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patricia janody
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Douze brefs récits traversent la période de la dernière pandémie. Chaque récit est impulsé par la survenue d'une sorte de choc clinique qui dérange les manières de faire des praticiens et ouvre des voies qui n'étaient pas prévues.
Les Chroniques psychanalytiques sont rédigées dans la langue des pratiques, c'est-à-dire en langue courante, accessible à tous, selon le rythme d'une conversation à bâtons rompus. Chacune de ces petites histoires s'est construite comme l'histoire d'un retournement. Ça commence à échelle restreinte : un acte minuscule, ou bien une humeur, une odeur, une peur... volontiers portés au compte de l'individuel. Puis ça se décale. Une bifurcation dans le cours des associations peut faire apparaître tel personnage familial sous un jour imprévu et conduire la porteuse de symptôme, à sa propre surprise, sur le registre du social. L'assiette du symptôme s'élargit en conséquence, non plus seulement branchée sur les remous familiaux mais sur les désordres du monde. Et sans doute est-ce là que se joue la vitalité de la psychanalyse : non pas tant fixée à un dispositif donné que liée à l'accueil des symptômes, et jusqu'en ce point où les symptômes s'avèrent participer du collectif. -
"J'aurais cette prétention : écrire ici quelque chose à propos de mon frère, car c'est déjà, si peu que ce soit, ébrécher ce discours qui réduit chaque fou à son étiquette diagnostique et qui, sans vergogne, se démultiplie frénétiquement." Psychiatre, Patricia Janody est sollicitée par Hamidou et Hawa au sujet de leur frère enfermé dans la maison familiale, en Mauritanie. La sorte de journal qu'elle se met à tenir et le voyage qu'elle entreprend avec eux font entrer en résonance son expérience professionnelle et son histoire personnelle.
S'invente ici une écriture, qui mêle étroitement l'intime et la théorie, le proche et le lointain, la chronique et les notations cliniques, et qui interroge, ce faisant, le mythe de fondation de la psychiatrie.
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Psychiatre fraîchement débarquée à Mayotte pour un remplacement, Patricia Janody découvre l'odeur caractéristique de l'ile : un mélange d'Ylang-ylang et de décharges de bidonvilles. Beauté des paysages et misère des populations, déchirées par des frontières arbitraires qui rendent brutalement obsolètes les modes d'inscription subjective traditionnels.
Elle y rencontre aussi une psychiatrie empêtrée dans une réalité linguistique, administrative et culturelle d'une complexité déroutante.
Au fil des ans, elle y reviendra pour de courts séjours, « préposée à l'accueil de ce qui fait retour » : le symptôme. Une femme endeuillée qui erre à travers champ, un homme couvert d'excréments dans un service de psychiatrie flambant neuf... Autant d'occasions d'exercer une pratique clinique attentive aux effets de langues, aux impératifs politiques et territoriaux, pour mieux démêler ce qu'un pouvoir tatillon voudrait soumettre à des grilles sémiologiques préétablies. -
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Entre gens exerçant la même profession, on se reconnaît « collègues ». Qu'est-ce à dire lorsqu'il s'agit de clinique ? Invitée à parler de ses deux derniers ouvrages en Amérique centrale, Patricia Janody s'est risquée à une collaboration d'un genre particulier, sur le simple fait de « collaborer ».
Elle en rend compte ici sur le mode épistolaire : « Qu'est-ce que nous fabriquons encore ensemble, chers collègues ? » D'autant que la clinique paraît toucher à sa fin. Y a déjà touché, peut-être.
Reste la possibilité de converser entre collègues. En sorte que ça explose, par intermittences, mais que, du moins, ça continue a` courir. Entre un territoire et un autre, une langue et une autre, un nous et un autre. Et puis parfois, pour les cures comme pour ce qui se trame entre collègues, se fraie un passage a` rebours.
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Constructions schizophrenes, constructions cartesiennes
Patricia Janody
- Eres
- 3 Novembre 1998
- 9782865866359
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Les maux / les mots n'appartiennent a personne : rejouer les frontières d'aujourd'hui
Mohamed Anssoufouddine, Patricia Janody
- Komedit
- 15 Novembre 2023
- 9782370970886
Mohamed Anssoufouddine est né à Mirontsy, il habite et exerce la médecine à Ndzuani, et il écrit. Patricia Janody est née en banlieue parisienne, elle habite et exerce la médecine à Paris, et elle écrit. Des milliers de kilomètres les séparent, ils n'ont pas les mêmes façons de vivre ou de travailler, et sont pris dans des histoires étatiques qui divergent. Grâce à un texte-testament légué par un patient fou, Janody et Anssoufouddine se découvrent pourtant le souci commun d'ouvrir leur clinique à la question des traces. Ils publient le texte-testament, et par contamination se trouvent à publier les témoignages du Club Soirhane sur les morts du visa Balladur. Après les journées de consultation, ils sont chacun à leur table. Anssoufouddine écrit Corps Errants, Coeurs malades, Janody écrit L'odeur de Mayotte ; puis ils découvrent que leurs livres se répondent. Ils sont dès lors conduits à écrire à quatre mains. Ils s'avancent de concert sur le terrain de symptômes qui ne vont pas sans toucher aux frontières du politique.