Chaire Pauvreté et politiques publiques
Au cours des vingt dernières années, une nouvelle méthode d'étude du développement économique a émergé : l'approche expérimentale. Elle consiste à évaluer les politiques de lutte contre la pauvreté au moyen d'expériences pilotes menées avec la rigueur des essais cliniques. Quinze ans après sa première leçon inaugurale, Esther Duflo dresse le bilan des succès et des échecs de ces politiques dans le monde.
Malgré des évolutions positives constatées dans certains domaines, nous sommes aujourd'hui à un point de bascule : la pauvreté augmente et les conséquences du réchauffement climatique, dont les pays les plus défavorisés seront les premières victimes, menacent d'effacer la plupart des gains que nous pensions acquis. Quelles leçons en tirer face à l'urgence des problèmes auxquels sont confrontés les plus démunis ?
Esther Duflo est économiste, professeure au MIT, cofondatrice et codirectrice de J-PAL, laboratoire d'action contre la pauvreté. Co-lauréate en 2019 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques créé en mémoire d'Alfred Nobel, elle a été nommée en 2022 professeure au Collège de France, titulaire de la chaire Pauvreté et politiques publiques.
Chaire Création artistique 2022-2023Pendant des décennies, la bande dessinée n'a eu aucun nom, ni aucune histoire. Associée à l'enfance et au divertissement, elle était publiée sur des supports éphémères et ne connaissait que rarement les honneurs du livre. D'abord prisé par des collectionneurs nostalgiques des joies de leur enfance, elle a peu à peu gagné en lectorat, puis en prestige.
Benoît Peeters reconstruit le parcours historique d'un genre longtemps déconsidéré et analyse l'évolution du discours à son propos, nous offrant le regard d'un témoin de l'intérieur sur les processus ayant conduit à la reconnaissance du neuvième art.
Benoît Peeters est écrivain, scénariste et biographe d'Hergé, Paul Valéry et Jacques Derrida. Théoricien et critique, il est l'auteur de nombreux essais sur la bande dessinée, le scénario et l'écriture en collaboration. Avec le dessinateur François Schuiten, il a créé en 1983 le cycle des Cités obscures, traduit dans le monde entier. Il est professeur invité au Collège de France sur la chaire annuelle Création artistique.
CHAIRE D'HISTOIRE DES POUVOIRS EN EUROPE OCCIDENTALE, XIIIe-XVIe SIÈCLE
« Nous avons besoin d'histoire car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d'une conscience - non pas seulement le siège d'une pensée, mais d'une raison pratique, donnant toute latitude d'agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s'y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s'affaiblir, à se désoeuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l'expérience et méprise l'enfance. Étonner la catastrophe, disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre à corps perdu en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture. »
Patrick Boucheron est historien. Il est notamment l'auteur de Léonard et Machiavel (Verdier, 2008), Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil, 2013), Prendre dates (avec M. Riboulet, Verdier, 2015) et a dirigé l'Histoire du monde au XVe siècle (Fayard, 2009). En août 2015, il a été nommé professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle.
Chaire Histoire des Lumières, xviiie-xxie siècle
Les Lumières ne désignent pas seulement un mouvement intellectuel ancré dans le xviiie siècle européen ou une période historique révolue.
Elles renvoient aussi à un héritage philosophique et politique toujours actuel. On ne se contente pas de les étudier, on s'en réclame ou on les critique. Comment penser cette actualité des Lumières ?
En s'appuyant sur les acquis récents de l'historiographie, Antoine Lilti propose de concevoir les Lumières comme un espace de débat critique sur la modernité et un idéal d'émancipation par le savoir. Il esquisse un programme de recherches comparées sur les « Lumières multiples » et leurs héritages dans différents espaces culturels.
Historien des pratiques culturelles, Antoine Lilti a étudié les mutations de l'espace public et des sociabilités ainsi que l'émergence, au xviiie siècle, d'une forme nouvelle de reconnaissance personnelle : la célébrité. Ses travaux portent sur l'histoire des Lumières dans l'Europe du xviiie siècle ainsi que sur leurs héritages contemporains. Après avoir enseigné à l'EHESS, il a été nommé professeur au Collège de France
Chaire L'invention de l'Europe par les langues et les cultures 2022-2023
L'Europe réunit une grande variété de langues et de cultures. À la fois une et plurielle, elle véhicule un rêve culturel d'intégration. Comment faire vivre ensemble des langues, des littératures, des cultures, en respectant leur diversité ? Mieke Bal aborde cette question en interrogeant les notions de frontières (géographiques, linguistiques, culturelles), d'identité (qu'elle rejette pour sa « fixité »), d'identification. Elle propose un voyage dans la sémiosphère européenne sur les traces de Henri Cartier-Bresson, d'Edvard Munch et d'autres artistes-penseurs, montrant que leurs oeuvres donnent corps aux processus d'intergration qu'elle invite à penser. Diversité, union : le débat autour de ces enjeux est essentiel pour la construction de l'Europe.
Mieke Bal est théoricienne d'art et de littérature, analyste de la culture et réalisatrice. Professeure à l'université d'Amsterdam, elle y a cofondé l'Amsterdam School for Cultural Analysis (ASCA). Elle est professeure invitée sur la chaire annuelle L'invention de l'Europe par les langues et les cultures, créée en partenariat avec le ministère de la Culture, pour l'année 2022-2023.
Chaire Avenir commun durable 2022-2023
Essentielle à la vie et à l'activité humaine, l'eau douce devient une préoccupation en droit international. Sa réglementation, d'abord consacrée aux fleuves partagés entre plusieurs États, s'est peu à peu infléchie vers d'autres sources d'eau. Aujourd'hui, sa raréfaction, la nécessité d'une répartition durable de ses usages, son utilisation comme arme de guerre, sa vulnérabilité face à la dégradation de l'environnement ou encore la prévention des différends sont autant d'enjeux qui appellent à une mobilisation et à un renforcement du droit international.
Laurence Boisson de Chazournes est professeure de droit international et de droit des organisations à l'université de Genève. Investie en tant qu'experte dans de nombreuses instances officielles, elle exerce également comme arbitre et avocate auprès de la Cour internationale de justice. Elle est professeure invitée au Collège de France sur la chaire annuelle Avenir commun durable (2022-2023), créée avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de ses grands mécènes Covéa et TotalEnergies.
Partie de sa niche éco-géographique africaine, l'espèce Homo sapiens a étendu son emprise sur l'ensemble de la planète au cours de son expansion, entraînant une perte de la biodiversité et la disparition d'autres espèces humaines, comme les Néandertaliens, avec lesquelles elle a parfois coexisté.
Comment notre espèce s'est-elle ainsi imposée ? Était-elle réellement plus avancée que les autres formes d'humanité qui ont évolué parallèlement à elle ? Cette leçon inaugurale tente de définir Homo sapiens, de l'évolution de ses traits morphologiques et physiques à ses capacités cognitives, en passant par la maîtrise de certaines technologies.
Jean-Jacques Hublin est paléoanthropologue, auteur de nombreux travaux sur l'évolution des Néandertaliens et sur les origines africaines des hommes modernes. Il a créé et dirigé le département Évolution de l'Homme à l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionnaire de Leipzig (Allemagne). Professeur invité sur la chaire internationale du Collège de France de 2014 à 2021, il y est désormais titulaire de la chaire Paléoanthropologie.
Chaire Géométrie spectrale
Dans les années 1920, une théorie mathématique (la diagonalisation des matrices) et une question physique (la détermination du spectre des atomes), nées indépendamment, se sont rejointes pour donner naissance à la mécanique quantique et à la branche des mathématiques appelée « théorie spectrale ». Celle-ci intervient dans toute équation d'évolution linéaire, dont elle décompose les solutions en une superposition de solutions stationnaires dites « modes propres », qui vibrent à des « fréquences propres » : ces fréquences constituent le « spectre ».
Située à l'intersection de plusieurs communautés mathématiques, la géométrie spectrale vise à comprendre le lien entre la géométrie initiale d'un objet et son spectre de vibration. L'auteure entreprend de retracer l'histoire de ce domaine très actif à travers quelques grands thèmes de recherche passés et actuels.
Nalini Anantharaman est mathématicienne, membre de l'Académie des sciences et lauréate du prix Henri Poincaré. Ses travaux visent à décrire géométriquement la propagation des ondes. Elle a été nommée en 2022 professeure au Collège de France, titulaire de la chaire Géométrie spectrale.
Chaire Innovation technologique
Liliane Bettencourt 2022-2023
L'eau et l'énergie sont deux enjeux profondément liés qui exigent l'invention de solutions extraordinaires. Face au défi environnemental, la question de l'engagement se pose désormais pleinement aux scientifiques. Comment concilier le temps de la recherche fondamentale et celui de l'innovation technologique ?
Cette leçon inaugurale aborde les dernières avancées dans le domaine émergent de la nanofluidique, la science des flots moléculaires, qui explore les écoulements et le transport des fluides aux échelles nanométriques.
Lydéric Bocquet est directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l'ENS. Médaille d'argent du CNRS (2017) et membre de l'Académie des sciences, il dirige à l'ENS l'équipe Micromégas, qui combine expériences, théorie et modélisation pour explorer la mécanique intime des fluides et de leurs interfaces, du niveau macroscopique aux échelles moléculaires. Il est professeur invité sur la chaire annuelle Innovation technologique Liliane Bettencourt du Collège de France, créée avec le soutien de la fondation Bettencourt Schueller, pour l'année académique 2022-2023.
L'Afrique a pendant plusieurs siècles été vue, imaginée, fantasmée par les Européens comme un continent sauvage, ténébreux, matière première des récits d'aventures et d'exploration teintés d'exotisme, qui ne laissaient pourtant entendre qu'une seule voix, celle du colonisateur. Il faut attendre le milieu du xxe siècle pour qu'une littérature écrite par et pour les Africains se révèle. De la négritude à la « migritude », il appartient aux écrivains noirs d'aujourd'hui de penser et de vivre leur identité artistique en pleine lumière.
Alain Mabanckou est romancier, poète et essayiste. Ses oeuvres ont été traduites en une quinzaine de langues. Son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge (1998), lui a valu le Grand Prix littéraire d'Afrique. En 2006, il obtient le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic. La même année, l'université de Californie (UCLA) le nomme professeur au département de littérature française et d'études francophones. Nommé pour l'année académique 2015-2016, il est le premier écrivain invité à la chaire annuelle de Création artistique du Collège de France.
Pour imaginer l'avenir du monde numérique, considérer la technologie seule ne suffit pas : nous devons penser nos interactions avec elle. Domaine de recherche visant à augmenter les capacités humaines grâce à celles de la machine, l'interaction humain-machine pose une question fondamentale : comment faire en sorte que les ordinateurs répondent, en toutes circonstances, aux besoins des personnes qui les utilisent ?
Wendy E. Mackay nous guide dans l'exploration de ce vaste champ de réflexion, en nous présentant les fondements théoriques et les défis d'un domaine multidisciplinaire qui puise aussi bien dans les sciences naturelles et sociales que dans l'informatique, l'ingénierie et la conception.
Directrice de recherche à Inria, Wendy E. Mackay est responsable du groupe de recherche en interaction humain-machine (IHM) Ex-Situ. Elle est professeure invitée sur la chaire annuelle Informatique et sciences numériques, créée en partenariat avec Inria, pour l'année académique 2021-2022.
Pour préserver la biodiversité et les nombreux services qu'elle nous rend, nous devons comprendre comment elle s'est formée et quels sont les facteurs jouant sur sa dynamique. La théorie de l'évolution par sélection naturelle offre un paradigme très puissant pour expliquer pourquoi le monde vivant est tel qu'il est, comment la biodiversité se forme, quelle est sa dynamique, et enfin comment les populations arrivent à s'adapter ou non à un environnement changeant.
Face à la menace du changement climatique et au déclin rapide de la biodiversité qu'elle entraîne, les sciences de l'écologie et de l'évolution sont essentielles pour mesurer l'ampleur de la crise actuelle et ses conséquences sur les sociétés humaines.
Tatiana Giraud est directrice de recherche au CNRS (Unité Écologie, systématique et évolution, Université Paris-Saclay, CNRS, AgroParisTech) et membre de l'Académie des sciences. Elle est professeure invitée au Collège de France sur la chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes, créée en partenariat avec la fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, pour l'année académique 2021-2022.
La Terre baigne dans un océan d'énergie, celle de la lumière du Soleil. De nature extraterrestre, illimitée à notre échelle, celle-ci échappe de fait à la finitude des ressources terrestres. Elle alimente depuis la nuit des temps les rêves de l'humanité d'une utilisation universelle et pacifique. La conversion photovoltaïque, grâce aux cellules solaires, permet pour la première fois dans l'histoire la transformation directe de l'énergie des photons en électricité. De sa découverte en 1839 à son formidable essor actuel, cette leçon inaugurale retrace l'histoire de sa longue progression scientifique, technologique et sociale. Pressentie comme le futur pilier de la transition énergétique, l'énergie solaire permet d'envisager le passage d'un Anthropocène destructeur à un Héliocène réparateur.
Chercheur émérite au CNRS, Daniel Lincot étudie l'interface entre la chimie et le photovoltaïque. Il est professeur invité sur la chaire annuelle Innovation technologique Liliane Bettencourt du Collège de France, créée avec le soutien de la fondation Bettencourt Schueller, pour l'année académique 2021-2022.
« Il y a, d'un côté, la vie qui s'écoule avec un commencement et une fin, et de l'autre, la vie qui fait la singularité humaine parce qu'elle peut être racontée. On pourrait ainsi parler de vie biologique et de vie biographique. L'espérance de vie mesure l'étendue de la première. L'histoire de vie relate la richesse de la seconde. L'inégalité des vies ne peut être appréhendée que dans la reconnaissance des deux. Elle doit à la fois les distinguer et les connecter. Les distinguer, car le paradoxe des femmes françaises montre qu'une vie longue ne suffit pas à garantir une vie bonne. Les connecter, car l'expérience des hommes afro-américains rappelle qu'une vie dévalorisée finit par produire une vie abîmée. C'est ainsi que se pose également la question des réfugiés et des migrants. »
Didier Fassin est anthropologue, sociologue et médecin. Professeur à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS, il est titulaire de la chaire annuelle de Santé publique du Collège de France. Ses travaux, conduits sur trois continents, portent sur les enjeux politiques et moraux des sociétés contemporaines.
Les générations futures vont subir un changement climatique dont l'intensité dépendra des sacrifices auxquels nous consentirons pour affronter nos responsabilités. Il est encore temps d'agir. Néanmoins, devant la myriade d'actions possibles, quelles sont celles qu'il faudrait rationnellement mettre en oeuvre, à quel coût, à quelle intensité, et quand ? S'il est manifeste que nous avons jusqu'à présent privilégié la « fin de mois », jusqu'où aller pour renforcer la prise en compte des impacts à très long terme de nos efforts, et de leur soutenabilité ? Quelle confiance accorder à la croissance économique et à la recherche scientifique ? Dans sa leçon inaugurale, Christian Gollier présente deux outils opérationnels déterminants pour identifier les actions à mettre en oeuvre pour le climat : le taux d'actualisation et la valeur du carbone.
S'il n'est jamais superflu de rappeler que les sociétés africaines sont faites de la même étoffe historique que toutes les sociétés, c'est parce que les passés de l'Afrique sont restés longtemps méconnus. Être historien ou archéologue de l'Afrique, dès lors, consiste à désencombrer le passé autant qu'à en saisir la diversité : richesse de la littérature orale et de la documentation écrite, pluralité des langues et des religions, inventivité technique et sociale, cohabitation des formes politiques. Attentif aux multiples trajectoires historiques qui s'y manifestent, François-Xavier Fauvelle invite à écouter ce que nous apprend l'histoire de l'Afrique.
François-Xavier Fauvelle a dirigé le Centre français d'études éthiopiennes à Addis Abeba, de 2006 à 2009, et le laboratoire Traces à l'université de Toulouse Jean-Jaurès, de 2013 à 2017. Depuis 2019, il est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire et archéologie des mondes africains.
Le mythe est, essentiellement, un déplacement, une métaphore, une traduction, une parole qui signifie « emporté d'un lieu à un autre ». Les mythes sont transformés, altérés, renouvelés pour correspondre aux besoins d'un temps et d'un lieu. Ils restent néanmoins eux-mêmes, n'étant pas créés en tant que fabrications de l'imagination humaine mais comme des manifestations concrètes de certaines intuitions primordiales.
Pour inaugurer la chaire annuelle L'invention de l'Europe par les langues et les cultures du Collège de France, créée en partenariat avec le ministère de la Culture, Alberto Manguel analyse dans l'espace et le temps le mythe d'Europe, dont le contenu pourrait constituer la pierre de touche qui donne aux peuples européens une identité commune intuitive.
Romancier, essayiste, éditeur, critique littéraire et traducteur de renommée internationale, Alberto Manguel est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment Une histoire de la lecture (prix Médicis Essai, 1998). Actuellement directeur du Centre de recherche sur l'histoire de la lecture (Lisbonne), il est également professeur invité au Collège de France pour l'année académique 2021-2022.
Les maladies infectieuses ont longtemps été la cause majeure de mortalité en Europe. Leur contrôle progressif a permis un allongement spectaculaire de l'espérance de vie et a laissé la place au règne des maladies chroniques (maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, cancers). Sans nier l'influence de polymorphismes génétiques et des facteurs dits de « style de vie » (tabac, alcool, déséquilibres alimentaires, sédentarité), l'auteur montre comment les modifications de nos écosystèmes depuis les débuts de l'Anthropocène et notre environnement physico-chimique actuel (polluants organiques persistants, perturbateurs endocriniens) contribuent à la survenue de ces maladies chroniques. Il s'agit non seulement de comprendre les causes des décès, mais d'identifier les causes de ces causes.
Rémy Slama est directeur de recherche à l'Inserm, responsable de l'équipe d'épidémiologie environnementale de l'Institut pour l'avancée des biosciences (Inserm, CNRS, université Grenoble-Alpes). Il est professeur invité sur la chaire annuelle Santé publique du Collège de France, créée en partenariat avec l'agence nationale Santé publique France, pour l'année académique 2021-2022.
Chaire Mondes francophones 2018-2019
« Dire Haïti et sa littérature autrement, c'est se demander, à travers les mots de ses écrivains et de ses écrivaines, quel éclairage peut apporter aujourd'hui au monde francophone, sinon au monde tout court, l'expérience haïtienne. Comment, à partir d'un fait historique de l'ordre de l'impensable, à savoir une révolution victorieuse, menée dès la fin du xviiie siècle par des hommes et des femmes transplantés d'Afrique en Amérique et réduits en esclavage, se met en place une civilisation dont la littérature sera un élément majeur. Comment, dans l'impasse qui suit cette révolution, ces hommes et ces femmes dépossédés, déplacés, déstabilisés linguistiquement, n'ont pas cessé de dire ou d'écrire un rêve d'habiter, démontrant par là même que la littérature commence souvent là où la parole devient impossible. »
Yanick Lahens est une écrivaine haïtienne. Ses romans ont reçu de nombreuses récompenses, notamment le prix Femina en 2014. Son enseignement au Collège de France en 2018-2019 a inauguré la chaire annuelle Mondes francophones, créée en partenariat avec l'Agence universitaire de la francophonie.
Le mot révolution, comme l'a bien remarqué Alain Rey, « est devenu très actif dans la mémoire collective des francophones depuis la fin du xviiie siècle ». Yadh Ben Achour examine la révolution tunisienne en la replaçant tout d'abord dans son cadre historique, au regard de la théologie politique islamique classique et sous l'angle de l'anthropologie historique, puis en étudiant l'ambiguïté de son déroulement dans le contexte des récentes révolutions arabes.
Yadh Ben Achour est juriste universitaire et professeur spécialisé en droit public interne et international, ainsi que dans la théorie politique islamique. Après la révolution tunisienne, il a été désigné président de la Haute Instance de réalisation des objectifs de la révolution. Actuellement membre du comité des droits de l'homme des Nations unies, il est professeur invité au Collège de France sur la chaire annuelle Mondes francophones (2019-2020), créée en partenariat avec l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF).
Collection « Leçons inaugurales », Collège de France
François Héran
Migrations et sociétés
Quatrième de couverture [1097 signes]
Les migrations internationales, au-delà des épisodes spectaculaires qui polarisent l'attention et soulèvent les passions, sont une composante ordinaire de la dynamique des sociétés, mais continuent de faire l'objet de visions très contradictoires. Si l'analyse démographique permet de cerner l'ampleur des migrations, il faut mobiliser d'autres disciplines pour saisir toutes leurs dimensions - géopolitique, historique, anthropologique, économique, mais aussi juridique et éthique. Car les migrations, liées à l'origine aux besoins des économies nationales, sont de plus en plus alimentées par la logique des droits universels. Une mutation à la fois décisive et fragile.
François Héran a mené un double parcours à l'Ined, qu'il a dirigé de 1999 à 2009, et à l'Insee, où il a mené de vastes enquêtes sur l'évolution de la société française, en y intégrant la dimension migratoire. Il dirige désormais l'Institut Convergences Migrations porté par huit institutions sous la conduite du CNRS. Depuis janvier 2018, il est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Migrations et sociétés.
Après 4,5 milliards d'années d'évolution, notre planète s'épuise du fait de l'exploitation intensive des énergies fossiles et de l'eau, de la surconsommation d'engrais agricoles et de la déforestation. Elle pourrait vivre la plus importante des extinctions massives.
Observer les organismes avec lesquels nous cohabitons permet de mieux comprendre les fonctions de chacun et de percevoir l'ampleur des phénomènes en cours, qui engagent dès à présent l'avenir de l'humanité : perte de la biodiversité, dégradation des écosystèmes, changement climatique, épidémies. Face à ce constat alarmant, les scientifiques ont un rôle déterminant à jouer : produire des modèles et formuler des prédictions pour susciter des actions politiques concrètes.
Directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire Génomique des plantes et des algues à l'Institut de biologie de l'ENS, Chris Bowler a été nommé sur la chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes du Collège de France, créée avec le soutien de la fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, pour l'année académique 2020-2021.
L'art meurt du commentaire sur l'art. Le commentaire envahit tout - souvent, hélas, au détriment de l'oeuvre. Censée se suffire à elle-même, elle ne s'apprécie plus qu'assortie d'un discours. Pire : d'accessoire, le commentaire est devenu central - comme le pilier d'un art qui peinerait désormais à tenir debout tout seul ou qui, faute d'émouvoir, exigerait pour être senti filtres, écrans, médiations
En combinatoire, ce ne sont pas tant les problèmes et les résultats qui ont un intérêt, mais plutôt les méthodes et les techniques qu'il faut développer pour les résoudre. Certains problèmes sont simples à énoncer alors que les solutions sont complexes ; ou bien nous utilisons des hypothèses faibles, mais les conséquences peuvent être d'une richesse surprenante ; certaines démonstrations sont courtes et faciles à comprendre, mais ingénieuses et difficiles à découvrir. Bien que les objets étudiés, comme les graphes ou les familles de sous-ensembles d'un ensemble fini, présentent un intérêt purement mathématique, les résultats s'appliquent à de nombreux autres domaines, tels que l'informatique, l'économie ou l'épidémiologie.
Timothy Gowers est combinatoricien. Il a enseigné à l'University College de Londres et à l'université de Cambridge, ainsi qu'à Princeton et à la Royal Society de Londres. Récipiendaire de la médaille Fields (1998) et chevalier de l'ordre de l'Empire britannique pour ses services rendus aux mathématiques (2012), il a été nommé professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Combinatoire, en mai 2020.