Ernesto Sabato s'est toujours élevé contre le dogmatisme et l'endoctrinement idéologique, dont rien de bon n'est jamais sorti. Dans un monde où les valeurs spirituelles et humanistes s'écroulent, soumises à la propagande constante (des partis politiques, des médias, des idéologues en tout genre), où l'intimidation et l'anathémisation remplacent le dialogue et la justice, où le dogme remplace la recherche de la vérité, où la technique remplace la pensée, Sabato rappelle inlassablement dans ces deux petits essais, prenant comme point de départ son Argentine, qui a connu tant de vicissitudes idéologiques et dictatoriales, le rôle primordial et immuable de toute éducation humaniste, libérale et démocratique : apprendre à penser par soi-même pour être libre. Contre les fanatiques et les dogmatiques de tout bord, il propose également sa vision de ce que devrait être une éducation qui viserait à atteindre réellement ce but.
Un texte intemporel, fin et évocateur pour remettre les idées à l'endroit dans toute démocratie qui se respecte.
Elles ont brûlé, dans les ténèbres du XXe siècle cette longue nuit de guerres, de totalitarismes, de barbarie où nous errons encore, de leur désir de vérité et de cette volonté qui consiste à aimer inconditionnellement. Trois femmes, trois voix qui s'entrelacent sans le savoir en une seule flamme dans la nuit ou le Verbe se fait silence, dans trois langues vivantes et soeurs, le français, l'italien, l'espagnol. Si différentes dans leur absolue singularité, elles se ressemblent, toutes trois de la lignée d'Antigone, éminente figure du sacrifice, de l'offrande sans concession, de l'amour sans conditions, du moi consumé pour accéder à l'être, sans lesquels il n'est pas de révolte authentique. Dans le temps de vie qui leur fut imparti, brève et fulgurante trajectoire de Simone Weil (1909-1943), morte à trente-quatre ans, longue vie de María Zambrano (1904-1991) du début à la fin du siècle, parcours orienté dès la naissance par la maladie pour Cristina Campo (1923-1977) qui ne connut pas la vieillesse, elles ont eu cette capacité si rare de transformer leur vie en destin. Chacune de ces femmes laisse entendre une voix singulière, libérée de la pesanteur, d'une extraordinaire pureté, voix monacale, dépouillée comme le chant grégorien de Simone Weil, voix transparente aux mythes et aux rites de Cristina Campo, voix où bruissent les fleuves de l'exil, charriant les douleurs et les pleurs secrets de María Zambrano.
Dans L'Effondrement des puissances, Leopold Kohr montre que tout au long de l'Histoire les peuples qui ont vécu dans de petits États sont plus heureux, plus pacifiques, plus libres, plus créatifs et plus prospères. Il soutient dans une analyse brillante que ce qui est trop gros ou trop grand finit toujours par s'effondrer et que seule la juste mesure et le retour à l'échelle humaine permettraient à l'humanité de se sauver de l'abîme. Sa philosophie politique suggère ainsi que, plutôt que de faire des unions ou des entreprises toujours plus grandes, avec la croyance erronée que cela nous apporterait la paix, la sécurité et la prospérité, nous devrions remettre en question les agrégations de pouvoir et retourner à un patchwork de petits États au pouvoir relatif, où les dirigeants sont accessibles et dignes représentants du peuple. Publié pour la première fois en 1957 aux États-Unis, ce livre, avec ses visions prophétiques, ses idées originales, ses saillies provocatrices, son analyse sceptique, lucide et ironique de la nature humaine dans la lignée de Schopenhauer, est plus que jamais d'actualité en ce début de XXI? siècle, de période de globalisation et d'hubris démesuré. Traduction entièrement révisée
Dans ce petit opuscule paru en 1933, Berdiaeff réfléchit à ce qui est pour lui « la plus grande révolution, voire la plus terrible de toute l'histoire humaine », l'apparition de la machine et son corolaire conceptuel qu'est la technique. Petite méditation profonde et originale, à la langue élégante, ce texte est l'occasion pour Berdiaeff de poser le problème de la technique sous les angles métaphysiques et sociologiques, d'affirmer que le monde moderne ne permettra de revenir en arrière, comme l'ont cru les romantiques, et de voir en elle une nouvelle réalité, réalité paradoxale non dépourvue de danger pour l'individu comme pour l'âme.
Texte faisant partie des Ecrits de Londres, écrit à la même période que l'Enracinement, La Personne et le Sacré prend son origine dans le mot de « personne » qui avait fondé le courant personnaliste autour d'Emmanuel Mounier et que Simone Weil trouve impropre. Mais ce texte est bien plus qu'une querelle sémantique : il devient tout de suite méditation philosophique lumineuse et de très grande importance (jusque-là sous-estimée) sur les notions de droit, de démocratie, de justice, de mal et de beauté. Prenant à contrepied le personnalisme chrétien en affirmant que « Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c'est ce qui, dans un être humain, est impersonnel », Simone Weil se livre à un plaidoyer d'une rare justesse pour ce qui fonde l'être humain en dehors de toute collectivité ou institution. Un texte capital pour approfondir l'oeuvre de Simone Weil et qui saura parler à tout lecteur qui recherche une clarté pure, exigeante et dénuée de tout artifice sur des thèmes intemporels.
Le grand Ernesto Sabato vitupère ici, dans ce court essai, contre le dogmatisme et son atteinte à la liberté d'expression et de création, propres à tous les systèmes à visée totalitaire. Puis il aborde sous cette lumière le problème éternel de la création artistique qui a pour vocation d'exprimer à la fois le désirable et le réel, souvent contradictoires. Il rappelle enfin que le droit à la contradiction, au désaccord, au débat, est l'un des plus importants qui doit être assuré à la personne humaine, et défend ici des positions exprimées par le personnalisme d'Emmanuel Mounier. Des analyses éclairantes et percutantes qui visent à se débarrasser de lieux communs destructeurs et de mensonges écrasants, pour faire émerger la figure de la personne humaine, libre et créatrice.
Dès les années 1930, Bernard Charbonneau acquiert la conviction que le XX° siècle serait à la fois celui du saccage de la nature et celui du totalitarisme. En effet « le régime totalitaire pourrait se définir comme un brusque accomplissement des virtualités sociales de la technique » (L'Etat). La course aveugle au développement industriel et technoscientifique engendre une désorganisation environnementale et sociale et des crises d'une gravité croissante. Le seul moyen d'éviter le chaos qui s'annonce sera alors de procéder à une réorganisation en profondeur de la vie économique et sociale, et pour cela il faudra exercer un contrôle rigoureux des activités humaines et des territoires qui ne laisse rien de côté. La préservation du taux d'oxygène nécessaire à la vie ne pourra être assurée qu'en sacrifiant cet autre fluide vital : la liberté.
L'émergence de la problématique écologiste nous permettra-t-elle de résister aux tendances totalitaires du système techno-industriel ?
Dans cette Situation, Péguy accuse le positivisme engendré par le monde moderne de s'être substitué aux anciennes humanités.
Il prend pour cible le « parti intellectuel », son arrivisme, son arrogance et son mépris des traditions spirituelles du passé, sa « barbarie » nouvelle plus dangereuse encore que celle des partis politiques, son péché d'avoir réduit l'ancien désir de gloire, spirituel et légitime, en une forme de domination temporelle, pleine de mesquinerie, de bureaucratie et de parvenus. Avec verve, il s'emporte contre la modernité, le modernisme, contre l'embrigadement éducatif, contre la dénaturation et la défiguration malhonnête, lui, le Républicain, de la France de l'Ancien régime. Mais il rappelle aussi au fil des pages qu'il est un poète, un styliste : il livre ainsi un portrait au souffle hallucinant de Paris, du Paris moderne, auquel il oppose les villages de France, sa Beauce et son « océan de blés », la Sologne, le fil de la Loire, « cette Reine que les Rois ont aimée » ; coagulant avec passion l'histoire de France, il réhabilite l'épopée, l'héroïsme, l'aventure collective.
Tout entier animé de la colère du Juste et de la lucidité du visionnaire, il nous offre un grand livre plein de vie.
Alors que les avions allemands bombardent incessamment Londres, Orwell livre ses réflexions sur la situation britannique et en vient à la conclusion suivante : la seule manière de résister au nazisme et au communisme totalitaires, c'est de défendre une révolution socialiste et patriote au Royaume-Uni.
Dans l'un de ses essais les plus importants, Orwell s'en prend au système de classe britannique dépassé et vieilli, alliance entre aristocratie dépassée voire idéologiquement compromise avec le nazisme, uniquement soucieuse de ses intérêts de classe, et intellectuels défaitistes, antipatriotes et souvent sympathisants soviétiques. Il plaide à la place pour un socialisme démocratique typiquement anglais, fondé sur la longue histoire de l'Angleterre et les vertus du peuple britannique, unifiant élites et peuple dans un système plus juste et plus égalitaire, dont « Le lion et la licorne », figures héraldiques du blason royal, forment le symbole le plus expressif.
Dans ce livre majeur, Charbonneau analyse finement la dialectique entre contrôle et chaos qui prévaut dans nos sociétés modernes. Obsédé par l'immédiat, la victoire ou le profit, le Léviathan technico-industriel, dont les moyens croissent de manière exponentielle, n'enregistre ses effets sur la vie, les sociétés et les personnes qu'après coup et souvent trop tard ; c'est ainsi qu'il perturbe gravement les milieux naturel et social et fait naître crises, guerres, et chaos. Or, faisant peser le risque de désorganisation sociale, ce chaos appelle en retour un ordre strict, une organisation totale, si ce n'est totalitaire, de la vie sociale, collective et personnelle pour tenter de résorber ses effets néfastes. Ainsi naît la dialectique entre système et chaos. Pour Charbonneau, convaincu qu'il n'y a de liberté que dans des actes personnels, un tel avenir est inacceptable. Pour l'éviter, une prise de conscience est indispensable ; ce livre prémonitoire nous y incite.
Dans ce petit pamphlet primesautier, Stendhal critique avec ironie et légèreté la prétention des industriels à se faire passer pour des hommes admirables et bienfaiteurs de l'humanité, et l'injonction qu'ils nous font de les reconnaître tels.
Stendhal rappelle qu'au contraire, les seuls hommes admirables sont ceux qui, au-delà de tout calcul, conservent leur intégrité morale et sacrifient leurs intérêts à une cause supérieure - qu'ils soient célèbres comme Byron, Lamartine ou La Fayette, ou inconnus comme tant d'anonymes admirables.
S'il visait alors Saint-Simon, le parallèle avec les grands capitaines d'industrie d'aujourd'hui (d'Elon Musk à Jeff Bezos en passant par Mark Zuckerberg) est si frappant qu'il fait de ce petit texte une friandise délicieuse, éclairante et rafraichissante.
Avec Patria mia, Pound dresse un portrait enthousiaste des Etats-Unis dont il loue l'optimisme impérissable, la fierté de sa richesse et de son sens pratique. Mais il émet aussi des critiques parfois âpres à l'encontre des revues littéraires formatées au goût du jour et surtout des universités qui offrent un enseignement de plus en plus spécialisé au détriment d'une formation humaniste propice au développement d'une pensée libre.
Cet essai inédit est rédigé au moment où Londres et Paris se disputent les expérimentations littéraires et artistiques les plus novatrices. Lorsqu'il développe ces réflexions, Pound vient de connaître une percée poétique en donnant naissance à l'Imagisme, mouvement s'affranchissant de la tradition victorienne et proposant un renouvellement radical de la poésie. Il est aussi devenu le correspondant en Europe pour la revue Poetry, devenant ainsi un exilé, tels Whistler ou Henry James. Mais s'il s'éloigne de son pays, c'est pour mieux le servir et participer activement à sa renaissance intellectuelle qu'il pressent comme imminente et dont il perçoit par exemple les germes dans l'essor architectural de la ville de New York.
Dans ce combat ouvert contre l'inertie culturelle de ses compatriotes, ce qu'il l'importe c'est l'avenir de la littérature américaine et de la vie culturelle de son pays. Ces pages témoignent de l'attachement profond qui lie le poète à celui-ci.
Tout au long de son oeuvre, Camus a entretenu un dialogue philosophique avec Nietzsche. Ce dialogue pose notamment, à partir du nihilisme moderne, la question d'un nouvel humanisme.
Aristocratique et largement esthétique, le «surhumanisme» de Nietzsche est un humanisme de la rupture et du dépassement, qui rejette les valeurs morales du judéo-christianisme, grégaires et stériles. Camus, lui, fonde son humanisme sur une révolte « qui dit non à ce qui transgresse les frontières de l'humain et qui dit oui à la part précieuse de lui-même ». Cette part précieuse est ce par quoi l'homme échappe à l'histoire, aux oppressions et aux crimes qui y ont cours, ce en quoi réside son humanité permanente dont il faut à tout prix respecter dans toutes circonstances la liberté et la dignité.
Analysant intelligemment les traces de Nietzsche chez Camus, Gilbert Merlio jette un éclairage nouveau sur l'oeuvre et la personnalité d'Albert Camus, plus que jamais nécessaire en ces temps troublés.
Paru de manière posthume, resté de manière bien inexplicable en marge par rapport au reste de l'oeuvre de Drieu, ce texte est pourtant d'une importance capitale pour saisir Drieu et son destin. Confession d'une sincérité désarmante et d'une qualité littéraire indubitable, Récit Secret joue un grand rôle dans le mythe littéraire qu'ont construit ses admirateurs. Mettant le suicide (dont il aura beaucoup parlé, notamment dans son court roman le plus connu, Le Feu Follet) au premier plan de son oeuvre comme de sa vie, Drieu semble anticiper un destin qui, selon lui, n'a fait que l'attendre. Calme, méditatif voire résigné, se plaçant au-dessus de la politique, même si l'on ne peut faire abstraction des circonstances dans lesquelles Drieu l'écrivit, ce récit est une magnifique porte d'entrée pour ceux que son oeuvre effarouche injustement encore, comme pour ceux qui voudront connaître un Drieu plus intime, connaître le dernier Drieu.
Jacques Ellul a accordé au début des années 1980 à Madeleine Garrigou-Lagrange des entretiens passionnants et emplis d'intelligence. Il y parle de ses maîtres (Karl Marx, Calvin, Karl Barth et Kierkegaard), de ses amis (Bernard Charbonneau, Jean Bosc) ; il y parle de sa pratique de la dialectique et de sa curiosité insatiable ; il y parle de théologie, de sa foi en Jésus-Christ ; il y parle de politique, de Révolutions ; du communisme, du marxisme, de l'Église ; il y parle d'action, de sa maxime devenue célèbre (« penser globalement, agir localement), de ses engagements personnels (sa paroisse, la côte Atlantique) ; il y parle d'amour, d'humour et de foi. Ces entretiens sont immanquables pour tous ceux qui s'intéressent à la grande oeuvre prolifique de Jacques Ellul comme ceux qui voudront apprendre à le connaître davantage.
Jung a élaboré une théorie du développement psychique dans laquelle la spiritualité joue un rôle décisif. Bien plus que Freud, il se consacrera aux rêves, aux visions et aux fantasmes de nature mythique. À la même époque, René Guénon travaille à synthétiser les principes d'une connaissance traditionnelle que les siècles ont dissipé voire corrompu. Déclarant Å«uvrer comme porte-parole de la Tradition, il aide ses contemporains à prendre conscience de l'éloignement inéluctable entre l'homme et l'Absolu. Et Jung et Guénon contestent tous deux l'esprit matérialiste de notre époque, Pourtant aucun rapprochement ne s'est produit de leur vivant et, Guénon consacrant même quelques-uns de ses textes à une critique féroce de la psychologie analytique jungienne. Cette confrontation mérite aujourd'hui d'attirer notre attention : la dénonciation par Guénon de l'attitude faussement spirituelle de Jung pourrait en effet nous aider à éclaircir les zones d'ombre de la psychologie analytique.
Parabole d'une grande puissance devenue classique et proverbiale, la légende du Grand Inquisiteur (passage des Frères Karamazov) est l'un des textes les plus puissants du génie russe, ici reproduit en intégralité. Florence Louis et Edouard Schaelchli font apparaître dans leurs analyses toute l'ampleur, la complexité et la profondeur des questions posées et provoquées par ce texte de Dostoïevski, en s'appuyant sur différents textes et auteurs qui en prolongent l'écho : Un Satan chrétien, de Bernard Charbonneau ; La passion de la nuit et la loi du jour, de Jean Brun ; L'amour et l'ordre, de Jacques Ellul (tous trois en version intégrale) ; ainsi que d'extraits de Soloviev, Kierkegaard ou encore Villiers de l'Isle d'Adam. Le livre le plus complet sur l'un des textes les plus importants qui ne cessent de hanter la pensée occidentale.
Je fus, que son ami Jacques Ellul tenait « pour un des seuls livres fondamentaux sur la liberté », est l'oeuvre de philosophie existentielle majeure de Bernard Charbonneau.
Cet Essai sur la liberté, véritable odyssée intellectuelle et sensible d'une liberté incarnée, à laquelle Bernard Charbonneau donne corps, sang, chair, esprit et style d'une manière incomparable, s'articule autour de l'autre concept central de sa pensée : la nature.
Imprégné des intuitions de ses maîtres (Montaigne, Pascal, Kierkegaard, Nietzsche), Charbonneau explore le concept de liberté sous toutes ses formes ; la sienne est une liberté forcément tragique (« le plus dur des devoirs ») qu'il oppose au « mensonge de la liberté » et à tous ses avatars idéologiques, technoscientifiques ou consuméristes.
Un livre indispensable pour quiconque cherche à être vraiment libre, c'est-à-dire à interroger les conditions de possibilité de sa propre liberté - et surtout à la vivre, ici et maintenant.
Pour la toute première fois, le philosophe Dany-Robert Dufour évoque sa vie et les grands événements qui l'ont jalonnée, de l'enfance à la consécration d'écrivain, en passant par Mai 68, l'activisme politique et la prison. Il dresse aussi un bilan intellectuel de son oeuvre, en démêlant un par un les principaux fils de sa pensée.Ces entretiens sont l'occasion de revenir sur cinquante années d'histoire politique et intellectuelle en France. On y découvre un témoignage profond sur l'époque de l'indépendance algérienne, sur les révoltes estudiantines, mais aussi sur la libéralisation générale de la société au tournant des années 1980. Dany-Robert Dufour relate ainsi les rencontres qui ont marqué son existence : Kostas Axelos, Marcel Gauchet, Serge Leclaire, Alain Caillé, Jean-Claude Michéa et beaucoup d'autres. Il évoque enfin ses relations tendues avec la presse, sa carrière.Un livre indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'un des penseurs les plus iconoclastes de notre temps !
Avec la phénoménologie de Michel Henry c'est un monde nouveau qui s'ouvre à nous, un monde où la pensée relève de l'épreuve de soi, où l'essence est invisible, où l'apparaître se caractérise par sa duplicité et où la Vie occupe enfin la place que la philosophie lui avait jusque-là refusé. La philosophie de Michel Henry constitue également une puissante charge contre le monde moderne, celui qui, selon le mot de Bernanos, conspire contre la vie intérieure. Sa pensée témoigne d'une inquiétude profonde face aux renversements des hiérarchies et aux transformations des modes de vie dont nous sommes les contemporains. Plus que tout, Michel Henry entend préserver ce qu'il y a de proprement humain dans l'homme contre les tentatives d'objectivation de nos existences. À quoi bon une société économiquement prospère et techniquement avancée si sa réalisation doit passer par l'anéantissement de l'homme ?
Ouvrage inédit de Bernard Charbonneau, qui pourtant l'affectionnait beaucoup, cet ouvrage est l'un des essais du penseur existentiel pour extraire des oeuvres de quatre de ses maîtres des réflexions vitales sur le concept de liberté, qui chez lui a toujours été central. Il fait suite à son oeuvre philosophique majeure, Je Fus, pour offrir à son lecteur une méditation de tout premier ordre mais accessible et concise sur la liberté, pris en tant que concept et recherche incarnés dans un temps, dans un lieu, dans un individu. Plus importante encore est la volonté de tenter de communiquer au lecteur qui lui fait l'amitié de le lire son expérience de la liberté, en se basant sur des figures irréfutables comme Rousseau (à travers le Contrat social), Montaigne (à travers les Essais), Berdiaev (à travers De l'esclavage et de la liberté de l'homme) et Dostoïevski (à travers la parabole du Grand Inquisiteur), utilisés comme autant de perspectives différent et de témoins édifiants.
Écrit en pleine crise du coronavirus en Chine, ce petit livre est un brûlot qui valut à son auteur, intellectuel prestigieux et réputé, d'être démis de ses fonctions à l'université de Tsinghua avant d'être emprisonné. En colère contre la gestion calamiteuse du Parti unique du coronavirus, Xu décrit incrimine impitoyablement le système de plus en plus autocratique mis en place par Xi Jinping et passe en revue tout ce qui a contribué à la crise : corruption, lâchetés, incompétence, mépris de la vie humaine et du peuple, tyrannie, politique de cour, censure, totalitarisme, surveillance globale et numérique. Ce texte courageux, écrit par un intellectuel d'un grand courage, offre une vision de l'intérieur sans pareil de la situation chinoise actuelle.