L'image de Robespierre n'est pas un bloc, comme le montre l'étude du discours public du xixe siècle, et notamment celle de la parole politique. Ce discours n'a pas jusqu'ici retenu l'attention des historiens, qui se sont concentrés sur l'historiographie, la littérature et les beaux-arts. Il révèle que la légende noire de Robespierre se scinde entre la Révolution et le milieu du xixe siècle en quatre légendes, qui peuvent être rapprochées de quatre courants politiques distincts : conservateur/contre-révolutionnaire, libéral, communiste et anarchiste. De plus, une légende dorée, peu analysée jusqu'ici, émerge dans les années 1830 chez les militants républicains les plus radicaux. Ce schéma interprétatif, présenté dans les deux premières parties de l'ouvrage, est confirmé par l'étude de l'image de Robespierre dans les débats parlementaires au xixe siècle, objet de la troisième partie. Il permet de comprendre pourquoi, plus de deux siècles après sa mort, Robespierre reste au coeur des débats sur l'héritage républicain.
Face à la maladie d'Alzheimer, la sociologie s'est montrée, dans les années 2000, particulièrement prolifique. Portés par un contexte dans lequel la maladie d'Alzheimer constituait une préoccupation croissante, encouragés par des financements dédiés, des travaux d'une grande richesse ont vu le jour. Cet ouvrage rend compte de ce « moment Alzheimer » de la sociologie, des regards originaux qu'elle a portés sur la maladie d'Alzheimer et des savoirs qu'elle a produits. Il est organisé en trois grandes parties. La première, « Politiques publiques et initiatives de terrain », interroge les dispositifs mis en place. La deuxième, « Du diagnostic aux derniers temps de la vie. Moments et processus de la maladie d'Alzheimer » retrace les expériences sociales de la maladie des différents acteurs concernés (professionnels, personnes malades, proches). La troisième, « Proches face à la maladie d'Alzheimer », étudie plus précisément ce qui se produit pour les proches aidants.
Loin d'être réductible à une somme de violences illimitées, la guerre est aussi une relation, certes brutale entre belligérants. Le moment où les armes se taisent en témoigne. Le temps de la sortie du combat est caractérisé par des interactions entre adversaires. Vainqueurs et vaincus accomplissent des gestes, des rites de reddition par le truchement de médiateurs, d'émissaires, voire d'otages. Ils échangent promesses, serments et autres engagements toujours susceptibles d'être transgressés tant l'instant est fragile. Autant d'éléments qui constituent un ordinaire du champ de bataille et suggèrent que le combat est aussi une pratique transactionnelle. Cet ouvrage qui interroge la longue durée dans une perspective d'anthropologie historique propose d'inscrire la fin des hostilités au coeur même de l'expérience combattante. La manière dont cessent les combats dit la guerre qui est pensée et menée.
Si la guerre est pensée comme un monde d'hommes, les femmes y ont aussi toute leur place et y jouent un rôle actif. À la croisée de l'histoire du fait guerrier et de l'histoire du genre, Femmes en guerre explore ainsi les multiples facettes de la présence des femmes au sein des armées, de l'époque médiévale à nos jours. Il souligne tout d'abord la variété de leurs expériences, comme combattantes, cheffes de guerre ou dans des rôles de soin plus traditionnellement associés à la féminité. C'est également une réflexion sur le genre que propose cet ouvrage, tant sur la construction des féminités en milieu guerrier que sur ce que la présence des femmes en milieu militaire dit de la virilité guerrière. Enfin, alors que les récits de guerre sont souvent accaparés par les hommes et que les femmes sont parfois invisibilisées par les sources, ce livre s'attache à redonner toute leur place à ces voix de femmes en guerre.
Les Révolutions se font aussi avec des mots. De la fin du xviiie siècle à nos jours, elles sont un moment de relecture du passé. Bouleverser l'ordre politique et social, c'est condamner et rejeter ce qui existe ; c'est aussi, souvent, s'inspirer ou se revendiquer de précédents historiques. C'est cette construction narrative de la Révolution, par ceux qui la font et ceux qui l'observent, pendant et après l'événement, que ce livre entend explorer. Par l'exemple de la Révolution française et des éclairages choisis en Amérique latine (Brésil, Cuba) et en Europe (Espagne, Tchécoslovaquie, URSS), il s'interroge sur la réécriture de l'histoire qui aide à justifier la Révolution.
Tomber en syncope, telle est l'invitation de l'ouvrage Vertige de l'art. Syncopes et extases (xvie-xxie siècles). Ces états de vacatio propices à la création artistique à la Renaissance perdurent et entraînent les auteures à mettre en regard des oeuvres modernes et contemporaines. Une syncope insaisissable et cependant présente dans le domaine scientifique, la littérature, la philosophie et la musique. Le concept de syncope-extase permet de déconstruire les perceptions de faiblesse ou de non-action apparentes et d'affirmer une échappée paradoxale, un contre-pouvoir. Hiatus, faille ou encore disjonction que l'artiste des différentes époques de l'art provoque et dont il s'agit d'interpréter la portée sociale et anthropologique. L'ouvrage donne ainsi à voir ou à éprouver ce moment syncopal, un hors-temps de l'histoire.
Figure de proue de la nouvelle danse des années quatre-vingt, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker n'a cessé depuis de maintenir le corps dansant au centre de ses préoccupations artistiques. Cette analyse met en exergue les éléments qui permettent de définir son style chorégraphique, marqué par une volonté d'assimilation intime et physique des éléments de la composition. Centrée sur le mouvement, ancrée dans un étroit rapport à la musique, la structure compositionnelle met également en valeur une vision exigeante mais éthique de l'interprétation. Ce livre est issu d'une recherche sur le statut de la description, ainsi que son rôle dans l'activité critique et le débat esthétique. L'auteur tente de donner ici au matériau même de la danse l'importance qui lui revient, en alliant étude des textes et analyse des oeuvres composant le répertoire de la compagnie Rosas, de Fa se (1982) à Raga for the rainy season (2005).
Affranchir l'homme de ses contraintes biologiques, accroître ses capacités physiques, cérébrales, mémorielles, combler ses déficiences, lui épargner la souffrance et peut-être même la mort... Et si de telles ambitions ne relevaient plus de l'irréalisable ? Prothèses, orthèses, pacemakers, implants oculaires et cérébraux, stimulateurs électriques, greffes, thérapies géniques, clonage : d'irrépressibles avancées scientifiques dessinent un tel avenir à notre horizon. La nature humaine en sera-t-elle changée ? C'est ce que soutiennent les discours « transhumanistes », persuadés de l'émergence toute proche d'un « homme nouveau » : posthumain. Placé sous l'égide de l'Unesco, le présent ouvrage réunit des philosophes, des anthropologues, des littéraires, des juristes, des spécialistes de l'art et des sciences numériques autour d'écrivains qui se sont saisis de ces questions. À l'heure où Internet et les nouvelles technologies, caméras de surveillance et réseaux sociaux ont déjà puissamment modifié nos modes de sociabilité, se profile désormais sous nos yeux un nouveau Grand Récit, aussi riche de promesses que lourd de menaces.
Les enjeux de genre appliqués au masculin ouvrent des perspectives pour comprendre la société nazie et le nazisme en guerre. Le régime, qui prônait un idéal de camaraderie et de pureté raciale, réglementa le genre, les sexualités et la procréation par des lois racistes, homophobes, sexistes et eugénistes. Or, la période des années 1930 aux années 1950 fit coexister des contraintes sexuelles et des formes de violence de genre avec l'ouverture de nouveaux espaces d'expérimentation hétérosexuelle. L'attaque de la Pologne en 1939 et la guerre de conquête et d'anéantissement marquèrent une césure importante. En tant que combattants et colonisateurs, les hommes allemands et autrichiens se trouvèrent au coeur de mutations genrées : acteurs de la violence, agents de la guerre et, in fine, porteurs de la défaite. Chaque chapitre du livre explore, dans une perspective d'histoire intégrée du genre (femmes/hommes ; hétérosexuels/homosexuels ; Juifs/non-Juifs), la diversité et l'ambivalence des situations vécues au quotidien par les hommes.
La juritraductologie est un nouveau champ d'étude interdisciplinaire fondée sur les sciences juridiques et les sciences du langage. Elle offre une grille de lecture innovante des vulnérabilités des personnes et des traductions dans un contexte de mondialisation. Toute personne, dès lors qu'elle se trouve dans un pays dont elle ne comprend, ni ne parle la langue, s'expose à des risques linguistiques pouvant avoir des répercussions juridiques. Toute traduction, dès lors qu'elle est apportée en justice, s'expose à ce que les critères retenus par le juge pour en apprécier la qualité ne coïncident pas avec ceux posés en traductologie. En croisant les approches juridique et traductologique, cet ouvrage poursuit deux objectifs principaux. Le premier est épistémologique, il démontre que la traduction du droit n'existe pas sans le droit de la traduction. Le second est méthodologique, il fournit des formulaires pour guider, pas à pas, le processus de traduction de concepts juridiques complexes.
Le travail xenakien pose la question des frontières et de leur franchissement. De l'architecture à la musique, de la théorie à la pratique, de l'art à la science, Iannis Xenakis montra l'exemple d'une libre circulation, toujours guidé par les lois de la Nature, si ce n'est par une visée universelle de la création. Musique environnementale/architecture immatérielle, concepts et symboles dans l'OEuvre xenakien, dialectique architecture/musique : trois volets du présent ouvrage, articulés autour de la thématique entre les mondes, visent à définir et mettre en perspective un « entre les mondes » dans le travail de conception, d'invention, de création, de composition, non seulement de Iannis Xenakis, mais aussi de toutes celles et tous ceux pour lesquels ce citoyen des mondes peut constituer une référence.
S'inscrivant dans la dynamique du centenaire de la Première Guerre mondiale, cet ouvrage se penche sur la naissance des services cinématographiques militaires qui éclosent partout dans le monde quand, au coeur du conflit, le cinéma, média alors tout à fait récent, s'engage au service des États et/ou des armées. Le cinéma militaire, multiple, se décline selon les zones géographiques, l'espace-temps dans lequel il évolue et les genres à traiter, créant par conséquent de grandes disparités. Cet ouvrage propose dès lors une approche par cinématographie nationale et sur le temps long, 1914-1939, permettant de croiser temps de guerre et temps de paix. Si les articles se concentrent sur les structures spécialisées dans la production d'images filmées, tous appréhendent les questions transversales par l'analyse de la production, de la distribution et de la circulation de ces images.
À cause de ses incroyables mutations, le cinéma russe des années quatre-vingt-dix et celui du xxie siècle devait être abordé dans un ouvrage collectif à la fois à travers ses thématiques, ses inventions formelles, mais également ses rapports avec l'État. Comment le cinéma russe contemporain repense son passé soviétique et s'inscrit dans la Russie d'aujourd'hui, comment il négocie sa place face aux goûts des spectateurs et aux exigences étatiques, comment il invente ou réinvente ses formes génériques et quelle place il laisse aux cinéastes singuliers et à leurs univers cinématographiques, voilà les questions auxquelles l'ouvrage proposera des réponses. Écrits par les spécialistes russes, européens et américains, les textes abordent le cinéma sous des angles différents : juridique et économique, mais également historique et esthétique. Premier ouvrage collectif en français sur le cinéma russe contemporain, ce volume se veut une exploration d'une cinématographie riche et protéiforme, encore trop peu connue aujourd'hui en France.
Dans des pays caractérisés par une profusion d'images essentiellement venues d'autres continents, et par une production très inégale, voire inexistante, quels ont été les modèles dominants de production ? Quels sont ceux que les mutations en cours font émerger ? Quels sont les enjeux économiques, industriels et sociaux de cette mutation numérique ? Quels en sont les principaux acteurs ? Qu'en est-il de la participation et du rôle des États ? Quels liens financiers, politiques, juridiques, demeurent avec les anciennes métropoles coloniales, avec les nouveaux acteurs de la production ? Qu'en est-il des équipements et de la formation des personnels ? Des contributions de chercheurs abordent ces questions en différents pays d'Afrique et du Moyen-Orient, sous des angles économiques, sociologiques et historiques. Complémentairement, six témoignages de producteurs évoquent leur métier, et les questions spécifiques qui se posent pour eux en travaillant en et avec ces aires géographiques.
L'histoire du chantier de restauration entre 1830 et 1914, en particulier celle de ses pratiques, reste encore à écrire. Les sources, tant archivistiques qu'archéologiques, sont profuses dans le domaine. Elles éclairent sur les procédés techniques et les savoir-faire des métiers (du gros-oeuvre comme du second-oeuvre) ainsi que sur l'organisation et la vie des chantiers. L'ambition de ce volume est de proposer une première approche de cette documentation. Les contributions réunies - études de cas, monographies ou essais - interrogent les stratégies d'approvisionnement en matériaux, l'évolution des procédés techniques de façonnage et de mise en oeuvre, de même que les enjeux humains, économiques, sociaux, sociologiques et idéologiques qui motivèrent ces usages. Sous ce nouvel éclairage, le chantier de restauration révèle une matière inédite susceptible de relativiser nos acquis.
La chorégraphe flamande Anne Teresa de Keersmaeker a toujours tenu à distance l'idée selon laquelle, en danse contemporaine, musique et chorégraphie étaient indépendantes. Elle a noué, tout au long de sa déjà longue carrière artistique, de savants échanges avec l'art musical que ce livre tente de mettre en évidence. Ainsi, l'auteur a voulu donner une suite à son ouvrage Les Fils d'un entrelacs sans fin (Presses universitaires du Septentrion, 2008) qui proposait une approche esthétique de la danse dans l'oeuvre de Keersmaeker entre 1982 et 2005. Le présent volume prend la forme d'un essai qui rend compte des pièces les plus récentes (2005-2015) et re-périodise l'ensemble de son travail sous un angle que le premier livre avait un peu délaissé, à savoir les figures du dialogue entre danse et musique.
Alors que la crise financière de 2008 et de multiples scandales financiers ont ébranlé les systèmes bancaires et encore dégradé la confiance dans les banques, on connait mal les modes de contrôle externe et interne, qui sont pourtant un instrument essentiel de la régulation bancaire. Cet ouvrage - le premier en langue française sur ce sujet - entend replacer la supervision prudentielle dans la perspective d'une histoire longue et comparative. Après un bilan historiographique, il présente des travaux récents sur les acteurs et les institutions, les pratiques et les outils du contrôle bancaire depuis le xixe siècle, en France, en Suisse et dans l'espace colonial français. Il analyse ensuite l'internationalisation de la supervision et des normes comptables du contrôle des risques, fin xxe- début xxie siècle. Enfin, les contributions d'archivistes de banques et des autorités de régulation constituent un appel à de nouvelles recherches pour combler le retard historiographique français.
Les chapitres 4-6 du Livre II de la Physique d'Aristote constituent le premier essai dans notre littérature philosophique occidentale consacré au hasard et à la fortune. On y trouve l'exemple de la pierre qui en tombant d'une hauteur sur le crâne de quelqu'un le tue, repris par Spinoza dans son Éthique. Aristote et Spinoza s'accordent pour dire que la pierre n'est pas tombée pour tuer. Mais le rejet du finalisme et en même temps de toute forme de contingence chez Spinoza est aux antipodes du finalisme dans lequel Aristote peut inscrire le hasard. Le commentaire de Simplicius apporte sur la doctrine d'Aristote des éclaircissements et des prolongements substantiels, encore peu connus, auxquels la présente traduction, la première en français, donne un accès direct. Simplicius permet en particulier de trancher sur la question de la traduction des termes et en Phys. II, 4-6, à savoir, respectivement, « fortune » et « hasard » (plutôt que « hasard » et « spontanéité »). En bon néoplatonicien, il couronne son commentaire par un hymne à la déesse Fortune. Ce livre vient à la suite de la traduction du commentaire de Simplicius à la Physique, Livre II, chap. 1-3, publiée par A. Lernould aux Presses universitaires du Septentrion en 2019. Il sera suivi d'un troisième volume qui contiendra la traduction du commentaire aux trois derniers chapitres (7-9) du Livre II de la Physique, qui portent sur la finalité naturelle et la nécessité.
« Développer le pouvoir d'agir des habitant·es » : comment ce leitmotiv des centres sociaux, au coeur de leur projet fédéral depuis 2013, se traduit-il sur le terrain ? Une recherche collaborative menée en Région Centre-Val de Loire analyse les modes d'appropriation, par les salarié·es et bénévoles de l'animation sociale, de cette approche visant un processus d'autonomisation des usager·es, et les tensions auxquelles ils et elles sont confrontées. Comment impulser le pouvoir d'agir, alors que ce projet ne vient pas nécessairement d'une demande des habitant·es ? S'agit-il d'attendre ou d'inciter, d'accompagner ou de susciter la mobilisation ? Comment et pourquoi peut-on (re)mettre du politique dans les actions des centres sociaux ? Cet ouvrage analyse les reconfigurations des engagements professionnels et militants, en explorant des lieux d'animation de la vie sociale et politique jusqu'ici peu investis par les chercheur·es.
Anthony Mann. Arpenter l'image est le premier ouvrage en français qui propose une analyse des films majeurs de l'un des plus importants réalisateurs hollywoodiens classiques, Anthony Mann (1906-1967). Celui-ci s'est investi dans les genres les plus importants de l'art cinématographique : film noir, western, film de guerre, péplum. Les auteurs visent, à travers ces analyses, à réfléchir l'image cinématographique et à contribuer à une philosophie de l'image. C'est que l'ambition de Mann est bien réelle : il s'obstine, tout au long de sa carrière, à comprendre ce qu'est l'image et l'action qu'elle donne à voir. Mann raconte et s'efforce de comprendre en même temps, à même ses images, ce que c'est que de narrer en image, ce qu'est une action qui est de part en part image. Mann arpente les images qu'il compose.
Dans un contexte de reconfiguration des principales structures de socialisation, d'accroissement et d'apparition de nouvelles inégalités, les parcours de vie apparaissent de plus en plus incertains et hésitants. Cette évolution des normes institutionnelles entraîne une responsabilisation accrue des individus dans la conduite de leurs transitions biographiques, dans la construction du sens de leur trajectoire et de leur identité. Ainsi l'injonction à se raconter, à construire son parcours, à lui donner du sens, s'impose comme une norme pour certains individus. En particulier, le parcours devient l'outil privilégié de l'État social. Cet ouvrage se propose de montrer comment les logiques institutionnelles, les déterminations sociales et la réflexivité individuelle façonnent les parcours de vie et de leurs évolutions dans nos sociétés contemporaines. L'étude des parcours de vie nous conduit à réinterroger le coeur même de ce qui fait la spécificité des objets en sciences sociales : le lien entre les dynamiques sociales et les actions individuelles et ouvre un espace de compréhension des tensions et mouvements qui animent la société civile.
Près de trente ans après sa disparition, la RDA est toujours présente au cinéma et à la télévision, notamment grâce à Good Bye, Lenin! et La vie des autres qui ont profondément marqué l'image que l'on se fait de la chute du mur de Berlin et de l'Allemagne communiste. Et pourtant ces succès internationaux n'ont jamais fait l'unanimité auprès de la population de l'ex-RDA. Comment alors expliquer qu'ils aient cristallisé la mémoire filmique et conduit à occulter une production tout aussi importante que variée ? Que nous disent aujourd'hui ces fictions, documentaires ou séries à propos des débats identitaires et mémoriels qui animent l'Allemagne depuis l'unification ? Comment certains films échappent-ils aux images figées et quasi iconiques de la RDA et de la société postsocialiste ? Cet ouvrage, qui propose une approche franco-allemande et donne la parole à des chercheurs et des professionnels, dresse le premier bilan en langue française sur la nature et l'évolution de cette production.
Constellation dynamique où se croisent, s'entremêlent et se redéfinissent les pratiques comme les savoirs, la magie se déploie en multiples facettes en se nourrissant des avancées de la connaissance dans les domaines les plus divers : de la physique à la religion, de la chimie à la linguistique, de la philosophie aux technologies, des théories de la communication et des médias au corps performant. C'est dans le but de cerner les principaux enjeux de ce vaste ensemble mouvant que nous avons convié des spécialistes à l'aborder, à partir de leur pratique et de leur discipline d'origine, en se concentrant sur sa dimension spectaculaire. De la scène au cinéma, de la télévision aux réalités augmentées et virtuelles, des spectacles de cirque aux spectacles aquatiques, la pratique magicienne n'a pas cessé de se renouveler et de se métamorphoser, perpétuant cette aura de mystère et de secret qui ne cesse de fasciner mais qui représente aussi, il faut le dire, un sérieux défi pour tout chercheur du domaine. C'est la raison pour laquelle nous avons tenu à intégrer, en plus des théoriciens et historiens, des magiciens à ce vaste projet qui marque un premier aboutissement des travaux du groupe international de recherche Les Arts Trompeurs.
La commémoration du centenaire de la Grande Guerre a donné lieu à de nombreuses publications. L'économie n'a pas été oubliée. Mais la perspective est souvent restée très nationale. Cet ouvrage s'intéresse à l'économie du principal adversaire et perdant, l'Allemagne. Lui non plus n'était pas préparé à une guerre longue. Lui aussi s'est trouvé pris dans la contradiction entre mobiliser toutes ses forces sur le front et préserver la main-d'oeuvre pour assurer l'approvisionnement par l'arrière. L'État, avec un poids plus fort du pouvoir militaire en Allemagne, s'en est également mêlé de plus en plus, sans aller jusqu'à remettre en cause complètement l'initiative privée. La défaite finale était largement inscrite dans la disproportion initiale des ressources, aggravée par l'entrée en guerre des États-Unis. Les contributions des meilleurs spécialistes allemands, du charbon à l'agriculture, en passant par l'aéronautique ou la chimie, sont discutées ici par leurs homologues français.