Entre mai et septembre 1920, l'écrivain russe suivit la campagne de Pologne en tant que correspondant de guerre pour le journal "Le cavalier rouge". Initialement publiées dans des revues, ces nouvelles, inspirées des événements, décrivent les actions des cosaques de la première armée de cavalerie.
Fondateur de l'école de psychologie analytique souvent confondue avec la psychanalyse freudienne, Carl Gustav Jung (1875-1961) a commencé à s'intéresser aux gnostiques dans les années 1910-1915 durant lesquelles il rompit avec Freud (1913) et vécut une « confrontation à l'inconscient » dont il fit le récit dans le fameux Livre Rouge, et qui donna une signification nouvelle à la seconde partie de son existence et de son oeuvre. Considérées comme des hérésies par les premiers auteurs chrétiens, les gnoses dont l'origine est incertaine (Iran, Égypte, Judée, Syrie) proposaient une vision du salut plus proche des Mystères antiques que du christianisme, même si certaines d'entre elles se disaient chrétiennes. Passionné par cette littérature décriée et mal connue, Jung pensa trouver chez les gnostiques les premiers explorateurs de l'inconscient confrontés sans le savoir au monde des archétypes qui leur aurait inspiré leurs visions et leurs mythes. Comme les alchimistes plus tard, les gnostiques ont ainsi accompagné Jung dans l'élaboration de sa psychologie qui emprunte à la gnose l'idée qu'une connaissance révélée et salvatrice puisse restituer une plénitude et un sens à la vie désorientée de l'homme contemporain.
En 2047, le monde s'est profondément transformé grâce aux progrès scientifiques prodigieux qui ont apporté paix et prospérité. L'Intelligence Artificielle impose sa loi de toutes parts, mais la nature humaine demeure la même, souvent plus soucieuse de conquête matérielle que spirituelle. L'avoir et le paraître dominent l'être.
Claire et Paul, un couple heureux, en pleine réussite financière, sociale, professionnelle s'inscrivent dans cette logique. L'arrivée inattendue de Tim, orphelin de 15 ans, dans leur foyer va bouleverser leur vie bien établie et permettre à Paul de renouer avec son enfance et ses racines. À travers le regard, les questions de cet adolescent sur les évolutions du monde, Claire et Paul vont comprendre que l'essentiel n'est pas ce qu'ils croient et leur choix de vie en sera radicalement modifié.
Dans ce livre, l'intrigue romanesque sert de trame à la description de ce que pourrait être notre monde dans 30 ans. Urbanisme, technologie, économie, enseignement, institutions, droit de la famille, droit du travail, construction européenne, l'auteur a travaillé avec les meilleurs experts de chaque secteur, pour écrire cette prospective. Roman d'anticipation aux personnages attachants, «?Le Monde de Tim?» tranche, par sa foi et sa fougue, avec les angoisses déclinistes qui traversent notre société.
Ce message d'espérance voudrait inspirer tous ceux qui, quels que soient leur rôle et leurs responsabilités; ont à écrire notre avenir. Ce livre est une leçon d'humanisme qui rappelle qu'au-delà des apparences, seules comptent les véritables valeurs d'amour et de partage.
L'Anthologie classique (le Shijing) rassemble les 305 poe`mes - chansons populaires, odes pour les ce´re´monies de cour, odes religieuses -, se´lectionne´s et ordonne´s, selon la tradition, par Confucius (551-479 av. J.-C.), dont la doctrine politique et sociale fut e´rige´e en religion d'E´tat et marqua profonde´ment la civilisation chinoise. Ezra Pound voyait dans le confucianisme un ve´ritable « code de la vie » et une possibilite´ de renou- vellement pour l'Occident. Apre`s Les Entretiens de Confucius (ou Analectes), le poe`te ame´ricain traduit donc les odes confuce´ennes au temps de sa de´tention a` l'ho^pital St. Elizabeth's. Sa connaissance du chinois peut sembler rudimentaire : il suit l'enseignement de son mai^tre Fenollosa, et ses solutions ne sont pas exemptes de fantaisie. Toutefois, Pound accorde une importance particulie`re au travail de traduction et voit dans la concordance des langues un crite`re majeur de civilisation. Il pre´fe`re par conse´quent toujours la restitution d'une inflexion vivante au strict respect de la syntaxe. Une approche non conventionnelle mais efficace, qu'avait remarque´e Simon Leys : « Pound ne savait gue`re le chinois ; ses interpre´tations sont quelquefois loufoques... mais Pound a fait preuve d'une infaillible intuition des rythmes de l'original... son oreille ne se trompe jamais, et dans ce domaine il nous administre une lec¸on exemplaire. »
Ce bref essai part d'une constatation biographique : Isabelle Huppert est née le 16 mars 1953, soit 15 jours avant Richard Millet. Autant dire qu'elle représente une sorte de miroir dans lequel l'écrivain scrute sa propre figure autant que celle d'une actrice dont la filmographie a quelque chose de très français en même temps que d'universel.
Ainsi les films majeurs dans lesquels elle a tourné, Des Valseuses à Elle, en passant par Chabrol, Cimino, Losey, Godard, Haneke, Téchiné, Trier, sont-ils aussi des moments importants de la vie de l'écrivain, l'actrice et l'écrivain s'inscrivant chacun à façon dans leur époque. On verra ici pourquoi, loin de toute fascination mais non sans une certaine ambiguïté, puisqu'il s'agit d'une femme.
Avec Huppert et moi, Millet clôt une trilogie constituée par Le corps politique de Gérard Depardieu (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) et Pour Bernard Menez (Léo Scheer, 2017).
Cela peut arriver n'importe où.
Dans le froid et la pluie d'hiver. Par une chaude après-midi d'été. En pleine ville. Au bord de la mer. Tout près d'un casino ou encore un jour de carnaval où tous déambulent, parfaitement méconnaissables... Soudain quelqu'un vous bouscule et vous voilà nez à nez avec l'être qui a détruit votre existence : le rival qui vous a pris votre fiancée, le père qui ne vous a pas aimé, la maîtresse que vous avez rejetée.
Vous brûlez d'en venir aux mains. Mais non, vous pressentez que tout se jouera autrement. Au-delà de la haine, de l'angoisse et du remords. Autour de vous, la vie continue à suivre son cours : des musiques s'échappent des bars, des voitures accélèrent, des rires résonnent. Et vous pressez l'allure, histoire d'échapper au fantôme du passé qui s'attache à vos pas. Une course-poursuite qui durera toute la nuit.
Jusqu'à échanger enfin un regard, une parole de compassion au point du jour. Neuf nouvelles en forme de déambulations sur le thème des retrouvailles.
« C'était l'époque de l'essor économique et culturel slovène, ce qui ne faisait l'affaire ni de la municipalité de Trieste ni de certains milieux nationalistes, c'est pourquoi l'avenir de la ville ne s'annonçait pas radieux. Néanmoins les Slovènes de Trieste avaient fondé de nombreuses institutions et ils se défendaient aussi si quelque bande fanatique s'attaquait à eux au retour d'un de leurs cercles de lecture.
Guglielmo, blond, élancé, de nature réservée, enleva le k final de son nom de famille et se mit à fréquenter les irrédentistes. Il ne s'adonna probablement pas à leurs rixes urbaines, il s'inscrivit à l'École polytechnique de Vienne et fut bientôt appelé au service militaire. Ne voulant pas servir sous les ordres de la capitale autrichienne haïe, il jeta son uniforme aux orties et franchit la frontière. Psychiquement instable, il était obsédé par une seule idée, comment réveiller le coeur de Trieste et allumer chez ce peuple commerçant la flamme de la révolte ? Il voulait se sacrifier, donner l'exemple, scandaliser si nécessaire ; et au moment de son arrestation à Ronchi, il répéta avec ostentation que sa bombe était bien destinée à l'empereur François Joseph qui devait venir à Trieste en 1 882. Il l'affirma encore résolument devant le tribunal afin d'être condamné comme, en quelque sorte, un coupable qui aurait déjà lancé la bombe.
Oui, voilà des choses bien connues, me disais-je tout en constatant que ma façon de voir ce jeune homme avait changé. Il est vrai qu'il avait abandonné sa consonne finale, me disais-je, mais il n'avait pas pu rejeter, avec elle, ce qui était archétypique dans la lignée de Jozefa Marija, cette tendance à l'idéalisme et à la recherche de l'universalité. Le jeune homme avait transmis l'aspiration de la petite communauté maternelle à dépasser son cadre étroit à un groupe de fanatiques qui rêvaient de liberté et luttaient contre le puissant empire. C'est ainsi que dans la crypte qui lui est dédiée, là où la corde a serré sa nuque, il y a la statue d'un homme nu qui est un martyr pour la communauté italienne et, pour la communauté slovène, un cas typique de ses nombreuses pertes, tragiques et pitoyables à la fois.
J'ai évidemment pensé à Franc Kavs, un jeune homme de Tolmin, à sa ceinture bourrée d'explosifs, qui aurait dû libérer la population de la dictature fasciste lors de la visite de Mussolini ; mais Kavs avait un idéal de liberté bien différent. Il ne fut pas pris avant l'attentat, il y renonça de lui-même car l'explosion aurait ôté la vie à des écoliers venus saluer le grand chef. Malgré cet acte profondément éthique, Kavs fut condamné à mort puis gracié ; mais le juge italien, comme avant lui son collègue autrichien, le condamna ensuite sur sa seule intention. »
« Ce qui caractérise le libéral-libertaire, selon Michéa, tient au lien entre ultra- libéralisme, c'est-à-dire recherche illimitée, dogmatique et sectaire du profit, hors de toute forme de règles et de limites (y compris libérales) - un truc, au sens du « truc » du magicien, venu en direct du Far West, quête individualiste en ce qu'elle massacre tout lien social-, mais aussi vision dogmatique, dite « libertaire », de courants politiques s'auto-situant à gauche (ou au centre-gauche/centre-droit) et fondant leurs idées sur des religions telles que celle du multiculturalisme, de l'antifascisme, de l'antiracisme, de la liberté sociétale sans frein et sans limites, ni Limite globale non plus. L'absence absolutisée de la Limite est au coeur d'un monde devenu ruines.
Je reviendrai sur ce point essentiel. On pourrait dire, mais Michéa ne le fait pas, qu'il existe une sorte d'alliance des liberticides. Qui le sont, liberticides, au nom de la « liberté ». C'est pourquoi tout paraît nous échapper, comme ce qui est liquide justement. Car tout est toujours faux dans le vrai tel qu'il apparaît. Quel meilleur symbole de ce que je viens de dire qu'un Emmanuel Macron président de la « république ». Michéa a raison d'écrire qu'il y a une alliance objective entre les partisans du no border et la partie ultra-libérale de l'oligarchie libérale-libertaire.
Entre libéralisme économique absolutisé, prétendue libération des moeurs, libéralisme politique, égalitarisme sociétal. Il n'y a donc, en effet, plus de droite ni de gauche. Mais attention, le fait est en réalité circonscrit : il n'y a plus ni droite ni gauche au sein du libéralisme libéral-libertaire.
C'est de cela dont Macron est le nom. »
Lisez les nouvelles de ce recueil, sans doute le plus remarquable de tous ceux qu'a déjà signés Michel Lambert.
Son thème majeur, la solitude, y est traité avec une maîtrise jamais égalée auparavant. De quoi est-il question ? De coeurs brisés, de deuils, de trahisons, d'échecs cuisants ou de secrets de famille... Choses déjà racontées mille fois, dira-t-on. La force mystérieuse et invincible qui monte de ces nouvelles vient d'ailleurs. Elle s'explique par l'art infiniment subtil du dévoilement et du retardement auquel l'auteur a recours pour traduire l'ineffable de la solitude, un drame dont on ne se débarrasse pas en se confiant simplement à une âme compatissante. La solitude épouse, ici, la consistance fuyante des nuages : peuplée d'ombres dont la nature et la forme fantastiques explosent tout à coup pour introduire un autre sentiment connexe au mal être : la terreur. Qu'on ne s'y trompe pas. Le registre de Michel Lambert demeure celui du réalisme, servi par une minutie d'observation et un rare instinct de la montée en crise et des variations psychologiques les plus infimes, quasi météorologiques. Qui mieux que Michel Lambert parvient à ancrer dans le quotidien le plus banal, l'irruption de la fatalité la plus singulière, exprimé par un style soudain magique ? Écoutez les conversations qu'il nous rapporte. Des conversations de tous les jours, qui se poursuivent entre des regards et des gestes, eux aussi, familiers à notre mémoire. Sauf qu'il s'y cache cette troisième présence, brouillant la ligne, celle du double et du doute : quand le personnage se regarde trente ans en arrière et renie tout bas l'être qu'il a été. Aucun secret ne nous est révélé en ligne droite. La solitude s'appuie, ici, sur un réseau de relations complexes, mise en scène d'une manière qui, toujours, obéit au sens de la désorientation et pour cause... La qualité quasi photogénique rendue à l'énigme des personnages frappe peu à peu le regard. Quand leurs silhouettes d'êtres égarés, seuls sur Terre, se détachent tels des fantômes en avance sur leur propre mort. Entraînés par le flux continuel qui animent les grandes villes, ils lèvent aussi les yeux vers le ciel et c'est alors qu'apparait toute la dimension de l'oeuvre lambertienne : quand ce moment d'éternité se fixe, comme en surimpression, divin et consolateur, au-dessus de la solitude si misérable à l'échelle humaine.
«Vous voyez la montagne, ces collines pareilles à des vagues ; vous voyez des bois et des vergers, le grain mûr des champs, les prairies qui dévalent jusqu'à la rivière. Vous me voyez debout à côté de vous ; vous entendez ma voix. Mais je vous dis, moi, que toutes ces choses - oui, depuis l'étoile qui vient de s'allumer au ciel, jusqu'au sol que nous éprouvons du pied -, je vous dis que tout cela n'est que du rêve et des ombres, les ombres mêmes qui nous voilent le monde réel.
Il y a un monde réel ; mais il est sous cet éclat et sous ces visions, [...] derrière tout cela comme si un voile nous le cachait. Je ne sais si jamais un être humain a soulevé ce voile ; mais je sais que cette nuit, et devant vous et moi, Clarke, il le sera pour d'autres yeux. Peut-être trouverez-vous tout ceci étrange, insensé même : étrange, soit, mais réel ; et les anciens savaient ce que c'est que "lever le voile".
Ils appelaient cela voir le dieu Pan.» Pour que le voile se déchire devant le «grand Pan», le Dr Raymond va user du scalpel et rien moins qu'inciser le cerveau de Mary, sa protégée. Cette opération chirurgicale renvoie-t-elle seulement à l'une de ces spectaculaires expériences dont raffola le XIXe siècle, à la fois scientiste et spirite ? Ou bien s'agit-il de convoquer quelque chose de plus archaïque et autrement plus redoutable - de questionner notre capacité à soutenir le regard de la divinité ? C'est de toute façon l'effroi qui est au rendez-vous : au drame de la jeune Mary va succéder une longue série d'événements aussi troublants que terribles.
La Grande rafle du Vél'd'Hiv' (16 juillet 1942) a entraîné la déportation au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau de plus de 13.000 Juifs, dont plus de 4000 enfants. Elle symbolise tragiquement la participation du régime de Vichy - dit « Etat français » - à la politique de persécution et d'extermination des Juifs d'Europe mise en oeuvre par l'Allemagne nazie. Les faits sont établis de manière incontestable : l'arrestation des Juifs de Paris, exigée par l'Allemagne, ordonnée par le gouvernement de Vichy, a été exécutée par la police française. La responsabilité de ces trois acteurs de la tragédie est engagée. Celle de la France, en revanche, affirmée par Jacques Chirac dans son discours du 16 juillet 1995 et réaffirmée par ses successeurs est beaucoup plus discutable.
L'Etat français représentait-il la France ? La France se trouvait-elle à Vichy ? L'auteur revient sur cette polémique toujours actuelle en historien soucieux de s'en tenir à la simple vérité.
« Lorsque, quelques semaines plus tard, le scénario fut enfin achevé, je n'avais toujours pas revu Betty. J'avais tenu bon, m'étant forcé à partager la destinée de mon personnage. Cependant, à la différence de celui-ci, je savais où la retrouver, mon inconnue d'une nuit. Par ailleurs, à bien y réfléchir, je n'étais pas sûr que nous ayons vécu tout à fait la même chose, lui et moi. La jeune fille brune et lui avaient connu une sorte de communion totale, un accord parfait, indépassable des corps et des émotions. De la tendresse pour toute une vie. Betty et moi, qu'avions-nous cherché, sinon à apaiser notre faim ? Ce qui pouvait expliquer pourquoi mon obsession, à l'inverse de celle du personnage, avait connu tant de hauts et de bas, des relâchements. » Un réalisateur travaille sur l'adaptation de La Jeune fille brune, roman du grand écrivain yougoslave Alexandre Tisma (1924-2003). L'histoire est simple : un homme revient sans cesse dans une petite bourgade sans prétention où il a connu autrefois une nuit d'amour mémorable. Le projet, cependant, piétine. Outre les problèmes de budget qu'il soulève, il suscite de nombreuses réticences imprévues chez les membres de l'équipe. Complices artistiques depuis trente ans, ils ont, en effet, essuyé bien des désillusions tant personnelles que professionnelles et, comme le héros de Tisma, gardent en eux une part de nostalgie et de rêve inassouvi.
Quand il ne recherche pas un ciel « vraisemblable », en accord réel avec sa vision, le réalisateur se rend compte qu'il est en train de vivre exactement la même histoire d'amour inconsolable que le personnage de La Jeune fille brune.
Une seconde chance, voilà ce qu'il voudrait...
Une aventure avec une jeune inconnue nommée Betty va rouvrir la boite de Pandore de la nostalgie blessée et créera le drame.
Cette splendide dérive entre rêve et tentative désespérée de retrouver le paradis perdu de la toute première fois avant qu'il ne soit trop tard s'accomplit sur fond de grisaille quotidienne et de lutte de tous les instants. Déployant la subtile tension de la fêlure, Michel Lambert nous entraîne tour à tour dans l'extase et la chute au gré d'un réveil brutal. Magistral.
AÌ la source du malheur français, il y a des traitres français qui portent des prénoms français. Cela fait quarante ans et plus qu'ils abusent de la confiance des électeurs, mentent sur les réalités de la société, saccagent la nation fragile. Faudrait-il se résoudre aÌ regarder la France se désintégrer, sans que les vandales soient inquiétés? L'heure des comptes a sonneì pour les maltraitants de la France millénaire. Pourquoi pas devant la justice ? Un projet de société est aÌ repenser. Avis aux bonnes volontés ! Rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue. Cette idée peut se résumer en un conservatisme national. Ce concept s'élabore aussi bien dans les cuisines de la France profonde que dans les think tanks américains. Une chose est sûre : le peuple en colère, qui a ébranléì le pouvoir macronien, ne se taira pas de sitôt.
Publié dans l'hebdomadaire Gringoire en trois livraisons du 31 août au 14 septembre 1939, Le Faux Belge n'est pas à proprement parler un inédit de Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945), mais une nouvelle qui constitue l'essentiel de l'épilogue du roman Gilles (paru en décembre 1939), auquel seront ajoutées une dizaine de pages qui mènent le personnage à l'acmé de sa destinée sacrificielle. Ce texte ne fut guère connu que de quelques spécialistes de Drieu (ses biographes Pierre Andreu et Frédéric Grover ou encore Jean Lansard, son meilleur bibliographe) mais, apparemment oublié depuis, il n'a jamais fait l'objet d'une publication en volume et est même absent de l'appareil critique de la Pléiade regroupant plusieurs oeuvres de Drieu !
Le Faux Belge met en scène un certain Walter, prétendument professeur de chimie belge en vacances durant l'été 1936 (Guerre d'Espagne) à Barcelone alors qu'il est en réalité un agent fasciste infiltré. Suite à un sombre quiproquo, Walter embarque par erreur en direction des Baléares, dans un petit avion où sont présents deux communistes, le juif Cohen et le Français Escairolles. L'avion est forcé de se poser à Ibiza. Ignorant si l'île est aux mains des rouges ou des blancs, les passagers concluent sur la plage un pacte d'entraide mutuelle quelle que soit la configuration de forces politiques en présence. Puis ils partent à la rencontre des autochtones...
Ce « faux journal », composé d'après des faits exacts, retrace le voyage de Chopin et de George Sand de Majorque à Nohant, entre février et juin 1839. Rédigé par Chopin, il fait se superposer le récit des événements avec celui de l'écriture de son oeuvre majeure que constituent les 24 Préludes, conçus pour partie à Majorque et achevés, dans leur totalité, sur l'île. Il est donc aussi un journal de création.
Regards de Moscou sur la crise syrienne ! Ce livre expose très précisément la « lecture russe » de la crise syrienne. On y comprend les raisons et les motivations des engagements militaires et diplomatiques de Moscou dans la guerre civilo-globale de Syrie. Globale, car elle fait interagir quatre dynamiques de conflictualité : 1) Washington contre Moscou ; 2) Riyad contre Téhéran ; 3) Ankara contre les Kurdes ; 4) enfin, les jihadistes « globaux » (Al-Qaïda) contre les jihadistes « locaux » (Organisation Etat islamique - Dae'ch).
La bataille d'Alep (été 2016 - décembre 2016) et ses conséquences cristallisent le point culminant de ce grand jeu de conflits régionaux et internationaux. La bataille pour la reconquête de cette ville (la deuxième du pays, mais en réalité la capitale économique) par les autorités syriennes s'est effectuée dans la cadre d'un accord russo-turc. Plusieurs tentatives et consultations russo-américaines afin de résoudre le « problème d'Alep » avaient échoué. L'auteur met en lumière les blocages du « groupe restreint » des États engagés - Russie, États- Unis, Iran, Qatar, Arabie Saoudite, Turquie -, montrant ainsi les enjeux et les dynamiques d'un nouvel ordre proche et moyen-oriental en train d'émerger.
L'auteur instruit une critique raisonnée et argumentée des initiatives de l'ONU pour « sauver » Alep. Sous prétexte de défendre les « droits de l'homme » et pour des considérations « humanitaires », les Nations unies ont cherché à endiguer les opérations antiterroristes menées par l'armée syrienne et les forces progouvernementales avec le soutien de l'armée russe. Pourquoi et comment l'ONU a-t-elle ainsi cherché à sauver les rebelles qui occupaient la partie orientale de la ville ? Quel furent alors les objectifs et l'agenda en creux, sinon caché de l'ONU ?
Enfin, place à la diplomatie ! La libération d'Alep est examinée aussi du point de vue des mécanismes de coopération internationale entre les acteurs régionaux et internationaux. C'est la partie prospective de l'ouvrage, indiquant - dans le domaine de la résolution des conflits - les perspectives susceptibles de ramener paix et stabilité dans cette région stratégique.
A l'issue de ce processus, le système actuel des relations internationales ne sera plus le même. Le Yalta régional qui résulte - d'ores et déjà - de la bataille d'Alep et de ses conséquences géopolitiques inaugure un nouvel ordre international, de nouvelles donnes rebattant les cartes, non seulement aux Proche et Moyen-Orient, mais aussi en Méditerranée, en Asie centrale et en Afrique !
« L'étendue de Champagne pouilleuse où s'étiole le plateau de Rethel précède un terroir à la géographie et l'histoire théâtrales. A proximité des méandres de la Meuse, des mystères de la Thiérache, des gorges de l'Argonne, il guette dans les lotissements pavillonnaires une ferme rescapée des invasions susceptible d'abriter un membre de sa tribu.
Deux siècles après que Talleyrand a offert à la Nation les biens religieux, la somme des alliés doit, à raison de six enfants par reproducteur et par génération, atteindre le millier. Si la plupart ont émigré, il en reste assez pour qu'une main serrée au hasard soit celle d'un lointain cousin. Le mascaret de sang et de larmes de la politique et de l'histoire noie les souvenirs dans les tombes ; à la façon dont les proches se cabraient sous des questions jugées impertinentes, il a mesuré la difficulté d'une quête des origines dans un pays de taiseux.
Son enfance fut dorée, de l'alliage à neuf carats que l'humour africain dit or fétiche. L'or des péquenauds, éternel défi des hystériques de la croissance, le snob, lui, s'épate des particules d'un temps où le bourgeois la jouait noble en articulant sa roture sur le toponyme d'un lieu-dit, puits, bois, pont, cul de basse-fosse, pour relever son allure d'une touche ci-devant exonérée de guillotine. Pivot des ombres qui défilent à l'arrière-plan, Dache chevauche les générations à l'éclairage romanesque d'une contrée médiévale qui a prolongé le XIXème siècle au mitan du XXe.
L'enfermement où végétait son clan datait du crétacé, désormais le paysan et sa vache sont le trompe-l'oeil de l'Europe. Les chanteurs de la Star'Ac hurleraient de rire aux paroles qu'il fredonnait, de l'église au fond du hameau qui se mire dans l'eau pure d'une rivière ne subsistent qu'un village dépeuplé, un désert sans curé, un clocher chauve, un ruisseau vaseux. » Ce récit de voyage aux origines remonte plusieurs cours : l'enfance passée dans une vieille chartreuse au Mont-Dieu en Ardenne, l'atmosphère quotidienne parfois loufoque sou les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, les très longs séjours en Afrique à l'âge adulte, le temps de la chasse et de la ruralité, le rapport au père, hobereau « pascalien » plein de courage et de persévérance, le mystère d'une région méconnue et cependant détentrice de merveilleux trésors chrétiens, littéraires (Rimbaud, Dhôtel, Daumal, etc.), théâtre d'invasions permanentes au long de l'Histoire.
Et si la fin des temps découlait précisément du recours abusif à la notion d' « apocalypse » pour expliquer toutes nos angoisses ? Car c'est bien plutôt à la paralysie de la pensée qu'à la prise de conscience qu'aboutit ce sempiternel discours sur la fin du monde. L'effet en est décuplé dans un contexte où prolifèrent les instruments de mesure et de prédiction. Impossible d'ignorer ce qui nous menace depuis notre taux de cholestérol jusqu'à la fonte de la calotte glaciaire.
Dans l'univers technoscientifique qui est le nôtre, il n'est désormais presque aucun domaine, presque aucune réalité qui ne soit affligée d'un expert ou d'un spécialiste, comme une petite chose malade ou mal fichue. Une telle situation engendre un état d'hypocondrie cognitive - qui engendre à son tour une paralysie de la décision et de l'action : l'homme actuel s'en trouve affecté comme nul autre type d'hommes avant lui. Parler de Fin des Temps à l'homme d'un tel monde, c'est non seulement vouloir le clouer dans son lit, mais le plonger dans le coma. Ces impasses sont typiquement modernes et post-modernes, que ce soit dans l'excès d' « ignorance » ou dans l'excès de « savoirs ». Il est donc plus que temps de rendre son sens réel et profond au mot « apocalypse » : révélation, dévoilement.
Pour cela, tentons un dialogue audacieux entre deux grands esprits de notre temps : René Girard (1923-2015), philosophe français, et Leonardo Castellani (1899-1981), grand théologien argentin . Tous deux sont investis de l'étonnement créateur sans lequel aucune vérité n'émerge, tous deux sont réalistes, profondément psychologues et grands lecteurs. C'est au niveau le plus spirituel et le plus caché de l' apocalypse qu'ils nous mèneront.
Lire Simone Weil (1909-1943), Cristina Campo (1923-1977), Mar?a Zambrano (1904-1991), ces « flammes libres », c'est d'abord écouter leur voix, longtemps recouverte par l'obscurantisme de notre époque, celui qui refuse toute lumière autre que celle d'une raison sèche, désincarnée. Leurs oeuvres sont devant nous. Il a fallu du temps pour reconnaître le génie de Simone Weil et de Mar?a Zambrano, dont une oeuvre magistrale, L'Homme et le divin, publiée en 1955 au Mexique, fut refusée par Gallimard malgré le soutien d'Albert Camus, bien avant qu'elle reçoive le prix Cervantès à Madrid en 1988 pour l'ensemble de son oeuvre. Quant à Cristina Campo, on commence seulement à la lire en France, elle qui a si peu publié de son vivant et dont la plupart des écrits, enfouis dans des malles, ont disparu, dispersés par ses héritiers après sa mort en 1977. Ces trois voix ont brûlé, dans les ténèbres du XX e siècle - cette longue nuit de guerres, de totalitarismes, de barbarie où nous errons encore -, de leur désir de vérité et de cette volonté qui consiste à aimer inconditionnellement. Trois femmes, trois voix qui s'entrelacent sans le savoir en une seule flamme dans la nuit où le Verbe se fait silence, dans trois langues vivantes et soeurs, le français, l'italien, l'espagnol. Si différentes dans leur absolue singularité , elles se ressemblent, toutes trois de la lignée d' Antigone, éminente figure du sacrifice, de l'offrande sans concession, de l'amour sans conditions, du « moi » consumé pour accéder à l'être, sans lesquels il n'est pas de révolte authentique. Dans le temps de vie qui leur fut imparti, brève et fulgurante trajectoire de Simone Weil, morte à trente-quatre ans, longue vie de Mar?a Zambrano du début à la fin du siècle, parcours orienté dès la naissance par la maladie, pour Cristina Campo qui ne connut pas la vieillesse, elles ont eu cette capacité si rare de transformer leur vie en destin.
Toutes trois ont connu l'extrême souffrance, à travers l'épreuve de la maladie, pour Simone Weil et Cristina Campo, ou celle de l'exil pour Mar?a Zambrano, à travers les ruptures, les deuils, aussi. Toutes trois ont vécu dans le monde et hors du monde, hors des modes, hors de l'air du temps. Une parenté les li , de celles que Nietzsche nomme « amitiés stellaires » qui n'ont de lieu que dans l'espace de la pensée, de l'intelligence et de la vérité, perceptible dans leurs thèmes qui se font écho - une écholalie, comme l' écrit André Hirt à propos de Baudelaire, Wagner et Nietzsche - parenté dont Cristina Campo serait la jointure poétique, elle qui découvre La Pesanteur et la Grâce en 1950, oeuvre de Simone Weil qu'elle contribue à importer en Italie, et qui « reconnaît aussitôt dans la philosophe française une soeur. Plus intense, plus brûlante. » On Chacune se reconnaît chacune en l'autre dans une triangulation dont l'enjeu n'est autre que cette mystérieuse activité, « écrire », comme pratique rationnelle du logos et simultanément, expérience mystique.
« - Si vous voulez, je peux faire l'amour... Lundi... Vous donnerez juste un peu plus d'argent... » Sa voix restait aussi fermée que son visage, et tout aussi terne que lorsqu'elle évoquait la Transnistrie. Sans doute avait-elle deviné dans quelle solitude je vivais, depuis ma sortie de l'hôpital, ou Léonore lui en avait-elle parlé pour la décider à travailler chez moi. Elle ne me proposait rien de plus qu'un complément de service : elle était de ces femmes qui, nées dans un pays arriéré, comme on disait à Siom, où les meilleurs d'entre nous considéraient cette arriération sans amertume, comme une fatalité historique, ont très tôt appris que savoir satisfaire un homme est le plus sûr moyen d'accéder, faute de bonheur, à une forme de tranquillité. Pour Yelizeveta, il s'agissait d'améliorer le fruit de son travail. Léonore m'avait dit qu'elle avait été mariée à un homme brutal, qu'elle avait divorcé et vivait, dans une lointaine banlieue, avec un fils âgé d'une quinzaine d'années pour lequel elle avait les faiblesses d'une mère seule et se sacrifiait, avait-elle ajouté en usant d'un verbe qui me paraît caractériser la femme tout entière - cette dimension sacrificielle étant particulièrement sensible dans le domaine sexuel, où la nature de l'appareil génital féminin rend possible sa soumission au temps sexuel de l'homme, pourtant infiniment moins vaste et riche en sensations que celui de la femme, l'homme n'étant, sous cet aspect comme en bien d'autres domaines, qu'un roi au sceptre en forme de hochet. (...) Nulle femme ne m'a pourtant mieux compris, intuitivement, sans pour autant s'intéresser à moi, à mon histoire, à ma qualité d'écrivain, ma maladie seule paraissant la soucier (...)»
À l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Georges Simenon (1903-1989) en 2019, Jean-Baptiste Baronian examine le cas «Simenon» comme s'il dirigeait une enquête criminelle. Simenon est a` la fois victime, coupable et toujours... en cavale. On voyage a` travers les multiples zones d'ombre et non-dits qui planent encore sur son oeuvre et sa biographie pour redécouvrir l'incroyable modernité, la singularité saisissante de cet écrivain.
Un portrait irrésistible et subtil par l'un des plus grands spécialistes de Simenon.
Philippe, brillant conseiller politique, est de permanence, cette nuit-là, à l'Elysée. Le standardiste du Palais, un ancien du GIGN, se charge de filtrer les appels importuns. Détournement d'avion, panique boursière en Asie du Sud-Est, prise d'otages à la Mairie de Nanterre, frasques nocturnes de personnalités en perdition, etc. ... aucune situation de crise ne semble résister au savoir-faire de Philippe, modèle de sang froid et l'habileté légendaires. Gérer une liste improbable d'évènements sans avoir à réveiller le Président fait partie de sa routine. Mais quand le téléphone sonne à cette minute précise, il est loin de se douter que c'est son propre passé, hanté par la mort et les occasions manquées, qu'il va devoir affronter. Une femme en pleurs est à l'autre bout du fil. Elle est une amie proche du Président. Pas une maîtresse mais une amie. Elle lui doit tout : elle lui doit la vie et s'apprête à la lui rendre. Philippe, bouleversé, pris dans ses derniers retranchements, écoute cette inconnue, Marie, évoquer le suicide. La carapace de cet homme, rendu cynique et froid à force de servir le pouvoir, cède d'un coup au souvenir d'autres vies brisées, celles des fidèles amis qu'il n'a pas su dissuader de passer à l'acte. Décidé à sauver Marie, il cherche à la faire parler, à l'amener à raconter son histoire. A gagner du temps... Une longue et douloureuse « négociation » à haut risque commence.
Emier véritable essai consacré à Claude Sautet qui vient combler un manque par une lecture approfondie de l´oeuvre sous la plume passionnée et rigoureuse d´un cinéphile hors pair.
De 1971 à 1980, Michel Marmin a été le critique, parfois âprement controversé, de Valeurs actuelles et du Figaro. Après deux décennies consacrées à d'autres travaux - notamment sa participation comme scénariste à plusieurs films de Gérard Blain -, ce défenseur intraitable du cinéma d'auteur, qu'il préfère appeler « cinéma de création » (par opposition au « cinéma de consommation »), est revenu à ses premières amours. Ce sont ici vingt années de découvertes ou de redécouvertes dont Cinéphilie vagabonde offre la chronique souvent intempestive, car définitivement rebelle à l'air du temps.
Dans cette chronique, Michel Marmin s'élève également contre la domination des multinationales américaines, dont les conséquences sont l'affaiblissement des cinémas nationaux, des cinémas nourris par une culture nationale, et, par voie de conséquence, l'extension à la planète entière d'une « monoforme » cinématographique. Laquelle n'a d'autre but que de coloniser les cerveaux, et d'imposer le modèle de société hollywoodien et le mode de développement capitaliste.
Tels sont les deux axes majeurs de ce livre qui, par ordre alphabétique, propose au lecteur des vues originales sur des cinéastes contemporains comme Joël Séria, Ken Loach, Leos Carax, Wim Wenders, Jean Marboeuf, Robert Guédiguian,ou Bruno Dumont, sans oublier une indispensable révision de « classiques » comme Jean Renoir, Luis Buñuel, Éric Rohmer, Kenji Mizoguchi, Robert Bresson, Alexandre Astruc, Charles Chaplin ou Michelangelo Antonioni.
Enrichi par des vues pénétrantes sur le cinéma muet (Louis Feuillade), le cinéma de télévision (Stellio Lorenzi) ou le cinéma de cape et d'épée (Riccardo Freda), le nouveau livre de Michel Marmin joint à une radicalité esthétique assumée un éclectisme rafraîchissant. Et les amoureux de la meilleure littérature y trouveront leur compte, de grands écrivains ayant eu partie liée avec le 7e Art ayant fait l'objet d'articles particuliers - Roger Nimier et Roger Vailland en l'occurrence.