«Vous voyez la montagne, ces collines pareilles à des vagues ; vous voyez des bois et des vergers, le grain mûr des champs, les prairies qui dévalent jusqu'à la rivière. Vous me voyez debout à côté de vous ; vous entendez ma voix. Mais je vous dis, moi, que toutes ces choses - oui, depuis l'étoile qui vient de s'allumer au ciel, jusqu'au sol que nous éprouvons du pied -, je vous dis que tout cela n'est que du rêve et des ombres, les ombres mêmes qui nous voilent le monde réel.
Il y a un monde réel ; mais il est sous cet éclat et sous ces visions, [...] derrière tout cela comme si un voile nous le cachait. Je ne sais si jamais un être humain a soulevé ce voile ; mais je sais que cette nuit, et devant vous et moi, Clarke, il le sera pour d'autres yeux. Peut-être trouverez-vous tout ceci étrange, insensé même : étrange, soit, mais réel ; et les anciens savaient ce que c'est que "lever le voile".
Ils appelaient cela voir le dieu Pan.» Pour que le voile se déchire devant le «grand Pan», le Dr Raymond va user du scalpel et rien moins qu'inciser le cerveau de Mary, sa protégée. Cette opération chirurgicale renvoie-t-elle seulement à l'une de ces spectaculaires expériences dont raffola le XIXe siècle, à la fois scientiste et spirite ? Ou bien s'agit-il de convoquer quelque chose de plus archaïque et autrement plus redoutable - de questionner notre capacité à soutenir le regard de la divinité ? C'est de toute façon l'effroi qui est au rendez-vous : au drame de la jeune Mary va succéder une longue série d'événements aussi troublants que terribles.
Entre mai et septembre 1920, l'écrivain russe suivit la campagne de Pologne en tant que correspondant de guerre pour le journal "Le cavalier rouge". Initialement publiées dans des revues, ces nouvelles, inspirées des événements, décrivent les actions des cosaques de la première armée de cavalerie.
L'Anthologie classique (le Shijing) rassemble les 305 poe`mes - chansons populaires, odes pour les ce´re´monies de cour, odes religieuses -, se´lectionne´s et ordonne´s, selon la tradition, par Confucius (551-479 av. J.-C.), dont la doctrine politique et sociale fut e´rige´e en religion d'E´tat et marqua profonde´ment la civilisation chinoise. Ezra Pound voyait dans le confucianisme un ve´ritable « code de la vie » et une possibilite´ de renou- vellement pour l'Occident. Apre`s Les Entretiens de Confucius (ou Analectes), le poe`te ame´ricain traduit donc les odes confuce´ennes au temps de sa de´tention a` l'ho^pital St. Elizabeth's. Sa connaissance du chinois peut sembler rudimentaire : il suit l'enseignement de son mai^tre Fenollosa, et ses solutions ne sont pas exemptes de fantaisie. Toutefois, Pound accorde une importance particulie`re au travail de traduction et voit dans la concordance des langues un crite`re majeur de civilisation. Il pre´fe`re par conse´quent toujours la restitution d'une inflexion vivante au strict respect de la syntaxe. Une approche non conventionnelle mais efficace, qu'avait remarque´e Simon Leys : « Pound ne savait gue`re le chinois ; ses interpre´tations sont quelquefois loufoques... mais Pound a fait preuve d'une infaillible intuition des rythmes de l'original... son oreille ne se trompe jamais, et dans ce domaine il nous administre une lec¸on exemplaire. »
« C'était l'époque de l'essor économique et culturel slovène, ce qui ne faisait l'affaire ni de la municipalité de Trieste ni de certains milieux nationalistes, c'est pourquoi l'avenir de la ville ne s'annonçait pas radieux. Néanmoins les Slovènes de Trieste avaient fondé de nombreuses institutions et ils se défendaient aussi si quelque bande fanatique s'attaquait à eux au retour d'un de leurs cercles de lecture.
Guglielmo, blond, élancé, de nature réservée, enleva le k final de son nom de famille et se mit à fréquenter les irrédentistes. Il ne s'adonna probablement pas à leurs rixes urbaines, il s'inscrivit à l'École polytechnique de Vienne et fut bientôt appelé au service militaire. Ne voulant pas servir sous les ordres de la capitale autrichienne haïe, il jeta son uniforme aux orties et franchit la frontière. Psychiquement instable, il était obsédé par une seule idée, comment réveiller le coeur de Trieste et allumer chez ce peuple commerçant la flamme de la révolte ? Il voulait se sacrifier, donner l'exemple, scandaliser si nécessaire ; et au moment de son arrestation à Ronchi, il répéta avec ostentation que sa bombe était bien destinée à l'empereur François Joseph qui devait venir à Trieste en 1 882. Il l'affirma encore résolument devant le tribunal afin d'être condamné comme, en quelque sorte, un coupable qui aurait déjà lancé la bombe.
Oui, voilà des choses bien connues, me disais-je tout en constatant que ma façon de voir ce jeune homme avait changé. Il est vrai qu'il avait abandonné sa consonne finale, me disais-je, mais il n'avait pas pu rejeter, avec elle, ce qui était archétypique dans la lignée de Jozefa Marija, cette tendance à l'idéalisme et à la recherche de l'universalité. Le jeune homme avait transmis l'aspiration de la petite communauté maternelle à dépasser son cadre étroit à un groupe de fanatiques qui rêvaient de liberté et luttaient contre le puissant empire. C'est ainsi que dans la crypte qui lui est dédiée, là où la corde a serré sa nuque, il y a la statue d'un homme nu qui est un martyr pour la communauté italienne et, pour la communauté slovène, un cas typique de ses nombreuses pertes, tragiques et pitoyables à la fois.
J'ai évidemment pensé à Franc Kavs, un jeune homme de Tolmin, à sa ceinture bourrée d'explosifs, qui aurait dû libérer la population de la dictature fasciste lors de la visite de Mussolini ; mais Kavs avait un idéal de liberté bien différent. Il ne fut pas pris avant l'attentat, il y renonça de lui-même car l'explosion aurait ôté la vie à des écoliers venus saluer le grand chef. Malgré cet acte profondément éthique, Kavs fut condamné à mort puis gracié ; mais le juge italien, comme avant lui son collègue autrichien, le condamna ensuite sur sa seule intention. »
Anthologie thématique (127 thèmes) puisée dans l'oeuvre du plus grand poète et penseur polonais moderne, Cyprian Norwid (1821-1883) qui vécut la plupart de sa vie en France.
Il fut notamment proche ami de Chopin.
Très intellectuelle, l'oeuvre de Norwid est imprégnée d'un lyrisme masqué et d'une ironie romantique qui s'expriment par des symboles d'une extrême profondeur.
Mais la grande originalité de cet artiste (poète, nouvelliste, auteur dramatique, essayiste, peintre et sculpteur) a été de concilier la pensée occidentale et chrétienne avec la philosophie chinoise (confucianisme, taoisme et bouddhisme).
Ce visionnaire toujours en avance sur son temps (et le nôtre!), sans cesse à la recherche d'une sagesse suprême et des valeurs intemporelles et universelles, semble avoir réalisé le postulat de Johann W. Goethe que "l'Orient et l'Occident ne peuvent plus être séparés". Sa pensée a non seulement influencé l'art polonais de la première moitié du XX siècle, mais elle a même inspiré un des plus grands papes de l'histoire, Jean Paul II qui le considérait comme précurseur du Concile Vatican II !
L'anthologie est constituée de fragments courts et succincts, le lecteur pourra facilement repérer ce qui l'intéresse.
Un penseur russe serait-il en avance de plus d'un siècle sur les questions du multiculturalisme et de l'identité ? Le malentendu est source de vérité, en voici une nouvelle preuve ! Aisance, liberté de ton, grâce narrative, humour, font de ces lettres de petites scènes philosophiques où rigueur dialectique et fantaisie s'allient pour clarifier des sujets qui, plus de cent ans après, brûlent toujours.
Intrépide, Soloviev prend le beau risque de tout mettre sur le tapis : la viabilité du christianisme, le rôle de la Russie, Nietzsche et Tolstoï, l'Islam, la guerre, le fondement de l'éthique. Pari tenu : cet homme avait atteint l'unité d'esprit. Une entrée stimulante dans la pensée de Soloviev, et dans la pensée russe en général : une pensée qui n'est pas sèchement conceptuelle, mais qui prend en compte l'ensemble de la personne, et fait éclater le formalisme occidental.
Il s'agit d'une publication exceptionnelle, dans la mesure où elle réunit sous une même couverture deux célèbres auteurs allemands qui comptent parmi les plus connus du public français.
Ernst Jünger, avec ses témoignages poignants sur les combats de la Première Guerre mondiale (Orages d'acier, La guerre, notre mère), a commencé à se faire connaître en France dès les années 1930. Francophile et francophone (il était l'un des auteurs préférés de François Mitterrand), ses ouvrages ultérieurs, depuis Sur les falaises de marbre jusqu'à Eumeswil, pour ne rien dire de ses Journaux (Soixante-dix s'efface), publiés chez Gallimard, l'ont ensuite imposé comme l'un des plus grands écrivains du siècle dernier.
Le juriste Carl Schmitt, auteur plus controversée, dont la pensée a été introduite en France après la guerre par Raymond Aron et Julien Freund, est lui aussi connu dans le monde entier, grâce notamment à son célèbre essai sur La notion de politique, à sa Théologie politique, sa Théorie du partisan, etc. Depuis sa mort, plus de 600 livres lui ont à ce jour été consacrés.
Jünger et Schmitt se sont connus tout à fait à la fin des années 1920. Ils ont alors entamé une correspondance suivie, restée jusqu'ici totalement inédite en France, qui s'est poursuivie jusqu'en 1983, deux ans avant la mort de Carl Schmitt. Ernst Jünger est quant à lui décédé en 1998, à l'âge canonique de 102 ans !
Entamée sous la République de Weimar, poursuivie sous le IIIe Reich, puis après la fondation de la République fédérale allemande, la correspondance entre les deux auteurs porte bien entendu sur leur vies personnelles, mais aussi sur la politique, la littérature et l'actualité, apportant ainsi une foule d'informations et de renseignements inédits qui projettent sur leur temps et sur leurs oeuvres respectives un éclairage souvent décisif.
L'une des périodes les plus intéressantes et évidemment celle de l'Occupation, époque à laquelle Ernst Jünger était, comme on le sait, en poste à l'état-major allemand à Paris, tandis que Carl Schmitt, après s'être brièvement rallié au régime nazi (de 1933 à 1936), vivait à Berlin dans une sorte d'exil intérieur. La confrontation de leurs opinions, tout comme l'évocation de leur rencontre dans la capitale parisienne en 1941, apportent beaucoup à l'histoire politique contemporaine, et même à l'histoire tout court.
Un maître de la littérature fantastique analyse ici ses motivations qui ont leur source dans l'angoisse atavique de l'homme devant la nature et qui assurent à ce genre littéraire sa perennité.
"Les attaques contre le pape et contre l'Eglise ne viennent pas de l'extérieur seulement, mais de l'intérieur, du péché qui existe en elle".
Quand Benoît XVI se livre à cette confidence, le 11 mai 2010, il ne dénonce pas seulement le fléau des scandales pédophiles qui ont terni la réputation d'une partie du clergé. C'est aussi le spectre d'une division profonde au sein de l'Eglise elle-même qu'il pointe du doigt. La levée de boucliers qu'a suscitée, au cours de l'été 2007, le Motu proprio Summorum Pontificum, destiné à réhabiliter la messe en latin, l'a suffisamment démontré.
Les erreurs de communication n'expliquent pas tout. Un entourage qui le conseille mal ou, parfois, fait barrage à sa politique ; des églises locales qui relaient peu ses initiatives ou les combattent plus ou moins ouvertement ; des médias qui le caricaturent à loisir en doctrinaire réactionnaire, et qui font feu de tout bois (discours de Ratisbonne, déclarations sur le préservatif en Afrique, propos révisionnistes de Mgr Williamson) pour le discréditer : existe-t-il un ou plusieurs complots contre Benoît XVI ? Qui a intérêt à le faire trébucher, à saboter son pontificat et pourquoi ? Une enquête passionnante depuis les coulisses du Vatican, par deux éminents correspondants auprès du Saint-Siège.
Des documents et des témoignages inédits qui éclairent d'un nouveau jour les crises des cinq premières années de Joseph Ratzinger sur le trône de Pierre.
Découvrez Fragments (un peu roussis), le livre de George Steiner. "Y a-t-il un trou noir au coeur de l'être? Ce qui ne peut se conceptualiser ne saurait se dire, ce qui ne peut se dire ne saurait être." En quelques fragments lumineux, dans la tradition d'Héraclite, George Steiner nous conduit au plus profond du paradoxe humain. Question : quelles sont les forces de vie concurrentes à l'oeuvre dans notre monde ?
Quelle dialectique épineuse s'est donc installée entre tabous et bonnes intentions au point d'éprouver les limites du progrès et de la science ? Que peuvent ainsi les lumières de l'éducation face à la récurrence implacable des continents noirs de l'inégalité ? Que vaut l'idéal de l'amour, aussi éclatant que passager, face aux vertus régulières de l'amitié ? Au-delà de la dualité qui sépare ombre et lumière, gloire et misère, jouissance et connaissance, apparaît peu à peu le dialogue avec les dieux qui arracha à Socrate un chant extraordinaire au moment même de mettre fin à ses jours. Le génie du stoïcisme et le sourire de l'artiste éclairent ces méditations inoubliables en huit aphorismes - sur la lumière, l'amitié, le mal, l'argent, la musique, Dieu et la mort - qu'on lira également comme autant de fragments d'autoportrait.
Ce portrait du Premier ministre britannique (1804-1881) retrace l'itinéraire politique d'un personnage aussi talentueux qu'excessif qui parvint à la plus haute fonction alors que rien ne l'y prédestinait : naissance juive, absence de fortune personnelle et de propriété terrienne. Il est ici présenté comme un dandy libertin, un romancier d'oeuvres polémiques et un orateur redoutable.
« Quelle relation y-a-t-il entre le Sens Commun et la Folie, entre le Sens Commun et la Métaphysique ? Encore une fois, de quelle Folie parlez-vous ? N'oublions pas que le Verbe de Dieu fut très souvent dit fou, que Hamlet fut fou, que Don Quichotte fut fou, et Don Bosco, et Saint Felipe Neri, etc » Prêtre catholique et écrivain argentin, auteur d'une oeuvre immense comme philosophe, poète, romancier, conteur, essayiste, théologien, exégète, critique et journaliste Exclu de l'ordre des Jésuites pour insubordination, jalousé par ses pairs et persécuté toute sa vie par l'Eglise argentine officielle Oublié dans son propre pays, inconnu partout ailleurs Qui est Leonardo Castellani, le « Curé Fou » ?
Auteur de plus de 50 livres et plus de 1000 articles dans la presse, pourfendeur des idéologies et des fausses gloires du XX e siècle, pratiquant 8 langues, doté d'une érudition prodigieuse et d'une curiosité insatiable (littérature, politique, psychologie, éducation, métaphysique, etc.), Leonardo Castellani est un maître à penser et un écrivain de génie non seulement inconnu aujourd'hui, mais littéralement introuvable.
Frappée par la malédiction et la conjuration du silence, son oeuvre a été expulsée de la bibliothèque universelle.
Castellani ne pouvait pas mentir et possédait un grand sens de l'humour. Considéré comme un jésuite rebelle parce qu'il critiquait la lâcheté du clergé, il refusa de démissionner comme le lui demandait sa hiérarchie. Il accepta la réclusion en Espagne, puis s'évada au bout de deux ans en 1949. Revenu en Argentine, brisé et réduit à la misère, il vécut en Ermite Urbain à Buenos Aires. Il ne récupéra son ministère sacerdotal qu'en 1966 et continua son combat pour la vérité jusqu'à son dernier souffle, endossant le surnom de « Curé fou » dont l'affublaient ses ennemis.
Ce livre est la toute première traduction française de ses textes.
Force d'esprit, humour implacable et puissance visionnaire caractérisent le style inimitable de ce choix d'articles réunis en volume pour la première fois. On découvrira avec joie ses textes sur Bernanos, Léon Bloy, Borges, Oscar Wilde, Kierkegaard, etc.
La révolution industrielle a tout bousculé. Elle a imprimé à la société son mouvement (standardisation, interdépendance et équivalence mécanique de tout - ce que Veblen appelle la « concaténation »). Le « matériel humain » s'est réglé suivant le rythme déshumanisé de la machine qui « inculque de penser en termes de causes et d'effets concrets, impersonnels, au détriment des normes de validité basées sur l'habitude et sur les standards conventionnels hérités du passé ». « Sa base métaphysique est la loi de cause à effet ». Elle a profondément altéré les anciennes préconceptions du monde, tels les liens du sang, les allégeances nationales ou religieuses, autant de principes subitement dévalués. Naguère « puissants facteurs de contrôle humain », ils ne sont plus que le reliquat d'un âge révolu.
Veblen entrevoit un autre changement : la fin des nations.
Parce que le consentement populaire n'est plus désormais de mise. Parce que le patriotisme ne subjugue plus les classes industrielles les plus immédiatement soumises à la discipline (« dressage ») de la machine et converties aux nouvelles habitudes mentales nées de l'industrie. Cette population n'en vient-elle d'ailleurs pas à désinvestir, suivant un processus caractéristique de la pensée évolutionniste, certains droits naturels, dont l'inaliénable droit de propriété ? Veblen observe ce changement principalement parmi les techniciens et les ingénieurs qui s'affichaient alors socialistes et nourrissaient l'ambition d'abolir la propriété.
De là, Veblen diagnostique « le déclin naturel de l'entreprise d'affaires ».
De nombreuses organisations internationales accusent la Chine d'atteintes très graves à la liberté religieuse. Ce n'est plus le Falun Gong mais l'Église de Dieu Tout-Puissant, nouveau mouvement chrétien né en 1991, qui est aujourd'hui la cible principale des persécutions dénoncées. Les faits relevés sont accablants: plus de quatre cent mille fidèles ont ainsi été jetés en prison pour y trouver souvent la mort dans des circonstances suspectes, quand l'exposition systématique et répétée à la torture ne leur a pas infligé d'irréparables séquelles.
La jeune Église compte, aujourd'hui, plus de quatre millions de membres. Elle défend la théorie de la nouvelle incarnation de Dieu, revenu sur Terre sous les traits d'une femme chinoise, et délivrant par sa bouche des vérités et des enseignements majeurs. Pour quelle raison représente-t-elle donc une menace pour le régime chinois ? Car tous les moyens sont bons pour tenter de l'éradiquer... Outre les violences déjà citées, une propagande à grande échelle est développée à son encontre : dénoncée tantôt comme hérétique, tantôt comme sectaire, l'Église est aussi rendue coupables de crimes minutieusement montés de toutes pièces.
Massimo Introvigne est l'un des rares universitaires à avoir mené son enquête. Il a ainsi récolté l'opinion des autorités locales comme celle de nombreux membres du mouvement controversé, dispersés à travers différents pays. Qu'est-ce que l'Église de Dieu Tout-Puissant ? Quelles sont les causes de son rayonnement ? Et des persécutions dont elle est l'objet ?
Au-delà du cas spécifique observé, l'auteur livre également un éclairage nouveau sur les relations entre pouvoir et religion dans la Chine de Xi Jinping.
« On pouvait remarquer bien des traits communs entre cet honnête Allemand et le terrassier ivre du samedi soir qui rentre chez lui animé de sentiments belliqueux envers sa femme et fait joyeusement pleuvoir les coups rien qu'à sa vue. Ainsi peut-il aisément obtenir toute l'excitation et tout l'exercice dont il a violemment besoin, sans pour cela s'exposer au moindre des dangers que présenterait nécessairement un affrontement plus réel.» Dans le Paris de la Bohème bourgeoise, Tarr, un peintre anglais, trop perspicace pour ne pas être sarcastique à la puissance 10, se sépare brutalement de Bertha Lunken, une jeune artiste allemande au romantisme de pacotille, pour mettre fin aux rumeurs de fiançailles qui circulent à leur sujet.
L'écervelée cherche désespérément à attirer de nouveau son attention en fricotant dangereusement avec Otto Kreisler, peintre prussien bien bâti dont le talent -médiocre- consiste plutôt à « taper » ses amis au double sens du terme : quand il n'en a pas à leur bourse, c'est à leur « vie » qu'il s'attaque avec violence et ressentiment. Quand paraît Anastasya Vasek, une créature russo-germanique, à ranger dans la catégorie définitivement supérieure à tous points de vue (fortune, intelligence et beauté), l'infernale triangulation (Tarr-Lunken et Kreisler) amoureuse explose : Kreisler provoque soudain en duel Soltyk, l'élégant Polonais qui, non content de l'avoir supplanté dans les faveurs financières de son ami Ernst Vokt, se promène désormais chaque jour au bras de la belle amazone.
Bien que l'honneur de Kreisler ne puisse nullement constituer le motif de l'affrontement, Soltyk finit, à force d'être giflé, d'accepter le rendez-vous fatidique dans les brumes du Bois de Boulogne. En réalité, il mourra par accident, d'un vulgaire acte manqué imputable à Kreisler. Ce dernier, après une courte cavale et une arrestation pour vagabondage, finira par se pendre dans la cellule d'un commissariat. Tarr, de son côté, n'aura aucun mal à séduire Anastasya tout en décidant également d'épouser - pour un temps - Bertha, enceinte de Kreisler. La farce est close. La vie n'a fait qu'exalter chez Tarr le sens d'une vraie « création » - la farce qui relève de l'art et révèle de l'existence toutes les « tares ».
Ce premier roman de Whyndham Lewis, paru en 1918, créa un renouveau dans l'art romanesque par son ton provocateur, sa peinture audacieuse des caractères et son culte de « l'énergie ». L'Allemand romantique, dégommé par Nietzsche et sa volonté de toute-puissance, sombrait dans le nihilisme, la farce et la folie dans un Paris, par contraste, bien trop civilisé pour être vraiment artiste,. Reflet de l'expérience parisienne (1901-1909) de l'auteur, Tarr a été écrit entre 1910 et 1915, présenté en feuilleton sous une forme abrégée par The Egoist (1916-1917) et publié à Londres et New York en 1918. En 1928, paraît une nouvelle édition complètement réécrite, dans le sens de la modération et de la correction, mais sans le moindre changement apporté à l'intrigue. C'est cette seconde version dont nous donnons ici la traduction.
La saga d'un exil qui se poursuit à travers plusieurs générations d'une famille de l'aristocratie balte, depuis le XIIe siècle jusqu'aux années 1970.
Dans les années 1960, le narrateur retourne le temps d'un été à Roccalimata au coeur de sa Sicile natale. Un récit de voyage qui croise les souvenirs du narrateur enfant et le présent de l'homme qu'il est devenu.
Qui était Dashiell Hammett (1894-1961), l'auteur du mythique Faucon maltais qui illumina le grand écran ? Un ancien détective de l'agence Pinkerton entraîné à l'art de la filature, mais dont la santé défaillante limita les sorties sur le terrain... Un écrivain à succès qui savait cracher du mot pour assurer ses fins de mois, mais préféra la revue bon marché Black Mask à de plus prestigieuses. Un scénariste renommé d'Hollywood qui menait la grande vie, entouré de starlettes, mais embrassa la cause marxiste sans hésiter. Un homme qui soignait sa communication, mais devint la bête noire du FBI avant d'être jeté en prison et pire encore : censuré, « blacklisted ». A croire que d'autres privés d'un genre douteux venaient de le prendre au mot et lui faisaient répéter l'une de ces histoires « dures à cuire » dont Hammett avait pourtant le secret, et qui incarnent le polar moderne tel qu'on l'aime : brutal et incisif, sanglant et immoral. Trente ans après l'édition originale de Shadow Man, Richard Layman rouvre le dossier Hammett en apportant, dans cette version française, les corrections et compléments décisifs tirés de ses nouvelles découvertes.
Une biographie-enquête au plus près de l'énigme Hammett où s'aventurer à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Nouvelle édition revue et augmentée.
Fondateur du Parti communiste en France, Boris Souvarine a cependant critiqué vigoureusement le totalitarisme soviétique. A travers la chronique de la censure qui a frappé les lettres russes, il explicite la nature liberticide du régime et ses effets néfastes à long terme.
En 1913-1914, il n'y a rien, en musique contemporaine, qui corresponde à Wyndham Lewis, Pablo Picasso ou Gaudier-Brzeska.
Stravinsky a, certes, bousculé Debussy. Mais sans dissiper le brouillard où s'est égarée la musique depuis le long déclin du contrepoint jusqu'à l'harmonie et Schönberg.
Le Ballet mécanique (1926) de GeorgeAntheil (1900-1959) - jeune compositeur américain qu'Ezra Pound rencontre, en 1921, à Paris -, ouvre une nouvelle voie : « La «musique» qu'on enseigne dans les académies s'occupe de l'organisation de particules sonores, de sons qui présentent certaines variations à l'intérieur de la seconde, [...] d'une minute ou de dix minutes, ou, dans les «grandes formes», d'une demi-heure. Mais, en nous emparant des durées plus longues, nous voyons la possibilité de tempo-spatialiser le cliquetis, le grincement, le whang-whang et le gnnrrr d'une salle des machines, de sorte que la journée de huit heures ait son rythme, que les ouvriers, aux machines, soient démécanisés et ne travaillent pas comme des robots, mais comme les membres d'un orchestre. [...] Et c'est bel et bien un nouvel acte musical ; une nouvelle saisie de la vie par l'art, une nouvelle époque, une rupture avec les habitudes d'assentiment plus grande qu'aucune rupture accomplie par Bach ou par Beethoven [...] » Antheil n'avait-il pas annoncé son intention de « «mettre au même diapason» des villes entières » ?
Ce coup d'oeil ironique sur des siècles de connaissances musicales mal acquises rend au génie d'Ezra Pound, alias William Atheling, toute sa mesure : c'est en dépouillant l'art de ses scories et aberrations qu'il le rapporte à son essence singulière, et qu'il en ressuscite la forme pure au coeur d'un souffle, d'un « temps » nouveau.
Pour la première fois est publiée, en français, l'intégralité de ce texte où brille la causticité d'Ezra Pound (1885-1972), l'homme qui révolutionna la poésie anglo-saxonne et fut, aussi, un grand critique à l'écoute de toutes les nouveautés esthétiques.
Si les contes et les fables comportent toujours quelque leçon de morale, l'on s'attend moins à ce qu'ils dispensent un cours d'économie. Certes, l'histoire du roi Midas, par exemple, enseigne que la cupidité mène à bien des malheurs, «mais la sagesse économique propre aux fables ne se trouve pas seulement dans les classiques de la tradition populaire ou dans les mythes», explique Luca Gallesi. «Deux chefs-d'oeuvre modernes de la littérature pour la jeunesse contiennent des réflexions sur l'économie incontestablement plus brillantes et pointues que celles exposées par d'illustres professeurs dans leurs traités bavards et hermétiques.
Il s'agit du Magicien d'Oz et de Mary Poppins, deux romans à succès qui ont vu leur popularité grandir encore grâce aux films qu'ils ont inspirés.» On lira en effet dans Le Magicien d'Oz une référence aux grands débats qui, aux Etats-Unis, ont entouré la question du bimétallisme, et dans Mary Poppins une déclinaison faussement farfelue des théories dites du «Crédit social», très en vogue en Angleterre pendant l'entre-deux-guerres.
A travers ces deux best-sellers, Luca Gallesi retrace l'histoire des grandes crises économiques qui ont bouleversé le monde à la charnière des XIXe et XXe siècles puis, de là, pose une question fondamentale : sur quoi se fonde la valeur de l'argent ? Pour trouver une réponse, peut-être vaut-il mieux, comme le préconise l'auteur, «écouter ce que disent les contes et regarder la réalité en face».
«Il traduisait Confucius en italien, écrivait des pamphlets sur les causes de la guerre, rédigeait ses chroniques et des articles - "Pour essayer de sauver le monde". Et l'on sentait que la pression - intérieure, extérieure ? - ainsi que le sérieux de son projet et de son engagement étaient tels, que l'hyperbole devenait une litote. » La poésie de l'écrivain américain Ezra Pound (1885-1972) est unanimement reconnue comme l'une des plus marquantes du XXème siècle. Mais pas sa pensée ! Or ses poèmes pensent... II est donc impossible de les expurger pour n'en garder que des bribes de "poésie pure". La position de la vulgate idéologique de ses détracteurs est absurde et intenable.
Le récit autobiographique de sa fille éclaire au passage, dans leur cohérence profonde, leur nécessité intérieure et leur vérité prophétique TOUS les choix d'Ezra Pound (politiques, littéraires, existentiels).
Nous comprenons alors que Pound s'est simplement exprimé à un moment qui rendait ses idées inaudibles, et qu'il était en avance sur son temps : c'était un homme de paix, qui clamait haut et fort que le monde est gouverné par les fabricants d'armes et les lois de la finance (l'Usure) présentées comme des vérités éternelles par ceux à qui elles profitent ; qui dénonçait l'éloignement de la terre et la disparition de la culture (aux deux sens, matériel - agricole - et intellectuel du mot) ; enfin qui proposait des solutions alternatives, dans la ligne des économistes les plus novateurs d'aujourd'hui.
On juge l'arbre à son fruit : éduquée d'abord dans une ferme au fond d'un village reculé du Tyrol, puis par Ezra Pound lui-même ("Ce dont on aura besoin après la guerre, c'est de gens vraiment cultivés", disait-il), Mary de Rachewiltz, de par son courage, son discernement, sa haute culture, la qualité de son écriture discrète et sans complaisance, est une preuve vivante de la beauté et de la viabilité des intuitions géniales d'Ezra Pound : "Une petite lumière, comme une chandelle à mèche de roseau /pour guider à nouveau vers la splendeur" (Canto CXVI).