En 1904-1905, Max Weber publie la première version de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Il signe là le manifeste inaugural d'une sociologie de la religion qui récuse la réduction exclusive du fait religieux à un irrationnel et étudie l'articulation entre les «intérêts» religieux et les pratiques sociales, les causes symboliques et les effets sociaux ou économiques.La présente traduction d'Isabelle Kalinowski - chargée de recherche au CNRS - comprend les trois premiers textes du Recueil d'études de sociologie de la religion de 1920 : la «Remarque préliminaire», le texte augmenté de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (avec indication des variantes par rapport à la première édition) et l'article sur Les Sectes protestantes et l'esprit du capitalisme.La lecture de cet ensemble foisonnant est guidée par une annotation et une présentation fournies.
Les religions sont trop utiles, trop efficaces et trop intelligentes pour être abandonnées aux seuls croyants. Envisagées comme sagesses à l'usage de tous, elles engendrent des sentiments de communauté humaine, encouragent la vertu et luttent contre le matérialisme de la société de consommation.Au lieu de moquer les religions, athées et agnostiques feraient mieux de « piller » les bonnes idées dont elles regorgent. Mêlant la plus grande impiété et le plus grand respect, Alain de Botton ouvre la voie avec un humour, une finesse et une perspicacité remarquables, nous invitant à jouir de tous les outils de connaissance de soi que les religions ont élaborés au fil des siècles.
Pour le judaïsme, la première question n'est pas «Qui est Dieu ?» mais «Comment Dieu se révèle-t-il aux hommes ?» Cette interrogation fondamentale, les maîtres y répondent de façon surprenante : Dieu s'est révélé dans un Livre. La tâche primordiale de l'homme est dès lors de lire, d'étudier, de commenter, d'interpréter, de transmettre... Car c'est en interprétant que l'homme peut restituer l'infini du sens et l'Infini de Dieu.Les traces de ce dialogue entre les hommes et Dieu sont déposées dans le Talmud, qui se présente comme un commentaire de la Bible, rédigé entre le IIe siècle avant J.-C. et le VIe siècle après J.-C. Une prodigieuse rhapsodie de lectures et d'interprétations, toujours formulée au coeur de discussions entre les maîtres, où s'énonce une éthique de la relation à l'autre homme.Depuis quinze siècles, le Talmud est la véritable Bible du peuple juif, passage obligé de toute interprétation des Écritures, à la fois sur le plan du droit (halakha) et de la philosophie (aggada), réflexion décisive pour les règles de vie et référence incontournable pour l'intelligence de la Révélation.
Le Jésus de Nazareth est un livre important. Quelle en est la signification ? Celle d'une «recherche personnelle» que Benoît XVI définit en ces termes : «J'ai voulu représenter le Jésus des Évangiles comme un Jésus réel, comme un Jésus historique au vrai sens du terme.»La conviction profonde du théologien rejoint en effet celle du croyant : le Christ des Évangiles est en lui-même une figure sensée et cohérente - en quoi les récentes tentatives de reconstitution du personnage sous l'angle strictement historico-critique font fausse route. La véritable identité de Jésus ne peut être comprise qu'en partant du mystère même de Dieu. Ce cheminement, Benoît XVI nous y convie dans un face-à-face passionnant avec l'écriture sainte.
Supportant mal que les lois israéliennes m'imposent l'appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d'apparaître auprès du reste du monde comme membre d'un club d'élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif.
Couverture : création Studio Flammarion
Présentation de l'histoire de l'islam et des enjeux culturels et géostratégiques de son développement, afin d'en distinguer les faits historiques, les croyances, les mythes et l'imaginaire.
« Ce livre se veut une porte d'entrée à mes deux précédents ouvrages consacrés à la figure et au message de Jésus de Nazareth. J'ai cherché à interpréter, en dialoguant avec des exégètes d'hier et d'aujourd'hui, ce que Matthieu et Luc racontent, au début de leurs évangiles, sur l'enfance de Jésus. Une interprétation juste, selon moi, requiert deux étapes. D'abord, il faut se demander ce qu'ont voulu dire, à leur époque, les auteurs de ces textes - c'est la composante historique de l'exégèse. Mais il ne faut pas laisser le texte dans le passé. La seconde question doit être : « Ce qui est dit est-il vrai ? Cela me regarde-t-il ? Et si cela me regarde, de quelle façon ? » Je suis bien conscient que toute interprétation reste en deçà de la grandeur du texte biblique. J'espère que ce petit livre, malgré ses limites, pourra aider de nombreuses personnes dans leur chemin vers et avec Jésus. » Benoît XVI
Dans le protestantisme, Dieu n'appartient à personne ; aucune Église ne peut l'infléchir, aucun dogme ne peut parler en son nom. En affirmant que Dieu seul est Dieu et que sa grâce demeure inconditionnelle, cette religion relativise toute institution ecclésiale et toute doctrine religieuse ; elle responsabilise l'individu qui, libéré du souci du salut, peut agir pour l'amour du prochain, et valorise la liberté de pensée du croyant, invité à lire et à interpréter la Bible par lui-même.Cet ouvrage présente le protestantisme dans la profondeur et la richesse de sa théologie. Il en explique les principes fondamentaux et les valeurs, telle l'exigence de vérité et de simplicité. Il en décrit la pratique et le style, qui autorisent une diversité de voix contrastant avec le système d'autorité du catholicisme. C'est sans doute pourquoi le protestantisme a pu s'adapter à des cultures différentes et se saisir de questionnements nouveaux, donnant naissance à de multiples courants (réformé, luthérien, baptiste, méthodiste, pentecôtiste, etc.) qui partagent néanmoins un socle de convictions communes. Certaines d'entre elles se retrouvent même dans les mouvances évangéliques américaines, qui acquièrent aujourd'hui une visibilité nouvelle.
Présente l'évolution de l'implantation des grandes religions monothéistes et polythéistes et les grandes constantes de la recherche spirituelle, dans les différentes pratiques religieuses actuelles, que sont la transmission de la vie, de la mémoire, le caractère sacré des liens entretenus avec le divin.
Je me suis efforcé de présenter ici une conception du monde et du divin qui m'était familière et telle qu'elle apparaît à l'Hindou d'aujourd'hui, sans chercher à en démêler les sources.
Devant l'avilissement d'une pensée religieuse devenue purement dogmatique, puritaine et sociale, non seulement en Occident mais dans l'Inde moderne elle-même, il semble que la redécouverte d'une mythologie symbolique, d'une cosmologie qui ne sépare pas religion, métaphysique et science, d'un respect plus grand de la liberté d'être et de penser, qui n'est en fait que le respect du créateur qui a inventé l'homme, pourrait être la source de cette ère nouvelle qui doit succéder aux désastres qui menacent l'humanité.
Je n'ai pu donner ici que des aperçus très succincts de l'immense littérature téléologique et mythologique de l'Inde. J'ai cherché uniquement à rassembler quelques éléments essentiels pour permettre une meilleure compréhension de la conception hindoue de la multiplicité du Divin et des dangers inhérents à l'illusion monothéiste.
« Fuite des fidèles, dissensions internes, tarissement du clergé, conflits d'autorité, méfiance envers la science théologique et biblique, remises en ordre et mesures de restauration, rapports distendus entre Rome, les Églises locales et les communautés de fidèles... Telles sont, en vrac et en gros, les questions vitales qui me furent posées et qui seront agitées dans ce livre. Questions périlleuses, parce qu'elles mettent en cause des structures organiques, questions surtout troublantes pour la foi de notre temps. J'ai accepté néanmoins d'en traiter, parce qu'elles me sont familières et me hantent.
Beaucoup de fidèles hésitent à rester dans l'Église ou à la quitter, comme tant d'autres l'ont déjà fait, ce qui revient souvent, pour eux, à se demander s'ils vont lutter pour garder une foi vivante ou la laisser s'en aller par fidélité à leurs propres exigences de vérité. Le titre donné à ces entretiens, Croire quand même, exprime le message, de compréhension et d'encouragement, que ce livre voudrait porter à ses lecteurs. »
Qu'apporte vraiment le christianisme aux hommes d'aujourd'hui, dans leur manière d'envisager l'existence humaine et de vivre ? Timothy Radcliffe passe en revue un certain nombre de domaines où les chrétiens devraient «faire la différence », c'est-à-dire garder une certaine distance par rapport à la culture dominante et y inscrire quelque chose d'original. C'est notamment en orientant leur regard et leur vie vers le mystère du Dieu vivant et en faisant de l'Église un lieu de liberté, de courage, de joie et d'espérance que les chrétiens témoigneront au mieux de l'originalité et de l'actualité de leur religion.Onze chapitres portant sur l'espérance et sa manifestation dans la vie du chrétien ; la liberté comme apprentissage de la spontanéité ; la joie et son effet apaisant ; le courage, présenté comme la vertu dont l'Église a le plus besoin ; le corps et la sexualité ; l'amour et la recherche de la vérité ; l'unité et la communion entre les hommes et la gestion des divisions et des conflits ; le repos en Dieu comme promesse et invitation à être à l'aise, à être «chez soi» en ce monde.Un livre stimulant et exigeant.
Comment le christianisme, rameau du judaïsme, s'est-il construit dans un Proche-Orient travaillé par les mouvements messianiques ? Comment l'Eglise s'est-elle organisée, d'abord dans la clandestinité, puis une fois le christianisme devenu la religion officielle de l'Empire romain ? Quel était le quotidien d'un chrétien dans les empires d'Orient et d'Occident ? Quels débats doctrinaux ont déchiré la chrétienté tout au long de son histoire, quels ont été ses rapports avec les hérétiques, les juifs, les musulmans ? Comment l'autorité du pape s'est-elle imposée comme une spécificité du catholicisme ? Humbles laïcs, moines, prêtres ou évêques, comment vivaient-ils, au Moyen Age, les rythmes liturgiques, le culte des saints, l'appel de la croisade ou la peur de la mort ? Quelles ont été les réactions de l'Eglise face à l'irruption de la modernité ? Comment s'est faite l'expansion du catholicisme en Asie, en Afrique ou en Amérique, où il compte aujourd'hui le plus grand nombre de fidèles ? Ce livre raconte deux mille ans d'une histoire souvent réduite à quelques dates éparses et à quelques images, sanglantes ou suaves ; une histoire pourtant intimement mêlée à notre passé.
"Jean-Pierre Moisset est un guide sûr, a écrit René Rémond. Il atteste l'émergence d'une nouvelle génération d'historiens."
" Le taoïsme est tellement plus éloigné de nous que telle doctrine antique ou médiévale qu'il nous procurera une nourriture infiniment moins accessible, et qui devra être débarrassée de la gangue qui l'entoure ; elle sera infiniment moins variée aussi et plus difficilement assimilable.
Mais elle n'en aura pas moins une force telle que tous ses manques disparaîtront devant l'idée unique qui en forme le noyau substantiel, et qui, indéfiniment répétée et sous toutes ses formes, ébranlera l'esprit le plus rebelle après l'avoir scandalisé. Elle la forcera, cette idée, à voir ce qui l'entoure et lui-même sous un jour nouveau, comme si le rayon d'une étoile, lui parvenant après des millions d'années-lumière, remettait en question tout ce que notre Soleil nous a fait voir jusqu'alors.
"
Une initiation qui n'exclut pas la profondeur de l'analyse. L'auteure étudie successivement la fonction des brahmanes, les quatre buts de l'homme selon le dharma, le jeu des cosmogonies et les amours divines.
Quel est le dieu des chrétiens? Quelles en sont les caractéristiques? Quelle en est la singularité? À ce sujet vaste et quelque peu intimidant, le philosophe Rémi Brague répond en sept chapitres concis, informés, stimulants.
Que Dieu soit bien au-delà des représentations que l'on s'en fait, c'est une affaire entendue, mais cela ne justifie pas pour autant les approximations et les confusions qui sont de mise aujourd'hui dès qu'on aborde les questions religieuses. Car tout le monde ne se fait pas de Dieu la même idée, et celle que s'en font les chrétiens est, au fond, plutôt surprenante. Qui est alors ce dieu, et qu'en pouvons-nous connaître? Il est un, mais pas de n'importe quelle façon; il est père, mais non pas mâle; il a parlé, mais pas pour nous demander quoi que ce soit; il pardonne, mais sans ignorer la décision de notre liberté.
Au terme de cette enquête, le lecteur pourra accepter ou refuser le dieu des chrétiens ; dans les deux cas, il le fera en connaissance de cause.
Voilà 1700 ans qu'il dormait dans le désert égyptien : l'evangile de judas, ou le récit secret de la révélation faite par jésus à judas l'iscariote, dont la découverte et le déchiffrement risquent d'agiter fortement l'eglise.
Car son message gnostique contredit les évangiles du nouveau testament. celui qui vendit jésus pour trente deniers n'est pas l'apôtre maléfique que l'on croit. il est l'apôtre par excellence, celui que jésus choisit pour le livrer : " tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'enveloppe charnelle. " ce codex, découverte archéologique majeure, la plus spectaculaire depuis les rouleaux de la mer morte (1947), est ici traduit et publié pour la première fois.
Il est accompagné de commentaires qui le resituent dans le contexte du christianisme naissant, à l'heure oú l'eglise, traversée par de multiples controverses, est en butte aux hérésies.
La science historique et la théologie font rarement bon ménage.
Pourtant, il est essentiel de savoir les concilier pour évoquer la figure extraordinaire de jésus. cet ouvrage dresse l'inventaire des sources disponibles, tant littéraires qu'archéologiques, et les passe au crible de la critique historique. que sait-on de l'enfance et de la formation de jésus ? etait-il un prophète ou un sage ? qui porte la responsabilité de sa mort ? replacé dans le milieu juif du ier siècle, l'homme de nazareth y acquiert une vraisemblance et même une vérité qui satisferont les historiens les plus exigeants.
Cette réflexion conduit l'auteur à revenir sur les questions théologiques et spirituelles, sur la place que tient jésus depuis deux millénaires dans la pensée de l'eglise, dans la tradition liturgique et spirituelle, mais aussi dans le concert des religions. une analyse qui constitue aussi un témoignage de ce que la foi chrétienne peut apporter au croyant d'aujourd'hui. ce livre, écrit pour le grand public, est l'un des plus documentés et des plus ouverts qu'on puisse lire sur jésus, à la fois homme et fils de dieu.
A travers des arrière-plans philosophiques et des arguments différents, les deux auteurs soutiennent que sécularisation et laïcité sont des produits du christianisme, et que le christianisme est à l'origine des valeurs de nos sociétés occidentales, y compris la démocratie.
«Le mot dieu est ambivalent. il a un adret et un ubac. Une face sud et une face nord.Quand Nietzsche annonce : Dieu est mort, il fait référence au dieu personnel, bon, jaloux oumiséricordieux, que le croyant prie dans les églises, mosquées et synagogues. C'est la face sud.La face nord, il n'en souffle mot. Elle est abrupte, lisse, vertigineuse, sans filet, sans contour, sans fond, nocturne.C'est elle que nous voyons aujourd'hui pointer à l'horizon. Cela pourrait être le sens, encore caché, de notre modernité.»Hervé Clerc.Dans une démarche et un style uniques en leur genre, Hervé Clerc nous invite à un voyage ascendant vers une réalité ineffable et cachée, qui a peu de chose à voir avec le «Dieu» que l'on nie ou confesse habituellement. Depuis toujours, certains mythes, contes ou légendes nous livrent des indices qu'il nous aide à décrypter.
Le Judaïsme antique (1917-1918), qui fait partie de la série des grandes études de sociologie des religions de Max Weber, dépeint avec force deux événements décisifs de l'histoire religieuse : la berith, l'alliance conclue par Dieu avec le peuple d'Israël, et l'émergence d'un discours à la portée fulgurante, la " prophétie de malheur ".
L'intimité de Max Weber avec le monde de l'Ancien Testament porte ce texte dont les analyses magistrales font pendant à celles de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Une présentation et un glossaire détaillé viennent soutenir la lecture de cet ouvrage clé de la sociologie des religions.
Perçu comme une mise en cause de la modernité, l'islam déroute, en particulier ceux d'entre nous qui s'inscrivent dans la tradition intellectuelle et spirituelle judéo-chrétienne. Le discours dominant, si pertinent soit-il par ailleurs, traite de la question islamique sans vraiment tenir compte des fondamentaux de cette foi. Simplifié jusqu'à la caricature, quand il n'est pas méprisé au nom d'une prétendue ouverture d'esprit, l'aspect doctrinal des religions est aujourd'hui largement ignoré. Or c'est la doctrine qui définit l'identité et la vision du monde de chaque croyant. Pour remédier à cette carence qui nous empêche d'avancer, François Jourdan analyse ici les postulats essentiels de l'islam et du christianisme dans leur cohérence propre. Cette mise à plat a le mérite d'ouvrir la porte à la compréhension mutuelle et donc au dialogue. Car pour entendre l'autre, il faut avant tout reconnaître sa différence. La coexistence pacifi que entre les croyances et les religions ne peut se réaliser sans une approche ouverte et décomplexée de ce qui les unit, mais aussi et surtout de ce qui les sépare.
En couverture : Visite du pape Benoît XVI à la Mosquée bleue d'Istanbul, novembre 2006. © Patrick Hertzog / AP / SIPA.
Le bouddhisme, souvent décrit comme un humanisme et une spiritualité, est une pensée plurielle, rebelle à toute simplification.
Y a-t-il un bouddhisme ou des bouddhismes ? Bernard Faure propose ici un dialogue entre pensées d'Occident et d'Asie. Parmi les Occidentaux, il est de ceux qui s'efforcent d'allier une compréhension approfondie des doctrines bouddhiques à une analyse de leurs ressorts cachés. Il montre que la spécificité du bouddhisme tient en partie à ce qu'il nous permet d'explorer une forme de rationalité différente, de nous départir de notre logique sans côtoyer pour autant l'irrationnel.
Cette " voie du milieu " entre les extrêmes permet ainsi de surmonter l'antagonisme si souvent exprimé par les penseurs occidentaux entre " philosophie " et " religion ".