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Flammarion
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Aliénor d'Aquitaine : souveraine femme
Martin Aurell
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 6 Novembre 2024
- 9782080463241
Aliénor d'Aquitaine (1124-1204) est la plus célèbre sinon la plus populaire des reines du Moyen Âge. Grâce à une documentation quasi exhaustive consultée des deux côtés de la Manche, Martin Aurell offre ici une biographie entièrement renouvelée de la souveraine. Duchesse descendante de l'antique lignée des Guilhémides, elle est au XII? siècle l'héritière de l'Aquitaine, la plus étendue des principautés du royaume de France, mais aussi l'une des plus riches. Son premier mariage avec Louis VII, roi de France, échoue à la suite d'un différend stratégique et familial. En 1152, elle se remarie avec le jeune Henri II, roi d'Angleterre, une alliance qui fonde le vaste empire Plantagenêt, de la frontière de l'Écosse aux Pyrénées et de l'est de l'Irlande à l'Auvergne. En 1173, Aliénor fomente une rébellion contre son mari, dont l'échec lui vaut quinze ans de résidence surveillée, avant de retrouver par son veuvage une place prépondérante sous le règne de ses fils Richard Coeur de Lion et Jean Sans Terre. Explorant les archives désormais bien inventoriées sur Aliénor, Martin Aurell livre ici un travail résolument neuf sur cette reine hors norme. Tout en déconstruisant sa légende, plus noire que dorée, l'historien revisite sa longue vie, brosse tour à tour le portrait de la jeune femme, de la mère, de l'amante. La féminité de la reine est au coeur de ce livre, abordée à travers le vêtement, la maternité, la répudiation, l'amour, la jalousie et le pardon dans une approche contemporaine qui redessine les contours de son pouvoir si âprement disputé tout au long de sa vie.
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Cent ans après sa mort, le guide de la Révolution russe déchaîne encore les passions. Sans céder à l'idéalisation ou à la diabolisation, l'historien Alexandre Sumpf brosse le portrait d'un homme habité, depuis sa jeunesse militante jusqu'à son arrivée au pouvoir en 1917, en passant par ses années d'exil. S'appuyant sur les approches historiques les plus contemporaines (histoire sociale, histoire connectée) et s'intéressant aussi bien aux origines de la violence politique de Lénine qu'à ses relations avec ses lieutenants, l'historien Alexandre Sumpf nous plonge dans une Russie méconnue, celle de la fin du tsarisme. Emblématique de l'engagement de l'intelligentsia contre l'autocratie, Lénine a «russisé» le marxisme et fait converger révolte populaire et théorie politique. Chef de parti intransigeant, habile manoeuvrier, il ne reculera devant rien pour propager le feu de la révolution à toute l'Europe. Son décès précoce, en 1924, et la momification de sa pensée le transformeront en pur symbole. Dans un texte très vivant, l'auteur retrace l'itinéraire d'une des grandes icônes du XX? siècle. Aujourd'hui, nul ne sait plus au juste qui était Lénine - mais en Ukraine, on s'acharne depuis 2014 à faire tomber ses statues, et dans les territoires occupés, les envahisseurs russes s'empressent de les rétablir.
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Né en 1854, Arthur Rimbaud est entré dans la légende comme l'insurgé de la poésie moderne. Puis il a disparu, tirant un trait définitif sur ses écrits avant même d'avoir atteint la majorité. «L'homme aux semelles de vent» deviendra tour à tour négociant, explorateur ou trafiquant, indifférent au sort de l'oeuvre géniale qu'il avait créée. Biographe exigeant, Claude Jeancolas a rassemblé une documentation rare et abondante pour retracer cette vie d'Arthur Rimbaud. Il a mis ses pas dans ceux de l'adolescent prodige né à Charleville au sein d'une famille de la petite bourgeoisie française. Il a traqué dans chaque revirement et dans chaque paradoxe la rigueur d'un parcours existentiel à la logique implacable. Dans un passionnant travail de contextualisation, Jeancolas suit le jeune homme dégingandé, si proche, si dur, parfois si sensible, les cheveux ébouriffés, le regard fixé sur un horizon idéal ; le biographe nous guide à travers sa scolarité à la fin du Second Empire, sous l'occupation prussienne des Ardennes, puis dans le Londres des communards en exil ou l'Afrique de la conférence de Berlin. Il fait revivre son aventure avec Verlaine, autre icône de la poésie, et interroge la relation ambiguë entre la mère et le fils dans l'ombre du père disparu. Des brumes de la Meuse aux enfers des déserts dankalis, de la passion amoureuse aux lettres désespérées d'Aden, c'est une seule et même vie, cohérente, intime, que le lecteur découvre ici.
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«Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettaient d'exploiter impeccablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant.»Ian Kershaw
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Enver Hoxha, qui a dirigé l'Albanie marxiste-léniniste de 1944 à sa mort en 1985, échappe à toutes les classifications. Dans ce petit pays des Balkans à l'histoire tourmentée, il a théorisé et mis en oeuvre un totalitarisme qui n'a aucun équivalent dans le monde, où l'absurde côtoyait les pires exactions. Rares sont les historiens à s'être intéressés à la personne et à la déraison de ce tyran atypique. Dans cet essai biographique, Bertrand Le Gendre renouvelle le regard porté sur lui en retraçant pas à pas son itinéraire, sa vision du monde et sa pathologie. Le «camarade Enver» se méfiait de tout et de tous. Il a rompu successivement avec la Yougoslavie du maréchal Tito, avec l'URSS poststalinienne puis avec la Chine de Mao Zedong. Barricadé derrière des frontières hermétiquement closes, il ne s'estimait en sécurité que seul au monde, reclus dans un pays exsangue, fermé à toute modernité. Ce livre s'emploie aussi à expliquer le soutien dont Hoxha a bénéficié en France de la part de militants maoïstes, de personnalités hors partis et de «touristes politiques», étudiants pour la plupart, en quête durant leurs vacances d'été d'un modèle de société idéale. En 1991, lorsque l'Albanie en a fini avec le communisme que ces derniers encensaient, elle a sombré dans le chaos. Sa liberté était à ce prix.
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Frida. L'artiste-peintre qu'on ne nomme que par son prénom est aussi chatoyante, dans ses robes traditionnelles colorées, que son langage est effronté. Mais elle est aussi sensible, abîmée et malade.Un accident de bus à 18 ans la plongea dans une souffrance physique constante. Depuis, Frida Kahlo ne cessa de vivre dans un «conflit entre une Frida morte et une Frida vivante», une dualité excessivement humaine que nous présente Hayden Herrera dans cette biographie intime et documentée.Jeune élève rebelle de l'École nationale préparatoire de Mexico, puis militante communiste, elle côtoya très tôt les muralistes et les artistes révolutionnaires. Elle créa un art singulier, comme un miroir de sa vie, qui suscita l'admiration de Pablo Picasso, Juan Miró ou encore Wassily Kandinsky.Nous découvrons aussi à travers de nombreuses lettres et extraits de son journal intime qu'elle fut l'amie de Nelson Rockefeller, de Tina Modotti ou encore d'André Breton et qu'elle vécut ses drames amoureux avec Trotski ou Nickolas Muray sous l'ombre maritale, irremplaçable et mythique de Diego Rivera.Près de soixante-dix ans après sa disparition, l'histoire de cette femme à l'humour et à l'imagination débordants reste aussi extraordinaire, aussi bouleversante que sa légende et que son univers pictural.
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Son destin doit tout à la passion. Ses amours ont signé sa vie. Compagne, épouse, amante, douée d'un pouvoir de séduction exceptionnel, Gala a fasciné successivement Paul Éluard, Max Ernst et Salvador Dali. Ils ont puisé en elle un air vital, puissant, sans lequel - ils l'ont dit - ils ne seraient pas devenus les artistes que nous connaissons. Éluard a écrit pour elle ses premiers poèmes. Dali, qui l'a divinisée, l'a associée à son oeuvre. Née Elena Dimitrieva Diakonova en Russie, le mystère est l'une des clés de sa personnalité. Solitaire et secrète, Gala a toujours protégé farouchement son univers intérieur. Au-delà de la légende qui la présente en dévoreuse d'hommes et de génies, Dominique Bona a cherché la vérité de la femme : entre ombre et soleil. Portrait d'une muse redoutable, cette biographie de Gala est aussi la fresque de l'époque surréaliste, avec son foisonnement de créateurs, et une peinture du règne de l'Amour fou.
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Jean Moulin, l'affranchi
Bénédicte Vergez-Chaignon
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 15 Mars 2023
- 9782080419712
Chez Jean Moulin, la grandeur allait de soi, écrit André Malraux vingt ans après sa disparition. Vingt-cinq dates-clefs, vingt-cinq journées particulières ont façonné le destin du grand résistant, dont la vie fut tragiquement écourtée à 44 ans. Une vie magnifiée par l'amour de la République et de la démocratie.Né en 1899 à Béziers dans une famille unie et très attachée aux valeurs humanistes, Jean Moulin s'engage à servir la République à travers ses fonctions dans l'administration. Tour à tour sous-préfet, préfet, membre de cabinet ministériel, il est aussi un dessinateur accompli et un passionné d'art. Il aime la vie parisienne ; les nuits des années folles au coeur de Montparnasse font son enchantement. Est-ce auprès des artistes qu'il a appris à regarder le monde ? Avant la guerre en Espagne et le Front populaire, le 6 février 1934 lui ouvre les yeux sur l'histoire en marche.L'historienne Bénédicte Vergez-Chaignon éclaire les «grandes heures» de ce parcours où l'on découvre un homme pétri d'enthousiasme, amoureux, un grand sportif passionné de voitures, d'avions, de ski, que son goût certain pour le bonheur et une haute conception de la France ont encouragé à défendre ses valeurs, et à résister - naturellement.
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Inventeur du calcul des probabilités sous le nom de «Géométrie du hasard», ancêtre de l'informatique avec sa Machine arithmétique, concepteur des transports en commun à Paris avec ses carrosses à cinq sols, Pascal est aussi le secrétaire de Port-Royal, devrait-on dire. Caché sous un faux-nom à l'auberge du Roi David, il lance ses Provinciales comme des flèches tout au long de l'année 1656. Chevalier masqué, il est, sous des noms d'emprunt, l'Anonyme qui met sa plume au service des causes qui le mobilisent.Littérature clandestine, littérature de circonstance, littérature fragmentaire, la littérature pascalienne est celle d'un artiste. Homme de méditation, de soumission, de mortification, Pascal est aussi un homme de gloire et de combat. Attentif aux signes, il est submergé un soir de novembre 1654 par le sentiment fulgurant de la présence divine. Pascal fixe l'événement par écrit dans un Mémorial, qu'il garde constamment à portée de main, cousu dans son pourpoint. Sa vie est un ample oratorio dramatique. À côté de la sienne, d'autres voix s'y font entendre, celle de son père, le Président Pascal, celle de sa soeur, Jacqueline, la fragile et indomptable fille de Port-Royal, morte d'angoisse le 4 octobre 1661, celle de Gilberte, l'autre soeur, gardienne de la mémoire des Pascal, autrice des Vies de Blaise et de Jacqueline.Le livre d'André Le Gall exprime le puissant mouvement qui emporte Blaise Pascal, qui le jette dans les débats et les combats de son temps, avec toute sa mordante ironie, ses intuitions jaillissantes, sa passion pour la vérité, qui confèrent à son verbe un éclat et un pouvoir étranges.
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Sans nul doute, l'Europe aurait pris un cours différent sans l'oeuvre politique de Guillaume le Conquérant (v. 1027-1087). Non seulement il l'a façonnée, mais elle l'a façonné aussi...Resituant sa vie au-delà des limites nationales et nationalistes, David Bates offre ici une oeuvre aboutie qui fera date. Cette biographie magistrale, ambitieuse et érudite pénètre en profondeur la vie intime de Guillaume, notamment ses origines, la relation à sa mère Arlette, son mariage avec Mathilde de Flandre ou sa fidélité conjugale, mais elle relate aussi un destin politique et militaire hors du commun.David Bates s'interroge sur les conditions de la conquête de l'Angleterre en 1066, à laquelle il consacre des pages passionnantes, de la succession anglaise à la bataille décisive d'Hastings, dans le Sussex. Une dizaine d'heures durant, le Conquérant combat jusqu'à la mort Harold, dont il nie la légitimité. Devenu roi, Guillaume écrasera impitoyablement toute résistance dans le pays, laissant outre-Manche un souvenir indélébile. Mais ce bouleversement politique et social que d'aucuns ont pu qualifier de colonisation contribua à la formation d'un véritable Empire transmanche.
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Louise Bourgeois est par excellence la femme-couteau, la femme sculpteur, celle qui découpe, tranche, cisaille, mais aussi celle qui incarne l'ambivalence féminin-masculin : la protection et la menace, la fragilité et la force, la tendresse et la violence.Née en 1911 à Paris, et ayant vécu à New York de 1938 jusqu'à sa mort en 2010, elle est devenue, après une reconnaissance tardive, l'une des artistes les plus emblématiques du XXe siècle. Son oeuvre polymorphe, composée de peintures, gravures, dessins,sculptures, installations, est profondément autobiographique et échappe à toute classification esthétique. En réactivant les souvenirs et les traumatismes de son enfance, Louise Bourgeois donne forme et corps à ses émotions, créant une oeuvre organique, sensuelle et érotique, dont le thème essentiel est la femme-maison. «La sculpture est le corps et mon corps est une sculpture.»Cette biographie ne retrace pas seulement le parcours d'une grande artiste, sa formation, ses influences ; c'est aussi le récit d'une vie de femme exceptionnelle, ayant connu les deux guerres, l'exil, épouse d'un célèbre historien de l'art, et mère de trois enfants. Elle s'appuie sur les archives personnelles inédites de l'artiste, ses journaux intimes, sa correspondance, ses écrits psychanalytiques, ainsi que sur ses interviews et des entretiens avec ses proches.
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« Tout l'art du passé, de toutes les époques, de toutes les civilisations, surgit devant moi, tout est simultané comme si l'espace prenait la place du temps. » Alberto Giacometti n'est pas seulement un artiste majeur du XXe siècle : il est aussi l'une de ses personnalités les plus originales. Fruit de recherches nouvelles, cet ouvrage nous introduit dans l'intimité d'un artiste hanté par son oeuvre, toujours poussé en avant par une exigence sans concession.
Après une jeunesse passée dans l'atelier de son père en Suisse, puis dans celui du sculpteur Antoine Bourdelle à Paris, le jeune artiste s'affranchit de ses premiers mentors en se tournant vers le cubisme, puis le surréalisme. Malgré la reconnaissance quasi-instantanée de son travail et l'amitié admirative d'André Breton, il se détourne rapidement des objets surréalistes qui l'ont rendu célèbre, pour s'engager dans une échappée solitaire qui le mènera à la marge des courants dominants. Ami des plus grands artistes et intellectuels, il trace son sillon personnel dans l'intimité solitaire de son mythique atelier de Montparnasse. Profondément attaché à la représentation humaine, influencé par les arts archaïques et non occidentaux, il s'éloigne d'une représentation naturaliste, pour adopter une vision synthétique et parfois hallucinée de la figure, chargée d'une puissance mystérieuse.
Catherine Grenier nous livre le destin et le parcours singulier d'Alberto Giacometti, de sa vie et de son oeuvre, dans une biographie à lire comme un roman.
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Avicenne ou l'islam des Lumières
Omar Merzoug
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 10 Mars 2021
- 9782081348097
Peut-on être croyant et exercer son esprit critique sur le livre sacré de l'islam ?L'homme et le penseur auquel cette biographie est consacrée est l'une des plus belles intelligences que le monde musulman a produite. Né en 980 à Afshana (aujourd'hui en Ouzbékistan), Avicenne, de son vrai nom Ibn Sînâ, ne fut pas seulement le médecin dont l'enseignement a traversé les siècles, mais un philosophe engagé, curieux de tous les savoirs, en particulier des grands penseurs grecs. Son oeuvre ne fut pas un vain mot. Pour lui, la philosophie islamique, à laquelle il donna une armature théorique, était un enjeu historique : trois siècles après la mort du Prophète, il s'agissait d'enraciner la raison et la logique en islam, de donner les moyens au croyant de résister au rigorisme des théologiens et autres docteurs de la loi.Cette histoire raconte ainsi l'impérieux combat qu'Avicenne mena pour réformer l'islam au tournant du XIe siècle. Sans faire école, il a eu de nombreux disciples, mais son athéisme supposé, plus sûrement révolutionnaire que la pensée païenne selon ses détracteurs, aura durablement discrédité cette belle odyssée intellectuelle.
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La toile, il la boxe, la caresse, y accumule des mots jusqu'au vertige. Basquiat c'est l'urgence, le lyrisme mêlé d'élégances, de grâce, de naïvetés, avec l'enfance qui rayonne et déborde. Et hurle. Et chante. Et dit la brûlure, le plaisir, la vie courte et intense. Il meurt à 27 ans, laissant mille tableaux et un nombre plus important encore de dessins.
Michel Nuridsany nous donne à voir et à comprendre ici comment le peintre apparaît, se forme, explose, quand naît le hip-hop, se radicalisent les mouvements de protestation des noirs et que se transforme en profondeur le milieu de l'art new-yorkais. Il nous apporte des lumières nouvelles sur l'importance de la musique et de la poésie dans son oeuvre et dans sa vie, sur sa façon de faire passer la technique du sampling dans sa peinture, sur l'origine de son nom, sur sa qualité de métis perçu comme noir, sur son voyage en Côte d'Ivoire, sur la réception de son oeuvre en France et sur ses rapports plus profonds qu'on ne l'a dit avec Warhol.
Quant à la jeunesse, elle est emportée par la bourrasque d'une vie traversée par la drogue, le sexe, l'art, et par une folle énergie. Basquiat, un jaillissement. -
Écrire la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c'est raconter l'histoire d'un petit Juif d'Alger, exclu de l'école à douze ans, qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde, l'histoire d'un homme fragile et tourmenté qui, jusqu'au bout, continua de se percevoir comme un «mal aimé» de l'université française.C'est faire revivre des mondes aussi différents que l'Algérie d'avant l'Indépendance, le microcosme de l'École normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l'après-68. C'est évoquer une exceptionnelle série d'amitiés avec des écrivains et philosophes de premier plan, de Louis Althusser à Maurice Blanchot, de Jean Genet à Hélène Cixous, en passant par Emmanuel Levinas et Jean-Luc Nancy. C'est retracer une série d'engagements politiques courageux, en faveur de Nelson Mandela, des sans-papiers ou du mariage gay. C'est relater la fortune d'un concept - la déconstruction - et son extraordinaire influence, bien au-delà du monde philosophique, sur les études littéraires, l'architecture, le droit, la théologie, le féminisme, les queerou les postcolonial studies. Pour écrire cette biographie passionnante et riche en surprises, Benoît Peeters a interrogé plus d'une centaine de témoins. Il est aussi le premier à avoir pris connaissance de l'immense archive personnelle accumulée par Jacques Derrida tout au long de sa vie ainsi que de nombreuses correspondances. Son livre renouvelle en profondeur notre vision de celui qui restera sans doute comme le philosophe majeur de la seconde moitié du XX? siècle.
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Musique au château du ciel ; un portrait de Jean-Sébastien Bach
John eliot Gardiner
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 1 Octobre 2014
- 9782081334892
Qui était Jean-Sébastien Bach ? Celui que la postérité allait considérer comme le cinquième évangéliste tant il a illustré le mystère de la foi chrétienne dans sa musique, a disparu sous les traits impersonnels d'un messager enchaîné à sa charge prédicatrice.
Issu d'une famille qui compte six générations de musiciens réparties sur 200 ans, Bach est loin d'avoir eu la trajectoire rectiligne d'un héritier. Il verra douze de ses vingt enfants mourir avant l'âge de trois ans, et aura des relations conflictuelles et orageuses avec beaucoup des commanditaires de sa musique.
Plongeant au coeur d'archives conservées en ex-Allemagne de l'Est et jusque- là inédites, le grand chef d'orchestre John Eliot Gardiner s'appuie sur sa connaissance inégalée de la musique pour faire revivre l'homme et l'oeuvre. Richement illustré et documenté, le livre de Gardiner est une somme en même temps qu'une introduction inégalable à la musique de Bach.
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Toussaint Louverture
Sudhir Hazareesingh
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 2 Septembre 2020
- 9782081421905
L'épopée de Toussaint Louverture commence par une révolte d'esclaves à Saint-Domingue en 1791 et culmine avec la proclamation du premier État noir indépendant de l'histoire en 1804. Après l'abolition de l'esclavage par la Révolution française en 1794, Toussaint devient le principal personnage politique et militaire de la colonie et prend le titre de «gouverneur général à vie» en 1801.Profondément attaché aux valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, il lutte farouchement contre toute tentative de réimposer l'esclavage à Saint-Domingue. Doté d'un sens politique exceptionnel et d'une endurance à toute épreuve, Toussaint s'appuie aussi bien sur la population noire et l'armée que sur l'élite blanche et l'Église catholique. Jusqu'à sa chute face aux troupes envoyées par Bonaparte, qui saluera les qualités de ce rival hors du commun.Puisant dans de nombreuses archives inédites - et notamment dans la correspondance de Toussaint -, Sudhir Hazareesingh retrace chaque étape de cette vie extraordinaire, des victoires contre les troupes françaises, espagnoles et britanniques à la promulgation d'une Constitution autonome, en passant par des stratégies diplomatiques innovantes. On y découvre un visionnaire intrépide qui s'inspire des idéaux des Lumières et des traditions révolutionnaires et spirituelles de Saint-Domingue.Guerrier, législateur, chef providentiel, martyr : Toussaint est devenu une légende pour des générations entières. Premier «modèle noir», il a inspiré Victor Schoelcher, le militant antiesclavagiste Frederick Douglass et les plus grandes contestations du colonialisme, dont le mouvement de la négritude porté par Aimé Césaire.
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"Tintin, c'était moi, avec tout ce qu'il y a en moi de besoin d'héroïsme, de courage, de droiture, de malice et de débrouillardise. C'était moi, et je t'assure que je n'avais pas à me demander si cela plaisait ou non aux gosses. Et les sujets que je choisissais, c'étaient des sujets qui me tenaient à coeur, où je trouvais quelque chose à dire, où j'avais quelque chose à dire", écrivait un jour Hergé. Par-delà leur apparente simplicité, Les Aventures de Tintin, qui ont enchanté plusieurs générations de lecteurs dans le monde, constituent une autobiographie indirecte, une sorte de journal à travers lequel se donnent à lire tous les événements, publics ou privés, qui marquèrent Georges Remi, dit Hergé. Mais, dans ce singulier roman de formation, c'est surtout le personnage qui a construit son auteur. Le jeune employé du quotidien Le Vingtième Siècle était parti de bien peu de choses. Album après album, Tintin a fait l'éducation d'Hergé, le conduisant vers des horizons inimaginables. Cette aventure méritait, je crois, d'être racontée.
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Elle a tout inventé : les tailleurs gansés, les accessoires qui deviennent bijoux, les tenues liberté pour des femmes irrévérencieuses, des parfums très parisiens qui ont conquis le monde, et surtout une mode, un style : le sien. Mais, un soir de 1971, l'une des indomptables du siècle tire sa révérence. Coco Chanel s'éteint seule dans sa chambre du Ritz. Ce monstre sacré, tellement inscrit dans son époque qu'on a parlé des années Chanel, a connu une existence tourmentée. Issue d'une famille de forains sans le sou, orpheline à douze ans, élevée sévèrement par des religieuses dans un couvent de Corrèze, rien ne prédisposait la jeune Gabrielle Chanel à devenir l'égérie des années folles. Rien n'annonçait que la couturière aux doigts d'or allait enflammer Deauville, Biarritz et Paris, révolutionner la silhouette des femmes, séduire l'intelligentsia de son temps, envoûter Cocteau, Colette, Picasso, Diaghilev, Stravinsky, ni même vivre des passions tumultueuses avec un cousin du Roi d'Angleterre, un neveu du tsar ou un poète surréaliste. Royale et généreuse, impétueuse et colérique, la petite auvergnate devenue étoile de la mode, ne manqua pas non plus d'accrocs dans la trame de sa vie : des drames sentimentaux à répétition, la surprenante fermeture de sa maison de couture à l'aube de la guerre puis son tout aussi inattendu retour à la mode à l'âge de soixante et onze ans, un caractère que ses admirateurs disaient affirmé mais les mauvaises langues infernal... c'est tout cela Coco Chanel. Un personnage hors du commun dont les revers passionnent autant que les succès, dont le nom est devenu tout un symbole. Riche de la consultation de sources inédites et d'entretiens avec d'importants témoins ayant connu Coco Chanel, Henry Gidel écrit, dans cette Grande Biographie, le roman vrai d'une femme qui a parcouru avec éclat les trois quarts du XXe siècle.
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Peu d'hommes d'État ont eu les honneurs de la légende comme Richelieu. Il semble s'en amuser d'ailleurs, le grand manipulateur des Trois Mousquetaires, qui contemple le monde du haut de ses portraits d'apparat, comme s'il nous défiait de regarder sa vie de plus près.Françoise Hildesheimer retrace la carrière tâtonnante qui conduisit Armand Jean du Plessis à devenir, à trente-sept ans, le lieutenant de Louis XIII. Au service de ce roi méfiant et jaloux de son pouvoir, Richelieu mit l'énergie extraordinaire qui faisait dire à Malherbe qu'en lui, quelque chose «excédait l'humanité» : jusqu'à sa mort, en 1642, il s'employa à combattre les intrigues de la Cour, à imposer l'obéissance aux Grands du royaume, à déjouer les complots, àréinventer une politique d'alliances, pour établir la gloire de Louis et faire naître la France moderne...C'est bien un homme, pourtant, et non un héros ou un démon, que ce livre nous invite à découvrir : un homme vieilli avant l'heure, aux nerfs fragiles, que la peur de la disgrâce ne quitta jamais, tant le ministre tout-puissant se savait suspendu à la faveur, flottante, du roi ; un homme habité par le goût de l'action et le culte de la raison, mais aussi par une foi sincère. N'en déplaise aux faiseurs de légendes.Cet ouvrage a reçu le 1er prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2005) et le prix Madeleine Laurain-Portemer de l'Académie des sciences morales et politiques (2005).
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«Il n'y a pas un seul écrivain dont l'oeuvre pourrait nous être d'un usage pratique plus urgent et plus immédiat.» Ainsi Simon Leys parlait-il d'Orwell, qualifiant par ailleurs la biographie que Bernard Crick lui a consacrée de «magistrale et définitive». À ce jour, en effet, aucune étude sur Orwell n'est parvenue à proposer une vision de l'homme et de sa pensée politique plus complète et pénétrante.Cet ouvrage de référence retrace un itinéraire hors du commun, en particulier le contexte historique de son oeuvre et sa difficile réception, à une époque où faire preuve de liberté et de lucidité était impardonnable. La vie courte mais exceptionnellement riche de George Orwell montre qu'il était possible pour un intellectuel de parcourir la première moitié du XXe siècle en s'opposant d'un même mouvement à l'imposture du totalitarisme et aux ravages du capitalisme.
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Pour le monde arabo-musulman, Saladin est une figure mythique. En Orient comme en Occident, une véritable légende s'est construite autour de ce sultan kurde (1137-1193). Champion de l'islam et souverain d'un immense empire, il est aussi celui qui sut reprendre Jérusalem aux croisés et susciter chez ses adversaires chrétiens, notamment Richard Coeur de Lion, une certaine admiration.Dans cette biographie nourrie aux meilleures sources, Anne-Marie Eddé a voulu comprendre la formidable popularité qui fut celle de Saladin. Une propagande inlassable encensait le sultan, défenseur de l'islam, serviteur fidèle du calife de Bagdad, parangon de justice, magnanime et généreux envers ses sujets comme envers ses ennemis... S'efforçant de faire la part de l'imaginaire et de la réalité, Anne-Marie Eddé replace le personnage dans l'époque tourmentée qui fut la sienne. Elle décrit l'ascension d'un homme doté d'un grand sens politique, qui parvint à étendre sa domination sur un territoire allant du Nil à l'Euphrate et du Yémen au nord de la Mésopotamie ; un homme intéressé par la vie religieuse, soucieux d'appliquer la loi musulmane, mais sans excès, notamment à l'égard des communautés juives et chrétiennes ; un homme qui fut un guerrier infatigable, mais aussi un administrateur doué d'une prodigalité qui faisait le désespoir de ses proches. Un homme, enfin, qui montra autant de volonté dans la maladie, le deuil et les combats déçus que sur les chemins de la gloire.
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Élevé dans une Irlande rurale dont il aura tôt fait de rejeter le poids des conventions, Francis Bacon trouve dans le Londres puis le Paris des années 1920 les sources d'une inspiration plus conforme à sa démesure. Ses premières oeuvres, animées d'une violence aussi vitale que destructrice, dérangent. L'intransigeance de sa vision ainsi que sa virtuosité picturale l'imposent cependant sur la scène artistique d'après guerre. Consacré comme un des peintres les plus originaux du XXe siècle, Francis Bacon deviendra également une légende vivante des milieux de débauche : son goût revendiqué pour les beuveries, le jeu et les orgies a repoussé chaque fois un peu plus loin les limites de la création chez cet artiste exigeant dont l'oeuvre, devenue exemplaire de notre modernité, exprime avec fureur les soubresauts d'une humanité convulsive.
Michael Peppiatt signe ici une biographie de référence, enrichie dans cette nouvelle édition d'éléments inconnus jusqu'à aujourd'hui. Il fait ainsi apparaître les multiples facettes de cet artiste provocateur et secret et nous livre les grandes clés d'explication de son oeuvre.
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César, le dictateur démocrate
Luciano Canfora
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 7 Octobre 2020
- 9782080205247
Héros de nos manuels scolaires, modèle de nos grands hommes - de Charles-Quint à Napoléon Bonaparte, en passant par Louis XIV -, Jules César est une grande figure de l'histoire politique européenne.Mais quel homme fut-il exactement ? Dictateur, Jules César chercha toujours à asseoir son autorité sur un peuple qui l'admirait. Propagateur de la culture romaine chez les populations celtes d'Europe, il fut également l'impitoyable guerrier de la campagne des Gaules, dont on relèvera le caractère génocidaire à l'époque moderne. Enfin, au faîte de sa puissance, César fut assassiné dans des circonstances qui comptent parmi les grandes énigmes politiques et psychologiques de l'histoire.Dans cette biographie qui repose sur une connaissance exhaustive des sources historiographiques anciennes, Luciano Canfora brosse le portrait étonnamment précis d'une personnalité complexe, dont l'entreprise de «romanisation» est à l'origine de l'Europe moderne.