Lettre Volee
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Herstory : féminisme, minorité et visualité
Maryam Kolly
- Lettre volee
- Essais
- 5 Mai 2023
- 9782873176013
Ce livre rassemble des récits de féministes minoritaires du début du vingt-et-unième siècle en Europe. À travers des auto-ethnographies de la sororité, l'ouvrage répond à un objectif : celui de réécrire l'histoire du point de vue des dominées - en mettant l'accent sur l'utilité des images à cette fin. Un terme issu des sciences sociales anglosaxonnes traduit ce geste que l'on reprendra à notre compte ici, en disant que l'ensemble des contributrices sont ici les instigatrices d'une HERstory iconique intersectionnelle et décoloniale. Contributions de Salwa Boujour (journaliste multimédia, assistante chargée d'exercices à l'ULB, conférencière et formatrice), Maja-Ajmia Yde Zellama (réalisatrice, directrice de casting, DJ, event-manager et travailleuse sociale), Manal Yousfi (fonfatrice de la plateforme Soeur Muz qui concerne les femmes musulmanes), Souhaïla Amri (coordinatrice de projets socio-culturels à Ras El Hanout et chargée de formations chez TYN), Fatima-Zohra Ait El Maâti (artiste, programmatrice d'art et curatrice), Samira Hmouda (curatrice et manager culturelle), Malika Hamidi (enseignante suppléante du cours Islam en Europe contemporaine du Master en Sciences Politiques à l'Université Libre de Bruxelles), Benedikte Zitouni (sociologue à l'Université Saint-Louis de Bruxelles), Nadia Fadil (Professeur au département d'anthropologie culturelle et sociale à la Katholieke Universiteit Leuven). Maryam Kolly est sociologue, enseignante-chercheuse à l'USL-B, membre du GECo à l'ULB et conférencière à l'École de Recherche Graphique, après une trajectoire d'intervenante sociale jeunesse d'une dizaine d'années. Licenciée en Philosophie et Lettres et Docteure en sciences sociales et politique, elle a publié deux monographies, Diplomate au pays des jeunes (Academia, 2019) et De la religion que l'on voit à la religion que l'on ne voit pas (Presses USL-B, 2018) issues de recherches doctorales et postdoctorales sur les politiques de prévention et le travail social, les jeunesses urbaines, les masculinités et féminités marginales postcoloniales, l'épistémologie pragmatique.
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Longue suite composée de 91 poèmes, ce livre de poésie se présente sous la forme d'une adresse au poète et écrivain Claude Esteban, d'un dialogue avec l'auteur disparu. Il y a dans cette suite quelque chose d'une complicité magnifique entre l'auteure et celui auquel elle s'adresse, ce dont témoigne la plupart des poèmes, discrètement mais sûrement, dont celui-ci : « Tu te souviens / elle n'était pas / morte / tout à fait / ni / sa main / ni / le pourpre des / peintures ni / la langue où / je la veille». On y trouve une parole poétique d'une très grande maîtrise, et qui, dans l'adresse à l'autre, cherche à formuler ce que nous sommes, sans jamais préjuger de ce que nous serons. Les lieux sont rarement déterminés et pourtant témoignent des itinéraires, qui sont ceux de la vie. Comme souvent chez cette auteure, le moment réflexif, l'ordre de la pensée jamais refermée sur elle-même accompagne ces moments de surgissement de la parole poétique en cette distance par rapport à la banalité de la traversée des jours.
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écriture et expérience de la vie ordinaire : Perec, Ernaux, Vasset, Quintane
Maryline Heck
- Lettre volee
- 6 Octobre 2023
- 9782873176174
L'une des marques de fabrique du contemporain littéraire réside dans son investissement du réel, conçu comme un espace à arpenter et documenter, un terrain d'enquêtes plus ou moins exotiques, et une matrice de l'écriture. De ce projet général, cet essai met au jour un aspect singulier car il porte sur des textes s'élaborant à partir de protocoles d'action, qui orientent les gestes de leurs auteurs et autrices, et les modalités de leur écriture. Qu'il s'agisse de faire des courses, un trajet en métro, d'arpenter les friches urbaines ou d'observer les passants dans la rue, ce sont toujours des formes et des usages de la vie ordinaire qui sont en jeu. Ces écrivains et écrivaines s'attachent à les enregistrer ou bien à instruire des règles vouées à en détourner le cours, en s'inspirant souvent des pratiques de l'art contemporain ou des méthodes des sciences sociales. Dans leur minimalisme parfois radical, leurs textes, qui s'échelonnent des années 1970 à nos jours, questionnent autant notre rapport au réel que notre imaginaire de la littérature. On se propose ici de montrer comment ils contribuent à la définition de quelque chose comme un contemporain en littérature.
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Né à Privas le 4 mars 1927 et disparu le 27 octobre 2012 à Paris, Jacques Dupin offrit à ses lecteurs, par des livres rares et intenses, de Gravir (1963) à Dehors (1975) jusqu'à Contumace (1986]) ou Discorde (2017), la traversée d'expériences âpres, toujours tendues vers ce qu'elles ignoraient d'elles-mêmes. La tâche à laquelle le poème de Jacques Dupin se doit est celle d'un dehors à affronter. Dépassionnée et comme à distance, tout autant qu'exposée à ses pulsions contradictoires, son écriture se mesure à cette ironie, à ses affres, autant qu'aux embardées réitérées dont elle fit son moteur. ce livre rassemble tous les textes (essais, portraits, chroniques, etc.) d'emmanuel Laugier sur l'oeuvre de Jacques Dupin écrits entre 1993 et 2017. ces textes, dont certains inédits, ont tous été revus, même s'ils conservent intacts l'élan et la tonalité qui les motivèrent. c'est d'ailleurs la variation des voix qui a présidée à l'agencement de l'ouvrage. Ainsi l'ensemble du livre dit l'attention fidèle portée à l'oeuvre de Jacques Dupin, tout autant que les mouvements internes qui en animent la lecture. « ils esquissent puis précisent le parcours du lecteur que j'ai été depuis plus de vingt ans et que je ne cesse d'être vis-à-vis du poète et de l'ami », dit l'auteur.
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Breve histoire de l'art en sonnets
Denis de Rudder
- Lettre volee
- Poesis
- 17 Février 2023
- 9782873176068
Une traversée décapante et drôle mais néanmoins érudite de l'histoire de l'art en sonnets par un artiste peintre raffiné amoureux des rimes. Dans le respect le plus strict de la forme du sonnet classique et de contraintes additionnelles de versification, l'auteur compose un recueil en suivant le fil conducteur de l'histoire de l'art occidental, depuis la Grèce antique jusqu'aujourd'hui. Pour être subjectif, l'exposé n'en est pas moins fondé sur de sérieuses références. Un certain effet comique naît paradoxalement de la conjonction d'une forme et d'un sujet des plus austères. L'objectif est de divertir, dès lors qu'il s'avère possible d'« instruire en distraisant, treize ans et demi maximum », comme le chantait Bobby Lapointe. Denis De Rudder (Bruxelles, 1957 est artiste peintre, du moins a-t-il été considéré comme tel au tournant du XXIe siècle. Par ailleurs, il a enseigné le dessin durant une quarantaine d'années, en école supérieure des arts, ce qui ne compte sans doute pas pour rien dans son approche délibérément didactique de l'histoire de ceux-ci. Le présent recueil constitue sa première publication.
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La sexuation sans le genre : la jouissance avec les semblants
Rose-Paul Vinciguerra
- Lettre volee
- Essais
- 21 Octobre 2022
- 9782873175948
Ce livre réunit des articles et des travaux adressés au départ à des psychanalystes ; il reprend l'élaboration que fait Lacan du rapport entre les sexes et l'articulation de la jouissance et des semblants autour de cette question. L'importance accordée aujourd'hui aux gender studies et les débats qui traversent les sociétés contemporaines ont amené l'auteure à confronter la recherche de Lacan aux critiques que Judith Butler lui adresse nommément - critiques que l'apport théorique de Lacan déplace de façon décisive. Doit-on dire que la psychanalyse soutient la domination ancestrale « hétéronormée » qui instaurerait un ordre « prétendument symbolique » en réitérant des modèles appartenant à des stéréotypes ? Au-delà des identités socialement revendiquées, la « non-différence des sexes dans l'inconscient », leur « bipartition à chaque instant fuyante » font objection à cette charge contre la psychanalyse lacanienne. Nous nous proposons ici d'éclairer la mise en forme d'un certain déni contemporain de l'inconscient.
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Premier livre en français qui interroge l'oeuvre du dessinateur italien de bande dessinée Guido Crepax (1933-2003), cet essai questionne les révolutions graphiques et narratives qu'il introduit, l'avant-gardisme de ses créations, ses personnages féminins dont la mythique Valentina. Il déploie l'érotisme crépaxien à travers ses adaptations d'Histoire d'O., de Justine de Sade, d'Emmanuelle... et rend compte de la manière dont l'érotisme est vu comme le laboratoire d'une réflexion sur l'identité, le règne des images et le royaume de la sexualité en ses explorations illimitées.
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Avant, pendant et après expose quelques étapes représentatives de la trajectoire picturale d'Helena Belzer, de ses premiers dessins et tableaux de la fin des années 1960 ànos jours. Une sélection d'oeuvres marquantes qui ne représentent qu'une partie de ses créations. Les textes de présentation et les créations poétiques de Véronique Bergen accompagnent une vie en peinture dont ils questionnent l'évolution de l'expression esthétique au fil des décennies. La mise en regard des tableaux et des textes dévoile la rencontre de deux univers qui, après Encres et Tomber vers le haut, poursuivent le chemin du dialogue. Helena Belzer est peintre et c'est dans sa peinture que l'on peut lire au mieux l'empreinte de son parcours, ses nombreux séjours et voyages en Inde, en Asie et en Europe, au tracé de ses propres chemins, du mot au signe, du signe à la forme, de la forme à la couleur, sans s'opposer ni se laisser entraîner par les courants, s'approchant des sources de la connaissance, guidée par sa propre soif. Véronique Bergen, licenciée en philologie romane et en philosophie de l'Université libre de Bruxelles et docteure en philosophie de l'Université Paris 8, membre de rédaction de la revue Lignes, est philosophe, romancière et poète. Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, elle collabore régulièrement à diverses revues. Derniers ouvrages parus : Écume (roman, Les Équateurs/Onlit), Marianne Faithfull. Broken English (essai, Densité) ; Marolles. La Cour des chats (essai, CFC Éditions). À La Lettre volée, elle a co-signé avec Aurélien Barrau et Mathieu Brosseau Variations sur l'animal central en 2018 et une monographie de Marie-Jo Lafontaine, Tout ange est terrible, en 2021.
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« Avec les arts plastiques, je n'ai pu que m'engager en terrain ennemi », disait Marcel Broodthaers. Quel est le sens de cet engagement ? Quel est l'enjeu du combat qui le conduit à la douloureuse décision de délaisser le champ de l'écriture poétique ? Son oeuvre multiforme déjoue les interprétations. Plusieurs fils s'y tressent, selon une logique originale que déploie cet Éloge. Les références essentielles en sont Mallarmé, qu'il tient pour « l'inventeur de l'espace moderne », Magritte, à qui il fait crédit d'un « resserrement de la notion de sujet » et Lacan, pour qui « la vérité a structure de fiction ». Une poétique de l'objet et de l'absence d'objet s'en déduit, ainsi qu'une pratique ironique des équivoques de la communication. S'y dessine la figure d'un artiste génial, qu'on n'a pas fini de découvrir.
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Sur Robert Smithson : variations dialectiques
Olivier Schefer
- Lettre volee
- Palimpsestes
- 19 Novembre 2021
- 9782873175818
Cet essai propose la première traversée théorique de langue française de l'oeuvre de l'artiste américain robert smithson (1938-1973) depuis ses premières toiles figuratives jusqu'à ses oeuvres environnementales en passant par son travail de sculpture (non-sites). Figure majeure du Land Art, proche du minimalisme et de quelques artistes conceptuels, smithson est surtout connu pour son oeuvre implantée sur le Grand Lac salé, la Spiral Jetty.
Mais il est aussi un théoricien, un écrivain et un lecteur avisé de la littérature d'avant-garde (Beckett, robe-Grillet), un connaisseur des sciences humaines des années 1960, auxquelles il emprunte plusieurs concepts, et un spécialiste de séries B et de Pop culture. ces Variations dialectiques suivent le parcours multiforme de cet artiste multimédia avant l'heure et montrent comment les différents champs des arts et des sciences, de la philosophie et de l'ethnologie, de la fiction et du document s'interpellent et se recoupent chez lui dans une dialectique ouverte et relationnelle qui récuse l'autonomie de l'oeuvre moderniste « absolue », promue par les critiques clément Greenberg et Michael Fried. cet ouvrage est par ailleurs le fruit de recherches menées à Washington Dc dans les Archives de l'artiste (smithson et nancy holt Foundation). il comporte des documents peu connus et des traductions inédites de textes de l'artiste.
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Alfreda Hitchcock & sisters
Martine Doyen
- Lettre volee
- Livres D'art Et De Photographie
- 19 Novembre 2021
- 9782873175825
Partant du paradoxe que son panthéon cinématographique est quasi exclusivement composé d'hommes dont les films la touchent profondément et l'inspirent, en tant que cinéaste mais aussi en tant que spectatrice, Martine Doyen s'est prise au jeu de féminiser les traits de ses idoles pour découvrir ce qu'ils seraient en femmes, à défaut de pouvoir imaginer ce que leurs films auraient pu être, s'ils l'avaient été. et en attendant que s'installe la parité chez les réalisateurs et réalisatrices de films, cela soulage et permet de continuer à les adorer car, dans le fond, nos grands cinéastes sont des femmes aussi. reste à savourer cette galerie de portraits en tentant de reconnaître qui se cache derrière chacune de ces femmes dans ce who's who du cinéma international.
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Sujets sensibles : une esthétique des personnages de cinéma
Benjamin Thomas
- Lettre volee
- Essais
- 7 Octobre 2022
- 9782873175924
Le personnage de cinéma est communément défini par sa fonction dans l'économie du récit. il a une certaine physionomie, il est un ensemble de paroles, de gestes et de comportements motivés par les desseins de la narration ; il a une « psychologie ». Mais certains films, certaines scènes, donnent corps au personnage en ce qu'il est aussi un sujet sensible, c'est-à-dire une figure humaine dont l'existence à l'image est d'abord celle d'un être en train d'éprouver le monde comme tissu de phénomènes sensibles, et dont les actions se déploient avant tout dans le champ sensoriel : écouter, contempler, marcher, toucher, sentir... Faisant une place centrale à l'analyse de films, ce livre souhaite penser cette figure du sujet (filmique) sensible. il le fait à travers certaines de ses manifestations singulières, dans des films très différents (Kore-eda, renoir, hitchcock, Kitano, Dumont, Aoyama, salvador, tarkovski) qui révèlent pourtant sa densité expressive et sa capacité à nouer les enjeux des oeuvres qui l'accueillent.
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Erwan maheo - histoires et geographies - edition bilingue
Vidal/Dubois
- Lettre volee
- 20 Octobre 2023
- 9782873175979
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Composé de trois suite, ce volume garde en mémoire aussi bien les lectures traversées que le monde mille fois rejoint. La volonté qui le soutient est bien le témoignage visant l'intensité du monde en ses limites saisies au présent comme anticipées. Ni poésie, ni prose, ni voix mais l'intégration de ces trois dimensions dans le mouvement de la parole. L'auteur se place sous une écoute la plus délicate, non sans exercer une ironie certaine qui assure à ces suites une densité étonnante en se jouant du bavardage avec l'intention non dissimulée de rendre à la réalité sa nudité. Et c'est le mélange des genres, ici, qui atteint le lecteur de plein fouet, mais qui ne compromet jamais l'unité de ces compositions. Le regard est limpide, il est sans concession, alors que tous les aspects, toutes les matières abordées, toutes les situations imprenables rapportées, se trouvent à indifférencier leur manière d'être. Trouver les mots pour dire, les inventer même afin de venir au plus près de ce qui est offert au regard, lorsque l'auteur approche l'oeuvre de l'artiste-ami : « Écoute ! / Dépeint défeint / Là-bas / Un seul Animalêtre / en je, en joue, en l'air / L'oreille pointée du doigt / Et tout ce qui vient avec... / Les yeux zéros ou moins / Sur le devant de la scène ... / Regarde !»
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L'espace vertical : colonnes et obelisques dans la sculpture du vingtième siècle à nos jours
Pierre Tillet
- Lettre volee
- Essais
- 7 Octobre 2022
- 9782873175887
Le point de départ de cette étude est empirique. Quiconque s'intéresse de près à la sculpture du XXe siècle l'aura remarqué : le type de la colonne - voire celui de l'obélisque - est récurrent dans les productions en trois dimensions de cette période. Les raisons en sont multiples. Elles tiennent à l'un des attributs fondamentaux de la sculpture, sa verticalité, soit le triomphe de la forme érigée contre la gravitation, contre l'horizontalité associée par anthropomorphisme à la perte de vitalité tout autant qu'à une égalisation des valeurs, l'idée même de valeur provenant de la représentation de ce qui s'élève. Analyser et mettre en perspective des oeuvres dont le modèle est celui de la colonne ou de l'obélisque permet alors d'examiner à nouveaux frais certains mouvements modernistes, de s'interroger sur la crise de la notion de monument (mais aussi sur de nouvelles formes de monumentalité), de scruter des questions aussi diverses que celles de l'efficacité spatiale de la sculpture, de son rapport avec l'architecture, de sa dématérialisation, etc.
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Fortune n'est pas un simple recueil de poèmes, mais plutôt une « suite » ou un ensemble de « variations » au même titre que les deux précédents ouvrages de l'auteur. Ici, une narration fragmentée reprend une traversée ferroviaire d'un personnage, Étienne, surnommé « Leblanc », d'une côte à une autre, d'une mer à une autre. Ce qu'il perçoit ainsi que ce qu'il a laissé, ce qui le traverse dans les instants de torpeur ainsi que ce qu'il projette pour son arrivée influent musicalement sur la composition du livre aussi bien que sur ses rythmes. Par ailleurs, ce dernier opus prend ses distances avec les précédents qui s'inscrivaient tous dans la composition et le prolongement des Motets de l'auteur - ne serait-ce que par la récurrence des personnages. Un lien demeure toutefois avec son dernier, Variations de Jan, en ce que la Guerre de Troie en constitue l'arrière-plan lancinant. L'histoire fait retour sans cesse, percutant l'intime et provoquant les heurts métriques, ses syncopes, autant que l'allongement du vers parfois quand il s'agit de faire retour, ou tenter une synthèse de cette multiplicité d'approches. Les échos sont multiples : Conrad et Joyce, Maïakovski et Khlebnikov, Henry James et Homère. Mais surtout, les temps présents - avec leurs révoltes, leurs exils et leurs luttes - agitent un corps entre précipitation (panique) et méditation (pensée). Sans trame narrative, sans les sens sollicités sans cesse et sans l'invention en chemin, ce qui s'approche ici de l'élégie ne semblerait pouvoir trouver de voix chez cet auteur.
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Texte lauréat du Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, destiné à être mise en voix et en scène grâce à une aide à la création, cette évocation d'une femme sans abri et de sa condition marque les esprits. Présentation du livre à la Maison de la Bellone (Bruxelles) en juin 2022. « Les bras de Noémie c'est plein d'étoiles filantes. Quand tu regardes à l'intérieur tu vois qu'il y en a qui datent et d'autres qui viennent de mourir. Mais elle s'en fout Noémie, elle veut juste qu'on lui relève sa manche parce qu'elle veut pas mettre plein de liquide dessus quand elle se désinfecte les bouts de verre du pastis. Après elle rigole parce que ça pique l'alcool nonante. » Noémie, elle ne vit pas dans la rue, elle l'habite. Ce texte lui est dédié. On apprend à la connaître à travers ses déambulations, ses états d'âme, ses amours et ses envies de tout casser. Pour rester en vie, Noémie se mesure toujours à l'excès. Cette histoire la suit au présent, et tente de la percevoir à travers l'architecture d'une place et les architectures-tête qui gravitent tout autour d'elle.
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Adaptation graphique des poèmes-morphogrammes fidèle au manuscrit original inédit d'Yves Namur, poète belge renommé et multiprimé, sur papier machine à écrire et marguerites de 1984. 0, l'oeuf, un livre composé autour des seules lettres du mot « oeuf », chaque page se voulant un diptyque : dans la partie supérieure, un tableau ponctué de lettres et d'une ligne horizontale représentant un plan d'eau, et dans la partie inférieure, une partition ou les supports acoustiques dudit tableau. Comme l'écrit Francis Édeline, spécialiste des poésies visuelles et concrètes, qui en a analysé les dimensions formelles et rhétoriques, « ces morphogrammes sont au service d'un projet axiologique centré sur le symbolisme de l'oeuf. C'est la vie, c'est l'existence humaine, c'est le monde entier qui sont entraînés dans un perpétuel mouvement cyclique d'engendrement et de reconnaissance. Avec la complicité de notre système d'écriture. » Yves Namur (1952) est l'auteur d'une quarantaine de recueils dont La Tristesse du figuier (Lettres vives, 2012) ou Dis-moi quelque chose (Arfuyen, 2021). Ses livres ont reçu de nombreux prix parmi lesquels celui de la Communauté française de Belgique, le Tristan Tzara, le Guillevic ou le Mallarmé. Il est le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Francis Edeline est poète, écrivain et traducteur mais aussi sémiologue apparenté au Groupe µ.
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L' odeur de l'art : un panorama de l'art olfactif
Sandra Barré
- Lettre volee
- 5 Novembre 2021
- 9782873175801
Cet ouvrage s'emploie à esquisser une histoire de l'art qui s'appréhende non pas par les sens de l'intellect que sont la vue et l'oeil, mais par l'un des oubliés du corps : le nez. Prenant pour point de départ les aventures futuristes du début du xxe siècle et s'étirant jusqu'à nos jours, il est proposé ici de rendre compte de la présence des effluves dans ce que l'occident a établi comme l'histoire de l'art. ni matière ni médium, ni courant ni mouvement, l'olfaction tout à fait invisibilisée par la critique, est pourtant omniprésente, et elle est bavarde. elle dit tout de notre monde, tout en s'opposant à une hégémonique culture du tout oeil, divisant depuis toujours le corps et l'esprit des artistes et des spectateurs. Par l'étude de l'odeur, l'art s'ouvre en une autre voie.
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L'architecture au subjonctif ; une phénoménologie de l'espace et de son aménagement
Benjamin Delmotte
- Lettre volee
- Essais
- 11 Juillet 2018
- 9782873175092
Où vivons-nous ? Qu'est-ce qui caractérise l'aménagement contemporain de l'espace ? Pour répondre à cette question, l'essai prend la forme d'une enquête phénoménologique et part de la description des pratiques les plus quotidiennes de l'espace : descendre dans le métro, faire ses courses dans un centre commercial, emménager, visiter un musée, s'installer à une terrasse de café... C'est sur la base de cette description du vécu de l'espace que s'élabore sa conceptualisation, à la croisée de la philosophie, de la théorie de l'architecture et de l'économie politique. si l'espace contemporain peut se définir comme un espace de l'éjection, en lien avec l'économie mondialisée, la phénoménologie de l'espace et de son aménagement laisse apparaître la possibilité d'une autre architecture : celle-ci impose le subjonctif, et se caractérise avant tout par sa dimension charnelle.
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L'étrangère n.56 : Esther Tellermann et varia
Pierre-Yves Soucy
- Lettre volee
- L'etrangere
- 7 Octobre 2022
- 9782873175986
L'oeuvre poétique d'Esther Tellermann autour de laquelle nous avons construit ce dossier marque son époque tout comme elle en porte les traces profondes. Ce dossier met en évidence non seulement la profondeur et la mobilité de cette écriture poétique, laquelle se décline sous d'autres formes expressives telles que le récit et l'essai. Dense, sa poésie témoigne de la fragilité du monde dans lequel nous vivons. Cette parole poétique est forte, sans concession, alors qu'elle cherche à percer toutes les facettes de l'existence, depuis les moments les plus intime jusqu'aux événements les plus englobant de la culture, de l'histoire comme de ses dérives catastrophiques du monde actuel avec la violence et la barbarie que l'on y décèle, ouvrant sur des moments d'effondrement généralisé. François Rannou, qui a coordonné ce dossier, rappelle de manière très juste dans sa présentation l'état du monde dans lequel nous vivons, en reprenant les mots mêmes d'Esther Tellermann : « La guerre entre les sexes, entre les peuples, la torture, le chaos qu'instaure l'homme sur la Terre dans le même temps qu'il construit ses échafaudages politiques, philosophiques, psychologiques, scientifiques ». Nous complétons le dossier ici présenté par quelques contributions d'auteurs qui accompagnent le cheminement de la revue depuis un moment.
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Les choses, modes d'emploi ; comment on lit Georges Perec
Jacques Leenhardt
- Lettre volee
- 8 Avril 2015
- 9782873174422
Dès sa parution en 1965, le livre de Georges Perec, Les Choses, avec son titre provocateur, est apparu comme le symptôme d'une époque nouvelle. La littérature avait été habituée à un regard objectiviste par le nouveau roman, mais Les Choses lui apportait le témoignage d'un mouvement profond dans la société. Ce récit, devenu un classique, renvoie en effet la figure traditionnelle du héros romanesque au statut d'un satellite dépendant du langage de la publicité, complètement manipulé par les incitations joyeuses et perverses de la société de consommation. Comment ce constat a-t-il été reçu par la critique littéraire du moment ?, c'est l'enjeu de ce bref essai publié par Christian Bourgois en guise de postface à la réédition du livre dans la collection « 10/18 » en 1981.
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Henri Michaux face à face
Jacques Carion, Jean-Luc Outers
- Lettre volee
- Mythes Et Symboles
- 12 Septembre 2016
- 9782873174491
Rares sont ceux qui ont mis autant de soin qu'Henri Michaux à s'effacer de la vie publique, à disparaître du quotidien. Lui qui n'était que mouvement refusait qu'on puisse le voir réduit à une silhouette figée ; lui qui disait « Je peins et j'écris pour me trouver » s'insurgeait qu'on essaie de traquer son image, de la lui dérober, de l'exhiber ensuite. très tôt, il s'est mis à l'écart et, refusant la preuve et la trace, il s'est estompé : « Quand vous me verrez, allez, ce n'est pas moi. » Il s'est pourtant attaché à la reconquête de lui-même par les mots et par les traits, de sorte que, comme l'a dit Asger Jorn : « Autant il s'efface dans son entourage, autant il se déploie souverainement dans ses oeuvres. » Cet ouvrage qui prolonge l'exposition « Henri Michaux : face à face », présentée à la Bibliothèque Wittockiana à Bruxelles puis au centre Wallonie-Bruxelles de Paris en 2017, fait apparaître ce que disent les textes d'Henri Michaux sur la peinture, la sienne et celle des autres (de Klee à Zao Wou-Ki, de Matta à Magritte), et ce qu'ils disent face à la peinture (dans des livres illustrés qui sont de vrais livres de dialogues). Il montre aussi une série de portraits tracés rageusement ou tendrement, dans la saisie rapide ou la contemplation et qui sont peut-être un immense et fascinant autoportrait...