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Littérature traduite
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Cet ouvrage réunit quatre recueils de Florbela Espanca (1894-1930), aujourd'hui considérée comme une des poétesses majeures de la littérature portugaise. Il s'agit de Le livre des chagrins, Soeur Saudade, Bruyère en fleur et Reliquiae. Il est préfacé par un autre grand poète portugais : Al Berto (1948-1997). La traduction a été réalisée par Claire Benedetti.
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Il voulait être marin courir le monde en suivant la route des oiseaux côtiers les mains ouvertes les lèvres écorchées par la vision des voyages il aurait emporté dans ses bagages la chanson somnolente des vents et l'attente sans fin du pays effrayé par les eaux il s'est penché de l'autre côté du miroir où le corps devient diaphane jusqu'aux os la nuit lui a rendu un autre corps qui navigue dans l'abandon d'un secret retour... ensuite il a conservé la passion des jours lointains dans le sac de toile et du fond nostalgique du miroir les yeux de la mer ont soudain surgi des bulots grandissaient sur ses paupières des algues fines des méduses lumineuses se mouvaient à portée de voix et sa poitrine était l'immense plage où les légendes et les chroniques avaient oublié squelettes énigmatiques insectes et métaux précieux un filet de semence nouait son coeur envahi par le varech son corps se séparait de l'ombre millénaire s'immobilisait dans le sommeil antique de la terre descendait jusqu'à l'oubli de tout... naviguait dans la rumeur des eaux oxydées s'accrochait à la racine des épées allait de mât en mât scrutait l'insomnie jetait des feux acides sur le visage incertain d'une mer
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Sur les inconvénients de ne pas parler le Francais
Virginia Woolf
- Escampette
- Le Cabinet De Lecture
- 21 Octobre 2014
- 9782356080738
Alberto Manguel a réuni, pour sa collection, ces textes sur la littérature française que Virginia Woolf a écrits pour des revues ou des journaux et qu'elle n'a jamais publiés en volume.
On retrouvera, tout au long de ces brefs essais, l'humour qui caractérise V. Woolf, ainsi que la culture qui traverse la « bonne » société londonienne de cette époque.
On appréciera, en outre, la qualité de la traduction de Christine Le Boeuf (traductrice habituelle d'Alberto Manguel).
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En première lecture, ce livre est un essai sur le film de james whale (1935), ses origines (le célèbre roman de mary shelley), l'écriture de son scénario, le choix de ses acteurs, la relation avec la censure, etc.
Mais, plus profondément, c'est un essai sur la création, sur les relations du créateur avec sa création, sur la prédominance de l'acte de création sur tout autres considérations philosophiques, religieuses ou morales. c'est aussi un essai sur le mal, sur la tentation de puissance, sur le vertige des interdits. a sa première apparition, le visage du monstre est présenté par manguel comme l'une des icônes de notre temps, au même titre que le visage de greta garbo.
Cela fait partie des nombreuses réussites de ce livre provoquées par ces rapprochements inattendus oú nous entraînent l'intelligence et la culture de manguel. la comparaison, du point de vue de la création pure, entre la fiancée créée par frankenstein et la mariée mise à nu par ses célibataires créée par duchamp est un grand moment d'analyse et de jubilation ! enfin, et d'une façon assez classique dans la littérature et le cinéma fantastiques, la monstruosité n'est peut-être pas là oú on le penserait.
Le monstre n'aspire qu'à une harmonie que la société des hommes " normaux " lui refuse. l'instant de bonheur que connaît le monstre en compagnie d'un vieillard aveugle est une scène magnifiquement décrite.
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"L'abattoir d'Echeverría est le portrait digne de foi d'un tyran, mais aussi un témoignage contre toute tyrannie. De même que le Waterloo partiel de Fabrice éclaire la banalité et le chaos de toute guerre ou que l'inexplicable procès de K accuse le cauchemar métaphysique de la bureaucratie judiciaire, de même cet infernal abattoir illustre l'abus de pouvoir et la stupidité que cet abus encourage. (...) La tyrannie n'admet pas les critiques. Quiconque s'oppose à l'abattoir devient sa victime, car l'abattoir ne souffre ni interlocuteur ni adversaire. Le lecteur contemporain pense aux tyrannies classiques du siècle passé - l'Allemagne du Troisième Reich, la Russie de Staline, le Cambodge des Khmers rouges - mais aussi aux contaminations plus discrètes, plus particulières, comme celles qui ont lieu quotidiennement en Chine ou en France aujourd'hui, où le besoin d'imposer une discipline civique prétend justifier les abus d'une violence étatique de plus en plus impunie." (Alberto Manguel).
Précédé de Esthétique de l'abattoir par Alberto Manguel.
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Galway Kinnell (1927-2014) est une grande voix de la poésie américaine. Dans la lignée de Walt Whitman, sa poésie s'accomplit non dans l'imaginaire mais dans une relation passionnée à la vie des gens, à leurs douleurs, à leurs plaisirs. Elle est traversée d'un sentiment puissant de la beauté ordinaire et de la solitude. Personne n'écrirait de poésie si le monde semblait parfait, disait-il. Ses textes ont l'étrange propriété, au-delà de la forte émotion qu'ils suscitent, d'inquiéter et rassurer à la fois, comme la voix d'un mineur fraternel au fond d'un boyau sombre.
Prix Pulitzer de poésie, entre autres distinctions aux Etats-Unis, ce grand voyageur né en Providence (Rhode Island) s'est beaucoup engagé dans le mouvement des droits civiques et contre la guerre au Vietnam. Il était l'ami et le traducteur d'Yves Bonnefoy et a traduit en anglais de grands poètes aussi différents que François Villon et Rainer Maria Rilke.
Son oeuvre est peu traduite en français (des Poèmes choisis chez Aubier en 1988 et un roman, Lumière noire, au Mercure de France en 1994).
Ce recueil inédit en français, dans une traduction à la fois élégante et fidèle, fait surgir, des vivants douloureux que nous sommes, une beauté poignante, que révèle peu à peu, en les faisant venir à la lumière, le bain des mots.
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Ned Kelly, espèce de Billy the Kid australien, est un voyou légendaire né en 1854 (ou 55) et condamné à la pendaison en 1880.
Il avait constitué un gang qu'il entraînait dans toutes sortes de méfaits, du vol à la mort d'homme. Lui se considérait comme un justicier en guerre contre l'ordre établi... Avant son ultime affrontement avec la police, il a cherché à faire publier cette lettre par laquelle il justifie ses actions et proclame son innocence ! Parfaitement illettré, il a rédigé un texte qui pourrait être une réussite de l'Art brut en littérature.
Tout y est, à proprement parler, surprenant : le vocabulaire imagé, la ponctuation très approximative, des descriptions de personnages désopilantes.
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En 1950, il s'engage dans la marine et parcourt le monde.
Il revient au portugal en 1964 et ne cesse d'exposer et d'illustrer de nombreux livres de poètes. parallèlement à sa peinture, il composait dans le plus grand secret une oeuvre poétique dont ses meilleurs amis n'eurent vent qu'au début des années 80... tous les poèmes présentés dans cette anthologie sont inédits en français. ce livre est le premier de cruzeiro seixas publié en france où, en tant que peintre, il n'est pas un inconnu.
La traductrice, isabel meyrelles, elle-même poète et plasticienne, est une très proche amie de l'auteur.
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Bennis n'a pas de comptes à rendre à quelque instance, il souhaite seulement que le vin ne soit pas maudit, ni exalté, tout aussi bien, dans ses mauvaises torpeurs, ses misérables miracles, mais qu'il chasse les sortilèges de l'inachevé, qu'il embellisse de mille volutes le silence, qu'il le déchire à la fin, qu'il donne lieu à la parole fondatrice, au poème. (Claude Esteban) À côté d'Adonis et de Mahmoud Darwich, Mohammed Bennis a construit une oeuvre qui ne doit qu'à la recherche patiente de sa propre justesse d'être devenue exemplaire au
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Avec le fleuve cet automne cette pierraille et ces faibles nuages J'ai consacré toute une matinée dans la morosité d'un arrière-goût de perte à scruter une immensité déferlant depuis les rochers Des légions d'air ont accouru Des foyers de sommeil successifs s'accumulèrent à mon genou Bruissement de feuilles Ton calme est le premier à m'avoir enseigné comment en toi s'apaisent les tempêtes Voici un semblant de brouhaha au passage furtif Des variétés de pierre à chaux parsemées au milieu des végétaux La ronde des oiseaux autour d'une chose qui tient de l'obscurité Le nuage qui modifie sa position Une langue que j'ai failli entendre balbutier La transparence qui s'éloigne
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Al Berto (1948-1997) nous a laissé une oeuvre poétique magnifique, parmi les premières du Portugal contemporain. Grand lecteur de Rimbaud et de Genet, il a parcouru leurs chemins d'errance et n'a cessé de leur faire écho dans sa poésie.
Michel Chandeigne, l'un de ses fidèles amis, le traduit avec élégance depuis quinze ans. L'Escampette poursuit son travail d'édition de l'oeuvre complète d'Al Berto.
Né en 1948 à Coimbra, Al Berto a passé son enfance à Sines (vers la côte sud). Il étudie aux Beaux Arts et lors de la guerre coloniale, s'exile en Belgique pour ne revenir au Portugal qu'en 1975, après la chute de la dictature. Il a été influencé par les mouvements libertaires et par la génération beatnik américaine.
Poésie de la violence du monde et de l'insupportable réalité - cri de révolte et de peur : la force des poèmes tient à cette émotion authentique.
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L'oeuvre d'Allain Glykos, dès son premier livre (Les Boîtes puis la Décision), pose la question de la cohabitation de la beauté avec la mort, de l'art avec la violence, de la peur avec le courage...
L'argument de ce nouveau roman est simple, voire dépouillé : un couple (le narrateur et sa compagne) occupe, dans un hôtel espagnol proche d'un musée d'art contemporain (le but du voyage...), une chambre voisine de celle où se déroule, durant presque toute une nuit, une scène de violence.
Tout dans ce roman devrait appeler au bonheur, ou du moins à une forme d'équilibre : la beauté des lieux, l'harmonie des formes, la présence évidente du génie artistique, la relation de couple.
Puis, une scène de violence, sans doute réelle, mais peut-être fantasmée, va ébranler tout l'édifice, rendre dérisoire tout sentiment de bonheur, et surtout tendre au narrateur un cruel miroir dans lequel il sera contraint de se reconnaître faible, lâche, traître aux grands sentiments qu'il inspire à sa compagne.
Qui sommes-nous ? Quelle part sommes-nous prêts à prendre dans le malheur des autres ? Jusqu'où chacun est-il prêt à prendre parti ? Et l'art, en l'occurrence la peinture et l'évocation de quelques peintres majeurs, peut-il nous sauver de tout ?
Une fois de plus, Allain Glykos nous embarque dans une narration à première vue anodine pour nous piéger dans ses questionnements philosophiques qui n'ont pour sujet que "l'homme face à lui-même".
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Qu'est-ce pour vous que la poésie ? " demandait-on un jour à antonella anedda.
Et telle fut sa réponse : " c'est ma réalité, enfoncée dans ma vie : c'est une racine, et parfois une lame. " une racine qui la relie à la totalité de la terre et du cosmos, aux vivants et aux morts, à la parole même de ce qui semble ne pas avoir de voix. et une lame qui ouvre au monde, annonce une blessure, mais devient aussi l'emblème du tranchant de la poésie. la force d'un livre comme nuits de paix occidentale (1999) semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue oú le chant révèle sa part d'ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l'incandescente offrande de parole.
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Pinocchio & Robinson réunit trois textes : Comment Pinocchio apprit à lire dénonce l'expérience superficielle de la lecture lorsque les livres ne servent qu'à apprendre et non pas à explorer. La Bibliothèque de Robinson dénonce l'utilisation du livre comme instrument de pouvoir et de prestige. Entre la passivité et l'autorité se meut le lecteur idéal, dans le labyrinthe sans fin des bibliothèques. Le livre se termine par une tentative de définition du lecteur idéal (texte déjà paru en 2003 sous le titre Vers une définition du lecteur idéal dans la Revue de la Maison des Écrivains étrangers et des Traducteurs à Saint-Nazaire).
Ludique, réjouissant, un rien provocateur, ce petit livre est une prise de position politique face à l'uniformisation de l'insignifiance.
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Moi, faucon sur la falaise ; poésie irlandaise ancienne
Jean-Yves Bériou
- Escampette
- 9 Novembre 2017
- 9782356080943
Jean-Yves Bériou, poète que son oeuvre rattache au Surréalisme, vit, écrit et traduit à Barcelone. Il est l'auteur de nombreux recueils dont un certain nombre déjà publiés à L'Escampette, comme Le château périlleux (2003), L'emportement des choses (2010) et Le monde est un autre (2013). L'Escampette a également publié les Lamentations de la vieille femme de Beare en 2006, une translation d'un poème irlandais médiéval qui est reprise à la fin du présent ouvrage.
Passionné par la culture irlandaise, il arpente le Connemara depuis près de quarante ans. Dans la poésie ancienne de ce pays, il a découvert un imaginaire puissant et une énergie vitale fascinante.
Ce nouveau recueil est l'aboutissement d'une démarche peu ordinaire et éminemment poétique. Les poèmes, qui datent du VIe au XIIe siècle, ont été écrits en gaélique (en l'occurrence le vieil-irlandais, puis le moyen-irlandais), c'est-à-dire dans la plus ancienne langue vernaculaire occidentale. J-Y Bériou ne lit pas le gaélique, ni ancien ni moderne. Il a entrepris, à partir des traductions existant en anglais, espagnol et français, et d'une longue familiarité avec le monde qui enveloppe ce chant poétique, de donner une translation originale de ces textes magnifiques. Les auteurs anonymes semblent en être la mer, le vent, les rapaces, les matins radieux et la main sans miséricorde du temps.
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Bien qu'ayant vécu hors de son pays, Eduardo Lourenço, né en 1923, a toujours maintenu une liaison permanente et étroite avec la réalité culturelle, historique et politique portugaise.
Mais il est aussi, et surtout, un observateur du monde dont il est un des très remarquables analystes. Il développe, avec une originalité et une souplesse assez déconcertantes, une pensée qui procède toujours du mouvement de multiples intercessions entre le conceptuel et le non-conceptuel, entre la philosophie et la métaphore, entre la totalité et l'infini. Ses essais parcourent l'histoire littéraire, artistique et politique des XIXe et XXe siècles, sans cesser de faire des incursions dans le temps et dans l'espace jusqu'à Camões et Montaigne.
On lui doit, par exemple, quelques-uns des textes de référence sur Pessoa. Ses écrits sur l'Europe lui ont aussi valu en 1988 le Prix européen de l'essai Charles Veillon. Il est considéré aujourd'hui comme le plus grand essayiste du Portugal où sa pensée domine depuis plus de quarante ans. La Splendeur du chaos, énorme succès au Portugal, dresse un état du monde d'une pertinence exceptionnelle.
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Roberto Mussapi est né à Cuneo en 1952 et vit à Milan. Il compte parmi les poètes italiens de premier plan. Il abolit, dans sa poésie et tout particulièrement dans ce livre, les frontières de l'espace et du temps. De la vie quotidienne et contemporaine de la première partie du livre (Les Mois) au témoignage en direct de Pline face à l'éruption du Vésuve, à la fin du livre, la vie est toujours héroïque et digne d'inspirer le poète. Il n'y a pas de grands et de petits sujets, seul l'affleurement du mythe demeure (voir l'admirable poème Le ciel par-delà la neige, sur une skieuse). Puis nous aussi nous sortîmes de ce temps-là, de nouveau seuls, incertains, dispersés. Mais la lumière, je me souviens, moi, de la lumière, et de son mouvement et de sa respiration solennelle, par-delà l'éternité des ténèbres, l'éternité plus nue, je me souviens.
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Deux recueils de nouvelles, Les quais de Chicago et L'Histoire de la brume ont déjà été publiés en France. L'Encre des rues est la première traduction intégrale dans notre langue d'un recueil de poèmes paru en 2004 aux États-Unis. Le foisonnement de thèmes (souvenirs d'enfance, misère et violence urbaine, premières amours, philosophie et religion) et de tonalités (lyrisme, humour, cruauté) mène Stuart Dybek à développer une écriture poétique d'une incessante inventivité.
Profondeur humaine, nostalgie mais aussi combat pour exister dans le monde contemporain, font toute la richesse de ce recueil traduit par le poète Philippe Biget.
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Cette anthologie (première publication en France) présente l'oeuvre de Vera Pavlova, jeune poète russe.
Véra Pavlova est née à Moscou en 1963. Musicienne et musicologue, diplômée de l'Académie de musique Gnessin, elle a d'abord pensé devenir compositeur. Cependant, autour de sa vingtième année, l'appel d'une autre vocation se fit entendre et Véra Pavlova comprit que la poésie serait pour elle " la voie privilégiée d'exploration de l'espace spirituel ". Elle est aujourd'hui considérée en Russie comme l'un des poètes majeurs de sa génération et a reçu en 2000 le grand prix Apollon Grigoriev. Cette anthologie, établie par Jean-Baptiste Para, est le premier ouvrage de Véra Pavlova publié en France.
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Fernando Nenhum, voyageur portugais contemporain, semble vouloir réitérer les exploits de ses ancêtres, ces inventeurs du monde ! Ainsi trouve-t-on des traces de son passage de la Chine à l'Inde et de l'Afrique au Brésil. Il traverse ces pays avec une enfantine capacité d'émerveillement et une attention aux mille détails qui font le quotidien. Les récits qu'ils ramènent de ses pérégrinations ont la légèreté d'une aile de papillon.
Ce récit d'un voyage en Inde se présente comme une suite de tableaux qui, par petites touches, nous font connaître les saveurs et les couleurs de ce pays.
Jean-Paul Chabrier était le traducteur idéal de Fernando Nenhum, comme Blaise Cendras celui de Ferreira de Castro. La rencontre a eu lieu pour le plaisir des lecteurs.