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"L'abattoir d'Echeverría est le portrait digne de foi d'un tyran, mais aussi un témoignage contre toute tyrannie. De même que le Waterloo partiel de Fabrice éclaire la banalité et le chaos de toute guerre ou que l'inexplicable procès de K accuse le cauchemar métaphysique de la bureaucratie judiciaire, de même cet infernal abattoir illustre l'abus de pouvoir et la stupidité que cet abus encourage. (...) La tyrannie n'admet pas les critiques. Quiconque s'oppose à l'abattoir devient sa victime, car l'abattoir ne souffre ni interlocuteur ni adversaire. Le lecteur contemporain pense aux tyrannies classiques du siècle passé - l'Allemagne du Troisième Reich, la Russie de Staline, le Cambodge des Khmers rouges - mais aussi aux contaminations plus discrètes, plus particulières, comme celles qui ont lieu quotidiennement en Chine ou en France aujourd'hui, où le besoin d'imposer une discipline civique prétend justifier les abus d'une violence étatique de plus en plus impunie." (Alberto Manguel).
Précédé de Esthétique de l'abattoir par Alberto Manguel.
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L'oeuvre d'Allain Glykos, dès son premier livre (Les Boîtes puis la Décision), pose la question de la cohabitation de la beauté avec la mort, de l'art avec la violence, de la peur avec le courage...
L'argument de ce nouveau roman est simple, voire dépouillé : un couple (le narrateur et sa compagne) occupe, dans un hôtel espagnol proche d'un musée d'art contemporain (le but du voyage...), une chambre voisine de celle où se déroule, durant presque toute une nuit, une scène de violence.
Tout dans ce roman devrait appeler au bonheur, ou du moins à une forme d'équilibre : la beauté des lieux, l'harmonie des formes, la présence évidente du génie artistique, la relation de couple.
Puis, une scène de violence, sans doute réelle, mais peut-être fantasmée, va ébranler tout l'édifice, rendre dérisoire tout sentiment de bonheur, et surtout tendre au narrateur un cruel miroir dans lequel il sera contraint de se reconnaître faible, lâche, traître aux grands sentiments qu'il inspire à sa compagne.
Qui sommes-nous ? Quelle part sommes-nous prêts à prendre dans le malheur des autres ? Jusqu'où chacun est-il prêt à prendre parti ? Et l'art, en l'occurrence la peinture et l'évocation de quelques peintres majeurs, peut-il nous sauver de tout ?
Une fois de plus, Allain Glykos nous embarque dans une narration à première vue anodine pour nous piéger dans ses questionnements philosophiques qui n'ont pour sujet que "l'homme face à lui-même".