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Figure majeure de l'art corporel en France, Gina Pane (1939-1990) a marqué les années 1970 par des «actions» à forte charge symbolique. Le corps, dont elle a révélé le langage - biologique, psychologique, esthétique et social -, a été le médium même de son oeuvre. Les blessures superficielles qu'elle s'infligeait étaient conçues, non comme une mutilation, mais comme une identification, une inscription, une façon de communi(qu)er. L'un des fils conducteurs essentiels de l'oeuvre, la question du sacré, irrigue toutes les variations formelles de son parcours.
De l'émotion qu'elle a suscitée aux réactions de rejet qui entourèrent ses gestes radicaux, Gina Pane a, malgré elle, bâti un mythe. Il n'est pas étonnant qu'elle soit regardée et citée aujourd'hui par les jeunes générations comme une oeuvre de référence, fascinante et exemplaire, que seule une nouvelle lecture peut remettre en perspective.
Sophie Duplaix relit dans sa globalité une oeuvre assimilée trop exclusivement à l'art corporel, et appréhende de façon renouvelée l'inscription historique de l'artiste, notamment grâce à l'étude et la reproduction d'oeuvres et d'archives inédites. Elle introduit progressivement le vocabulaire symbolique de l'artiste grâce à l'analyse d'une importante sélection d'oeuvres, des plus incontournables aux plus confidentielles. Elle restitue pour la première fois le réseau complexe des relations qui unissent dans une même approche conceptuelle des démarches extrêmement éloignées sur le plan formel, et replace les oeuvres dans leur contexte d'émergence et dans le faisceau de références qui les ont nourries. Elle approfondit particulièrement la question de la réception du travail de Gina Pane et des malentendus qu'il a pu susciter.
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Grâce à une collaboration fructueuse avec la fondation Annette et Alberto Giacometti, le musée de Grenoble présente une exposition exceptionnelle consacrée à l'artiste. Bien que considéré comme l'un des plus grands sculpteurs du xxe siècle, Giacometti (1901- 1966) - dont la recherche obstinée de la représentation de la figure humaine a trouvé dans l'art de ces trente dernières années un écho tout particulier - apparaît rarement dans les collections publiques françaises. Ainsi, c'est au musée de Grenoble que revient le mérite d'avoir acquis, le premier, en 1952, une oeuvre d'après-guerre du sculpteur intitulée La Cage. Cette oeuvre singulière et essentielle, qui s'appuie sur la juxtaposition, dans un même espace, d'un nu féminin debout et d'un buste masculin, synthétise bon nombre de préoccupations de l'artiste. Elle pose notamment les questions de la représentation de l'espace, du rôle du socle, de la relation de la figure humaine à l'espace ainsi que celle des figures entre elles.
Autour de ces thèmes et grâce à un ensemble de plus de soixante-dix sculptures, peintures, oeuvres graphiques et photographies provenant pour l'essentiel de la fondation Giacometti mais aussi de collections publiques et privées, françaises et étrangères, cette exposition propose une approche précise et didactique de la démarche de l'artiste, tout en s'attachant, par une mise en espace rigoureuse, à restituer à chaque oeuvre toute sa part de mystère et son pouvoir de fascination.
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Le 24 mai 1971, soit un peu plus de deux ans avant sa disparition, Picasso offre au musée Réattu et à la ville d'Arles un ensemble de cinquante-sept dessins, tout juste sortis de ses crayons, dont le feuilleté tient exactement dans l'espace de trente-cinq jours : 31 décembre 1970 au 4 février 1971.
Ces dessins appartiennent au «dernier» Picasso, celui qui, après l'alerte que représenta l'opération subie en 1965, se jette plus que jamais à la rencontre de sa peinture, qui convoque et ne cesse de «citer» (dans tous les sens du terme, y compris celui du matador provoquant son taureau) ses figures tutélaires, superposant les réincarnations et les métamorphoses, enchaînant les variations - on pourrait dire les passes, véroniques et naturelles - du bout de trois bâtons pareillement magiques, fertiles et menaçants, vibrants et dérisoires : la batte de l'Arlequin, le pinceau de l'Artiste, l'épée du Mousquetaire.
Dans ce foisonnement, le dessin et la gravure ont un rôle majeur, au plus près d'une écriture incisive et pressée. Les oeuvres qui composent la donation de 1971 apparaissent à plus d'un titre comme l'exemple même de ce précipité.
Les ingrédients qui entrent dans la fabrication de ces dessins se signalent par leur modestie. Ils font feu de tout ce qui traîne et qui fait l'ordinaire de l'atelier, tombées de cartons, papiers d'emballages, pochettes Canson, autant de supports buvards aptes à boire l'humeur du jour. Quant au tracé lui-même, visiblement exécuté à toute allure, comme s'il était à peine question de lever la main de la feuille, Picasso s'amuse à ajouter à l'encre de Chine traditionnelle l'instantané des feutres volubiles ; et lorsqu'il lui faudra matière et couleur, c'est une panoplie de craies d'écolier, simples petits bâtons d'enfance, qu'il invite sur la piste. Avec, encore une fois, la plus grande retenue dans l'étendue de la palette.
Cet ouvrage bilingue (français-anglais) présente donc l'ensemble de cette donation de 1971, mise en lumière par une brillante analyse de Michèle Moutashar, directrice du musée Réattu, et complétée par la présentation des autres oeuvres de Picasso conservées au musée, notamment le Portrait de Lee Miller en Arlésienne de Maria et le Portrait de Maria Picasso Lopez, la mère de Picasso. Le livre s'achève sur un choix de portraits de l'artiste réalisés par les plus grands photographes : André Villers, Lucien Clergue, Willy Ronis, Robert Doisneau.
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«Celui qui veut abattre un nuage avec des flèches épuisera en vain ses flèches. Beaucoup de sculpteurs ressemblent à ces étranges chasseurs.
Voici ce qu'il faut faire : on charme le nuage d'un air de violon sur un tambour ou d'un air de tambour sur un violon. Alors il n'y a pas long que le nuage descende, qu'il se prélasse de bonheur par terre et qu'enfin, rempli de complaisance, il se pétrifie. C'est ainsi qu'en un tournemain, le sculpteur réalise la plus belle des sculptures.» (Jean Arp, Jours effeuillés, poèmes, essais, souvenirs, 1920-1965).
Proposant au visiteur une approche autre de l'art moderne et contemporain, «Nuage» puise son sujet dans la nature. L'exposition s'intéresse aux structures anthropologiques de l'imaginaire, à travers un thème à résonance universelle, au croisement entre nature et culture, art et sciences naturelles.
Manifestation, subtile ou grandiose, du cycle de la vie, spectacle naturel inépuisable, le nuage est un objet de fascination sans fin. Il concentre tous les attributs du merveilleux : l'insaisissable, la métamorphose, et par-dessus tout l'apesanteur. Il est d'emblée le plus efficace des ascenseurs d'imaginaire : celui qui nous permet de nous défaire de la gravité. Phénomène naturel, combinaison de contraires et d'extrêmes, le nuage apparaît dans toutes les cultures comme une manifestation hors norme, éternellement branchée sur l'infini : c'est l'objet métaphysique par excellence. Mais il est aussi, dans l'art, la poésie, la philosophie, ou la nimbologie, en vrai comme en rêve, le plus humain des corps célestes.
L'exposition - et le catalogue qui en découle - réunit plus de cent vingt oeuvres, parfois de taille colossale, et cinquante-quatre artistes : sculptures, installations - dont cinq d'entre elles ont été spécialement réalisées pour le lieu -, peintures, oeuvres sonores, photographies, vêtements, vidéos. s'y répondent en un champ de résonances multiples mêlant les genres et les géographies.
Le fil rouge qui traverse toute l'exposition apparaît dès l'entrée du parcours : une ancienne «pierre de méditation», objet de lettré chinois, manifeste l'omniprésence du nuage porteur d'énergie vitale dans toute la culture de l'Extrême-Orient, que l'on retrouve plus loin avec un extraordinaire oreiller en forme de nuage de la dynastie Song (xe-xiie siècle). Tout le corps de l'exposition est ainsi travaillé, à la manière d'un diapason, par la constellation que dessinent en creux trois fragments empruntés à la nature, trois objets insignes, qui condensent, notamment à travers les collections dont ils sont issus, l'infini de la relation de l'homme au nuage : un rocher, une racine d'arbre du xviie siècle et une météorite.
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Né à Lubeck en Allemagne en 1935, Peter Klasen vit et travaille à Paris depuis 1959. Artiste engagé, révolté, ses oeuvres évoquent la société industrielle, un monde lisse où l'artiste joue de multiples signes et objets : beautés lointaines, inaccessibles, bouches sensuelles, murs de béton, objets de métal, ustensiles de cuisine, engins industriels, manettes, manomètres, disjoncteurs, ampèremètres, cadrans, volants, tuyaux, sigles et mots-clés : «poison», «radioactif», «déchets», «corrosif». Artiste majeur du mouvement de la «Figuration Narrative», Klasen représente aussi une conscience aiguë et exigeante de la vie contemporaine. Son oeuvre cristallise des inquiétudes, rassemble des symptômes, tout en provoquant la réflexion et libérant l'imaginaire. À la fois collages et trompe-l'oeil, ses créations s'inspirent de la réalité urbaine, de ses signes, de ses codes, de sa «froideur» et de sa «dureté». Ce qui fait l'originalité de Klasen, c'est l'intention qui anime son oeuvre et le matériau de prédilection qu'il s'est donné pour l'exprimer : le travail à partir de la photographie. Il veut en souligner l'ambivalence, les deux aspects à la fois inséparables et contraires : la fascination et séduction qu'elle exerce par son efficacité, et les dangers évidents ou cachés qu'elle recèle.
Son travail a fait l'objet de plusieurs commandes publiques : fresque murale pour la station SNCF du Musée d'Orsay (1987), fresques murales pour le Forum des Halles à Paris et la mairie de Lille (1988), sérigraphie pour le bicentenaire de la Révolution (1989).. Ses oeuvres ont été exposées dans le monde entier et figurent dans de nombreuses collections publiques et privées (Bibliothèque Nationale à Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Centre Georges Pompidou, MOMA à New York, Museum moderner Kunst à Vienne, Musée Boymans van Beuningen à Rotterdam.).
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Lionel, l'enfant bleu d'Henry Bauchau
Anouck Cape, Christophe Boulanger
- Actes Sud
- 19 Mai 2012
- 9782330007478
Le parcours de Lionel Douillet est raconté, sous le pseudonyme d'Orion, dans le roman d'Henry Bauchau, L'Enfant bleu, publié en 2004. Ce récit puise sa matière dans l'expérience de l'écrivain, alors thérapeute au Centre psychopédagogique de la Grange- Batelière, qui croise en 1977 le chemin d'un jeune patient confronté à des problèmes psychologiques, Lionel, et l'encourage à exprimer ses peurs par le dessin. Ce cheminement vers la création, puis vers l'expérience artistique, s'exprime dans l'élaboration d'une oeuvre : labyrinthes, monstres, îles paradisiaques, constellations, toutes choses qui composent l'univers de Lionel. Grâce à cette rencontre, celui-ci a trouvé son domaine d'expression : dessin, gravure et sculpture, dont la réalisation se caractérise par une très grande minutie et une étonnante dextérité, au service d'un imaginaire foisonnant. Si les thèmes exprimés lors de son adolescence demeurent, ils s'apaisent toutefois et s'ouvrent à des préoccupations centrées sur le devenir du monde face aux cataclysmes qui le menacent. L'oeuvre entière apparaît maintenant comme une magnifique et étrange constellation.
Ce catalogue, le premier consacré à l'oeuvre de Lionel, présente la rétrospective organisée par le LaM, à Villeneuve-d'Ascq, nourrie d'un don effectué par Henry Bauchau et enrichie d'oeuvres récentes de l'artiste.
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Nuage
Michèle Moutashar, Hubert Damisch, Laurent Colson, Riwan Tromeur
- Actes Sud
- 5 Juillet 2013
- 9782330019600
"Celui qui veut abattre un nuage avec des flèches épuisera en vain ses flèches. Beaucoup de sculpteurs ressemblent à ces étranges chasseurs.
Voici ce qu'il faut faire : on charme le nuage d'un air de violon sur un tambour ou d'un air de tambour sur un violon. Alors il n'y a pas long que le nuage descende, qu'il se prélasse de bonheur par terre et qu'enfin, rempli de complaisance, il se pétrifie. C'est ainsi qu'en un tournemain, le sculpteur réalise la plus belle des sculptures.» (Jean Arp, Jours effeuillés, poèmes, essais, souvenirs, 1920-1965).
Proposant au visiteur une approche autre de l'art moderne et contemporain, «Nuage» puise son sujet dans la nature. L'exposition s'intéresse aux structures anthropologiques de l'imaginaire, à travers un thème à résonance universelle, au croisement entre nature et culture, art et sciences naturelles.
Manifestation, subtile ou grandiose, du cycle de la vie, spectacle naturel inépuisable, le nuage est un objet de fascination sans fin. Il concentre tous les attributs du merveilleux : l'insaisissable, la métamorphose, et par-dessus tout l'apesanteur. Il est d'emblée le plus efficace des ascenseurs d'imaginaire : celui qui nous permet de nous défaire de la gravité. Phénomène naturel, combinaison de contraires et d'extrêmes, le nuage apparaît dans toutes les cultures comme une manifestation hors norme, éternellement branchée sur l'infini : c'est l'objet métaphysique par excellence. Mais il est aussi, dans l'art, la poésie, la philosophie, ou la nimbologie, en vrai comme en rêve, le plus humain des corps célestes.
L'exposition - et le catalogue qui en découle - réunit plus de cent vingt oeuvres, parfois de taille colossale, et cinquante-quatre artistes : sculptures, installations - dont cinq d'entre elles ont été spécialement réalisées pour le lieu -, peintures, oeuvres sonores, photographies, vêtements, vidéos. s'y répondent en un champ de résonances multiples mêlant les genres et les géographies.
Le fil rouge qui traverse toute l'exposition apparaît dès l'entrée du parcours : une ancienne «pierre de méditation», objet de lettré chinois, manifeste l'omniprésence du nuage porteur d'énergie vitale dans toute la culture de l'Extrême-Orient, que l'on retrouve plus loin avec un extraordinaire oreiller en forme de nuage de la dynastie Song (xe-xiie siècle). Tout le corps de l'exposition est ainsi travaillé, à la manière d'un diapason, par la constellation que dessinent en creux trois fragments empruntés à la nature, trois objets insignes, qui condensent, notamment à travers les collections dont ils sont issus, l'infini de la relation de l'homme au nuage : un rocher, une racine d'arbre du xviie siècle et une météorite.
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Christoph von Weyhe. Au silence constitue la première monographie scientifique vouée à l'oeuvre discrète et essentielle conçue par l'artiste. Elle accompagne l'exposition éponyme, organisée par la Galerie Azzedine Alaïa, en association avec la Galerie Éric Dupont.
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Les papesses ; Camille Claudel, Louise Bourgeois, Kiki Smith, Jana Sterbak, Berlinde de Bruyckere
Eric Mézil
- Actes Sud
- 22 Juin 2013
- 9782330019280
Après le vif succès des expositions «La Beauté» en 2000 et «Terramare» de Miquel Barcelò en 2010, la Collection Lambert et le Palais des papes s'associent pour ouvrir en 2013 leurs espaces à cinq «papesses» de l'art contemporain dont les oeuvres, chacune à leur manière mais avec une égale expressivité, témoignent du rôle essentiel que jouent nos corps, nos plaisirs, nos douleurs et notre mort, tabous toujours pesants dans nos sociétés.
Plus d'une centaine des oeuvres les plus atemporelles de ces cinq femmes dialogueront avec les lieux emblématiques de la cité papale : place du Palais, grande chapelle et plusieurs vastes salles du Palais, ensemble des espaces de l'hôtel de Caumont. Elles entreront en résonance avec la riche iconographie médiévale - notamment dans ses déclinaisons animalières - et avec des épisodes marquants de l'histoire de la chrétienté - comme l'insolite existence de la papesse Jeanne.
Quand en 1914 Camille Claudel (1864-1943) est internée à l'hôpital de Montdevergues, aux portes d'Avignon, elle nous laisse une cinquantaine de sculptures qui marquent par leur puissance et leur originalité. Lorsqu'elle meurt, Louise Bourgeois (1911-2010) a déjà rejoint New York où elle ne cessera de donner le jour à des univers souvent clos où l'inconscient et le rêve se révèlent en tant que forces profondément émancipatrices.
Aux oeuvres de ces deux «maîtres» l'exposition associe les réalisations de Kiki Smith (née en 1954), pour qui «le corps est notre dénominateur commun et la scène de notre désir et de notre souffrance». S'inspirant des contes populaires médiévaux, l'Américaine met en scène les peurs ancestrales à travers un bestiaire fait de textiles, de broderies, de gravures.
Jana Sterbak (née à Prague en 1955) célèbre puissamment le corps et l'identité dans des sculptures monumentales aux matériaux non conventionnels, comme ses vêtements parcourus de fulgurations électriques.
Enfin, Berlinde de Bruyckere (née en Belgique en 1964) recourt à l'iconographie religieuse pour métamorphoser les corps humains ou animaux en masses contorsionnées, comme suppliciées, agonisantes.