Du plateau d'Albion à Certaldo, de Charleville à Paris, de Naples à Alger, de Nice à Soweto, du Chili à la Palestine... Ernest Pignon-Ernest change les rues du monde en oeuvres d'art éphémère. Certaines de ses images, notamment les fusillés de la Commune et son Rimbaud vagabond, reproduites à des centaines de milliers d'exemplaires, sont devenues de véritables icônes des temps modernes. Précurseur, dès 1966, de ce que l'on nomme désormais le «street art», ses interventions métamorphosent, perturbent, révèlent les lieux et les événements qu'il a précisément choisis. Inscrits de nuit dans des contextes pour lesquels ils ont été conçus, ses dessins s'apparentent à des fictions surgissant par effraction dans le champ du réel et qui en bouleversent autant l'appréhension que les perspectives et les habitudes. Car il s'agit d'actions qui excèdent la simple exposition en extérieur, qui entendent susciter ou ressusciter, à la manière d'un poète voire d'un anthropologue, tout un jeu de relations complexes, enfouies, oubliées, parfois censurées. «Je ne fais pas des oeuvres en situation, dit Ernest Pignon-Ernest, j'essaie de faire oeuvre des situations.» Cette monographie retrace ainsi l'ensemble d'un parcours d'exception, sensible, sensuel et alerté, avec une attention particulière portée aux réalisations les plus récentes. Elle témoigne d'une création qui exalte la mémoire, les mythes, les révoltes, les personnalités hors norme. Une création toujours en prise sur le qui-vive.
Née du souhait de Paul Claudel de rapprocher les cultures japonaise et française, la Villa Kujoyama à Kyoto est l'une des plus prestigieuses résidences d'artistes que la France administre à l'étranger. Elle célèbre ses lauréats et leurs collaborateurs japonais à l'occasion de son trentième anniversaire.Témoignage d'une histoire plurielle de la création contemporaine sous le prisme franco-japonais, l'ouvrage rassemble plus de 200 oeuvres originales d'une surprenante diversité, émanant d'artistes exerçant dans tous les champs de la création:romanciers, photographes, plasticiens, designers, vidéastes, performers, céramistes, typographes, musiciens, metteurs en scène, architectes... Depuis les hauteurs de la ville impériale millénaire, les 72 saisons que compte le calendrier traditionnel japonais sont comme une invitation adressée aux artistes en résidence à s'imprégner de l'impermanence de la nature et de la vie dans leur processus de recherche et de création.
Publié à l'occasion de l'exposition «La couleur en fugue» présentée à la Fondation Louis Vuitton, cet ouvrage témoigne de l'importance, au sein de l'abstraction contemporaine, des oeuvres de cinq peintres d'origines et de générations différentes : Sam Gilliam (États-Unis, 1933), Katharina Grosse (Allemagne, 1961), Steven Parrino (États-Unis, 1958-2005), Megan Rooney (Afrique du Sud, 1985) et Niele Toroni (Suisse, 1937). Ces artistes transforment le rapport couleur-surface en s'affranchissant des cadres traditionnels. La peinture en libre expansion qu'ils proposent se déploie alors dans l'espace et entre en dialogue étroit avec l'architecture.Ce catalogue réunit les contributions de Jonathan P. Binstock, Claudia Buizza, Philippe Dagen, Ludovic Delalande, Frank Gehry, Hans Ulrich Obrist, Nathalie Ogé, Florence Ostende, Suzanne Pagé, Ludger Schwarte, Nancy Spector, Claire Staebler et Marc-Olivier Wahler.
Dans la lignée des précédentes publications d'Éric de Chassey sur l'histoire de l'abstraction aux XX? et XXl? siècles, qui l'ont notamment imposé comme l'un des meilleurs spécialistes de l'art des États-Unis au XX? siècle, L'abstraction avec ou sans raisons présente une histoire de l'abstraction, non pas considérée d'un point de vue normatif ni déconstruite comme une figuration au second degré, mais envisagée comme un phénomène complexe, compréhensible en particulier dans ses interactions avec d'autres phénomènes artistiques, sociaux et historiques. Cet ouvrage est le premier à considérer l'abstraction de la seconde moitié du XX? siècle comme un phénomène global et non plus dans des cadres limitativement nationaux. Il propose notamment de reconnaître l'expressionnisme abstrait comme la grande tendance internationale de l'immédiate après-Seconde Guerre mondiale, le débarrassant ainsi des préjugés nationalistes qui ont jusqu'à présent limité son étude et l'appréhendant à travers les échanges artistiques qui se sont produits de part et d'autre de l'Atlantique.
D'un surréalisme peut-être le plus pur, les visions oniriques de ce «peintre-poète» que fut Miré ont déconcerté ses amis surréalistes - elles furent davantage comprises par les dissidents du mouvement, Bataille, Leiris, Einstein. La liberté de son art, résolument moderne, façonné dans le refuge catalan de Mont-roig et dans ses ateliers parisiens, le place en réalité en position d'écart radical au sein des avant-gardes du XXesiècle, tant il fait retentir une vibration personnelle, entre exigence permanente d'intériorité et désir d'universalité. Avec une obstination de stratège, Miró voulut aller «au-delà» de la peinture. Les défis qu'il s'est lancés - redonner à l'art le pouvoir originel perdu, la mission de revivifier par grands signes archétypaux les mythes immémoriels - l'ont conduit à explorer toutes les pratiques, qu'il n'a cessé de subvertir, avec un jeu d'humour et d'invention toujours en éveil.
Catalogue d'exposition qui rassemble une trentaine de peintures tirées de l'album Rock dreams et illustrant les figures les plus célèbres du rock'n'roll et du rythm'n'blues. Réalisées à partir des années 1970. L'artiste voulait mettre en scène les mythologies qui traversent ces musiques populaires. Chacun des musiciens se trouve placé au centre de son propre mythe.
« Des spectres d'arbres se dressent en négatif sur fond d'encre. Des fantômes. Je pense aux incendies dans les Alpilles. S'émouvoir, pinceau en main, de la mort des arbres devant une feuille de papier ne va pas sans contradiction. Le papier, la table, une bolée d'encre (du charbon de bois), la gomme arabique (la sève qui parle dans le blanc des lignes), procèdent de la forêt saignée, abattue, débitée, broyée, brûlée. Nous devons beaucoup aux arbres. C'est du reste en les observant que j'ai appris à dessiner. » Alechinsky.
Cet ouvrage est publié à l'occasion de l'exposition « Pierrre Alechinsky. Les ateliers du Midi » présentée au musée Granet d'Aix-en-Provence, du 5 juin au 3 octobre 2010.
C'est à la foire de la poterie à Vallauris en 1946 que Picasso rencontre Georges et Suzanne Ramié, installés là en 1936 et qui, après avoir travaillé sur les formes locales, s'inscrivent dans le renouvellement de la céramique traditionnelle. Lors de son passage sur le stand, comme un amusement, il réalise quelques figurines en terre qu'il modèle à sa manière.
L'année d'après, Picasso, installé à Golfe-Juan, revient visiter la foire de Vallauris et les Ramié lui montrent les figurines réalisées l'année précédente et qu'ils avaient fait cuire. C'est alors que commence son aventure avec le monde de la céramique. Picasso connaît la céramique depuis sa tendre enfance ; l'Espagne possède plusieurs grands centres dont l'Andalousie, province de naissance de Picasso, et la Catalogne, sa région adoptive. Par ailleurs, jusqu'aux années cinquante, les familles en Espagne cuisinaient dans des récipients de céramique populaire, marmites, « pignates », poêlons.
Picasso loue la villa La Galloise et installe son atelier de peinture et sculpture au Fournas, ancienne usine de parfums, où il mènera de front son travail de peintre, de sculpteur et de céramiste. Il y revisite la civilisation antique méditerranéenne ; s'il n'a jamais eu la possibilité de se rendre en Grèce, ses multiples visites au Louvre ont contribué à l'éclairer sur ces sujets, et quelques voyages en Italie complètent une culture innée. Il redécouvre la céramique traditionnelle, encore utilisée au quotidien à cette époque, et la détourne de ses fonctions premières, en utilisant les formes comme supports pour leur offrir de nouvelles destinations.
C'est ainsi que les « pignates » sont décorées avec des « figures noires », comme les vases antiques, et racontent une histoire, les poêlons pour la cuisson des châtaignes deviennent des masques, les gourdes en terre cuite dénommées « gus » deviennent des insectes bleus.
Il détourne également les briques et les moellons brisés qui se transforment en superbes sculptures-céramiques en trois dimensions. Il utilise également les descentes de gouttières sur lesquelles il impose les portraits, soit de Françoise, soit, après le départ en 1953 de cette dernière, ceux de Jacqueline qu'il épouse en 1961.
Gilbert Gormezano et Pierre Minot voyagent ensemble depuis 1981 dans les espaces naturels, extérieurs et intérieurs, réels et imaginaires.
Ces explorations, ces longues marches, ces séjours d'attente contemplative, éprouvent le corps, les éléments naturels, les traces actives et les empreintes que l'expérience photographique met en lumière et que révèlent les images. Une partie des images du périple accompli entre 1983 et 2001, Le Chaos et la Lumière, est exposée à la Galerie de photographie de la Bibliothèque nationale de France en 2003, allant des premiers Chaos aux dernières Métamorphoses, qui inaugurent de nouveaux voyages.
Le prix Léonard de Vinci du ministère des Affaires étrangères leur a été attribué en 1988 pour leur projet " Géographie sacrée et Anatomie subtile " et leurs recherches réalisées dans le massif de l'Himalaya.
Textes de Ludo, Futura, Mark Chalmers, Christophe Egles et Evan Pricco
Josep Riera i Aragó (né à Barcelone en 1954) est totalement intégré dans cette génération des années 1980 qui, malgré l'utilisation de matériaux traditionnels (fer, bois, bronze), la plupart du temps récupérés et recyclés, s'est employée à décomplexer la sculpture, en la détournant et lui donnant une vision totalement personnelle, autour de ce que l'on pourrait appeler une « archéologie du machinisme ». Intéressé par les engins mécaniques, aérien ou aquatiques, mais également par la physique et la culture scientifique et littéraire, il produit une iconographie ludique et poétique très personnelle, inspirée par le monde des sous-marins, avions, zeppelins, barques. qui se retrouvent transformés et poétisés dans ses sculptures ou installations. Depuis ses toutes premières créations, son oeuvre se caractérise par une influence de la mécanique et de la physique et se concrétise dans les principes de la science moderne. La fascination de Riera i Aragó pour la mer se révèle d'abord dans la très belle série des Îles, rochers de métal que vient oxyder aléatoirement une couche d'eau à peine perceptible. Par ailleurs, la thématique du sous-marin est l'un des éléments primordiaux de l'oeuvre de Riera i Aragó. Ainsi l'oeuvre L'Immersion, de 1998, composée de sept sous-marins en bronze qui représentent la séquence d'une disparition sous l'eau, ou encore les sept sous-marins suspendus au plafond, tous d'une grande richesse chromatique et qui composent l'oeuvre Les Sous-marins des Baléares (1997). Dans le parcours de l'exposition, le visiteur va se confronter aux sculptures de ces dernières années, intitulées Espèces protégées, composées de milliers de petits sous-marins conjuguant corporéité et transparence, comme l'extraordinaire Orange Submarine de 2007. Est également présentée une série de dessins de grand format, ainsi qu'un ensemble magistral de peintures. Exposition à Céret, musée d'Art moderne, du 19 juin au 6 novembre 2011
Des musées d'histoire naturelle aux trophées de chasse et aux oeuvres d'artistes contemporains, les animaux naturalisés exercent une étonnante fascination, tant leur présence rappelle celle du monde vivant. Sous le titre de Taxidermie , ce livre montre pour la première fois les plus belles réalisations de « l'art de préparer, naturaliser et monter les dépouilles de façon à recréer une sensation de vie ». Spectaculaire hommage à la beauté des formes animales, mais aussi à ces collectionneurs qui en ont fait un élément, souvent insolite, toujours surprenant, de leur décor quotidien !
Poète, artiste, marxiste révolutionnaire, initiateur de l'Internationale lettriste (1952-1957), puis de l'Internationale situationniste (1957-1972), directeur de revue et cinéaste, Guy Debord (1931-1994) a développé dans ses oeuvres, écrites ou filmées, les armes théoriques d'une critique radicale de la société moderne qui, par leur puissance corrosive mais aussi par leur humour, ont fortement influencé les mouvements contestataires et la culture de la seconde moitié du XXe siècle.
Cet ouvrage invite à découvrir la richesse la diversité iconographique des archives de Guy Debord, classées trésor national en janvier 2009 et entrées à la BnF en 2011 : correspondance, coupures de presse, carnets et fiches de lecture, objets personnels nous renseignent sur ses lectures, sur ses projets inachevés, enfin sur l'histoire du mouvement situationniste et le rôle joué par ses «compagnons d'armes», auquel le livre rend hommage à travers une galerie de portraits.
« "Si l'on regarde mes toiles dans leur diversité, me disait Soulages à propos de sa dernière rétrospective parisienne, leur succession apparaît non comme une fatalité, mais comme l'exercice d'une liberté" : liberté du peintre, liberté de la peinture, liberté promise à celui qui désarme devant l'oeuvre son regard pour tenter de la voir.
Nous avons choisi ensemble les quatre-vingt-dix peintures sur toile que voici parmi toutes celles qu'il a peintes en déjà soixante années de libre exercice. L'existence du catalogue raisonné de sa peinture sur toile de 1946 à 1997 donne à l'ensemble réuni ici un sens particulier : non pas tenter de faire découvrir l'oeuvre dans toute son ampleur, mais proposer une suite ordonnée de tableaux où le regard du peintre lui-même ressaisit le déploiement de son travail dans ses singularités, ses lignes de force, ses rythmes, sa diversité dans son unité, son renouvellement incessant dans la formidable permanence de l'affirmation d'une grandeur de la peinture et dans la peinture. »
Pierre Encrevé.
Mouvement artistique majeur depuis bientôt cinquante ans, le street art enflamme aujourd'hui la planète. Face à une crise économique et morale généralisée, les murs tiennent de nouveau le haut du pavé, portent la parole et les cris de street artists indignés. Ils investissent en force le social et le politique et dénoncent une réalité asphyxiante. Trop de pauvreté, d'inégalités. Trop d'écrans, de publicité, de pollution. Trop de discours politiques et médiatiques normalisateurs qui préconisent toujours plus de cures d'austérité inacceptables.
D'Athènes à Lisbonne, de Marseille à Barcelone, de Rome à Vitry, et bien sûr à Paris, ce livre présente les oeuvres critiques des artistes engagés les plus remarquables. Tous ceux qui n'acceptent pas le monde tel qu'il est. Ils viennent de partout. C'est la mondialisation du refus.
Ces murs-là nous interpellent, nous provoquent, nous appellent à la vigilance, et affirment aussi que, dans un monde saturé d'images toutes faites, le street art peut avoir un double rôle à jouer : sentinelle de notre société et éveilleur de consciences.
Avec ses toiles immenses posées à même le sol de son atelier à Amsterdam, Eli Content réinterprète la première semaine de l'humanité. Tel un scribe, il inscrit au sein de ses peintures les premières lettres de l'alphabet hébreu, inspiré par la kabbale selon laquelle elles furent créées en premier.
Si les lettres de l'alphabet nourrissent ses images, comme l'écrit Jean Mattern, c'est peut-être pour nous dire que s'il existe un temps d'avant, il est celui de l'alphabet. Ainsi la création de l'univers et les mots auraient partie liée pour toujours. Avec cette explosion de couleurs et de formes, Eli Content nous invite à relire une histoire que nous croyons connaître.
« Le récit de la création est une des plus belles histoires jamais racontées selon moi. Qu'elle soit vraie ou non m'importe peu. Cette histoire m'enchante. Comme elle parle du monde, de l'humain, des animaux et des arbres, elle ne peut qu'être vraie à mes yeux ! » E.C.