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Les Belles Lettres
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Un État contre son peuple : De Lénine à Poutine
Nicolas Werth
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 18 Avril 2025
- 9782251456980
La somme, mise à jour, sur la violence d'Etat comme mode
de gouvernance en URSS - et son héritage dans la Russie
de Poutine. -
Histoire d'un mythe : La « conspiration » juive et les protocoles des sages de Sion
Norman Cohn
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 18 Octobre 2024
- 9782251456423
Hitler ne fut pas le seul à être fasciné par les « protocoles des sages de Sion », le prétendu plan secret d'une poignée de juifs conjurés pour dominer le monde et ruiner l'Univers. Cet incroyable document, dont la réédition est presque partout désormais interdite, connut, après la Bible, les plus gros tirages de l'entre-deux-guerres.
C'est d'abord la prodigieuse fortune historique du plus grand faux politique des temps modernes qu'analyse Norman Cohn. Version définitive, et presque innocente, à l'origine, de toute une série d'élucubrations obscures, la petite machine de guerre fabriquée à Paris, à la fin du xixe siècle, par la police tsariste pour justifier les pogromes allait, au lendemain de la Première Guerre, enflammer la propagande d'un monde en délire pour devenir la pièce maîtresse d'une idéologie exterminatrice et, entre des mains expertes au maniement des mythes, un chèque en blanc pour le génocide.
L'Histoire d'un mythe explore ainsi, par-delà le roman policier, quelques-uns des aspects les plus ignorés, mais les plus passionnants, de la psychologie collective de notre temps. -
Du fond de l'abîme : Journal du ghetto de Varsovie
Hillel Seidman
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 5 Février 2025
- 9782251456546
Le ghetto de Varsovie, juillet 1942, 350 000 Juifs. Des rumeurs insistantes font état de la déportation imminente des Juifs. C'est à ce moment précis que le jeune archiviste de la communauté, Hillel Seidman, décide de consigner dans un journal le récit de l'horreur quotidienne pour le transmettre à la postérité. Il poursuivra cette chronique de l'angoisse jusqu'à son arrestation en janvier 1943, de laquelle il est sauvé par un extraordinaire passeport paraguayen.
Rédigé en hébreu, paru en 1946, suivi d'une traduction yiddish en 1947, ce texte est un document humain bouleversant qui nous restitue, à travers le vécu d'un homme profondément religieux, la résistance obstinée et multiforme des Juifs de Varsovie à l'entreprise génocidaire nazie, un témoignage qui - pour reprendre l'expression de Kafka - « comme la hache doit briser la mer gelée en nous ».
Préfacé, traduit de l'hébreu et du yiddish et annoté par Nathan Weinstock, ce livre est accompagné d'un dossier documentaire, critique et photographique. -
La déclaration Balfour : 1917 : création d'un foyer national juif en Palestine
Renée Neher-Bernheim
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 4 Avril 2025
- 9782251457048
La route est longue qui mène des racines bibliques à l'État d'Israël.
Elle est jalonnée par des signaux que ce livre étudie brièvement pour éclairer surtout l'un des plus décisifs : La Déclaration Balfour. Cette courte lettre, signée par Balfour le 2 Novembre 1917, confirme en termes politiques les droits historiques du peuple juif sur sa terre ancestrale. Elle est ratifiée ensuite dans les traités internationaux qui scellent le démantèlement de l'Empire Turc et recomposent la carte de l'Asie depuis le Golfe Persique jusqu'au Sinaï, selon les intérêts majeurs des puissances victorieuses en 1918.
Mais, au cours de ces années capitales pour l'évolution ultérieure du Moyen-Orient, le dur affrontement des forces politiques opposées, même entre nations alliées, complique et embrouille les données.
Dans ce livre, Renée Neher-Bernheim démonte un imbroglio apparemment inextricable où des personnages comme Clemenceau, Lloyd George, Wilson, Weizmann, Lawrence d'Arabie, jouent des rôles décisifs. Avec une clarté attachante, elle présente, interroge, analyse une abondance de documents aussi passionnants que surprenants, dont beaucoup sont inédits. Elle éclaire ainsi d'un jour nouveau toute l'époque de la Première Guerre mondiale où, dans les mutations et les convulsions politiques profondes, le feu vert a été donné à Israël. -
Durant le dernier quart du XXe siècle, l'inclassable Simon Leys a proposé une interprétation de la Chine contemporaine qui n'a pas eu le don d'amuser les belles âmes ni les gens futés (politiciens, hommes d'affaires et sinologues
dans le vent).
Fin connaisseur du pays pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises dès 1955, il fut l'un des tout premiers à prêter l'oreille aux voix des gens de la rue ou du Parti.
De cette expérience sans équivalent, il s'employa, sous la forme du pamphlet informé, à écrire ce qui est sans doute la critique la plus vive et la plus spirituelle jamais écrite sur la Chine de Mao.
Son souci principal était d'autant plus éloquent qu'il était plus simple : « pour pouvoir enfin occuper la place qui lui revient dans le monde moderne, la Chine devrait commencer par respecter les Chinois, et par devenir démocratique. Le despotisme est une coûteuse extravagance qu'elle n'a plus les moyens de se permettre. »
L'attention que l'Occident porte à la Chine a une histoire. Et ces pages, dont la secrète légèreté n'est que talent littéraire, sont fondamentales pour qui entend aujourd'hui tenir un discours un tant soit peu sérieux sur la Chine. -
La République invisible : Bob Dylan et l'Amérique clandestine
Greil Marcus
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 15 Janvier 2025
- 9782251456485
1967, l'Amérique est doublement en guerre. À l'extérieur avec la guerre du Vietnam, à l'intérieur avec les émeutes raciales et le « Summer of love » californien. Le pays « où tout est possible » est en train de sombrer.
1967, Bob Dylan enregistre en secret, dans le sous-sol d'une maison de Woodstock nommée Big Pink, ce qui deviendra les mythiques Basement Tapes (les bandes du sous-sol). Il incarne cette Amérique déchirée. Déjà, deux ans plus tôt, au festival de Newport, le fantôme de l'électricité s'est emparé du chanteur et son public ne le supporte pas. Celui qui représentait jusqu'alors la renaissance du folk américain et de son rêve de paix devient le prophète d'une révolution en marche.
Greil Marcus met en lumière la violence et la démesure de la réaction suscitée par le virage qui valut à Dylan d'être traité de « Judas ». Les Basement Tapes sont le reflet d'un pays clandestin, d'une république invisible qui cherche ses racines dans une tradition orale muant au gré des secousses du grand drame américain. -
L'Amérique et ses prophètes : La République perdue ?
Greil Marcus
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 18 Octobre 2024
- 9782251456232
Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une : « Les États-Unis attaqués ». Il avait compris combien, plus qu'ailleurs, l'Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine : une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite.
C'est un essai sur l'Amérique qu'écrit ici Greil Marcus, une Amérique édifiée sur l'idée d'un pacte avec elle-même suivant le vieux modèle du peuple élu et de son alliance avec Dieu. Lincoln, Martin Luther King Jr, Philip Roth, Dos Passos ou David Lynch : dans son glissement du politique vers la littérature, le cinéma ou la musique, Greil Marcus nous fait revivre le pacte américain, cette promesse impossible à tenir.
« Un livre puissant, déconcertant, dérangeant. [...] Le passé ne passe pas bien, nous avertit Marcus. Il nous hante. Tendez l'oreille : il y a des momies dans les archives, des squelettes dans les placards, des Indiens dans les armoires, des fantômes dans le grenier, et des secrets écrits à l'encre invisible au dos des grands textes fondateurs - mais il n'y a pas de monstres sous votre lit. » - Village Voice -
Maïmonide : la foi dans la raison
Alberto Manguel
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 13 Septembre 2024
- 9782251456010
Maïmonide a marqué de sa présence emblématique les trois cultures, arabes, juives et chrétiennes, qui ont cohabité en al-Andalus il y a près d'un millénaire. Tout au long d'une vie d'exil forcé, il a étendu l'influence de son intellect dans les domaines du droit, de la philosophie et de la médecine.
Son recours à la pensée aristotélicienne pour structurer de nouveaux systèmes d'exploration intellectuelle a changé la manière dont la philosophie judéo-chrétienne était considérée. Thomas d'Aquin, Albertus Magnus, Vincent de Beauvais, Duns Scot, Pic de la Mirandole, tous ont reconnu Maïmonide comme l'un de leurs maîtres essentiels.
La foi profonde de Maïmonide dans la capacité de l'esprit humain à saisir ce qui semble insaisissable, et sa tentative d'enrichir le langage de la théologie avec ceux de la science, du droit et de la logique, peuvent peut-être nous aider à restaurer aujourd'hui le prestige perdu de l'acte intellectuel. -
Rome et les barbares : Histoire nouvelle de la chute d'un empire
Peter Heather
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 6 Septembre 2024
- 9782251456096
Peter Heather fait un travail habile sur une époque complexe dans sa magistrale mise à jour de La chute de l'Empire romain de Gibbon.
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Talleyrand au Congrès de Vienne : 1814-1815
Guglielmo Ferrero
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 7 Mai 2025
- 9782251457130
Malgré la fragilité politique de la France en 1815, Talleyrand, le « Diable boiteux » comme il fut surnommé, réussit à faire plus qu'éviter l'humiliation de la France dans ce concert des puissances. Initialement exclue des négociations, Talleyrand parvint à placer la France sur un pied d'égalité avec l'Angleterre, la Russie, la Prusse et l'Autriche en exploitant les tensions entre les grandes puissances,créant une sorte de coalition avec l'Autriche et l'Angleterre afin de modérer les appétits de la Prusse et de la Russie. De la sorte, la France devint quasiment l'arbitre des négociations, apparaissant comme le défenseur de l'équilibre européen. L'habileté suprême du « Diable boiteux » au Congrès de Vienne dont Ferrero brosse ici un tableau détaillé reste un modèle de diplomatie fondé sur la patience, la connaissance des intérêts en présence et l'art du compromis. Un exemple pour aujourd'hui encore !
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Des hommes ordinaires : le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne
Christopher R. Browning
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 9 Septembre 2022
- 9782251453316
À l'aube du 13 juillet 1942, les hommes du 101e bataillon de police de réserve allemande entrent dans le village polonais de Josefow. Arrivés en Pologne quelques jours auparavant, la plupart d'entre eux sont des pères de famille trop âgés pour être envoyés au front. Dans le civil, ils étaient ouvriers, vendeurs, artisans, employés de bureau. Au soir de ce 13 juillet, ils se sont emparés des 1 800 Juifs de Josefow, ont désigné 300 hommes comme « Juifs de labeur », et ont abattu à bout portant, au fusil, 1 500 femmes, enfants et vieillards.
La plupart de ces réservistes ordinaires étaient devenus adultes avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et n'avaient jamais été des nazis militants ni des racistes fanatiques. Pourtant en seize mois, ces hommes vont assassiner directement, d'une balle dans la tête, 38 000 Juifs, et en déporter 45 000 autres vers les chambres à gaz de Treblinka - un total de 83 000 victimes pour un bataillon de moins de 500 hommes.
Utilisant les témoignages de 210 anciens de ce bataillon, Christopher Browning les laisse raconter avec leurs propres mots leur participation à la Solution finale - ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont pensé, comment ils ont rationalisé leur conduite meurtrière.
Christopher Browning établit le bilan incontestable de l'activité d'extermination de ce bataillon, et accorde un soin minutieux à analyser l'environnement social et les actions personnelles des individus qui le composaient : il nous offre ainsi la preuve la plus accablante jamais établie à ce jour de l'ordinaire aptitude humaine à une extraordinaire inhumanité. -
L'armee d'Hitler : la Wehrmacht, les nazis et la guerre
Omer Bartov
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 5 Avril 2024
- 9782251455389
L'armée du IIIe Reich se contenta-t-elle d'exécuter, avec une remarquable compétence, des ordres reçus ou fut-elle très politisée ? Échappa-t-elle à l'emprise du régime ou s'en fit-elle la propagandiste zélée ? Bref, la Wehrmacht fut-elle l'armée d'Hitler ?
En étudiant la guerre sur le front principal de l'Est, Omer Bartov, professeur d'histoire contemporaine à Brown University (USA), apporte des réponses précises à ces questions. Son livre contribue de manière importante à la compréhension du nazisme.
Confrontée à des conditions de guerre épouvantables, l'armée allemande a connu la déroute dès la fin 1941. Elle a alors été contrainte d'enrôler sans cesse de nouvelles recrues ; elle est devenue une armée de masse. La nation entière fut mobilisée. Au moins un membre de chaque famille connut le front de l'Est. Une nouvelle image de l'héroïsme s'imposa, dans laquelle la puissance matérielle était remplacée par une conception brutale, fanatique du combat. Les pires actes de barbarie furent autorisés par le pouvoir militaire, et les officiers et les troupes se rallièrent à la vision nazie de la guerre, faisant de l'Allemagne le rempart contre le bolchevisme. La Wehrmacht, armée de conscrits, devint alors l'armée d'Hitler. L'idéologie avait conquis la nation. -
Le communisme au village : la vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la Collectivisation
Nicolas Werth
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 3 Novembre 2023
- 9782251455020
Basé sur des sources inédites longtemps inaccessibles dans les bibliothèques de recherche et les archives en URSS, cet ouvrage, à la fois d'ethnographie et d'histoire politique, explore la force et la cohésion du monde paysan face au monde extérieur et hostile de la ville et du pouvoir soviétique entre les révolutions de 1917 et la Seconde guerre mondiale. Il plonge dans le quotidien et les mentalités d'un monde rural ressorti - paradoxalement - plus traditionnel, voire plus archaïque, qu'avant la Première guerre mondiale et les révolutions de 1917. La grande réforme agraire menée par les paysans eux-mêmes a renforcé l'organisation sociale très particulière fondée sur une sorte de self-government paysan symbolisé par la toute puissance de la commune rurale, responsable de la marche au quotidien des affaires paysannes.
L'ouvrage décrit la lutte entre « l'ancien » - cette organisation et cette culture paysanne si spécifiques, et le « nouveau », c'est à dire les valeurs bolcheviques fondées sur une vision marxiste des luttes de classes dans les campagnes entre « paysans pauvres » et « paysans riches », les fameux « koulaks ». Cette lutte culmine lors de collectivisation forcée des campagnes lancée en 1929 par Staline.
Cette collectivisation forcée a non seulement réactivé la fracture profonde entre les « deux Russies », une Russie urbaine, industrielle et dominante et une Russie rurale, politiquement dominée, isolée et repliée sur elle-même ; elle a été bien plus que l'expropriation des paysans et leur embrigadement dans des kolkhozes : elle a détruit, définitivement, une culture, un mode de vie, une civilisation paysanne.
Elle a entraîné une véritable « dépaysannisation » de la paysannerie, véritable révolution anthropologique qui transforma le petit propriétaire paysan en un kolkhozien, un être indolent, paresseux et clochardisé, qui n'avait plus le goût de travailler une terre et de soigner des bêtes qui ne lui appartenaient plus. -
Dien Bien Phu : Un coin d'enfer
Bernard Fall
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 15 Mars 2024
- 9782251455341
Le samedi 8 mai 1954, l'avion de commandement capte le tout dernier message expédié par les Français de Dien Bien Phu : « Sortie manquée stop ne puis plus communiquer avec vous stop et fin. » La sortie d'« Isabelle » vient d'échouer et c'est bien la fin. La fin de la guerre d'Indochine et de la puissance coloniale française. Pour la première fois dans l'histoire, une guérilla a défait l'un des grands sur un champ de bataille. La perte de Dien Bien Phu en 1954, dont le siège aura duré 167 jours, aura des conséquences comparables à celles qui suivirent Waterloo, la Marne et Stalingrad.
Comment en est-on arrivé à cette situation désespérée à la veille de la conférence de Genève ? Minutieusement, Bernard Fall, après avoir recueilli les témoignages des survivants des deux camps, interrogé les acteurs essentiels de ce drame comme Hô Chi Minh et Giap à Hanoï, et obtenu du ministre français des armées l'autorisation de consulter des documents de première importance encore tenus secrets, reconstitue la bataille. Il décrit l'assaut puis l'asphyxie de Dien Bien Phu par une guerre de tranchée qui rappelle Verdun, et nous conduit dans l'enfer du camp retranché où les blessés sont terrés avec la vermine dans d'obscurs boyaux. Il montre comment les 13 000 hommes de la garnison française, composée à 70 % de légionnaires, de Nord-Africains et de Vietnamiens, s'opposèrent aux 50 000 combattants Vietminh et aux 55 000 requis sans armes - hommes, femmes, vieillards.
Bernard Fall, dans ce magistral panorama que lui seul pouvait écrire avec une aussi grande compétence, dévoile la vérité sur les aspects cachés de cette tragédie : quels furent réellement les rôles et les rapports des généraux Navarre, Cogny et de Castries ? Pourquoi les États-Unis ne sont pas intervenus ? A-t-on envisagé un bombardement atomique ? Et, surtout, l'histoire du Vietnam aurait-elle pris sa tournure actuelle si l'on avait évité une défaite décisive en 1954 ? -
Makhno : la révolte anarchiste 1917-1921
Yves Ternon
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 12 Janvier 2024
- 9782251455167
Suivi de Nestor Makhno et la question juive par V. Litvinov.
De 1917 à 1921, en Ukraine méridionale, un jeune militant anarchiste, Nestor Makhno, lève une insurrection et conduit une guerre de partisans. C'est un soulèvement de paysans pauvres, inspiré par la tradition cosaque, mais libre de tout préjugé nationaliste, religieux ou raciste. Le mouvement s'est fixé pour but l'instauration d'un communisme libertaire, utopie généreuse devenue concevable dans le chaos politique que connait alors l'Ukraine, déchirée par des forces contraires et où nul pouvoir ne parvient à s'installer.
L'illusion apparait avec les Thèses d'avril de Lénine, mais l'espoir d'un terrain de conciliation entre anarchistes et bolchéviks sur le principe des Soviets et des assemblées populaires est rapidement dissipé par les événements. L'un des premiers, Makhno, dénonce l'imposture d'un parti totalitaire qui feint de s'appuyer sur une base populaire pour mieux imposer sa dictature. Il devient, dès lors, l'homme à abattre. Les bolchéviks s'y emploient, rompant à deux reprises une alliance avec les makhnovistes, les écrasant impitoyablement et poursuivant Makhno au-delà de sa mort pour en réduire l'importance historique et le présenter sous les traits d'un bandit anarchiste, fanatique et cruel.
Il importait de sortir Makhno de la pénombre qui l'enveloppe, de le restituer à son environnement historique, infiniment complexe dans ses méandres, et de l'éclairer tel qu'il fût : un grand stratège et un compagnon fraternel, fils de la terre d'Ukraine, avatar des légendaires Cosaques Zaporogues et, en même temps, simple ouvrier agricole tentant de faire pousser l'anarchisme, en le greffant sur la steppe en ces jours de printemps des peuples où soufflait le vent de l'épopée. -
Les Juifs, la mémoire et le présent
Pierre Vidal-Naquet
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 5 Mai 2023
- 9782251454429
Sous ce titre sont regroupés des textes très divers :
Articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du II?
Siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XX? siècle. Sont également repris des préfaces à des ouvrages de passion et de raison, des reportages en Israël, des prises de position dans la presse quotidienne ou hebdomadaire.
Il se trouve que Pierre Vidal-Naquet, qui a choisi le monde antique gréco-romain comme objet d'études historiques, est aussi un Juif. En tant que tel, il s'efforce de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentie -
La tragédie de Cronstadt : 1921
Paul Avrich
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 1 Mars 2024
- 9782251455327
« Tout le pouvoir aux soviets ! » Le slogan dont les bolcheviks avaient fait usage en 1917, voici que les matelots de Cronstadt - leurs anciens frères d'armes - le retournent contre le gouvernement soviétique en 1921.
C'est sur les ruines de Cronstadt, dernier sursaut d'un socialisme libertaire et décentralisé, que s'édifie le socialisme autoritaire et bureaucratique d'URSS. La révolte de Cronstadt est réprimée dans le sang à la veille du cinquantième anniversaire de la Commune de Paris. Le régime de Staline pointe à l'horizon. -
Ecrits gastronomiques : Almanach des gourmands ; Manuel des Amphitryons
Grimod De La Reyniere
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 15 Novembre 2024
- 9782251456294
« Si manger est une nécessité, savoir manger est un art où la connaissance des aliments compte tout autant que leur dégustation. En ce sens l'honorable Grimod de La Reynière (1758-1837) est l'un des plus grands artistes de la bonne chère, l'un de ceux qui, avant Brillat-Savarin, ont le mieux codifié et organisé l'appétit des gourmands et gourmets. [...] Que faut-il retenir de ce livre où la jubilation de l'écriture est à la mesure du plaisir de la ripaille ? Quelques formules d'un humour sans pareil. Mais par-delà le bonheur du style et la juste observation des choses de la nature, c'est toute une philosophie que nous transmet Grimod de La Reynière. Philosophie que l'on peut rapprocher de celle du divin marquis de Sade : livrons-nous aux pires débauches, pourvu que nous les accomplissions selon un certain ordre. [...] Bâfreurs
désordonnés, s'abstenir ! »
Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière (1758- 1837) est un avocat, journaliste, feuilletoniste et écrivain français qui acquit la célébrité sous Napoléon Ier par sa critique spirituelle et parfois acerbe, ses mystifications et son amour de la gastronomie. La postérité a principalement gardé mémoire de ce dernier aspect de sa personnalité et le considère, aux côtés de Brillat-Savarin, comme l'un des pères fondateurs de la gastronomie occidentale moderne. -
Staline et Hitler : un couple maléfique
Thierry Wolton
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 12 Janvier 2024
- 9782251454610
Publié voici un quart de siècle sous le titre Rouge-Brun, le mal du siècle, cet essai historique donne un aperçu aussi exhaustif que possible du mariage des extrêmes scellé par le pacte germanosoviétique d'août 1939.
Cette histoire prend de nos jours une nouvelle dimension puisqu'elle permet d'éclairer les événements que nous vivons au moment où la guerre qui gronde de nouveau au coeur de l'Europe trouve en partie ses racines dans l'occultation de ce passé. A l'ombre de leur entente, Hitler et Staline se sont mutuellement soutenus contre leur ennemi commun : les démocraties occidentales. (...) Si l'histoire ne se répète pas, en revanche le comportement des hommes face aux événements est souvent le même, d'où une impression de bégaiement.
Poutine n'est pas Staline, toutefois l'admiration qu'il porte à son prédécesseur, qu'il considère non pas comme un leader communiste mais comme un défenseur de la grande Russie, en fait un héritier revendiqué, par atavisme nationaliste. La réalité que rappelle ce livre permet de comprendre le danger d'une telle fiction. -
Illustre reporter, Ernie Pyle devient correspondant militaire quand la Seconde Guerre mondiale éclate et part aux côtés del'armée américaine (Compagnie du 18e Régiment d'infanterie). La suivant dans ses conquêtes comme dans ses défaites, il couvre d'abord les événements en Afrique du Nord et va jusqu'au coeur de l'Italie à la bataille de Monte Cassino, il va ensuite en Angleterre, puis débarque en France (bataille de Normandie, libération de Paris), il partira ensuite pour le front du Pacifique, où il meurt des tirs de balles japonaises sur l'île d'Okinawa le 18 avril 1945.
Écrit sur le vif des combats, ce livre est un document sans équivalent. Centrant l'attention sur les hommes derrière les soldats, les reportages de Pyle sont devenus immensément populaires, ils étaient suivis dans quelque 300 journaux. À sa parution en 1944, l'ouvrage qui les réunissait a été tiré à des centaines de milliers d'exemplaires puis il a fait l'objet d'une adaptation sous forme de bande dessinée et a été porté à l'écran par William Wellman dès 1945 avec notamment Burt Lancaster et Burgess Meredith. -
Les procès de Moscou
Nicolas Werth
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 3 Mars 2023
- 9782251454078
Au soir du 1er décembre 1934 - jour de l'assassinat du chef du Parti de Leningrad, Sergueï Kirov -, Staline ordonne d'élargir et d'accélérer la répression de tous les suspects de la « préparation d'actes terroristes ». Le signal de la plus gigantesque répression policière du xxe siècle est donné. Pendant quatre ans, des milliers de responsables du régime soviétique vont être arrêtés, emprisonnés et souvent exécutés. La liquidation de tous les anciens opposants à Staline va s'étendre, par cercles concentriques, à la majeure partie des cadres dirigeants. Les accusés, soumis à des procès publics, avoueront unanimement les crimes les plus abominables et les plus invraisemblables. Une fraction notable de l'opinion internationale quant à elle se cantonnera dans une expectative prudente, voire s'aveuglera sur ces mascarades judiciaires. Nicolas Werth retrace ici, parallèlement au récit mouvementé des « grands procès », la genèse et la dynamique de ce moment paroxystique de la logique totalitaire. Il le fait en tenant compte des données nouvelles et des discussions historiques récentes. Au-delà des banalités sur le culte de Staline ou des généralités sur le totalitarisme, l'auteur apporte des clefs d'interprétation qui permettent de mieux cerner cette période tragique.
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Golda Meir était sans aucun doute l'une des femmes les plus incroyables de son époque - et de toutes les époques. Née en 1898 à Kiev, fille d'un charpentier pauvre, elle est devenue la première (et la seule) femme Premier ministre d'Israël. Le premier souvenir de Meir est celui de son père barricadant la porte d'entrée en réponse aux rumeurs d'un pogrom imminent. La famille a émigré aux États-Unis et, pendant un certain temps, Meir a vécu avec sa soeur, où elle a été exposée à des débats sur le sionisme, le droit de vote des femmes, la littérature et le socialisme. Elle devient enseignante et, après son mariage, émigre à nouveau en Palestine, où elle s'installe dans un kibboutz. Toujours active sur le plan politique, elle est devenue le premier envoyé d'Israël à Moscou, a été promue ministre des affaires étrangères et a finalement été élue Premier ministre, à la tête d'Israël. Dans son autobiographie, elle écrit : « Pour moi, être juive signifie et a toujours signifié être fière de faire partie d'un peuple qui a maintenu son identité distincte pendant plus de 2 000 ans, malgré toutes les souffrances et tous les tourments qui lui ont été infligés. »
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Chroniques du temps de la guerre (1941-1943)
George Orwell
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 9 Avril 2021
- 9782251451800
De 1941 à 1943, Orwell fut engagé par le service indien de la BBC destiné à porter une bonne parole culturelle et politique aux sujets du bon roi George VI du sous-continent asiatique. Esprit libre entre tous, Orwell se passionna rapidement pour sa tâche.
Du côté culturel, il s'attacha à faire mieux connaître des auteurs comme Jack London, Jonathan Swift, Bernard Shaw, Shakespeare ou Oscar Wilde. Il improvisa des dialogues autour d'oeuvres d'Anatole France et H.G. Wells.
Du côté politique, il tint une chronique hebdomadaire commentant la situation militaire sur le front de l'Est. Cette expérience lui fit prendre conscience de l'importance de la propagande dans le monde contemporain. Elle est directement à l'origine des deux chefs-d'oeuvre qu'il écrivit ensuite : La ferme des animaux et 1984. À travers ces écrits de circonstance, on retrouve le génie d'Orwell à l'état originel. -
Walter Benjamin : histoire d'une amitié
Gershom Scholem
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 7 Octobre 2022
- 9782251453453
Gershom Scholem et Walter Benjamin, deux Juifs berlinois appartenant à la même génération, refusent d'emblée le mensonge et le confort. Scholem quitte dès 1923 Berlin pour Jérusalem. Il y édifiera une oeuvre magistrale. À ses certitudes s'opposent les hésitations de Benjamin, la dispersion de ses écrits, la précarité de ses entreprises universitaires et littéraires, son balancement entre les séductions du marxisme et un sentiment très vif de son appartenance au judaïsme. Il envisagera même de s'installer en Palestine.
Témoin lucide, Scholem évoque les phases et les lieux de cette amitié : le Berlin de la guerre et de l'après-guerre, la Suisse, le Paris de 1927 et de 1938. Lettres à l'appui, il apporte des précisions sur l'attitude de Benjamin envers le sionisme et le communisme, sur ses relations avec d'autres figures des lettres allemandes de son temps : Brecht, Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Adorno, Horkheimer et l'École de Francfort. Il retrace la formation de la pensée de Benjamin, sa conception du rôle du critique littéraire, ses goûts artistiques, sa position ambiguë devant le marxisme. Il constate son double refus ; ni Moscou, ni Jérusalem, puis le caractère tragique de son exil : pour Benjamin, chassé d'Allemagne par le nazisme en 1933, Paris, « capitale du XXe siècle », siège d'une littérature dont il est le critique et le traducteur (Baudelaire, Proust), sera un lieu de solitude et d'angoisse avant le suicide d'octobre 1940 à la frontière espagnole. Au moment où l'oeuvre de Walter Benjamin est l'objet d'une attention croissante, cet essai de Gershom Scholem est une contribution essentielle à sa compréhension.