Escampette
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En 1943, François-René Daillie rencontre Maurice Betz, l'un des grands traducteurs de Rilke, et entreprend lui-même ses premières traductions du poète. C'est en 1948 qu'il s'engage dans la traduction des Elégies...
Voici donc le résultat de cinquante années de travail et de perfectionnements. Les dix Élégies n'ont jamais, à notre avis, atteint cette force poétique en version française. C'est à une lecture réellement nouvelle de ce chef-d'oeuvre que nous convie ce livre.
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" Un jour, j'ai changé d'odeur.
Je me suis mis à sentir le végétal. D'un coup. Moi, je n'avais rien demandé à personne. Mais à chaque fois c'était pareil : j'éteignais la lumière, je me déshabillais, j'ôtais mon tee-shirt, et pendant que ma tête se retrouvait coincée entre mon torse et le tissu, mon nez avalait de pleines bouffées de terre. Je me débattais avec. Plus de sueur, plus de traces de sueur, plus de cette odeur naturelle qui me collait si bien à la peau et plaisait aux femmes.
" Antoine Percheron. Le texte de ce livre a été retrouvé dans les papiers d'Antoine Percheron après sa mort. Il avait vingt-cinq ans et souffrait d'une tumeur au cerveau. Cela explique le caractère inachevé de ces pages, respecté jusque dans les blancs ménagés par l'auteur en vue d'une révision qu'il n'a pu faire.
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Édition bilingue de l'oeuvre lyrique du plus grand poète portugais, Luis de Camões (XVIe s.), auteur du grand poème épique Les Lusiades.
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Cet ouvrage réunit quatre recueils de Florbela Espanca (1894-1930), aujourd'hui considérée comme une des poétesses majeures de la littérature portugaise. Il s'agit de Le livre des chagrins, Soeur Saudade, Bruyère en fleur et Reliquiae. Il est préfacé par un autre grand poète portugais : Al Berto (1948-1997). La traduction a été réalisée par Claire Benedetti.
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Un précis d'incision : le jardin de Gilles Clément à la vallée (Creuse)
Alexis Pernet, Marc Deneyer
- Escampette
- Curiosites
- 2 Juillet 2021
- 9782356081124
La Vallée est le jardin d'une expérience, celle conduite depuis 1977 par Gilles Clément en Creuse, dans un repli oublié du Massif central. D'un vallon promis à l'abandon, le jardinier-écrivain a fait un laboratoire pour une attitude d'observation des dynamiques du vivant, celle de la friche mais aussi du brassage des plantes à la surface de la planète. Lieu d'une profusion de formes et d'espèces, la Vallée est également le jardin d'une théorie et d'un livre, Le Jardin en mouvement. C'est à la fois un lieu privé et un lieu de transmission, capable de s'étendre aux consciences sans avoir été récupéré par la moindre logique de marchandisation ou d'institutionnalisation : une incision dans le relief et le paysage réglé du Limousin, mais avant tout dans la grammaire souvent dépoétisée de l'aménagement.
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Voici un petit livre rare par la simplicité, le charme et l'émotion. Depuis une quinzaine d'années, Karen Dutrech se trouve amenée à recueillir et soigner des moineaux, des étourneaux, des martinets.
Une relation se noue entre chacun de ces oiseaux en convalescence et celle qui le soigne, jusqu'à la douleur pour celle-ci de voir son protégé, au bout de quelques mois, s'envoler guéri.
Dotée d'une merveilleuse empathie pour ces petits êtres restés sauvages parmi les hommes, elle découvre chez chacun un caractère original et parvient à traduire leur singulière et radieuse présence.
Ce recueil tissé d'air et de terre, de mots et de plumes, de coups de bec et de coeur, d'éclats de chant et d'envol, est le récit d'une aventure qui a profondément transformé la relation que l'auteure entretient avec le monde qui l'entoure. «Le chemin de l'émerveillement passe pour moi par celui du Vivant, écritelle, et l'oiseau est un précieux guide, le plus éminent (et énergique) des éveilleurs ».
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La perle d'Estrémadure, une histoire de l'île de Ré
Alberto Manguel, Thierry Girard
- Escampette
- Depaysement
- 2 Juillet 2021
- 9782356081131
Les images de Thierry Girard en attestent?: l'océan est là. Il nous regarde, il nous fait face. Il nous laisse penser que l'île est un refuge, un havre pour le repos et l'oubli. Mais c'est un refuge incertain, éphémère, d'où sans doute il faudra repartir, pour un voyage dans le temps comme dans l'espace. Quel est donc cet animal sur la grève ? Qui suppose-t-il et qu'on ne voit pas ? Et quelle est donc cette perle, apparemment égarée sur un tel rivage, loin de ses origines ? Pour le savoir, pour dénouer l'énigme à plusieurs tiroirs, il faut suivre Alberto Manguel dans cet étrange itinéraire qui mène, croit-on, de l'île de Ré à l'Estrémadure, du nouvel an 2020 à la guerre d'Espagne... Un conte, en somme, avec ses sortilèges - et ses violences. Et Antioche, dans tout cela ? Disparition, réapparition, expiation... Oui, Antioche pourrait bien être la clef de ce jeu de piste, d'une arène à l'autre, un jeu de piste en quête de soi-même, pour se retrouver après s'être perdu. Quand Antioche réapparaîtra, alors sous l'eau Ré s'enfoncera, dit un proverbe local.
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Le sens des mots
Pierre Bergounioux, Marc Deneyer
- Escampette
- Depaysement
- 2 Juillet 2021
- 9782356081117
« On sent les choses. Peut-être qu'il n'y pas lieu d'être précisément fixé, à leur sujet. » Eh bien si, tout de même ! C'est du moins ce que laisse entendre ce récit d'apprentissage, où l'on verra comment la curiosité d'un enfant pour des panneaux de signalisation le conduit, jeune homme, à la philologie romane et au «?parler pointu » des amphithéâtres parisiens - avant de croiser finalement le souvenir d'Attila, inattendu, certes, dans ces paysages du bas-pays corrézien ! La quête du sens des mots est aussi quête de soi : elle ramène Pierre Bergounioux aux choses de l'enfance.
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Éloge des butineuses offre une description générale du monde des abeilles et du rôle essentiel de la pollinisation pour l'humanité. Après avoir montré les dégâts causés par l'agrochimie sur la biodiversité, l'alimentation et la santé, il présente des solutions pour une agriculture durable, respectueuse des insectes pollinisateurs. Une place y est faite aussi à la littérature avec, entre autres, de larges extraits de La vie des abeilles, chef d'oeuvre de Maurice Maeterlinck.
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Après avoir fini mon café j'ai tout quitté pour une île grecque
Eliane Saliba Garillon
- Escampette
- 17 Juin 2022
- 9782356081162
Fina ne supporte plus l'humeur négative de son mari. Un « pff, n'importe quoi ! » de trop la pousse à faire sa valise sur-le-champ pour quitter Paris et s'installer dans une île grecque où a fini sa vie une actrice américaine dont elle traduit la biographie. Une amitié se noue avec Costi, le vieux monsieur qui lui loue sa maison, et son petit-fils, un gamin orphelin d'une vive intelligence. Elle découvre à Paros un monde chaleureux, plein d'humanité, en même temps qu'elle travaille sur les mémoires caustiques, amers et drôles, de l'actrice disparue. Un roman d'un optimisme ravageur, ce qui est peut-être un trait du caractère libanais, mais que l'auteure élève au rang de joyeuse philosophie pratique.
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Sur les inconvénients de ne pas parler le Francais
Virginia Woolf
- Escampette
- Le Cabinet De Lecture
- 21 Octobre 2014
- 9782356080738
Alberto Manguel a réuni, pour sa collection, ces textes sur la littérature française que Virginia Woolf a écrits pour des revues ou des journaux et qu'elle n'a jamais publiés en volume.
On retrouvera, tout au long de ces brefs essais, l'humour qui caractérise V. Woolf, ainsi que la culture qui traverse la « bonne » société londonienne de cette époque.
On appréciera, en outre, la qualité de la traduction de Christine Le Boeuf (traductrice habituelle d'Alberto Manguel).
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L'Escampette a décidé en 2019 de fêter 25 ans de publications d'Allain Glykos. Après une édition augmentée de Parle-moi de Manolis en début d'année, voici un inédit récent de cet auteur qui a consacré l'essentiel de son oeuvre à une fresque familiale où la mélancolie et parfois la cruauté se teintent d'un humour très personnel.
Il s'agit ici d'une méditation au chevet d'un être cher, simple et émouvante, où tout l'art de l'écriture consiste, par une évocation sensuelle de la vie, à négocier avec la mort qui vient.
Car on sait qu'elle viendra, écrit Allain Glykos, on feint de ne pas l'attendre, on tente de lui résister, et puis un jour, elle entre sans frapper, vous laisse dans le couloir, referme la porte et s'en va en emportant l'être cher. Ce sont ces dernières heures passées avec un ami d'enfance que l'auteur retient ici, comme autant de larmes qui ne coulent jamais.
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En première lecture, ce livre est un essai sur le film de james whale (1935), ses origines (le célèbre roman de mary shelley), l'écriture de son scénario, le choix de ses acteurs, la relation avec la censure, etc.
Mais, plus profondément, c'est un essai sur la création, sur les relations du créateur avec sa création, sur la prédominance de l'acte de création sur tout autres considérations philosophiques, religieuses ou morales. c'est aussi un essai sur le mal, sur la tentation de puissance, sur le vertige des interdits. a sa première apparition, le visage du monstre est présenté par manguel comme l'une des icônes de notre temps, au même titre que le visage de greta garbo.
Cela fait partie des nombreuses réussites de ce livre provoquées par ces rapprochements inattendus oú nous entraînent l'intelligence et la culture de manguel. la comparaison, du point de vue de la création pure, entre la fiancée créée par frankenstein et la mariée mise à nu par ses célibataires créée par duchamp est un grand moment d'analyse et de jubilation ! enfin, et d'une façon assez classique dans la littérature et le cinéma fantastiques, la monstruosité n'est peut-être pas là oú on le penserait.
Le monstre n'aspire qu'à une harmonie que la société des hommes " normaux " lui refuse. l'instant de bonheur que connaît le monstre en compagnie d'un vieillard aveugle est une scène magnifiquement décrite.
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Il voulait être marin courir le monde en suivant la route des oiseaux côtiers les mains ouvertes les lèvres écorchées par la vision des voyages il aurait emporté dans ses bagages la chanson somnolente des vents et l'attente sans fin du pays effrayé par les eaux il s'est penché de l'autre côté du miroir où le corps devient diaphane jusqu'aux os la nuit lui a rendu un autre corps qui navigue dans l'abandon d'un secret retour... ensuite il a conservé la passion des jours lointains dans le sac de toile et du fond nostalgique du miroir les yeux de la mer ont soudain surgi des bulots grandissaient sur ses paupières des algues fines des méduses lumineuses se mouvaient à portée de voix et sa poitrine était l'immense plage où les légendes et les chroniques avaient oublié squelettes énigmatiques insectes et métaux précieux un filet de semence nouait son coeur envahi par le varech son corps se séparait de l'ombre millénaire s'immobilisait dans le sommeil antique de la terre descendait jusqu'à l'oubli de tout... naviguait dans la rumeur des eaux oxydées s'accrochait à la racine des épées allait de mât en mât scrutait l'insomnie jetait des feux acides sur le visage incertain d'une mer
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"L'abattoir d'Echeverría est le portrait digne de foi d'un tyran, mais aussi un témoignage contre toute tyrannie. De même que le Waterloo partiel de Fabrice éclaire la banalité et le chaos de toute guerre ou que l'inexplicable procès de K accuse le cauchemar métaphysique de la bureaucratie judiciaire, de même cet infernal abattoir illustre l'abus de pouvoir et la stupidité que cet abus encourage. (...) La tyrannie n'admet pas les critiques. Quiconque s'oppose à l'abattoir devient sa victime, car l'abattoir ne souffre ni interlocuteur ni adversaire. Le lecteur contemporain pense aux tyrannies classiques du siècle passé - l'Allemagne du Troisième Reich, la Russie de Staline, le Cambodge des Khmers rouges - mais aussi aux contaminations plus discrètes, plus particulières, comme celles qui ont lieu quotidiennement en Chine ou en France aujourd'hui, où le besoin d'imposer une discipline civique prétend justifier les abus d'une violence étatique de plus en plus impunie." (Alberto Manguel).
Précédé de Esthétique de l'abattoir par Alberto Manguel.
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Le goût d'un territoire : un futur durable et solidaire dans nos assiettes !
Collectif
- Escampette
- 5 Novembre 2021
- 9782356081155
L'alimentation, plus encore que par le passé, s'affirme aujourd'hui comme un sujet éminemment politique, lié au futur des territoires. Elle intéresse aussi bien les consommateurs que les explorateurs du goût, les créateurs et les chercheurs en sciences humaines et sociales. Penser l'alimentation, c'est penser l'agriculture de demain, chercher à mesurer son rôle dans l'organisation des paysages et leur préservation, comme dans les relations sociales et culturelles.
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En remontant les ruisseaux ; sur l'Aubrac et la Margeride
Jean Rodier
- Escampette
- 21 Janvier 2010
- 9782356080165
"C'est une promenade de pêcheur mais ce n'est pas un livre de pêche, c'est une description des cours d'eau mais ce n'est pas un guide, plutôt un vagabondage dans le Haut Gévaudan, l'histoire d'un enchantement devant ses monts, ses vallées, sa flore, sa faune, ses eaux vives - le tout émaillé de souvenirs, de "rêveries", de quelques agacements, avec, en contrepoint, des citations d'auteurs anciens ou modernes. " Ce livre illustre ce que nous espérons, au plus haut, de la littérature : le point de rencontre du visible et de l'invisible, de la réalité et du rêve, du dessus et du dessous. Les pages où le pêcheur est à l'affût, les sens tendus vers la «mouche», sont réellement des merveilles d'équilibre et de précision, tout en s'inscrivant dans le vertige de la littérature.
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Jacques Lèbre est postier, loin des " milieux " littéraires ou autres.
La poésie est son horizon et sa respiration. Ses maîtres se nomment Nuno Jùdice (le Portugais), Roberto Mussapi (l'Italien) ou Jean-Yves Masson. Son travail, en effet, est très exactement de cette famille : mélange de poésie narrative et de poésie lyrique, poésie nourrie de quotidien et attentive aux chants plus profonds des mythes et de la tradition.
Dans ce livre, la suite intitulée Le coeur, cette pompe nous semble être un chef-d'oeuvre. Nous aimons aussi l'amplitude du vers de Jacques Lèbre, qui prend avec autorité un envol qui n'est pas sans évoquer les grands poèmes d'Apollinaire (le pont Mirabeau est d'ailleurs évoqué).
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Voici une savoureuse galerie de portraits ; une petite anthologie de dialogues sur le vif, de peintures sur le motif ; une leçon d'écriture déroulée à la manière d'un recueil de dictées à l'ancienne.
Ces nouvelles, ces petites histoires, ces tableautins ont pour cadres les divers lieux traditionnels de cette grande lande où habite Manciet depuis toujours ; et pourtant tous ces personnages deviennent des archétypes et tendent à l'universelle condition, par la force, par la grâce de la littérature.
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La poésie de Marina Tsvetaeva accompagne Joël Vernet depuis longtemps. Le Coeur sauvage, c'est celui de cette poétesse qu'il admire et dont il écrit une biographie sous forme d'hommage en mettant en lumière les sources de son inspiration, en écho à sa propre écriture.
Marina Tsvetaeva, dont le destin est indéfectiblement lié aux événements de l'histoire trouble de la Russie de la première moitié du 20e siècle, devient une héroïne de roman. Le récit de la vie incroyable de cette femme qui incarne la détermination, la liberté, l'amour et la poésie, emmène le lecteur dans une aventure faite de rencontres, de séparations, d'espoir, de malheurs, d'exil, et le plonge au coeur de la création poétique : la vie.
Marina, j'aime votre noblesse, la superbe de vos convictions qui n'étaient que refus, rebellion et révolte. La poésie avant tout, avec la vie, cela mêlé, qui est le signe du grand amour, disons-le du génie, même si ce terme est insensé, n'est que feu de paille. Toute votre vie munie de quelques intuitions. C'est bien cela la grâce, par delà les avanies, les malheurs, les souffrances, les absurdités. Ne jamais renoncer à la ferveur qui paraîtra idiote à tous. Scandaleuse. Comment se dégager du ronron des jours, en allant solidement sur la terre, tous les sens sur le qui-vive ?
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Galway Kinnell (1927-2014) est une grande voix de la poésie américaine. Dans la lignée de Walt Whitman, sa poésie s'accomplit non dans l'imaginaire mais dans une relation passionnée à la vie des gens, à leurs douleurs, à leurs plaisirs. Elle est traversée d'un sentiment puissant de la beauté ordinaire et de la solitude. Personne n'écrirait de poésie si le monde semblait parfait, disait-il. Ses textes ont l'étrange propriété, au-delà de la forte émotion qu'ils suscitent, d'inquiéter et rassurer à la fois, comme la voix d'un mineur fraternel au fond d'un boyau sombre.
Prix Pulitzer de poésie, entre autres distinctions aux Etats-Unis, ce grand voyageur né en Providence (Rhode Island) s'est beaucoup engagé dans le mouvement des droits civiques et contre la guerre au Vietnam. Il était l'ami et le traducteur d'Yves Bonnefoy et a traduit en anglais de grands poètes aussi différents que François Villon et Rainer Maria Rilke.
Son oeuvre est peu traduite en français (des Poèmes choisis chez Aubier en 1988 et un roman, Lumière noire, au Mercure de France en 1994).
Ce recueil inédit en français, dans une traduction à la fois élégante et fidèle, fait surgir, des vivants douloureux que nous sommes, une beauté poignante, que révèle peu à peu, en les faisant venir à la lumière, le bain des mots.