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Denoel
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L'histoire commence avec deux frères, le Grand et le Petit, coincés au fond d'un puits profond, au milieu d'une forêt. On devine qu'ils y ont déjà passé un certain temps, et le Grand fait tout son possible pour qu'ils puissent sortir, sans succès. Passent les jours, et une routine s'installe : les frères mangent des insectes que le Petit a trouvés, pendant que le Grand passe le plus clair de son temps à faire de l'exercice. Puis ils crient à l'aide à tour de rôle. Les loups, la soif, les pluies torrentielles : ils survivent à tout. Le Petit est fragile, torturé par la maladie et par des rêves macabres, mais son frère prend soin de lui, lui racontant des histoires sauvages et merveilleuses. Mais rien n'y fait, le Petit délire, s'exprime dans un charabia inintelligible, perd peu à peu la raison, l'envie de vivre. Le Grand doit le faire sortir du puits à tout prix. S'il s'entraine depuis tout ce temps, c'est bien pour sauver le Petit. Il sait aussi qu'il n'aura qu'une chance de réussir : il s'est trop amaigri, et l'effort qu'il fera en lançant son frère hors du puits déchirera ses os et ses cartilages, provoquant une hémorragie dans chacun de ses organes. Pourquoi le sac de nourriture que leur mère leur a donné et qui se trouve avec eux, dans le puits, leur est-il interdit ? Le Petit sortira-t-il ?
Le Grand survivra-t-il ? Comment surtout se sont-ils retrouvés là ?
Le Puits est un récit court et puissant sur l'amour fraternel, la survie et la vengeance, et pour citer Zoe Valdès : « Inutile d'y aller par quatre chemins. Le Puits est un roman indispensable, et particulièrement par les temps qui courent, alors que beaucoup d'entre nous avions déjà annoncé la défaite de l'imagination contre la quotidienneté médiocre et étriquée »
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Derek Ardo est un ancien militaire anglais. Cherchant à fuir son lourd passé, il s'installe en Inde, à Aramsha, où il a été engagé comme documentaliste à la médiathèque d'un quartier neuf. Hormis Aparajita, une petite fille au caractère bien trempé, et Trishna, une jeune femme bannie par sa famille pour avoir fui un mariage forcé, les visiteurs sont rares, et la vie à Arashma s'annonce tranquille.
Mais c'est sans compter sur la présence d'un tigre mangeur d'hommes, Akhil, dont les victimes se multiplient. Un climat de méfiance et de peur s'installe en ville, et Derek engage alors une guerre personnelle contre le fauve.
La nuit appartient au tigre est une fable écologique. Sur le mode de l'allégorie, l'auteur soulève des questions intemporelles telles que la relation de l'homme à la nature, sa volonté de contrôle et de domination, ou encore le poids des traditions dans un récit court et dense au message philosophique fort.
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Un voyageur anonyme a pris place à bord d'un train pour un interminable voyage à travers les steppes kazakhes. Le train s'arrête dans une toute petite gare et un garçon monte à bord pour vendre des boulettes de lait caillé. Il joue Brahms au violon de manière prodigieuse, sortant les passagers de leur torpeur. Le voyageur découvre que celui qu'il avait pris pour un enfant est en fait un homme de 27 ans. L'histoire de Yerzhan peut alors commencer.
Yerzhan grandit avec ses grands-parents, sa mère et son oncle dans la steppe kazakhe. La seule autre maison du coin est celle de son amie d'enfance et promise, Aisulu, qui est entourée de ses parents et de sa grand-mère. L'unique lien avec le reste de la civilisation, c'est ce long train qui passe chaque jour dans la petite gare de Kara-Shagan à laquelle les deux maisons sont adossées. L'enfance de Yerzhan et Aisulu est heureuse et insouciante, bercée par les histoires racontées par les grands-mères, entre les moments partagés sur la route pour l'école à dos d'âne, les joyeuses bagarres des deux familles, et la chasse au renard. Un Bulgare de passage apprend à Yerzhan à jouer du violon, il est merveilleusement doué. L'avenir s'annonce radieux, Yerzhan deviendra musicien et il épousera Aisulu. Mais à quelques dizaines de kilomètres de Kara-Shagan se trouve la Zone et le Lac interdit.
Personne ne s'y baigne, c'est défendu, sauf Yerzhan, qui s'y glisse jusqu'à la taille sans réfléchir. Dès lors, Yerzhan ne grandira plus jamais...
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Quand José perd son travail, le fragile équilibre de son existence se brise en mille morceaux. Il tente tant bien que mal de canaliser l'amertume et la jalousie qui le rongent. Mais un soir, Guillermo, son voisin, homme charismatique à qui tout réussit, lui propose de passer chez lui afin de faire plus ample connaissance. Ce qui avait commencé comme une soirée tout à fait amicale - les deux hommes discutent, boivent du bon vin et écoutent du jazz - tourne au bain de sang : lorsque José entend Petite fleur , standard de Sydney Bechet, une irrépressible envie de meurtre le submerge et il assassine son nouvel ami.
Pourtant, le lendemain, à la stupeur de José, Guillermo passe devant sa fenêtre en sifflotant, plus éclatant de santé que jamais. Pour José, c'est un signe du destin ; désormais, tous les vendredis, il ira chez Guillermo prendre l'apéritif et le tuer, chaque fois plus sauvagement. Et très vite, une nouvelle idée germe en lui : pourquoi ne procéderait-il pas de la même façon avec sa femme, leur relation se dégradant de plus en plus...
Que se passe-t-il lorsque le meurtre devient un acte sans conséquence, voire libérateur ? Petite fleur (jamais ne meurt) est un conte cruel et hypnotique sur la fragilité et l'ambiguïté des rapports humains. Un roman incroyablement jouissif et brillant écrit par le petit génie des lettres argentines.
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Australie, au coeur du bush de Tasmanie, xix e siècle. Hannah, six ans, et son amie Becky, sept ans, décident d'aller pique-niquer avec les parents d'Hannah. Au milieu de l'aprèsmidi, une puissante tempête éclate. Les adultes se noient, et les deux fillettes se retrouvent seules et perdues au coeur de la dense forêt, alors que la nuit commence à tomber.
Toutes deux effrayées, elles trouvent refuge dans une grotte où sommeille un couple de tigres de Tasmanie. Les deux petites filles se blottissent et se réchauffent contre leur pelage, et apprennent peu à peu à leur faire confiance, à les comprendre, et même à communiquer avec eux. Elles se mettent à manger de la viande crue et marcher à quatre pattes - et finissent par former une famille, ou plutôt une meute, avec les deux animaux, baptisés Dave et Corinna par les fillettes.
Abandonnant leurs vêtements, leur langage, et finalement une partie de leur humanité, elles vont vivre plus de quatre ans avec eux, avant d'être retrouvées par le père de Becky. Les deux filles, qui ont maintenant dix et onze ans, vont devoir se réadapter à la civilisation, ce qui s'avère d'une violence extrême, et l'une d'entre elles y laissera la vie.
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Tout a commencé par un pari alcoolisé entre Hermès et Apollon : si les animaux avaient l'intelligence humaine, seraient-ils aussi malheureux que les hommes ? Les deux dieux décident alors d'accorder conscience et langage à un groupe de chiens passant la nuit dans une clinique vétérinaire de Toronto. Tout à coup capable d'élaborer des raisonnements plus complexes, la meute se divise : d'un côté les chiens fidèles à la vieille école canine, qui refusent de se soumettre à ce nouveau mode de pensée, de l'autre les canidés progressistes qui y adhèrent sans condition. Depuis l'Olympe, les dieux les observent, témoins de leurs tâtonnements dans ce nouveau monde qui s'offre à eux. Ils les regardent se déchirer avec une violence telle que seuls trois d'entre eux survivent : Wily Benjy, qui va de maison en maison, Prince, qui devient poète, et Majnoun, qui développe une relation amicale avec un vieux couple. Si Hermès veut l'emporter, au moins un des chiens doit être heureux à la fin de sa vie.
Avec Nom d'un chien ! , Alexis André modernise le genre de l'apologue et nous offre une réflexion douce-amère sur les beautés et les dangers qu'implique la conscience de soi.
Oscillant sans cesse entre rêverie et désillusion, à la fois charmant et dérangeant, Nom d'un chien ! est la preuve qu'un vieux chien peut toujours apprendre de nouveaux tours.
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Depuis les tréfonds d'une cellule s'élève une voix. Celle d'un homme placé à l'isolement.
Toro a été emprisonné pour quelques mois après avoir enlevé la fille d'un patron local, surnommée « la Princesse du café ». Le jour où il tue un gardien, il est alors condamné à perpétuité, sans espoir de remise de peine. Toro raconte les relations entre gardiens et détenus, les rivalités et la solidarité entre les détenus euxmêmes, il décrit la nourriture, le sexe, le monde extérieur, l'attachement désespéré aux objets, les jours et les nuits qui se confondent - tous les détails, même les plus infimes, sont rapportés avec une minutie sans pitié.
Au-delà d'un récit fascinant, dépourvu de tout jugement ou complaisance, sur la vie carcérale, Sur l'île, une prison est un roman puissant et hypnotique qui plonge le lecteur dans un univers où l'espace et le temps, le bien et le mal, la lâcheté et le courage tels qu'on les connaît n'ont plus cours.
À l'image d'Un prophète de Jacques Audiard, Maurizio Torchio décrit dans une langue précise, élégante et profondément humaine cette douleur sans cesse renouvelée qui ne trouve un apaisement que dans la répétition, seul moyen de se prouver qu'on est encore un être humain.
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Elle se nomme Hélène, mais se fait appeler Joe parce qu'elle veut vivre en garçon comme lady Oscar, son héroïne de dessins animés préférée, capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Comme elle, elle aimerait vivre à une autre époque et réaliser de grands exploits, car elle a l'âme romantique et un imaginaire avide de grands drames.
Hélène a trois soeurs, un père très occupé à être malheureux et une mère compréhensive mais un tantinet rigide. Tous les jours, elle distribue vaillamment les journaux et travaille le soir dans la salle de bingo du quartier. Elle vit dans un quartier populaire peuplé de gens hauts en couleur, dont le plus attachant est sans nul doute son nouveau voisin, Mr.
Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. Il passe ses journées à boire de la bière et à jurer comme un charretier, et tout le quartier se moque de ce vieux grincheux. Hélène ne veut pas faire comme tout le monde et entreprend de l'apprivoiser... Ils développent petit à petit une amitié indéfectible.
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Un clan haut perché dans les bois. Un ennemi étrange. Seule une jeune fille osera désobéir afin d'échapper à son destin. Ismène vit parmi les siens, dans un village accroché à dix mètres de hauteur. Tous pratiquent des rites immuables et répètent inlassablement Antigone, la tragédie qu'il leur faut connaître sur le bout des doigts. Descendre leur est interdit, car en bas une créature sanguinaire massacre ceux qui s'aventurent sur son territoire... Quand le jeune Hémon décide de contester l'ordre établi, tout bascule. Pour fuir cet univers oppressant et comprendre le sens profond de la tradition qui leur a été inculquée, Ismène va devoir percer le secret qui menace son clan.
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Dans la ville fictive d'Elron, à la fin des années 90, on suit les aventures d'une poignée d'élèves et de professeurs à l'approche du célèbre bal des Monstres du lycée Robert Mitchum. L'action se cristallise autour d'Erin, seize ans, qui se réveille un matin et découvre avec surprise que ses cheveux sont pleins de vers, que ses doigts tombent les uns après les autres... Tout semble indiquer qu'elle est morte.. Pourtant, malgré son odeur pestilentielle et son corps en lambeaux, Erin doit quand même aller en cours. Elle cache son corps putréfié de zombie derrière des vêtements informes et du maquillage, et personne ne semble s'apercevoir de son état.
Derrière un récit survolté et gorgé de références à la Pop culture se dessine une description juste de l'adolescence, entre exploration de soi et désir de se fondre dans la masse. Le tout servi par un style vif et original, un ton irrévérencieux et des rebondissements tout à fait loufoques.
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Mino, jeune garçon en pleine crise d'adolescence, vit son iPod sur les oreilles, avale des litres de Coca-Cola (avec concert d'éructations en prime), passe des heures dans la salle de bains à s'enduire les cheveux de gel, ne met jamais la table, s'énerve quand le menu ne lui plaît pas et, bien sûr, ne fait strictement rien au lycée. Ses parents sont divorcés et sa mère, qui s'apprête à se remarier avec Gi, se sent quelque peu dépassée par les événements.
Désespérée de n'avoir pas su offrir à son fils une vie de famille modèle et harcelée par un groupe de « mères parfaites» imaginaires qui l'accompagnent mentalement dans tous ses faits et gestes, la mère décide de s'engager dans un parcours de formation à la parentalité.
Et de changer les règles du jeu avec son fils.
Valentin a Diana mélange de façon savoureuse achat en ligne compulsif, conversations avec des enseignants, théories parentales de Wittgenstein et tentatives de pâtisseries lyophilisées dans ce roman cynique, percutant, et d'une infinie tendresse, qui pose des questions à la fois modernes et universelles sur l'éducation et l'adolescence.
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En 1982, la dictature argentine agonisante décide d'envahir les Malouines, territoire anglais que l'Argentine revendique depuis toujours, afin d'en reprendre possession. Ce sera le déclenchement d'une guerre éclair incroyablement meurtrière. Face à la puissance de frappe sans faille de l'Angleterre thatchérienne, les troupes argentines font pâle figure et capitulent au bout de trois mois.
Les soldats Pipo et Quiquito ont à peine vingt ans. Terrifiés, frigorifiés, inexpérimentés, ils se terrent avec leurs compagnons d'infortune dans les tunnels d'une île inhospitalière des Malouines. La nuit, ils s'aventurent à la surface pour se ravitailler tant bien que mal. Puis ils regagnent leurs tanières au lever du jour, où ils attendent, au son de la radio anglaise, des bombes assourdissantes et des histoires qu'ils se racontent inlassablement, la fin de la guerre. Une guerre absurde et perdue d'avance.
Fogwill tire de ce conflit violent et méconnu un court récit d'une force inouïe. Il nous parle de la guerre, dépouillée de tout héroïsme ou patriotisme, de ces êtres sommés d'y risquer leur peau, pour une cause clairement futile aux yeux du monde. Le froid, les odeurs, le bruit, l'entraide et les coups durs sont restitués avec un réalisme bouleversant.
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Allemagne, 1945. Alors que la défaite allemande semble imminente, Walter et Fiete, deux amis ouvriers agricoles de dix-sept ans, se retrouvent enrôlés de force par les SS et envoyés en Hongrie. Le premier est affecté au ravitaillement, mais le second, moins chanceux, est envoyé directement sur le front.
Walter, qui a sauvé la vie du fils d'un général, se voit accorder quelques jours de permission afin de retrouver la tombe de son père. À son retour, il apprend que Fiete, arrêté après une tentative de désertion, vient d'être condamné à mort. Et son officier supérieur, qui trouve là un plaisir sadique, lui confie la terrible tâche d'exécuter son meilleur ami.
Quelques jours plus tard, l'armistice est signé, mettant fin à une guerre terriblement meurtrière qui laissera les survivants brisés à jamais.
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Quelque part au coeur de l'Amérique, dans une bicoque isolée au fond des bois. Des parents couchent leur fillette de trois ans, comme tous les soirs. Le lendemain matin, ils trouvent un lit vide. La petite a disparu sans laisser de traces. La mère raconte les jours qui ont suivi : les plateaux télé sur lesquels ils se rendent, avec son mari, pour crier leur désespoir, l'enquête des policiers, puis le silence, l'oubli. Mais la mère dit-elle toute la vérité ? Cette femme rongée par le chagrin semble masquer un état de santé mentale pour le moins inquiétant.
Maniant la plume comme un Poe des temps modernes, Colin Winnette nous laisse entrevoir les divagations d'un esprit détraqué, d'autant plus angoissantes que cette mère est aveugle à sa propre folie. Coyote est un conte sur la noirceur et la folie des hommes, un roman profondément marquant, difficile à lâcher et encore plus à oublier.