de noces avec le monde». Sur la plage de Tipasa, dans les odeurs sauvages de l'été d'Algérie, un jeune homme, fils d'une «race née du soleil et de la mer», chante sa joie de vivre dans la beauté et son orgueil de pouvoir aimer sans mesure. Le Vent à Djémila. Au crépuscule, dans le décor tragique d'une ville morte traversée par le vent, l'auteur exprime sa «certitude consciente d'une mort sans espoir». Mais l'horreur même de cette mort ne l'en distraira pas. Jusqu'au bout, il sera lucide. L'Été à Alger est une description psychologique d'une ville sans passé qui ignore le sens du mot vertu, mais qui a sa morale et où les hommes trouvent «pendant toute leur jeunesse une vie à la mesure de leur beauté». Le Désert. Partant de la leçon des grands peintres toscans, l'auteur s'approche de cette «double vérité du corps et de l'instant [...] qui doit nous enchanter mais périr à la fois». Il découvre que l'accord qui unit un être à sa vie, dans un monde dont la beauté doit périr, est la «double conscience de son désir de durée et son destin de mort». Notre salut est sur la terre où le bonheur peut naître de l'absence d'espoir. D'une voix suave et éloquente, Daniel Mesguich restitue le lyrisme vibrant d'un recueil de nouvelles qui célèbre une Algérie sublime, où l'homme et la nature communient. L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.
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On ne part pas on ne revient pas
Hélène Cixous
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 2 Avril 1992
- 3328140000979
Ce texte a été enregistré en lecture publique le 24 novembre 1991 à Lille au théâtre de La Métaphore.
« Partirons-nous ? Dans l'amour, nous séparerons-nous ? Cela dépend de toute notre vie - de toutes nos séparations antérieures, lointaines. Trancherons-nous dans l'enchevêtrement d'amour et d'amour-fui que des dizaines d'années ont tissé autour de nous, sans savoir si nous y perdrons la vie, la mort ? Cela dépend de tous nos deuils réveillés. Toutes, nous avons autrefois perdu un enfant, tous, un enfant nous a déjà tués. Cet enfant nous tuera-t-il, ce Franz ? Cette histoire serait une tragédie. Un enfant merveilleux, mort mais immortel, un enfant non-voyant, venu et disparu, hante, sépare-unit un couple extrême : elle - poésie, lui - musique. Tous deux aveugles. Entre leurs cécités : la musique. Clara, Nathanaël, le grand chef d'orchestre vivent un jour d'apocalypse. Tout ce qu'ils craignent, sera-t-il exaucé dans une heure ? Resterons-nous, - à la fin - qui reste ? » H.C.
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« Marpa fut très remué lorsque son fils fut tué, et l'un de ses disciples dit : Vousnous disiez toujours que tout est illusion. Qu'en est-il de la mort de votre fils,n'est-ce pas une illusion ?". Et Marpa répondit : "Certes, mais la mort de mon filsest une super-illusion." »Pratique de la voie tibétaine La Chambre claire se présente au départ comme un essai sur la photographie. À ce titre, il est devenu une référence majeure. Mais il s'agit aussi et surtout d'un superbe récit. Au moment où Roland Barthes découvre le lien essentiel entre la photographie et l'épreuve intime qui l'obsède - la mort de sa mère -, il parvient à nous emporter dans un cheminement à la recherche du temps perdu et de l'être aimé. Comme l'explique Benoît Peeters dans l'entretien qui accompagne ici la bouleversante lecture de Daniel Mesguich, l'expérience la plus noire devient alors lumineuse; c'est pourquoi ce livre, peut-être le plus beau de Roland Barthes, ne s'appelle pas la chambre obscure, mais bien La Chambre claire."
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L'Iliade des femmes ; récit homérique à deux voix
Daniel Mesguich, Emmanuel Lascoux
lu par Daniel Mesguich; Emmanuel Lascoux- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 28 Novembre 2016
- 3328140021653
« Qu'est-ce qu'une femme ? Une déesse mortelle. Une déesse ? Une femme immortelle. Qui parle ? Le Poète (inutile, autrefois, de préciser "Homère"), dans l'Iliade, notre naissance en littérature.
Loin d'être la faiblesse des hommes et des dieux, la femme et la déesse sont la force du chant : tout part de la déesse invoquée ; tout remonte à Hélène, la femme désirée, selon le vouloir d'Aphrodite. Elles sont là, reines, mères et filles, soeurs et épouses, amantes ou solitaires. Inséparables des hommes et des dieux. Bien avant que Flaubert soit Emma Bovary, Homère est Andromaque, Hécube, Athéna, Chryséis, toutes ! La guerre de Troie, il fallait, mieux que de la lire, qu'on l'entende d'elles.
Car l'Iliade n'est pas un livre : elle est femme, donc chant. Doublement. Daniel Mesguich, fils aimé de la Muse française, déploie l'étoffe de notre langue tissée ici pour lui par Emmanuel Lascoux, helléniste rêveur à haute voix de grec ancien, et l'invite à y broder le fil antique. » E.L.
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Il y a plus de trois siècles, naissait Rousseau. Ces anniversaires ont bien souvent des allures de mausolées érigés en l'honneur de grands hommes qu'on ne célèbre que pour mieux s'autoriser à oublier leur pensée. Mais à cette aune, Jean-Jacques fait encore aujourd'hui de la résistance. C'est ce que montre Jean-Paul Jouary dans ce « Rousseau, citoyen du futur » qui, au-delà des élèves et étudiants, s'adresse à toutes celles et ceux qui cherchent à inventer de nouvelles formes politiques propres à réconcilier la citoyenneté de chacun avec les exigences collectives de toute vie sociale.Au service de cette pensée dont l'acuité est trop souvent noyée sous les lieux communs, Daniel Mesguich met un mélange de subtilité, de véhémence et de conviction qui rend enfin justice à l'analyste inspiré du Contrat social.
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La poésie amoureuse serait née avec Orphée qui, accompagné de sa lyre, chanta son amour à la belle Eurydice... De l'Antiquité à nos jours, dire l'amour n'a cessé d'être la préoccupation des écrivains et poètes. Si les formes poétiques ont évolué et se sont diversifiées, on retrouve pourtant à travers les époques l'expression d'une sensibilité, d'un désir à combler. Ovide, Ronsard, Hugo, Musset, Dickinson, Apollinaire, Char... Les plus grands auteurs, hommes et femmes, sont réunis dans cette anthologie qui propose plus de quarante poèmes d'amour. Daniel Mesguich met tout son talent d'interprète et la justesse de sa diction au service des poètes et de la langue amoureuse en ses infinies variations. Les poèmes écrits par des femmes sont admirablement dits par Catherine Berriane. « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aimeEt qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. »Paul Verlaine, « Mon rêve familier », Poèmes saturniens Table des poèmes 1 Introduction2 Sappho, « À une aimée »3 Catulle, « À Lesbie »4 Ovide, « Élégie III », Les Amours5 Pétrarque, « Sonnet 111 », Le Chansonnier6 Christine de Pisan, « Seulette suis... »7 Charles d'Orléans, « Chanson »8 Clément Marot, « Épigramme à Anne »9 Joachim du Bellay, « Baiser », Divers jeux rustiques et autres oeuvres poétiques10 Joachim du Bellay, « Ces cheveux d'or », L'Olive11 Louise Labé, « Sonnet 8 »12 Pierre de Ronsard, « Amour me tue et si je ne veux dire », Les Amours13 Pierre de Ronsard, « Maîtresse, embrasse-moi », Sonnets pour Hélène14 Pierre de Ronsard, « Amour, abandonnant les vergers de Cythères », Sonnets pour Hélène15 Pierre de Ronsard, « Marie, vous avez la joue aussi vermeille », Les Amours16 Pierre de Ronsard, « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose », Les Amours17 Jean de Sponde, « Il est vrai, mon amour était sujet au change »18 Jean de la Fontaine, « L'Amour et la Folie », Fables19 Marceline Desbordes-Valmore, « L'Amour », Poésies20 Alphonse de Lamartine, « À Elvire », Méditations poétiques21 Victor Hugo, « Elle était déchaussée », Les Contemplations22 Victor Hugo, « Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine », Les chants du crépuscule23 Gérard de Nerval, « Une allée du Luxembourg », Odelette24 Alfred de Musset, « Chanson de Fortunio », Poésies nouvelles25 Alfred de Musset, « Poème à George Sand »26 Emily Dickinson, « Folles nuits »27 Charles Baudelaire, « Parfum exotique », Les Fleurs du mal28 Charles Baudelaire, « Un hémisphère dans une chevelure », Le Spleen de Paris29 Charles Baudelaire, « À une passante », Les Fleurs du mal30 Paul Verlaine, « Mon rêve familier », Poèmes saturniens31 Paul Verlaine, « Green », Romances sans paroles32 Paul Verlaine, « Colloque sentimental », Les Fêtes galantes33 Arthur Rimbaud, « Roman », Cahier de Douai34 Arthur Rimbaud, « Aube », Illuminations35 Anna de Noailles, « Aimer, c'est de ne mentir plus », Poèmes de l'amour36 Anna de Noailles, « Quand tu me plaisais tant », Poèmes de l'amour37 Paul Valéry, « Les Pas », Charmes38 Renée Vivien, « Violettes blanches », Évocations39 Guillaume Apollinaire, « Le Pont Mirabeau », Alcools40 Guillaume Apollinaire, « Adieu », Poèmes à Lou41 Paul Éluard, « La Courbe de tes yeux », Capitale de la douleur42 André Breton, « L'Union libre », Clair de terre43 Robert Desnos, « J'ai tant rêvé de toi », Corps et biens44 René Char, « Allégeance », Fureur et mystère45 Mentions de copyright « Folles nuits », Esquisse d'une anthologie américaine du XIXe siècle, Emily Dickinson, trad. Pierre Leyris, Éditions Gallimard, 1995 ; « Adieu », Poèmes à Lou, Guillaume Apollinaire, Éditions Gallimard, 1915 ; « La Courbe de tes yeux », Capitale de la douleur, Paul Éluard, Éditions Gallimard, 1926 ; « Union libre », Clair de terre, André Breton, Éditions Gallimard, 1966 ; « J'ai tant rêvé de toi », Corps et biens, Robert Desnos, Éditions Gallimard, 1930 ; « Allégeance », Fureur et mystère, René Char,Éditions Gallimard, 1962.
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L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune
Brisville Jean-Claud
- Le livre qui parle
- 24 Mai 2008
- 3354622009802
Les deux philosophes les plus célèbres de leur temps se sont rencontrés à Paris, dans le couvent des Minimes, durant plusieurs heures, à huis clos, le 24 septembre 1647. Blaise Pascal avait alors 24 ans et était déjà très malade et René Descartes, 51 ans. De cet entretien historique, rien n'a filtré, sinon une ou deux notes jetées sur le papier par l'un et l'autre. Jean-Claude Brisville a imaginé librement cette conversation entre deux hommes qui se découvrent progressivement à l'opposé l'un de l'autre. Descartes rationaliste, réaliste, pragmatique même, militaire, homme de voyage, bon vivant ne dédaignant ni la bonne chère ni le beau sexe ; Pascal maladif, tourmenté, mystique ardent, intransigeant, exaltant la souffrance et la mort.
Ces lointaines paroles échangées sont un exact miroir tendu à notre propre temps.
On se régale à écouter cette joute interprétée avec ferveur (Marion Thébaud, Le Figaro) Passionnants affrontements d'idées dans une perspective entre le savoir et le croire, la raison raisonnante et le dogmatisme sectaire (Henri Lépine, La Marseillaise) C'est pour ce bonheur partagé, pour ce duo de virtuoses à la troublante ressemblance qu'on aimera la pièce (N.V.E., Le Point) Leur joute autour de la raison, de la foi, de Dieu et de la science est d'une rare intelligence (Figaroscope)
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Lune, conte musical de Gérard Gastinel
Bruno Raymond-Damasio
- La mandarine
- 2 Janvier 2014
- 3760087440010
En création mondiale, un projet artistique et pédagogique proposé par Marc Morel et Sylvie Couderc, professeurs de piano au conservatoire municipal du XVe arrondissement de Paris. L'histoire se passe aux premiers temps du monde, la nuit n'existait pas encore. Une fillette aux cheveux d'or vivant au bord d'un lac sauve une vieille femme qui s'enfonçait dans la vase. Pour la récompenser, celle-ci lui offre un coffret d'argent magique. En ouvrant et fermant régulièrement ce dernier, la fillette découvre qu'elle peut créer le jour et la nuit. Mais ce pouvoir à un prix, la vieille femme explique alors : « Écoute, il me semble qu'à la nuit manque une lumière douce pour guider le marin, accompagner le voyageur, réunir deux amants. Si tu acceptes, ce sera toi, mais il te faudra alors abandonner ce lac, ce pays, ton village, et partir loin d'ici. Rassure toi, tu ne manqueras de rien et tu vivras aussi longtemps qu'il y aura sur cette terre quelqu'un pour te regarder, dire ton prénom ou penser à toi. » Cette jeune fille s'appelle Lune. Avec Daniel Mesguisch (récitant), Marc Morel, Sylvie Couderc, 34 élèves pianistes et 3 élèves percussionnistes des conservatoires de la Ville de Paris, mise en scène d'Anne Raphaël.