Littérature
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Un matin de juillet 1897, Georges Delaselle découvre une petite île du nord Finistère, en face de Roscoff : l'île de Batz. Artiste amateur, il vient y écrire et y dessiner loin de la capitale où il est né. Il tombe aussitôt amoureux de deux hectares de terre et de sable à l'est de l'île qu'il décide d'acquérir pour les embellir, les sublimer, y planter les graines du monde qu'il collectionne. Il trouve là une géographie idéale, un microclimat pour réaliser son rêve : un jardin exotique. Ami des Vilmorin, le règne végétal le passionne. Ce monde d'autonomie, d'immobilisme et d'immortalité, il le perçoit en pionnier. La fin du xixe siècle achève les conquêtes coloniales et, pour marquer la grandeur de la France, les conquêtes botaniques s'intensifient. Année après année, plan après plan, croquis après croquis, Georges imagine, dessine, creuse, ordonnance son paradis. Ce jardin de fleurs, d'odeurs, de couleurs, il le nomme sa « fille ». En 1918, on lui diagnostique la tuberculose, le mal du siècle. Presque mort, il s'installe définitivement sur l'île, à plus de 50 ans. Chaque graine plantée ne devait pousser que pour la postérité. Mais plus le jardin avance, plus sa maladie recule, et cette vie qui ne valait presque rien redevient saine, utile, pleine de vitalité. Le désert du bord de mer se met à germer. Chaque arbre qui veut bien naître est une victoire sur la mort. Et le dicton îlien stipulant que sur cette île sans arbres, le vent stérile empêche tout de pousser est désavoué. Georges Delaselle a tracé sa vie autour d'une ligne claire, solitaire. Il a créé un lieu où le réel rencontre l'imaginaire, où l'on peut espérer, inspirer. Il y a plusieurs années, Guénaëlle Daujon est partie vivre sur l'île de Batz. Après Là-Batz, un premier roman très remarqué tiré de cette expérience singulière, elle a quitté l'île mais le jardin de Georges continuait de l'obséder. Ce jardin exotique fait de fleurs venues d'Afrique et du Mexique, elle l'a aimé, senti, respiré ; il l'a fait voyager et l'a tout simplement aidée à vivre. Elle a donc tout naturellement plongé dans les archives familiales de son fondateur pour en tirer un roman délicat et entêtant sur un jardinier méconnu qui a poursuivi son rêve jusqu'à la déraison.
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à l'école de l'universel : Germaine le Goff (1891-1986), une éducatrice en Afrique
François-Xavier Freland
- Intervalles
- 16 Février 2024
- 9782369563426
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Layla rêve d'affranchissement et d'indépendance, comme de nombreuses jeunes filles de la Syrie des années 2000. Quand la révolution islamiste ravage Alep en 2011, Layla voit sa terre natale partir en fumée. Tandis qu'elle cherche à s'évader dans les bras de Salam, son premier amour, la guerre redouble d'intensité lorsque la Turquie ouvre ses frontières aux intégristes et que des groupes armés fanatisés assiègent de plus en plus de villes. Quand sa mère perd son combat contre la maladie et que l'eau, l'électricité et la nourriture viennent à manquer, plus rien ne retient la jeune femme qui fuit en direction de la capitale pour y retrouver Salam. À Damas, leur liaison prend un tour imprévu tandis qu'Alma et Hayat, deux amies qui lui deviennent vite chères, font découvrir à Layla que survivre signifie encore vivre. Layla retrouve le goût d'étudier, d'enseigner. Nourrie de souvenirs heureux dans la Syrie qu'elle aimait tant, Layla puise sa force dans une profonde soif de liberté.
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La post-vérité ou le dégoût du vrai
Claudine Tiercelin
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 21 Avril 2023
- 9782369563181
À l'heure des fake news et du fact-checking de mauvaise foi, de l'information en continu et des sciences alternatives, on pourrait facilement croire que tout est relatif. Mais si l'on veut ne pas céder au cynisme ou au nihilisme, on peut se tourner vers les recherches récentes associant sciences humaines et sociales, qui ont fait progresser l'analyse des mécanismes à l'oeuvre dans les manipulations des négateurs de la science.L'heure n'est plus à la déploration. Pour lutter contre cette nouvelle idée-force, cet essai voudrait suggérer d'autres armes : prendre conscience de nos biais cognitifs et des sources variées d'enfumage et d'entourloupe, cultiver nos vertus épistémiques et tenir l'évidence des faits pour une exigence première, mais aussi nuancer l'opposition entre faits et valeurs, cesser d'occulter les aspects positifs des émotions comme de réduire la rationalité à une peau de chagrin en en faisant un épouvantail positiviste, ne pas confondre déni de la science et aveuglement scientiste, comprendre que travailler dans un « esprit scientifique » implique de refuser toute compromission avec la société, la moralité et la pratique.De façon plus urgente encore, cet essai de philosophie engagée suggère d'éviter des malentendus élémentaires sur les concepts de vérité, de connaissance, ou de réalité, trop souvent déformés par l'idée-même de post-vérité. De nous méfier de nos préjugés métaphysiques les plus ancrés et d'oeuvrer à une authentique connaissance métaphysique ; enfin, de nous installer dans un espace académique et démocratique des raisons, seul à même de garantir la liberté de conscience, en démontrant que les idéaux de vérité et de connaissance constituent moins un rempart ou un déni de la vie qu'ils ne sont les meilleurs alliés de nos idéaux de solidarité et de justice sociale.
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Les habits neufs du féminisme
Sabine Prokhoris
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 3 Mars 2023
- 9782369563280
Depuis #MeToo, un certain féminisme voit en la femme non plus un sujet libre de son désir mais un être fragile soumis aux injonctions du patriarcat que l'on rend responsable de sa condition. Est-ce là un progrès ? Loin des mobilisations pour le droit de vote, pour la liberté et pour l'égalité sexuelles, qui faisaient le cÅ?ur du féminisme d'émancipation, ce nouveau féminisme méconnaît également la complexité, pour tous, de la relation sexe/genre, et donc celle du trajet de sexuation, toujours marqué par d'énigmatiques...
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Chronique d'une voyageuse solitaire, Carnets perdus du Japon rassemble les fragments de deux carnets de voayge de l'auteur, écrits à dix ans d'intervalle, agrémentés de notes récentes. L'auteur y explore les géographies intérieures et extrérieures en interrogeant l'écriture comme mémoire du passé.
L'originalité de cette narration pleine d'images est de s'élaborer à partir de la notion de perte : celle des carnets que l'écrivain a perdus pendant son voyage, celle des êtres trop tôt disparus et celle, aussi, d'un pays qui n'est peut-être déjà plus.
Patricia Almarcegui nous invite à plonger dans un bain de cyprès, à déambuler sur la Promenade des philosophes à Kyoto, ou établir des listes à la manière des Notes de chevet de Sei Shônagon. A mi-chemin entre l'essai, le journal intime et le carnet de voyage, Patricia Almarcegui esquisse ici, à la manière d'un haïku savant et ludique, sa vision d'un Japon longtemps contemplé et arpenté, qu'elle nous livre avec délicatesse et nuances. -
Belgrade, années 1970. Milena, une jeune scénariste, entame une relation épistolaire avec Sam, l'un des deux Américains qu'elle a rencontrés lors d'un séjour à Paris. Berlin, années 1930. Clara, fille unique d'un couple d'avocats juifs et Lily, sÅ?ur aînée d'une famille ouvrière, se rencontrent et tentent de s'aimer. France, 2020. En plein confinement, une romancière parisienne endeuillée reçoit une cantine remplie des lettres de Milena. Sonia RistiÄ?, par son talent de conteuse, noue pour le lecteur les liens translucides qui traversent les siècles. Liens d'amour, liens de folie, liens de liberté farouche, liens d'écriture ou de création. Elle recrée ce que la mémoire et le temps ont effacé. Dans cette Chambre à soi moderne, elle tisse un fil entre ces femmes mues par leur indépendance, leur créativité et leur fière détermination à vivre un amour qui soit à la hauteur de leur liberté.
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Alina a grandi à Vulkova, en Europe orientale. Éduquée jusqu'au collège par un père biologiste dont les travaux la fascinent, elle a développé une insatiable curiosité. Sa rencontre avec la magnétique Luda la fait sortir de sa bulle et les deux filles sont vite inséparables.
Tandis qu'Alina devient mathématicienne et rêve en secret de pouvoir fournir un jour à son père l'or le plus pur possible pour ses expériences, Luda éblouit le monde en tant que mannequin vedette.
Les deux amies se retrouvent à Paris, où Alina est embauchée dans une société de gestion à la hiérarchie implacable. Avec l'aide de Luka, jeune as de la gestion des risques, et celle de Lionel, le vieillissant lieutenant du P.-D.G., elle est chargée de débloquer les liquidités associées aux Tickets Restaurant pour les faire fructifier. C'est sans compter sur les jalousies intestines et l'imprévisible P.-D.G.
Obnubilée par son dossier, et tandis qu'elle grimpe l'échelle des trahisons invisibles, Alina est progressivement intégrée au cercle des grands « optimisateurs ». Mais à quel prix ? -
Tandis que l'Europe commémorait les 30 ans de la Chute du Mur, avec des amies originaires d'ex pays de l'Est, nous avons eu l'idée de créer ensemble une série de textes courts proposant un panorama de nos jeunesses de l'autre côté du Mur. L'imaginaire occidental sur ce qu'a été ce monde disparu est très empreint de ce qu'ont donné à entendre les dissidents des années 1950, 1960, 1970 : l'absence de liberté, l'empêchementâ€- Sans nier les pans sombres de cette histoire, il y a aussi, peut-être, une autre histoire à mettre en lumière: celle de l'égalité inscrite dans la loi et souvent dans les faits, celle de l'égalité salariale et d'accès à l'emploi, celle de l'accès à l'avortement plusieurs décennies avant beaucoup de pays de l'Ouest, celle des mythologies communistes construites sur des figures de femmes combattantes... qui ont inspiré nos parcours et nos engagements dans les pays où nous avons choisi de vivre.
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Cancel ! de la culture de la censure à l'effacement de la culture
Hubert Heckmann
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 19 Août 2022
- 9782369563143
Que désigne-t-on par l'anglicisme « cancel culture » ? S'agit-il seulement d'une « culture de l'effacement », selon la francisation recommandée par l'Académie française ? L'histoire de la cancel culture depuis son émergence dans les mouvements progressistes américains de défense des minorités, mise en perspective dans une histoire plus large de la censure des opinions et des oeuvres, permet de comprendre les dangers qui menacent aujourd'hui, en France, le débat d'idées et l'art. L'expression « cancel culture » peut bien avoir un usage polémique, elle n'en décrit pas moins une réalité : celle d'une culture de la censure qui est en train de s'instaurer sous nos yeux au nom des meilleures intentions.
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Le Ballet des retardataires est le témoignage unique d'une des rares Européennes à avoir pénétré le monde ultra fermé et traditionnel du taïko au Japon, et la première à avoir séjourné dans l'école la plus secrète et la plus fermée du Japon.
Jeune Française n'ayant jamais voyagé, elle arrive pleine de naïveté dans un monde aux règles incompréhensibles, à la discipline quasi militaire et où personne ne parle anglais. Aux entraînements, succèdent incompréhension chronique, fatigue extrême, typhons, tremblements de terre et fantômes. L'héroïne distingue de plus en plus mal la réalité du fantasme et emmène le lecteur vers cette frontière flottante où la réalité et le rêve se chevauchent.
Roman initiatique sur les transformations intérieures que peut provoquer le choc des cultures, l'héroïne s'y révèle à elle-même tandis qu'elle fait découvrir au lecteur une facette méconnue du Japon. Le Ballet des retardataires est en effet un témoignage unique sur l'art du tambour japonais traditionnel.
Le récit progresse au rythme des journées sans fin de l'apprentie, teinté d'une étrange poésie et d'un humour truculent. Le livre devient alors une sorte de partition, hommage au taïko, si méconnu en Europe.
Le Ballet des retardataires ne se lit pas, il se déguste comme un bonbon, succulent, coloré et piquant.
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Qui est l'extremiste ?
Pierre-André Taguieff
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 19 Août 2022
- 9782369563174
La notion d'extrémisme est une notion confuse. Censée permettre une classification, elle est surtout une diabolisation de l'adversaire. Mais ce terme polémique oublie souvent de décrire ce qu'il considère comme le Mal absolu. Il faut donc s'efforcer de dissocier, dans le discours politique, les réactions passionnelles et les réflexes idéologiques des menaces objectives, ce qui n'est guère facile. Les incarnations de la condamnation pour extrémisme sont nombreuses - « radical », « ultra- », « fasciste », « populiste » - et permettent souvent à peu de frais de s'exonérer de la description politique elle-même.Pour reconstruire la catégorie d'extrémisme et la rendre opératoire dans l'analyse des attitudes et des comportements politiques contemporains, il faut supposer l'existence d'une connexion entre trois composantes :
1° la légitimation de la violence comme méthode de résolution des problèmes politiques ;
2° l'intolérance et le sectarisme ;
3° le fanatisme, impliquant l'intransigeantisme, le manichéisme et le jusqu'au-boutisme, qui supposent de placer la défense de la Cause au-dessus de tout.
Alors peut-être pourra-t-on redéfinir un horizon politique désirable par-delà les extrémismes en tout genre qui brident nos libertés. Car on devrait pouvoir concevoir des limites légitimes et respectables en sortant du cercle des extrémismes. -
Bulgarie, milieu des années 1980. La jeune Alba est hospitalisée pour une paralysie galopante à la jambe. Là, elle rencontre Guéo, cinquante-cinq ans, membre du Politburo.
L'homme est absorbé par l'écriture d'un rapport qui doit permettre à la Bulgarie de faire sa mue démocratique avant que le communisme ne s'effondre.
Peu à peu, Guéo dévoile à la pétillante Alba son passé, ses faiblesses, sa culture et son amour du français.
De Sofia à Varna, la jeune fille et l'apparatchik vont se découvrir... Mais la grande histoire les rattrape tandis que les paranoïas, les rêves étouffés, les velléités de liberté déferlent sur le pays. L'étau se resserrant à mesure que le régime vacille, Alba et Guéo vont se donner rendez-vous à Paris. -
Petite mystique du genre
François Rastier
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 15 Septembre 2023
- 9782369563365
Alors que l'idéologie du genre a trouvé partout des relais institutionnels, ce petit livre trouve son point de départ dans un double étonnement. Comment l'idée que l'on puisse naître dans un « mauvais corps » s'est-elle répandue ? Pourquoi la transsexualité fait-elle l'objet d'une fascination croissante ?
Ces questions seraient anecdotiques si elles n'avaient pas dépassé depuis longtemps les associations militantes et n'inspiraient pas diverses politiques nationales et internationales.
Insignifiante en regard des urgences politiques, économiques et écologiques mondiales, l'idéologie du genre conserve un grand pouvoir de diversion. Elle entretient la confusion par des débats que l'on n'ose dire stériles sur les « hommes enceints », mais condense aussi la dialectique « déconstructive » et l'idéologie intersectionnelle.
Dans le brouillard d'une guerre des sexes, elle les combine avec des thèmes porteurs comme la post-vérité et le transhumanisme.
Non seulement le féminisme s'en trouve progressivement discrédité, mais la promotion des « transitions » médicalisées, notamment chez les mineurs, pose un problème de santé publique et présage un scandale sanitaire.
En éclairant les liens de l'idéologie du genre avec les superstitions anciennes sur l'androgynie divine comme avec le tantrisme revisité par la théosophie et le New Age, cette étude cerne les contours d'une mystique menaçante qui anime un activisme croissant. -
En 1976, à Hong Kong, Tiziano Terzani rencontre un devin qui le met en garde : « Ne prends surtout pas l'avion en 1993 ! » Seize années plus tard, le 31 décembre 1992, il décide de respecter la prophétie.
Pendant un an, il voyage en train, en bateau, en bus ou à dos d'éléphant, et redécouvre une Asie que le voyageur pressé ne connaît plus.
Cette année sans prendre les airs est le prétexte pour brosser l'un des tableaux les plus riches et les plus vivants jamais peints de l'Asie, de sa culture propre, de sa spiritualité et de ses peuples.
Avec lui, on suit la chasse aux esprits dans les ruelles de Bangkok, l'hystérie géomancienne des généraux birmans, les pelotons d'exécution des khmers rouges au Cambodge, et l'on découvre un continent aux prises avec ses propres démons.
Écartelée entre une modernisation à travers laquelle se dessinent les prémices de la mondialisation et des cultures ancestrales souvent garantes du lien social, c'est une zone du monde en pleine mutation où nous entraîne l'auteur.
Dans chaque pays visité, Terzani va aussi à la rencontre de nouveaux devins, une façon de jouer avec le prétexte même de son périple et de confronter la prédiction initiale aux dires de nouveaux prophètes, pas toujours très inspirés, mais c'est surtout une façon d'approcher comme personne avant lui la spiritualité propre à ce continent si fascinant.
Souvent comparé à Kapuscinski, à Bruce Chatwin ou à Nicolas Bouvier, Terzani signe ici un très grand livre.
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Entre Paris et la baie d'Arcachon, six femmes d'âges, d'origines, de milieux différents se retrouvent à des tournants de leur vie. Sept nouvelles en forme de puzzle racontent une histoire qui les réunit toutes, dans la toile des hasards improbables et des choix assumés que tissent les liens féminins.
Il y a Joséphine, qui n'arrive plus à sortir de chez elle et qui se lance dans la conquête du monde virtuel.
Il y a Daphné, qui se sépare de son compagnon avec lequel elle bataille pour le partage de leur collection de meubles design.
Il y a Florence, qui se jette corps et âme dans des travaux de rénovation et qui espère échapper à la solitude en ouvrant une maison d'hôtes.
Il y a aussi Agnès qui abandonne époux et enfants pour s'enfermer dans sa maison de vacances et peindre, Hortense qui lit dans sa cuisine et égrène des souvenirs désolants, Marion qui ouvre en grand les placards renfermant secrets de famille et tabous.
Des dessins naïfs représentant des intérieurs, des pièces vides dont quelqu'un vient à peine de sortir ou dans lesquelles quelqu'un s'apprête à entrer illustrent ces histoires. Des couleurs vives, saturées, une abondance de détails pour prolonger les textes, ou pour s'insérer dans les creux de la narration.
Sur un ton faussement léger et désinvolte, ce recueil déploie des trajectoires de femmes, raconte les tout petits cailloux qui font dérailler le cours d'une vie et les grandes tragédies qui se transmettent de génération en génération. -
Saisons en friche est un grand roman sur l'univers des squats. À travers des personnages attachants, Sonia Ristic restitue la saveur d'une période qui fut fondatrice dans son parcours littéraire. Elle plonge surtout le lecteur dans un tohu-bohu plein de charme où l'aventure se conjugue au collectif et où l'humain est au coeur de tout.
Sonia Ristic a puisé dans ses souvenirs la trame de ce roman sur un collectif d'artistes tiraillé entre les mille contradictions qui ont jalonné le quotidien de la plupart des squats. Si on y croise aussi les questionnements qui nervurent aujourd'hui la société française dans son ensemble, sans naïveté ni résignation, c'est peut-être tout simplement parce que la vie y est vécue plus intensément qu'ailleurs. C'est cette énergie militante, joyeuse et d'une vigueur inouïe qui émane de ce roman tumultueux et plein de tendresse.
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La littérature n'est pas qu'un sport de combat : essais sur quelques femmes courageuses
Anne Robatel
- Intervalles
- 17 Septembre 2021
- 9782369563013
Et s'il y avait dans la littérature davantage de ressources que l'on ne l'imagine pour affronter la dureté des temps ? Dans Du courage, Anne Robatel s'arrête sur certaines grandes voix de la littérature d'hier et d'aujourd'hui. A travers une lecture singulière de Virginia Woolf, de Jane Austen, d'E. M. Forster, de Toni Morrison ou d'Amanda Gorman, Anne Robatel nous révèle quelques héroïnes dont la geste trouve un écho inattendu dans notre époque tumultueuse.
A les écouter de plus près, on comprend mieux pourquoi commémorer c'est peut-être davantage façonner l'avenir que regarder le passé.
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Après une enfance albanaise durant laquelle les minijupes des animatrices de la télévision italienne résument à ses yeux la vie en Occident, Gazmend Kapllani franchit un jour la frontière grecque dans l'espoir d'une vie meilleure.
Mais la Terre Promise ne lui réserve pas l'accueil amical auquel il s'attendait : nulle speakerine légèrement vêtue en signe de bienvenue, et pas la moindre trace d'un sourire bienveillant sur les visages des autochtones. Parqué dans un centre de rétention pour immigrés, il commence à entrevoir la dure réalité de la condition qui sera désormais la sienne. Lui et ses camarades albanais bâtissent dans leurs rêves un futur en Grèce où le travail leur apporte succès et fortune, un futur qui restera à l'état de chimère pour la plupart d'entre eux.
L'absurdité de ces châteaux en Espagne comme celle de leur condition n'en rend leur quotidien que plus cruel. Avec autant de recul que d'engagement, d'humour que d'indignation, Kapllani entremêle le récit de son expérience à une méditation sur ce qu'il appelle " le syndrome des frontières ", pour composer un premier livre d'une acuité et d'une vigueur extraordinaires. Aussi lucide et drôle dans le récit de la vie ordinaire sous la dictature d'Enver Hodja en Albanie que dans celui de la condition des immigrés en Europe occidentale, Gazmend Kappllani livre ici un texte essentiel.
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Tomas Fischer, docteur en psychologie et chauffeur-routier, part se réfugier dans une ville isolée et lointaine après la mort de sa femme et de ses deux enfants. Il s'installe à Lasciate où la vie semble à l'arrêt : on s'y ennuie beaucoup, les voitures roulent au ralenti et l'alcool y est en apparence interdit.
Tomas entame une nouvelle vie, clandestine, dans les marges de Lasciate, où son statut interlope lui permet de rendre bien des services. Mais Lasciate n'est pas une ville comme les autres, même si les politiques menées ressemblent à celles que l'on observe partout. Car un secret inouï distingue ses citoyens du commun des mortels.
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Peu après les attentats du 11 septembre 2001, la journaliste italienne Oriana Fallaci publie un article puis un livre intitulés La Rage et l'orgueil, dans lequel cette grande figure progressiste italienne s'en prend au monde musulman dans son ensemble. Les musulmans y sont comparés à de « nouveaux croisés » et les imams à des « guides spirituels du terrorisme » dont les mosquées « grouillent jusqu'à la nausée de terroristes ou d'aspirants terroristes ».
Effondré par les outrances d'une femme dont la carrière de brillante intervieweuse l'avait amenée à dialoguer avec le Shah d'Iran, Willy Brandt, Lech Walesa, le colonel Kadhafi, Yasser Arafat, Indira Gandhi, à se débarrasser de son voile devant l'ayatollah Khomeini ou encore à faire admettre à Kissinger que la guerre du Vietnam s'était avérée « inutile », Tiziano Terzani s'attelle à la rédaction d'une réponse, qui va prendre la forme de lettres adressées à son petit-fils Novalis.
Ces Lettres contre la guerre sont d'abord l'oeuvre d'un Occidental qui a passé près de la moitié de sa vie en Orient, sans jamais y perdre ses racines ni son cartésianisme. Mieux que quiconque en Europe, il a senti la nécessité du dialogue Nord-Sud et Est-Ouest, et l'absurdité non seulement de la guerre dite « contre le terrorisme » mais aussi de toutes les guerres menées sous les prétextes de « modernité » ou de « civilisation », et qui ne sont souvent que les cache-nez de l'avidité des hommes et de leur soif de pouvoir.
Fidèle à sa méthode de grand baroudeur du journalisme, c'est depuis le Pakistan et l'Afghanistan que Terzani écrit la plus grande partie de ces lettres.
Là, il comprend « le drame du monde musulman dans sa confrontation avec la modernité, le rôle de l'islam en tant qu'idéologie antimondialisation ».
Ce texte est visionnaire à plus d'un titre. Au détour de chaque phrase, on y décèle les erreurs qui furent celles de l'Occident dans son rapport au monde musulman et plus largement à toutes les autres cultures, avant et après le 11 septembre 2001.
Lettres contre la guerre, d'où émanent à la fois une colère sourde et un pacifisme de combat, est une contribution essentielle au débat géopolitique mondial et une pierre cruciale sur la voie de la paix des nations. Sa lecture, près de quinze ans après sa rédaction, n'a jamais semblé aussi nécessaire.
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Il y a cent ans, le pays qui s'appelle Azerbaïdjan n'existait pas. Sur une carte, c'est une mystérieuse excroissance située au point de rencontre de la Russie, la Turquie et l'Iran, au sud-ouest de la mer Caspienne.
Depuis le voyage d'Alexandre Dumas dans le Caucase et ses descriptions saisissantes du temple du feu aux alentours de Bakou, et à l'exception notable d'Olivier Rolin, peu d'auteurs français ont écrit sur ce pays méconnu.
En 2015, une dizaine d'auteurs français a relevé le défi de partir à la découverte de cette terra incognita pour en rapporter des nouvelles.
État laïc de tradition musulmane, comme la Turquie, l'Azerbaïdjan est en même temps très occidentalisé et à l'avant-garde du multiculturalisme.
Bakou, sa capitale, est une cité médiévale mystérieuse, aux ruelles labyrinthiques, à la fois cernée par ses remparts et encerclée par une forêt de tours futuristes.
Pour beaucoup, l'Azerbaïdjan reste encore aujourd'hui un pays sans visage. On ignore souvent qu'il fut la toute première république démocratique et laïque du monde turco-musulman, qu'il offrit le droit de vote aux femmes un quart de siècle avant la France, que ses pionniers furent russes, arméniens, suédois, allemands, polonais et même français. On connaît peu ou pas les palais inspirés des splendeurs créées à Venise, Paris ou Monte-Carlo. Sait-on que l'Azerbaïdjan n'a connu, depuis son rattachement à la Russie tsariste en 1806 et son assimilation à l'Union soviétique en 1920, que le collectivisme ? Que Staline y fit quelques années de bagne alors qu'il n'était encore qu'un jeune gangster géorgien ?
Ces nouvelles sont le fruit de voyageurs au regard neuf : des Français du début du xxie siècle à l'individualisme enraciné, sceptiques quant à leur destin collectif, désorientés face au patriotisme unanime d'une jeune nation fragile. Ils ont tenté de dresser un portrait sincère et singulier d'un territoire aux richesses insoupçonnées. Le résultat est inattendu, nouveau et explosif, comme une aventure absolument inédite.
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Après des vacances désastreuse en Amazonie, le couple de Rémy Potier bat de l'aile, et sa femme Charlotte sait pourquoi : ce n'est pas un « vrai mec ». Banquier sans ambition, harcelé par son patron, végane à mi-temps, Rémy n'échappe pas à la thérapie de couple, puis aux services de Love Inclusive, agence de réalisation de fantasmes féminins. Mais le scénario du kidnapping en limousine tourne court et Rémy a une panne. Tandis que Charlotte prend la poudre d'escampette avec le chauffeur viriliste, Rémy est traîné par son ami Paulo, infidèle jeté dehors par sa femme, dans un stage masculiniste destiné à démanteler la propagande féministe et réveiller l'homme en lui. Le vrai. Malgré le fiasco annoncé, Rémy fonde avec Paulo et un des participants le « Cercle des mâles disparus ». Le but : devenir de vrais hommes, à l'image de leurs idoles Gabin, Ventura et Delon. Mais ne se sont-ils pas complètement trompés d'époque ?
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Le sexe et la langue
Jean Szlamowicz
- Intervalles
- Le Point Sur Les Idees
- 15 Septembre 2023
- 9782369563372
Il ne faut pas confondre la langue et le sexe. Le genre des mots et le sexe des gens. Or, avec une déconcertante régularité, les débats de société mélangent volontiers le mot et la chose. Dernier avatar de ce manichéisme militant, l'écriture dite « inclusive » fait partie de ces outils idéologiques masqués par une apparente posture humaniste. Dans une novlangue à la philanthropie toute bureaucratique, de beaux idéologues spécialistes de marketing prennent prétexte de la « défense des femmes » pour contribuer à « changer les mentalités » en tordant le cou à la grammaire. C'est beau, c'est grand, c'est généreux, mais ce n'est qu'une pose qui déplace sur le terrain de la grammaire des questions sociales, politiques et culturelles. Or il y a des phénomènes linguistiques et des phénomènes sociaux. Quand on postule une relation de causalité rendant la langue responsable d'un état de la société, il faudrait au moins ne pas se tromper sur ce qu'est la langue, sur ce qu'est la société et sur la relation entre les deux. Faut-il rappeler que les signes de la langue ne sont pas des humains ? Et que le sort des humains ne dépend pas des signes qui les désignent parfois ? En réponse à ces beaux esprits, il est temps de se souvenir, avec Emile Benveniste, que « Penser, c'est manier les signes de la langue », et non pas les tordre dans le sens de ses envies, de ses élans militants ou de ses préjugés.