Societe D'Ethnologie
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Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités
Alain Testart
- Societe D'Ethnologie
- 1 Janvier 1972
- 9782901161219
Les études tibétaines ont beaucoup progressé ces dernières années. Les textes tibétains longtemps inaccessibles entrent dans le domaine public grâce à l'inlassable activité de Gene Smith et des imprimeries indiennes. Des traductions commentées, de bon aloi, se multiplient. La période héroïque des premières recherches touche à sa fin et la tibétologie devient petit à petit une discipline scientifique.
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Puissance des lieux, présence des morts : Sur les traces du génocide khmer rouge au Cambodge
Anne Yvonne Guillou
- Societe D'Ethnologie
- 20 Mars 2025
- 9782365190763
Comment une société se reconstruit-elle après un génocide ? Quelles traces cette violence laisse-t-elle dans la mémoire collective et individuelle ? Quelle place ces « morts sans sépulture » trouvent-ils dans la vie des populations locales ?
La lecture occidentale médiatique du génocide perpétré par les Khmers rouges entre 1975 et 1979 découle d'une certaine vision de la souffrance d'autrui, très éloignée de l'expression propre aux Cambodgiens. En s'appuyant sur une longue enquête ethnographique, l'autrice entend ici prendre en compte leur ressenti, leur vécu et leur singularité, grâce à une familiarité construite sur plusieurs décennies.
Près d'un quart de la population a été décimée par le régime de Pol Pot, mais les corps des victimes n'ont jamais été restitués aux familles. Ces morts sont pourtant loin d'être absents. Pour l'État, ils sont devenus des preuves que l'on montre - notamment dans l'exposition controversée de restes humains au musée du Génocide de Phnom Penh. Les villageois et les fidèles bouddhistes, quant à eux, les « rencontrent » lors de la cérémonie annuelle des défunts : là, tous les morts, quels qu'ils soient, sont « soignés » par les vivants et invités à rejoindre le flux du cycle des renaissances.
De même, des fosses communes sont assimilées à des lieux puissants, abritant des esprits tutélaires de territoire et conservant les traces du passé. Ce dispositif permet de prendre en charge des morts anonymes en instaurant un dialogue ritualisé avec eux. Ainsi s'établit une cohabitation originale entre habitants vivants et défunts.
Au fil de l'ouvrage apparaissent les mécanismes de réparation sociale et symbolique d'un monde marqué par plusieurs années d'une destruction de masse extrêmement violente. Alors que notre époque voit ressurgir des conflits sanglants de grande ampleur, les pratiques cambodgiennes, largement méconnues, apportent un nouvel éclairage sur les capacités humaines de résilience. -
Nature, culture et inégalités : une perspective comparative et historique
Thomas Piketty
- Societe D'Ethnologie
- Conference Eugene Fleischmann
- 16 Février 2023
- 9782365190442
Selon les sociétés et les époques, la nature des inégalités est d'une diversité extraordinaire. Pour comprendre ce phénomène, l'Histoire et les cultures humaines jouent un rôle central: ces inégalités se rattachent à des trajectoires socio-économiques, politiques, culturelles, civilisationnelles ou religieuses bien distinctes.
En somme, c'est la culture au sens large (y compris, et peut-être avant tout, les mobilisations politiques) qui permet de rendre compte de la diversité, du niveau et de la structure des inégalités sociales que nous observons. À l'inverse, le poids des facteurs dits « naturels » - les talents individuels, les dotations en ressources naturelles ou autres facteurs de ce type - est relativement limité.
Dans cette conférence inédite prononcée au musée du Quai Branly, Thomas Piketty présente une synthèse vivante et engagée de ses travaux. Abordant la question dans son sens le plus large, traitant de thèmes aussi variés que l'éducation, l'héritage, les impôts, les inégalités de genre ou la crise climatique, il apportera aux lecteurs des éléments de réflexion utiles dans ce débat d'une actualité brûlante: y a-t-il des inégalités naturelles ? -
Que jamais le temps ne se brise : voyage au mont de la fleur, Huashan (Shaanxi, Chine)
Brigitte Baptandier
- Societe D'Ethnologie
- Anthropologie De La Nuit
- 22 Juin 2023
- 9782365190428
Voici le récit d'un pèlerinage au Mont de la Fleur, Huashan, le pic sacré de l'Ouest, en Chine, qui doit s'accomplir la nuit : la montée inéluctable, dangereuse, effrayante dans l'obscurité, permet d'atteindre le sommet pour y assister au lever du soleil. L'épuisement des corps, l'abandon progressif du réel diurne au pouvoir de la nuit, les paysages et les êtres qui la peuplent, ouvrent aux sens qui s'altèrent un monde prodigieux de visions et de réminiscences. Le corps se fait montagne cosmique. Ce périple joue le passage de la nuit au jour et la traversée permet d'arriver à « la perfection de son vrai moi ».
Sous l'écriture sage de l'érudition se dessine ici le coeur d'une initiation, bouleversement qui a permis à l'auteure de revêtir le manteau de brocart des initiés. Tout au long de son cheminement, elle offre un jardin de citations poétiques et un ensemble foisonnant de préceptes, facéties, récits, mythes, recettes, médecines, etc. Pendant la montée, le lecteur ébahi se régalera du Dragon flambeau, de la Femme ténèbres, des démons et des fantômes, des ronflements de tigres et des berceuses, des odeurs de soupes et de simples ; il apprendra les nuits sans sommeil, comment repousser les rêves et ce qui fait de l'espace d'encre noire un simulacre de jour, propice à la méditation.
La dynamique nocturne, créatrice de métamorphoses, est soutenue par des illustrations peignant le mystère et la beauté de la Chine ancienne. On se laisse porter par « le voyage comme un nuage », yunyou, et par la superbe écriture du livre, d'un extrême intérêt tant pour les sinologues que pour les curieux d'autres mondes. -
Femmes indisciplinées : le corps-tube, de la Renaissance italienne à l'Amazonie
Stephen Hugh-Jones, Christine Langlois
- Societe D'Ethnologie
- 13 Octobre 2022
- 9782365190343
Les hommes d'Amazonie trouvent intolérable l'idée que les femmes portent des ornements de plumes ou jouent de la flûte. Les hommes de la Renaissance trouvaient menaçante et émouvante la transgression d'une femme chanteuse.Certains d'entre vous trouveront peut-être cette ethnographie amazonienne bien étrange et ces parallèles européens farfelus. Stephen Hugh-Jones répondra que ni l'ethnographie ni les parallèles ne sont aussi exotiques qu'ils le paraissent à première vue.
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Retour vers le futur : l'apocalypse au Moyen Âge
Jean-claude Schmitt
- Societe D'Ethnologie
- Conference Eugene Fleischmann
- 11 Avril 2024
- 9782365190695
«Le 24 février 2022, les chars russes entraient en Ukraine, entamant une guerre d'une ampleur et d'une violence sans précédent en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Subitement, le thème de l'apocalypse - auquel les débats de ces dernières années sur le réchauffement climatique nous ont habitués - a pris tout près de nous un nouveau visage: celui de la guerre totale, des destructions massives et sys- tématiques, du massacre de populations civiles. Nous voici, malgré nous, invités à "faire retour" sur l'apocalypse. »Dans cette conférence inédite, Jean-Claude Schmitt interroge dans la longue durée le thème de l'apocalypse, des textes bibliques aux usages politiques qui en ont été faits durant le Moyen Âge.
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Démons et Merveilles : Nuits japonaises
Laurence Caillet
- Societe D'Ethnologie
- 26 Juin 2018
- 9782365190251
Tout nous parle de nuit, car nous sommes au Japon. Que l'on consulte les astrologues ; que l'on s'endorme dans le métro ; que s'entrouvre la terre qui laisse passer démons, esprits en colère, ou fantômes délicieux ; que s'allument les lanternes ou que brillent les lucioles, les frontières entre la nuit et le jour s'estompent et le monde des morts n'est séparé de celui des vivants que par un seul pont. Les illusions effacent un réel resurgissant dans des rituels qui, grâce à des pratiques du corps, des psalmodies, des théâtres, solidifient le monde pour un moment. Une explication surgit, aussitôt bousculée par une autre. Les ruses pour tromper les êtres dangereux ou s'approcher des dieux s'épanouissent, juridiques, rituelles ou ludiques. Jaillit, toujours recommencé, un mélange saisissant de religions et de concepts, de la Pénitence aux trois mille prosternations jusqu'aux humbles offrandes, bateaux de papier ou de paille. Cet auteur au savoir étourdissant conte en un style inventif et charnel le chant des crapauds, l'oeil de Baku, le palais des rêves ou les calendriers subtils. Depuis des millénaires, empereurs, poètes, et tout un peuple, inventent ensemble les ombres et la lumière dans la nuit.
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Le Monde à l'épreuve de l'asile : Essai d'anthropologie critique
Didier Fassin
- Societe D'Ethnologie
- 25 Avril 2017
- 9782365190206
Le problème des réfugiés, qui se pose avec acuité depuis un siècle, a connu au cours de la période récente de tragiques développements en raison de l'accroissement de la population fuyant les guerres, les persécutions, les catastrophes et la paupérisation, mais aussi et surtout à cause des réactions d'hostilité et de rejet observées en maints endroits de la planète. Ayant conduit pendant une quinzaine d'années des enquêtes sur l'asile en France et plus récemment en Afrique du Sud, Didier Fassin propose de reconsidérer ce que nous croyons savoir mais ne parvenons plus à penser autour de cette « question réfugiée » à travers une triple approche : généalogique, afin de remonter aux origines de l'asile ; géographique, pour rendre compte de la mondialisation de ses enjeux ; ethnographique, en s'attachant aux pratiques ordinaires d'octroi de la protection. Il révèle ainsi les intermittences de l'hospitalité, l'inégale distribution des réfugiés entre les nations et les profondes mutations de l'économie morale de l'asile. La forme de vie imposée aux nomades forcés devient ainsi une clé de lecture du monde contemporain.
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La nuit de la parole : écouter le silence
Deborah Puccio-Den
- Societe D'Ethnologie
- Anthropologie De La Nuit
- 22 Juin 2023
- 9782365190435
Les cinq scènes qui se jouent dans ce livre répondent à deux questions : comment scruter ce qui n'est pas dit, ne s'entend pas, ne se touche pas, ne se voit pas, se cache ? Quoi de commun entre un bal de carnaval slave, la procession d'une Vierge andalouse, l'omerta mafieuse, la rêverie d'un juge cloîtré et la kizomba, danse en banlieue parisienne ? Interrogeant le mutisme de différentes sociétés, l'auteure en découvre la trame commune : les conceptions de la nuit et de son pouvoir métamorphique. La nuit possède une force d'action foudroyante, et, cachée sous nos logiques apparentes, les fait voler en éclats : comme elle, le silence révèle la possibilité de transformer notre vision du réel et nos modes de connaissance ; il dévoile une autre face du monde, des croyances et des habitudes sous-jacentes, redoutées ou interdites, conscientes ou inconscientes, accouchant d'un corps nouveau, transformant les objets, les hommes et les sociétés diurnes et parlantes. Le silence est une parole bousculée comme la nuit est une anamorphose du jour. Une anthropologie des sens est le terreau brûlant de ce travail : la reconnaissance impossible sous le masque, l'ouïe trompée par un silence canonique ou mafieux, une Vierge muette chahutée comme une femme, l'art domestique d'un homme perdu, le toucher drastiquement contraint d'une danse qui saisit le corps entier. Ce point crucial induit chez l'enquêtrice, observatrice et participante, une remarquable ethnographie du soi.
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Contre temps et marées : Pêcheurs hauturiers de Lorient en mer d'Écosse
Boris Charcossey
- Societe D'Ethnologie
- 24 Avril 2019
- 9782365190282
Voici un livre aussi beau que troublant : la vie des marins-pêcheurs, un rêve ou un enfer ? Connaissent-ils l'aube et le crépuscule ? Distinguent-ils la nuit et le jour ? Ou bien les nécessités de la pêche en haute mer d'Écosse les obligent-elles à d'incessants combats toujours perdus pour retrouver l'apaisement du cycle partagé entre le sommeil nocturne et les activités diurnes ?
Le carnet de bord de l'auteur démasque, derrière le produit de la pêche, l'épuisement des esprits et des corps, obligés à se soumettre aux risques et aux contraintes d'un métier dangereux que les hommes ne veulent pas quitter sauf dans leurs rêves. Le sommeil est déréglé par le jeu pervers des lumières nocturnes dans les cales enfoncées sous les flots. Au sein d'un monde fermé dans les flancs du navire, il y a l'amitié, les complicités, de rares moments de confiance et de délassement ; il y a aussi une extraordinaire hiérarchie dont les marqueurs sont inscrits dans l'espace du bateau, révélée par la sonorité et le ton des adresses et des ordres, manifestée encore par le degré du droit à la parole, les places à table, les moments partagés ou solitaires. L'auteur « apprend à déchiffrer le français de bord », langue incompréhensible à tout autre, le bruit des machines et le bruit de la mer... un mode de vie autre. Nuit contre jour, terre contre mer, rythmes biologiques bouleversés, nous saisissons, grâce au style incarné de l'ethnologue, des éclairs de gestes ou de paroles, pris sur le vif. C'est la narration d'une horloge interne détruite qui règne lorsque le cycle du temps n'est respecté que pour remonter les poissons. Un livre comme la nuit, chargé d'émotions. -
Faire sa jeunesse dans les rues de Ouagadougou
Muriel Champy
- Societe D'Ethnologie
- 3 Mars 2022
- 9782365190411
À Ouagadougou, les jeunes hommes qui vivent et dorment dans les rues de la capitale s'appellent les bakoroman. Mais le plus souvent, et bien qu'ils n'aiment pas ça, on les appelle les « enfants de la rue ». Par le vol, la mendicité et les petits boulots, les bakoroman s'insèrent dans différentes niches de l'économie urbaine qui assurent leur survie au quotidien, l'accès à la modernité et aux loisirs; jusqu'à la possibilité d'envoyer occasionnellement de l'argent à leurs parents. La mobilité juvénile masculine constituant au Burkina Faso une forme historique de l'émancipation et de l'affirmation individuelle, le mode de vie déviant qu'ils ont adopté dans la rue ne signe pas nécessairement une rupture des liens familiaux. Ainsi, les bakoroman aiment à se présenter comme des aventuriers « à la recherche de l'argent », partis « faire leur jeunesse » à Ouagadougou, avant de s'installer dans leur vie d'adulte et de fonder une famille. Leur position souvent fragile au sein de leur famille d'origine, aggravée par un mode de vie marqué par l'illégalité et les drogues, rend cependant invraisemblable le rêve toujours caressé de ce retour réussi, qui transformerait leur départ en une expérience de subjectivation.
Loin des prêt-à-penser manichéens qui alternent registres de la pitié et de la crainte à propos des « enfants de la rue », cet ouvrage propose de croiser les descriptions du vécu quotidien, les trajectoires biographiques et les discours des bakoroman, des anciens bakoroman et de leurs familles, pour restituer dans toute leur épaisseur ces vies tumultueuses. En miroir, tous ces protagonistes nous disent quelque chose de ce qui, à leurs yeux, constitue une vie réussie dans le Burkina Faso d'aujourd'hui. -
Un Deuxième monde : La nuit des Kikuyu du Kenya
Michel Adam
- Societe D'Ethnologie
- 26 Juin 2018
- 9782365190244
Au premier plan de l'actualité nationale, les sept millions de Kikuyu, principal groupe bantou du Kenya, sont connus depuis l'insurrection mau-mau de 1952 qui aboutit en 1963 à l'indépendance de cette ancienne colonie britannique. Près d'un demi-siècle plus tard, Michel Adam fait une incursion dans l'intimité de l'obscur chez les habitants paisibles de la circonscription d'Othaya, au pied du célèbre mont Kenya. Évoquant la mémoire toujours vivante d'un passé récent, l'auteur s'attache à décrire les transformations de la modernité : des rituels qui s'effacent, un patrimoine festif dissous dans les antiennes des nouvelles Églises, les tressaillements des conflits sociaux contemporains. Mais il laisse avant tout la parole à la nuit : l'amour et les contes, la chasse et la collecte du miel, les fantômes et les sorciers. L'aube et le crépuscule sont de faibles frontières entre soleil et lune qui se livrent un éternel combat. Accompagné par les illustrations de l'auteur, et guidé par un texte qui fourmille de notes précises et passionnantes, le lecteur voit la gazelle dik-dik, écoute l'engoulevent au crépuscule, sent le parfum des fleurs mellifères, goûte la garbure et (comme le disent les Kikuyu dans leur langue) « caresse les vaches » (guthathaya). Tout est dit avec la discrétion qui nous permet d'écouter chuchotements, non-dits et silence de cet « autre monde ».
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Mariées à tout prix : Parcours de femmes, échanges rituels et démariages au Tadjikistan
Juliette Cleuziou
- Societe D'Ethnologie
- Recherches Sur La Haute Asie
- 31 Octobre 2024
- 9782365190701
« Si tu n'es pas mariée, ici, tu n'es rien du tout. » [Shabnam, Tadjikistan, 2012]
Au Tadjikistan, le mariage rythme et détermine le parcours de chaque femme, de l'entrée dans la conjugalité en tant qu'épouse jusqu'au mariage de ses enfants, où elle accède au statut envié de belle-mère - autant dire, de femme accomplie. Le mariage conditionne aussi l'organisation de la vie collective car il est au coeur des innombrables échanges de cadeaux et de services sur lesquels repose la sociabilité féminine.
Mais s'il reste absolument central pour les femmes, le mariage souffre de l'absence des hommes. Les conjugalités sont ébranlées par l'ampleur de la migration de travail masculine, principalement vers la Russie, et les situations de « démariage » se multiplient. Or, une séparation ou un divorce met en péril l'inscription d'une femme dans les activités communautaires et risque de la marginaliser.
Dans cette société musulmane d'Asie centrale nouvellement plongée dans l'économie mondialisée, où coexistent l'héritage du soviétisme, la pratique de l'islam et le renouveau nationaliste, le mariage se transforme et, avec lui, les relations de genre et de parenté. Comment les femmes « démariées » parviennent-elles à éviter le stigmate et l'isolement associés au célibat? Que signifie devenir une femme dans ce contexte mouvant?
Mariages, échanges et commérages forment la toile de fond sur laquelle évoluent les femmes que Juliette Cleuziou a rencontrées durant son enquête au long cours en pays tadjik. -
Souffles d'amazonie ; les orchestres tule des wayapi
Jean-michel Beaudet
- Societe D'Ethnologie
- Hommes Et Musiques
- 1 Février 1998
- 9782901161561
Comment devient-on chef en chantant ? Quand peut-on séduire une jeune fille en jouant de la flûte ? Pourquoi les musiciens d'une fête se font-ils attaquer par le serpent anaconda ? C'est à une véritable mise en scène du souffle que nous convient les Wayãpi lorsqu'ils jouent des tule, ces grandes clarinettes en bambou : alternances de timbres qui renvoient aux principes mêmes des musiques d'Amérique du Sud, jeux entre soliste et groupe qui expriment et produisent des interactions sociales à l'intérieur du village. Les sessions musicales sont relatées de manière concrète, avec les commentaires et les mythes qui s'y rapportent, pour mettre en lumière la façon dont les Wayãpi vivent la musique.
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Pan Jumbie : Mémoire sociale et musicale dans les steelbands (Trinidad et Tobago)
Aurélie Helmlinger
- Societe D'Ethnologie
- 9 Novembre 2012
- 9782365190008
Le pan jumbie, c'est tout autant un passionné de pan que l'esprit de cet idiophone mélodique issu de la récupération de bidons de pétrole. Emblématique des steelbands, orchestres de métallophones atteignant une centaine de musiciens à la saison du carnaval, le pan a été proclamé « instrument national » de Trinidad et Tobago, son pays d'origine. La métaphore de possession par une figure inquiétante de l'imaginaire - le jumbie - permet d'aborder la place ambiguë de ces orchestres dans la société, dans ses dimensions historique, politique et musicale. Expression d'une douloureuse mémoire sociale, celle de l'esclavage, elle conduit l'auteur à analyser l'excellente mémoire musicale observée dans ces groupes, malgré les nombreuses contraintes d'apprentissage.
Une exploration pluridisciplinaire de la cognition du musicien met ainsi en valeur différents facteurs intervenant dans le processus de mémorisation : la combinaison du paramètre auditif à une très importante dimension visuelle, facilitant l'accès aux images mentales, la conservation implicite et motrice du schéma des intervalles musicaux, la faveur du jeu collectif. Ce dernier a été analysé par un protocole expérimental inspiré de la psychologie cognitive.
Dotés d'un instrument aux puissants avantages mnésiques, portés par le groupe qui, tel un pan jumbie, transcende l'individu, les musiciens de steelband rivalisent de virtuosité à travers un répertoire bouillonnant d'énergie, en pleine conquête planétaire. -
Une Anthropologie des polémiques à enjeux religieux : le cas des affaires de blasphème
Jeanne Favret-saada
- Societe D'Ethnologie
- 12 Avril 2016
- 9782365190152
Depuis 1989, Jeanne Favret-Saada s'est donné comme objet de recherche les affaires contemporaines de blasphème, comprises dans le cadre plus général des polémiques publiques à enjeux religieux. Elle a programmé l'examen de cas survenus depuis les années 1960 dans des États qui ont inscrit parmi leurs principes fondamentaux la séparation du politique et du religieux. Ils concernent deux ensembles religieux: d'une part, les christianismes, sur lesquels elle prépare actuellement un ouvrage; et d'autre part, les islams, sur lesquels elle a publié un premier livre qui traite de l'affaire danoise des dessins de Mahomet en 2005-2006. Ce travail sur des cas vise leur mise en série comparative et historique.
Or ce phénomène des accusations publiques de blasphème, qui occupe si souvent la une de nos journaux depuis vingt-cinq ans, est demeuré un non-sujet absolu pour l'ethnologie et la sociologie, sans que la moindre justification soit donnée à cette abstention. Jeanne Favret-Saada s'interroge sur cette situation, et développe quelques orientations de son travail en cours. -
Le Rapport frère/soeur, pierre de touche de la parenté
Françoise Héritier
- Societe D'Ethnologie
- 7 Décembre 2013
- 9782365190022
Dans cet essai, Françoise Héritier s'interroge sur l'importance du rapport frère/soeur comme pierre de touche de la parenté en général. Elle entend montrer que de tous les critères retenus par la pensée, celui-là plus que d'autres sert de fédérateur et de révélateur.
Les systèmes de dénomination des apparentés, si on les prend comme un tout, présentent des combinaisons de critères dont la pertinence a été reconnue et analysée par l'anthropologie. Le rapport frère/soeur et ce qui en découle dans les appellations entre collatéraux et alliés (beaux-frères/belles-soeurs), ainsi que les prescriptions ou prohibitions matrimoniales qui en résultent, montrent une prééminence du frère sur la soeur, traduite en termes de génération. Le principe clé est qu'un degré de collatéralité orientée (du frère vers la soeur) équivaut à un degré de filiation. On perçoit, à ce niveau d'analyse, que les différents systèmes structuraux de la parenté se sont constitués parallèlement à l'édiction d'une « valence différentielle des sexes », principe universel de l'organisation du social. Le rapport frère/soeur, envisagé cognitivement comme un rapport aîné/cadet, implique un rapport de dominance sexuée du même type que celui qui caractérise le rapport parent/enfant où l'antériorité, validée par la longue expérience néoténique des humains, est le critère implicite de la domination. -
Le Pouvoir en chantant, I : L'art de fabriquer une musique chinoise
Sabine Trebinjac
- Societe D'Ethnologie
- 1 Octobre 2000
- 9782901161370
En Chine, la place accordée à la musique est étonnante. À la fois ferment de la légitimité politique et symbole du pouvoir, la musique est étroitement liée au domaine politique. Les dirigeants y veillent, aidés par un formidable réseau d'institutions musicales. Appelés à collecter les musiques de Chine, la dizaine de milliers de fonctionnaires qui y travaillent oeuvrent à la fabrication d'une musique nationale chinoise. La tradition laisse alors place au traditionalisme d'État. C'est au travers de la musique ouïgoure que cette incroyable alchimie a été comprise. Musique heptatonique jouée principalement sur des vièles et des luths, elle s'inscrit dans le monde musical irano-arabo-türk. Pourtant elle aussi a été intégrée dans cet extraordinaire florilège qu'est la musique de Chine. Au terme du livre, force est de constater que si, en Chine, le pouvoir s'exerce en chantant, chanter peut aussi avoir autorité sur le pouvoir.
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Ceux de la nuit : Les sorciers tenda au Sénégal oriental
Marie-paule Ferry
- Societe D'Ethnologie
- 31 Mars 2014
- 9782365190039
Dans une collection adressée à un large public, cet ouvrage nous plonge au coeur du Sénégal oriental et nous fait connaître les croyances - des sociétés bedik principalement - en matière de sorcellerie. « Ceux de la nuit », ce sont les sorciers, invisibles dévoreurs d'âmes dont la présence n'est attestée que par les malheurs survenus.
Photographies et récits de rituels, lavis représentant animaux et plantes liés à la sorcellerie, retranscriptions de dialogues : diverses sont ici les portes d'entrée qu'offre l'ethnologue pour appréhender ces questions. -
On dansait seulement la nuit : Fêtes chez les Inuit du nord de la Terre de Baffin
Guy Bordin
- Societe D'Ethnologie
- 16 Janvier 2012
- 9782901161981
Être actif la nuit est un « art de vivre » chez les Inuit, en particulier ceux des hautes latitudes. Leur langue possède d'ailleurs un terme qui désigne spécifiquement « la veille nocturne jusqu'au matin ». Toute activité semble ainsi à même, au gré des saisons, de repousser autant que possible le moment de l'endormissement. Au-delà de leur spécificité rituelle, les nombreuses fêtes - avec leurs jeux, leurs chants et leurs danses - permettent à chacun d'être pleinement un unnuaqsiuti, un « être de la nuit ».
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Professeur émérite de l'Université libre de Bruxelles où il a enseigné l'anthropologie sociale et culturelle de 1955 à 1992, Luc de Heusch (1927-2012) fut également docteur honoris causa de l'université des sciences humaines de Strasbourg, ainsi que membre correspondant de l'Académie royale de Belgique. À deux reprises (1966-1968 et 1973-1975), il fut directeur d'études associé à l'École pratique des hautes études (Paris), où il dirigea aussi le laboratoire « Systèmes de pensée en Afrique noire », associé au CNRS.
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Une Histoire de la nuit est-elle possible ?
Alain Cabantous
- Societe D'Ethnologie
- 24 Avril 2019
- 9782365190305
Quelle est la manière dont les Européens, aux XVIIe et XVIIIe siècles, vivent et appréhendent la nuit ? En dépit de la crainte de l'obscurité, la nuit n'est pas nécessairement le temps des crimes et de la violence. Paradoxalement l'éclairage public en multipliant le nombre de promeneurs nocturnes (et en les rendant « visibles ») augmente le nombre des agressions. La nuit est cependant le temps des « mauvais coups » de la part des pouvoirs régaliens (arrestations arbitraires, rafles, exécutions). Tandis que l'Église procède à une « sanctification » et à un encadrement parfois ludique des heures nocturnes (processions et fêtes diverses, feux d'artifice, etc.), la société poursuit des pratiques de sociabilité à la marge des conventions de bon aloi : cultes séléniques, débordements populaires et autres bacchanales, pratiques prénuptiales plus ou moins contrôlées. L'auteur d'une passionnante Histoire de la nuit ne manque pas d'exemples surprenants et éclairants pour questionner son objet de recherche.
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La nuit pour apprendre : le chamanisme nocturne des yucuna d'amazonie colombienne
Laurent Fontaine
- Societe D'Ethnologie
- 10 Mars 2014
- 9782365190053
Les Yucuna d'Amazonie colombienne disent de la nuit qu'elle est le temps et l'espace qui libèrent les spectres, les démons et les entités nuisibles en quête de proies. C'est pour cela que la nuit n'est pas faite pour dormir, mais pour veiller et écouter l'observation, l'expérience et le savoir enseignés par le chamane. Grâce à tous les sens dont la nuit permet pleinement l'utilisation, la mémoire des paroles rituelles, des mythes, des incantations, peut s'amplifier. C'est à un parcours des pratiques quotidiennes et des profondeurs de la langue que nous invite ce livre. On y apprend l'origine des heures de repas aussi bien que les prières contre les maladies; pourquoi le verbe « trancher à la hache » est celui qui décrit le miracle de la lumière dans l'obscurité de la canopée épaisse; comment on use de la morphologie arawak pour décrire les objets - en forme de cône, de sphère, de mollets, de cheveux... C'est au creux de la langue que Fontaine nous parle de la « poudre d'obscurité », celle qui se répand et qui enferme le monde: la nuit.
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Costumes du Yunnan : Identité et symbolique de la parure (Chine)
Bernard Fformoso
- Societe D'Ethnologie
- 13 Décembre 2013
- 9782365190046
Exposés dans les principaux musées d'ethnologie, les costumes des minorités ethniques du Yunnan sont renommés pour leur beauté aussi bien que pour la complexité technique de leur fabrication. Mais ils sont également porteurs de multiples messages. Dans cet ouvrage destiné à un large public, Bernard Formoso déchiffre les motifs qui décorent ces costumes comme autant d'éléments d'un système symbolique. C'est ainsi que la nature de chaque vêtement tout comme l'agencement des formes et des couleurs expriment en condensé le rapport au monde du sujet. Par référence à la pensée chinoise où l'idéogramme condense les propriétés de l'objet représenté, les vêtements régulent ce rapport cosmologique de manière efficace et positive. À travers huit études de cas couvrant le large éventail des familles ethnolinguistiques du Yunnan, l'auteur montre que le port du costume et son éventuel remodelage stylistique cristallisent localement des enjeux politiques et identitaires exacerbés dans le contexte postcommuniste de la globalisation touristique. Objets signifiants par excellence, les vêtements sont pour l'ethnologue d'utiles révélateurs des rapports de force entre groupes ethniques soumis à des processus d'acculturation.