Prince marocain de sang royal, cousin germain du roi Mohammed VI, Moulay Hicham a su se donner l'image d'un démocrate, d'un « prince rouge » au discours sans complaisance.
Derrière ce paravent médiatique se cache pourtant une personnalité obscure totalement méconnue. S'appuyant sur ses enquêtes, ses analyses, mais surtout fort de sa proximité durant des années avec Moulay Hicham, Ali Amar tente, à travers ce document, de mettre en lumière le vrai visage de celui qui se rêvait en « Philippe Égalité » du royaume chérifi en, mais a été peu à peu désavoué par le grand public tout d'abord, puis par les journalistes, la société civile et les quelques contempteurs de la monarchie qui l'ont longtemps soutenu. S'il se pose en victime persécutée par le pouvoir, Moulay Hicham s'applique à dissimuler les conspirations dont il est l'infatigable instigateur ; s'il se proclame principal héraut de la vérité sur son pays, il prend soin de garder secrets les moyens inavouables par lesquels il s'est garanti une audience.
L'auteur montre, à travers des faits et des anecdotes vécues, que si rien n'a jamais destiné Moulay Hicham à un avenir dans la gestion de la chose publique, celui-ci est en revanche passé maître dans l'art de la manipulation ' la première de toutes consistant à se faire passer pour un prince moderne et réformateur quand il ne sert en réalité que sa propre ambition, démesurée.
Une enquête minutieuse et passionnante.
Si les contes et les fables comportent toujours quelque leçon de morale, l'on s'attend moins à ce qu'ils dispensent un cours d'économie. Certes, l'histoire du roi Midas, par exemple, enseigne que la cupidité mène à bien des malheurs, «mais la sagesse économique propre aux fables ne se trouve pas seulement dans les classiques de la tradition populaire ou dans les mythes», explique Luca Gallesi. «Deux chefs-d'oeuvre modernes de la littérature pour la jeunesse contiennent des réflexions sur l'économie incontestablement plus brillantes et pointues que celles exposées par d'illustres professeurs dans leurs traités bavards et hermétiques.
Il s'agit du Magicien d'Oz et de Mary Poppins, deux romans à succès qui ont vu leur popularité grandir encore grâce aux films qu'ils ont inspirés.» On lira en effet dans Le Magicien d'Oz une référence aux grands débats qui, aux Etats-Unis, ont entouré la question du bimétallisme, et dans Mary Poppins une déclinaison faussement farfelue des théories dites du «Crédit social», très en vogue en Angleterre pendant l'entre-deux-guerres.
A travers ces deux best-sellers, Luca Gallesi retrace l'histoire des grandes crises économiques qui ont bouleversé le monde à la charnière des XIXe et XXe siècles puis, de là, pose une question fondamentale : sur quoi se fonde la valeur de l'argent ? Pour trouver une réponse, peut-être vaut-il mieux, comme le préconise l'auteur, «écouter ce que disent les contes et regarder la réalité en face».