Louise Bourgeois est par excellence la femme-couteau, la femme sculpteur, celle qui découpe, tranche, cisaille, mais aussi celle qui incarne l'ambivalence féminin-masculin : la protection et la menace, la fragilité et la force, la tendresse et la violence.
Née en 1911 à Paris, et ayant vécu à New York de 1938 jusqu'à sa mort en 2010, elle est devenue, après une reconnaissance tardive, l'une des artistes les plus emblématiques du XXe siècle. Son oeuvre polymorphe, composée de peintures, gravures, dessins, sculptures, installations, est profondément autobiographique et échappe à toute classification esthétique. En réactivant les souvenirs et les traumatismes de son enfance, Louise Bourgeois donne forme et corps à ses émotions, créant une oeuvre organique, sensuelle et érotique, dont le thème essentiel est la femme-maison. « La sculpture est le corps et mon corps est une sculpture. »
Cette biographie ne retrace pas seulement le parcours d'une grande artiste, sa formation, ses influences ; c'est aussi le récit d'une vie de femme exceptionnelle, ayant connu les deux guerres, l'exil, épouse d'un célèbre historien de l'art, et mère de trois enfants. Elle s'appuie sur les archives personnelles inédites de l'artiste, ses journaux intimes, sa correspondance, ses écrits psychanalytiques, ainsi que sur ses interviews et des entretiens avec ses proches.
« L'art brut, c'est l'art brut et tout le monde a très bien compris. Pas tout à fait très bien ? », écrivait Jean Dubuffet en 1947. Le peintre ne croyait pas si bien dire : soixante-dix ans plus tard, son concept continue de faire problème. Mais n'est-ce pas la visée même d'un concept, et la preuve de son efficacité pérenne ?
C'est l'histoire de ce concept que révèle le présent ouvrage, démontrant que l'art brut ne se réduit pas à un label à apposer sur des productions artistiques dues à des internés asilaires, à des adeptes du spiritisme et autres autodidactes. Si l'art brut a permis de donner le statut d'oeuvres d'art à des objets considérés comme marginaux dans le champ de l'art, il condense avant tout la volonté de penser l'art autrement.
L'art brut puise son sens au coeur de la foisonnante production écrite de Jean Dubuffet. C'est dans la faille de la parole du fou, de l'exclu, de l'inculte que s'invente le discours sur l'art radicalement subjectif de l'artiste. Et ce que l'art brut révèle, au-delà d'une théorie de l'art aux allures de fiction, c'est Dubuffet l'écrivain.
Cette edition rassemble les ecrits et entretiens de Francois Morellet de 1949 a 2010. «Les textes de Morellet doivent etre consideres a la fois comme l'antidote et la face cachee de son oeuvre. Ce sont eux qui la revelent dans tous ses paradoxes et ce sont eux qui en devoilent le mieux les fonctionnements aussi bien apparents que secrets. Salves de vocables, calembours, contrepeteries, palindromes, homophonies, homologies, (...) toutes les gures du jeu de mots sont declinees avec un entrain et une petulance qui n'ont que faire des convenances et de la bienseance. On est dans un monde moqueur, goguenard, sarcastique et railleur, delivre de la concision, affranchi en quelque sorte de la geole habituelle des formes et des signes, mais qui a lui aussi neanmoins ses regles. » (Henry-Claude Cousseau, extrait de la preface)
Nee en 1931 a Londres, Bridget Riley a developpe depuis les annees 1960 une oeuvre abstraite fondee sur l'exploration methodique des effets optiques de la couleur et de la forme et est consideree comme l'une des principales representantes de l'Op art. Ce recueil rassemble l'ensemble de ses textes et traite notamment de son rapport a l'histoire de l'art.
798, ces trois chiffres désignent aujourd'hui le lieu le plus fameux de l'art contemporain à Pékin. De grandes galeries internationales y sont installées, exposant des artistes chinois très côtés et suscitant la curiosité d'une foule de visiteurs, nationaux et étrangers. Mais le 798 est aussi le nom d'une gigantesque usine d'armement construite dans les années 1950 par des architectes est-allemands issus de l'école du Bauhaus. Une usine modèle, avec ses équipements sportifs, son théâtre, sa crèche et ses logements, pour des ouvriers d'élite. Après son déclin, à la fin du xxe siècle, des artistes d'avant-garde séduits par son esthétique et le faible coût des loyers l'avaient investie, réalisant des installations et des performances souvent provocantes, sous les yeux ébahis des derniers ouvriers et le regard méfiant des autorités. Depuis, le lieu s'est officialisé, devenant une vitrine de la « marque Chine ». De l'emblème du Grand bond en avant à celui du grand saut dans le marché, en passant par l'obsédante mémoire souterraine des années Mao qui ressurgit dans l'art, Marc Abélès scrute avec une finesse attentive les métamorphoses du lieu et de ses occupants. Il nous livre ainsi une réflexion originale sur les rapports de l'art, de la politique et du marché, dans la Chine à l'ère de la globalisation.
Publication originale : Sternberg Press, 2010.Traduction de l'anglais par Jean-Luc Florin, revue par Laurent de Sutter et Barbara Kuon.Nous continuons à considérer l'art en tant que spectateur - alors que nous en sommes désormais devenus les acteurs. Tel est l'étonnant constat dressé par Boris Groys, l'enfant terrible de la théorie de l'art contemporaine. Mais que cela signifie-t-il ? Quelles sont les conséquences, non seulement esthétiques, mais aussi politiques, de la réalisation de la prophétie de Joseph Beuys, voulant que chacun devra un jour devenir artiste ? Qu'est-ce qu'un monde dans lequel les créateurs d'images sont désormais en nombre plus important que les spectateurs ? Pourquoi l'art a-t-il quitté son domaine propre pour investir l'ensemble des dimensions de l'existence - de l'autopromotion des hommes politiques à notre propre construction narcissique ? Que reste-t-il de l'art et des artistes une fois ceux-ci devenus le default setting de nos sociétés ? Avec En public, Boris Groys ne laisse aucune de ces questions sans réponse, nous entraînant dans une spirale vertigineuse, renouvelant de fond en comble l'image que nous avions de notre contemporanéité.
Hugo Avigo, Cesar Bardoux, Pierre Bellot, Adrien Blouet, Jean-Charles Bureau, Giacomo Cerlesi, Florentine Charon, Laure Couradette, Joel Degbo, Mathilde Denize, Margaux Derhe, Fabien Ducrot, Bastien Faudon, Mathilde Geldhof, Miryam Haddad, Nathanaelle Herbelin, Woojung Hoh, Fikria Kaddouri, Mathie Laborie, Yannick Langlois, Romain Lecornu, Alexandre Lenoir, Leonard Martin, Arthur
Novak, Amelie Petiot, Baptiste Rabichon, Alham Sassi, Victor Vaysse
Plus qu'une histoire de l'art, ce livre propose une genèse de l'art contemporain, envisagé non seulement comme un style artistique, mais comme un code culturel déterminant des types de discours, de lectures, de comportement. Il en propose l'analyse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours.Articulé en deux parties, historique, puis esthétique, il adopte un point de vue à la fois extérieur (celui de l'historien, du philosophe) et intérieur (celui du critique d'art) pour mieux :- reconstituer la logique de la symbolique des pièces, des actes qui les valorisent, et des discours qui les soutiennent ; - poser les bases d'une sociologie de l'esprit du monde de l'art, mis en perspective avec l'évolution générale des sociétés occidentales.L'enjeu de ce livre consiste donc à penser le monde de l'art contemporain en relation avec le devenir d'une économie politique globalisée.
Évolution de la place de l'art dans la société et du statut de l'artiste, changement du rapport à l'oeuvre d'art et des comportements de consommation, modification de la formation de la valeur et des modèles économiques... les repères traditionnels, qui ont fondé la croissance des industries culturelles et créatives (ICC) tout au long du XXe siècle, sont profondément remis en question sous la poussée de bouleversements technologiques et sociétaux, au premier rang desquels la vertigineuse croissance d'Internet. Cet ouvrage entend dresser un panorama et décrypter les évolutions en cours pour chacun des secteurs (musées et patrimoine, spectacle vivant, livre, musique, jeu vidéo, cinéma et télévision). Après une vision d'ensemble du champ culturel et de ses perspectives, chaque secteur est décrit en suivant une grille d'analyse générique (marché, comportement du consommateur, stratégies des acteurs) puis étudié sous l'angle de ses spécificités. L'exposé est enrichi de nombreux exemples et outils opérationnels.
Cet ouvrage réunit des textes, pour la plupart inédits en français, de David Smith. IL propose des écrits autobiographiques,où l'artiste retrace sa formation, présente son travail et évoque en témoin privilégié l'évolution du monde de l'art. Il rassemble également conférences, interventions et articles rédigés pour des revues, ainsi que trois importants entretiens. Ce recueil de textes d'un artiste majeur du XX siècle éclaire une démarche originale et constitue un document essentiel de l'histoire de l'art, riche en informations sur la pratique même de la sculpture.
Artiste, theoricien, cineaste et ecrivain, Allan Sekula (1951-2013) réalise, dans les annees 1970, des performances et entreprend une critique de la situation sociale et politique des Etats-Unis au moyen de la photographie, du texte et du film. Il a publie, des 1975, une serie d'essais sur la photographie devenus mythiques. Ses textes ont largement informé les théories anglo-saxonnes de l'art et de la photographie et joué un rôle précoce dans l'intégration de la pensée théorique européenne aux Etats-Unis. Inscrits dans la lignée du matérialisme historique défini par Walter Benjamin, où l'histoire se construit dans la relecture des faits du passé qu'opère la temps présent, ces écrits n'ont pas déquivalent.
Entre roman-photo, journal intime, filature, confesion, road-movie, autofiction... les textes, les photographies et les performances de Sophie Calle n'ont cessé d'emprunter aux mass-media leur engouement spectaculaire pour l'intime. Elle nous fait présent de son intimité et nous ouvre les portes de sa vie privée, nous en connaissons les bonheurs et les malheurs, elle se montre et s'affiche, Sophie Calle est une artiste. Mais suffit-il d'être une artiste, même reconnue, pour que s'opère la distinction entre création et consommation ? Suffit-il de nommer art pour qu'il en soit et suffit-il de conquérir les réseaux mondains et professionnels de l'art pour que l'artiste en soit une ? Tel est le sujet de cet ouvrage autour de la personnalité et des oeuvres de Sophie Calle.
Respirer l'ombre est la part devolue au langage du surprenant dialogue, pour le reste prioritairement fait de gestes, avec ce que nous appelons la nature, entame par l'artiste voici plus de trente-cinq ans. Un dialogue dont on remarquera qu'il est toujours mezzo voce : la conscience qu'a Penone d'une fraternite avec les pierres ou les plantes (il sait, comme Klee, que l'homme est nature, morceau de nature dans l'aire de la nature), sa familiarite decontractee avec l'Antiquite (l'Italie n'est-elle pas ce pays ou l'histoire de l'art tient lieu d'histoire tout court ?) le fait converser d'egal a egal avec l'arbre et le ruisseau, tutoyer leurs divinites tutelaires (empruntees surtout au pantheon greco-romain, mais s'y invite ici ou la un dieu exotique). Respirer l'ombre peut se lire comme un recueil de recits mythiques, de paraboles fondatrices, sans qu'on puisse y deceler la moindre trace de pathos ou de grandiloquence ; le mythe prend des allures du haiku cher a Roland Barthes, et les textes de Penone parlent des choses cachees et des commencements du monde avec la precision econome et discrete d'un journal de bord. »