alain badiou
-
La question Sartre : Sartre par Badiou
Alain Badiou, Pascale Fautrier
- PUF
- Perspectives Critiques
- 15 Janvier 2025
- 9782130834168
Les textes sur Sartre d'Alain Badiou, associés à l'enquête de Pascale Fautrier, ont pour ambition de rouvrir le dossier « Sartre philosophe de l'émancipation et de l'engagement ». Il s'agit de réveiller ce vieux mort du XX e siècle qu'on a voulu embaumer en inoffensif grantécrivain-voyageur-qui-s'est-toujours-trompé-en-politique. L'idée est de le relire au prisme de la réinvention critique (de la reprise créatrice) qu'en a proposée la philosophie d'Alain Badiou - sans rien céder de l'engagement axiomatique pour l'égalité. Soit : Marx avec Descartes pour penser un sujet « infini » non personnel, possiblement collectif et pas seulement politique ; Platon plutôt qu'Aristote pour aborder une pensée (pratique) qui ne soit ni néant pur trouant l'être ni idéalité autonome transcendante ; Heidegger et la phénoménologie pour ouvrir la possibilité existentielle des êtres-événements plutôt que la soumission à l'ordre-Un d'un Être-Nature ; Kant avec Lacan pour l'audace de la décision éthique comme radicalité axiomatique.
Cet ouvrage propose un regard neuf sur une figure incontournable du XX e siècle.
-
Politiques du réel : transformer l'impossible en possible
Alain Badiou, Aliocha Wald Lasowski
- Le Pommier
- Essais-manifestes
- 28 Août 2024
- 9782746527843
Comment changer le monde ?
Selon Alain Badiou, cela nécessite la transformation de l'invisible en visible, et par un mouvement de bascule de l'impossible en possible. Mais la question demeure : afin de le saisir, qu'est-ce que le réel ? Comment le définir ? Si le réel est le contraire du semblant et de l'illusion, s'il faut, comme le disait Victor Hugo, distinguer le pays réel des arbres en carton ou des palais en toile, comment ne pas réduire le réel aux apparences qui nous entourent ? Comment y accéder vraiment ?
En trois dialogues, Alain Badiou et Aliocha Wald Lasowski échangent sur les manières de déchiffrer le réel, de le comprendre et d'y participer. Une nouvelle politique s'y dessine.
-
«La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard.» Des moralistes français jusqu'à Levinas, en passant par Schopenhauer, les philosophes ont souvent maltraité l'amour - lorsqu'ils l'ont traité.Alain Badiou montre dans ce livre fort et limpide que l'amour est aujourd'hui menacé : la puissance de l'événement incommensurable qu'il constitue est niée à la fois par les tenants du marché libéral (pour lesquels tout n'est qu'intérêt) et par ses opposants (pour lesquels l'amour n'est qu'hédonisme).Il est donc à réinventer...
-
«Dans ce livre, la philosophie n'est pas présentée essentiellement comme doctrine ou comme système, mais comme transmission, mouvement, école. Le philosophe n'est pas un solitaire, il est inséparable de ses élèves, de ses disciples, de ses adversaires. Il ne parvient qu'en fin de course aux formes écrites et stables de son oeuvre. On a donc finalement affaire plus à un théâtre qu'à un traité, plus à des dialogues qu'à des monologues, plus à un cours qu'à un livre. Le modèle évident est le Socrate de Platon, qui a su assurer, en fondant la philosophie comme discipline, qu'elle devait s'établir n'importe où dans le multiple du monde. Éloge, oui, de la philosophie comme création publique d'une pensée qui, s'inventant et se transportant n'importe où, parlant à n'importe qui d'un n'importe quoi retravaillé, invente la théâtralisation de l'être, en tant qu'être.» A.B. Quelle philosophie pour le siècle qui vient ? Faux dialogue platonicien, qui met en scène le «parleur» Tocéras aux prises avec des interlocuteurs issus de pays et de cultures philosophiques différents - le Britannique John After, la Grecque Amantha, le Sénégalais B'adj Akil, le Chinois Xi La Pong, et d'autres encore -, cet éloge déroule les fils d'une histoire de la pensée revisitée dans un jeu de formes inventif et libérateur, à la lumière des cinq grandes questions qu'explore Alain Badiou : démocratie, liberté, universalité, langage et incarnation.
-
«Cet essai s'adresse principalement à tous ceux que laissent perplexes - en tout cas depuis l'irruption de la pandémie - le désordre évident du monde contemporain, sa complexité et ses embarras multiples, ses prétentions vaines, ses annonces non suivies d'effets, ses graves problèmes non annoncés et bien d'autres détails obscurs.»Alain Badiou fait ici le constat d'un désordre général, d'un brouillage des consciences et du sentiment d'une plus grande imprévisibilité du futur, qu'il nomme une désorientation. Préexistant à la pandémie qui en révèle cependant l'ampleur, ce phénomène, dont l'origine réside à la fois dans un déficit de vérité au profit des opinions et dans l'idéologie dominante, s'exprime dans les champs les plus divers. Au travers d'exemples circonstanciés - les polarités politiques et les mouvements de contestation, le féminisme contemporain, l'écologie, l'enseignement, la laïcité - et au regard de son propre engagement politique, Alain Badiou en livre une analyse étayée par l'observation et l'argumentation. Avec l'idée, qui lui est chère et fonde son propos, qu'«un désordre évident ne s'éclaire que si on le considère comme un eet de l'ordre dont il procède».
-
Articuler pour notre temps une philosophie qui, quant à la pensé de l'être, ouvre une autre voie que celle de Heidegger (soit celle de mathème plutôt que celle du poème) et, quant à la doctrine du sujet, se tienne au-delà de Lacan : tel est l'enjeu.
Pour ce qui est de l'être, la thèse radicale est que, depuis son origine grecque, c'est la mathématique et elle seule qui en déploie le processus de pensée ; et que, de la mathématique aujourd'hui, le référent est la théorie cantorienne des ensembles. D'où se déduit une ontologie du pur multiple.
Reste qu'existe un site de « ce qui n'est pas l'être » : c'est celui de l'événement, terme surnuméraire pour un franchissement indécidable au savoir et dont la vérité est toujours par avance indiscernable.
Le sujet, dès lors, loin d'être le garant ou le support de la vérité, en est bien plutôt une instance locale, improbable, qui tire du devenir aléatoire d'une vérité dans l'événement son peu d'être. Il n'en tisse pas moins une fidélité qui s'inscrit dans l'art, la science, la politique et l'amour.
-
éloge des mathématiques
Alain Badiou, Gilles Haéri
- Flammarion
- Champs Essais
- 8 Mars 2017
- 9782081395930
«Loin d'être l'exercice ingrat ou vain que l'on imagine, les mathématiques pourraient bien être le chemin le plus court pour la vraie vie, laquelle, quand elle existe, se signale par un incomparable bonheur.» Si les mathématiques et la philosophie ont été liées dès leurs origines, elles sont aujourd'hui de plus en plus disjointes. Voilà qui ne laisse pas d'étonner Alain Badiou, l'un des rares philosophes contemporains à les prendre au sérieux : au fil de ce dialogue, introduction très accessible à ce que sont les mathématiques, il fait d'elles un irremplaçable guide pour se défaire des opinions dominantes et rendre possible un accès aux vérités, ou à quelque expérience humaine dont la valeur soit absolue. En cela, elles se révèlent une école de la «vraie vie» et, résolument, l'affaire de tous.
-
éloge de la politique
Alain Badiou, Aude Lancelin
- Flammarion
- Champs Essais
- 6 Mars 2019
- 9782081451766
«Machiavel a largement défini la politique comme un art souverain du mensonge. Elle doit pourtant être autre chose : la capacité d'une société à s'emparer de son destin, à inventer un ordre juste et se placer sous l'impératif du bien commun.»Pour Alain Badiou, la politique n'est pas affaire de cynisme, ni même de pragmatisme. Loin de se résumer à la gestion des affaires publiques, elle est une quête collective de justice et de vérité.Rappelant les grands principes du communisme, le philosophe pose son regard acéré sur notre époque dans cet essai vif et engagé, nourri de références à l'actualité autant que de retours sur l'histoire des révolutions.
-
L'infini : une notion qui peut être religieuse, mathématique, physique et, bien sûr, philosophique. Depuis très longtemps, une discussion s'impose : l'homme est fini, puisqu'il meurt, alors comment un être fini peut-il comprendre ce qui est infini ? Alain Badiou donne deux définitions du fini : comme limite dans l'espace et comme terme dans le temps. La vie humaine a un terme dans le temps et une limite dans l'espace. L'infini, quant à lui, est « le contraire de la mort » , c'est-à-dire ce qu'il ne connaît pas de terme dans le temps et n'a pas de limite dans l'espace. Cette Petite conférence commence par une analyse linguistique, puis traite de la mort, des mathématiques, de l'univers, de l'art... et se termine par des considérations sur le bonheur, et sur l'être humain, qui possède la propriété d'être fini et infini.
-
Éloge du théâtre
Alain Badiou, Nicolas Truong
- Flammarion
- Champs Essais
- 10 Février 2016
- 9782081375550
«Comment s'adresser aux gens de façon à ce qu'ils pensent leur vie autrement qu'ils ne le font d'habitude ? C'est à cette question que le théâtre, qui est le plus complet des arts, répond avec une incomparable force.»Si le théâtre est aujourd'hui bien vivant, s'il est partout célébré, il est doublement menacé : tiré d'un côté vers l'industrie du divertissement, qui fait de lui le vecteur trouble des opinions dominantes, poussé de l'autre par les faux intrépides qui mettent en oeuvre sa déconstruction, comment lui faire retrouver son essence et sa force ?Reprenant le dialogue millénaire du théâtre et de la philosophie, vieux couple jamais désuni depuis Platon, Alain Badiou offre un nouveau regard sur cet art essentiel, montrant avec brio que «le théâtre sert à nous orienter. Quand on en a compris l'usage, on ne peut plus se passer de cette boussole».
-
L'antisémitisme partout ; aujourd'hui en France
Alain Badiou, Eric Hazan
- Fabrique
- 24 Février 2011
- 9782358720182
Il existe bien un antisémitisme en France aujourd'hui : les néo nazis, les négationnistes, les nostalgiques du pétainisme... pas grand monde, et sans grande influence. Mais quand on fait état d'une « montée » de l'antisémitisme, c'est pour stigmatiser la jeunesse des quartiers populaires, les Arabes et les Noirs, qui ne sont pas antisémites : ils sont solidaires des Palestiniens opprimés, ce qui n'est pas la même chose. Le livre explore les motifs et les méthodes de ceux qui cultivent et exploitent cet amalgame pervers.
-
Le philosophe Alain Badiou, en dialogue avec Giovanbattista Tusa, propose ici d'abandonner la thèse heideggérienne d'une unité destinale de la philosophie, sous le nom de métaphysique. Plutôt que d'af?rmer qu'il n'y a pas de vérité, il s'agirait alors de reconstruire une relation entre les vérités et un absolu non transcendant. En menant une critique radicale de la doctrine de la ?nitude, qui nous rappelle que l'être humain est mortel et qui af?rme le relativisme culturel et le caractère inachevé de tout accès au vrai, le philosophe entend ainsi montrer comment le concept d'in?ni serait la condition des vérités universelles.
Alain Badiou (1937) est philosophe, dramaturge et romancier. Parmi ses publications : Théorie du sujet (1982), L'Être et l'événement (1988), Conditions (1992), Logiques des mondes (2006), La République de Platon (2012). Il est actuellement professeur émérite à l'ENS de Paris.
GiovanbattistaTusa (1979) philosophe, spécialiste des médias et du cinéma, il exerce son activité à Paris et aux ÉtatsUnis, où il collabore avec de nombreuses institutions et centres de recherche. -
Il s'agit d'un recueil de textes et conférences que l'auteur transforme pour leur donner une unité. Comme dit Alain Badiou dans sa préface : « Ce qui fait l'unité du présent ensemble est d'illustrer les différentes façons qu'a la philosophie de s'immiscer dans des procédures de pensée ou d'action qui sont à la fois très différentes les unes des autres, et, en apparence, souvent fort éloignées des ambitions reconnues comme étant celles de la philosophie ». Ce recueil traite sur l'art, le cinéma, la situation politique internationale, la religion, le militantisme idéologique organisé, mais aussi ce que la philosophie peut retenir d'une théorie du sujet dont la psychanalyse fait usage.
-
« Toute philosophie, même et surtout si elle est étayée par des savoirs scientifiques complexes, des oeuvres d'art novatrices, des politiques révolutionnaires, des amours intenses, est une métaphysique du bonheur, ou bien elle ne vaut pas une heure de peine. Car pourquoi imposer à la pensée et à la vie les redoutables épreuves de la démonstration, de la logique générale des pensées, de l'intelligence des formalismes, de la lecture attentive des poèmes récents, de l'engagement risqué dans des manifestations de masse, des amours sans garantie, si ce n'est parce que tout cela est nécessaire pour qu'existe enfin la vraie vie, celle dont Rimbaud dit qu'elle est absente, et dont nous soutenons, nous philosophes, que rebutent toutes les formes du scepticisme, du cynisme, du relativisme et de la vaine ironie du non-dupe, qu'absente elle ne peut jamais l'être totalement, la vraie vie ? Ce livre donne ma propre version de cette certitude.
Il s'agit dans cet opuscule de dégager la voie pour que le stratège en philosophie puisse dire à chacun : «Voilà de quoi te convaincre que penser contre les opinions et au service de quelques vérités, loin d'être l'exercice ingrat et vain que tu imagines, est le chemin le plus court pour la vraie vie, laquelle, quand elle existe, se signale par un incomparable bonheur.» »
-
Alain Badiou raconte sa traversée des années 1937 à 1985 en s'attachant à l'inscrire dans l'histoire politique de ce demi-siècle. Dans un théâtre mondial marqué par les bouleversements que l'on connaît se déroulent les péripéties d'une existence commencée au Maroc, passée par Toulouse, Reims et Paris. Enfance, adolescence et jeunesse de ce fils de professeurs résistants sont marquées par la Seconde Guerre mondiale puis la guerre d'Algérie, et forgent les convictions de celui qui se fera socialiste réformateur avant d'adhérer à l'expérience toute nouvelle du maoïsme. Ce XX? siècle revisité éclaire d'un jour nouveau l'oeuvre de ce penseur phare du communisme et les origines du «gauchisme» à la française : c'est toute une époque et une génération pour laquelle l'engagement était le maître mot qui reprennent vie au fil des pages et nous donnent à réfléchir à notre propre rapport à la chose politique.
-
Le Noir : Éclats d'une non-couleur
Alain Badiou
- Autrement
- Les Grands Mots
- 11 Octobre 2023
- 9782080429940
Qui n'a pas fait l'expérience effrayante d'avancer à tâtons dans la nuit noire ? Cette terreur primitive, Alain Badiou la traverse en inventant, avec ses camarades, le jeu de «Minuit sonnant». La découverte furtive du continent noir dans des magazines interdits, la beauté de l'encre sur le papier, mais aussi les mystères du cosmos et la douleur du deuil : le philosophe nous promène dans son théâtre intime, au gré des souvenirs. Musique, peinture, politique, sexualité, métaphysique ; le noir n'aura jamais été aussi lumineux.
-
Petrograd, Shanghai ; les deux révolutions du XXe siècle
Alain Badiou
- Fabrique
- 21 Août 2018
- 9782358721660
Devant le risque de scission des forces armées, un lent mouvement d'inversion répressive, de retour à l'ordre commence en septembre 1967. Donc, une révolution culturelle d'un peu plus d'un an, du printemps 1966 à l'automne 1967.
« Les inventions politiques, qui ont donné à la séquence son allure révolutionnaire incontestable, n'ont pu [dans une période si brève] se déployer que comme débordements au regard du but qui leur était assigné par ceux que les acteurs mêmes de la révolution (la jeunesse, les rebelles ouvriers) considéraient comme leurs dirigeants naturels : Mao et son groupe minoritaire. » Débordements, le mot est important, il récuse l'idée aujourd'hui dominante que la RC fut une lutte pour le pouvoir dans les sommets de la bureaucratie du Parti-État, que Mao mis en minorité eut recours à des forces étrangères au Parti (les gardes rouges...) dont il finit par reprendre le contrôle.
En parallèle aux Thèses d'Avril de Lénine, Badiou analyse longuement la Décision en 16 points du parti communiste chinois (août 1966) qui est tout autre chose qu'un document administratif émanant du Parti-Etat : « Être l'élève des masses avant d'être leur professeur. Oser faire la révolution, ne pas craindre les désordres, s'opposer à ce qu'on joue les grands seigneurs, qu'on se tienne au-dessus des masses pour les commander à l'aveuglette » Comme la Révolution russe de 1917, la RC aura été, pour finir, un échec, « vaincue par la coalition disparate de la majorité craintive des cadres du parti, de l'armée comme toujours conservatrice, et de l'esprit petit-bourgeois d'un grand nombre de dirigeants étudiants engagés dans l'ultragauche. Mais sa formule demeure, et la méditation de ses enseignements doit structurer toute entreprise politique visant à sortir du marécage capitaliste contemporain. » Alain badiou En 1917 à Petrograd - capitale et centre révolutionnaire - le premier temps de la révolution, de février à l'automne, fut une tentative d'implantation en pleine guerre d'un régime « démocratique » à l'occidentale. Mais ce qui en sortit, sous l'impulsion du parti bolchevique et de Lénine, ce fut en octobre « la première victoire dans toute l'histoire de l'humanité, d'une révolution post-néolithique ».
Badiou analyse dans un chapitre distinct les « Thèses d'avril » de Lénine, oeuvre politique majeure qui prépare et explique la révolution d'octobre : dix thèses sur la guerre, sur le pouvoir au prolétariat et à la paysannerie pauvre, sur la patience, sur le dépassement du capitalisme, sur l'organisation du parti... Un travail théorique qui accompagne et guide cette révolution « qui a montré pour la première fois dans l'Histoire qu'il était possible de réussir ».
Pour la Révolution culturelle, Badiou montre que la chronologie est essentielle. Le récit aujourd'hui dominant est qu'elle a duré 10 ans, de 1966 à 1976 ou de l'apparition des gardes rouges à la mort de Mao. Pour Badiou, il faut voir les choses autrement :
La direction du parti cherche d'abord à contenir l'agitation dans le cadre des universités - ce qui échoue en août 1966 quand les gardes rouges se répandent dans les villes. Puis dès la fin de 1966 et le début de 1967, les ouvriers deviennent la force révolutionnaire motrice - c'est le moment de la Commune de Shanghai, moment bref mais essentiel, où l'alliance ouvriers-étudiants parvient à chasser le vieux parti communiste local et à prendre le pouvoir dans la ville. Puis les administrations du parti et de l'État entrent elles aussi dans la tourmente (« les prises de pouvoir »).
Enfin même l'armée, toujours gardée comme force de réserve, entre en ébullition pendant les violences à Wuhan en août 1967.
-
« Cela a duré six ans. Pourquoi ce travail presque maniaque à partir de Platon ? C´est que c´est de lui que nous avons prioritairement besoin aujourd´hui : il a donné l´envoi à la conviction que nous gouverner dans le monde suppose qu´un accès à l´absolu nous soit ouvert. Je me suis donc tourné vers La République, oeuvre centrale du Maître consacrée au problème de la justice, pour en faire briller la puissance contemporaine. Je suis parti du texte grec sur lequel je travaillais déjà avec ardeur il y a cinquante-quatre ans. J´ai commencé par tenter de le comprendre, totalement, dans sa langue. Je me suis acharné, je n´ai rien laissé passer ; c´était un face-à-face entre le texte et moi. Ensuite, j´ai écrit ce que délivrait en moi de pensées et de phrases la compréhension acquise du morceau de texte grec dont j´estimais être venu à bout. Peu à peu, des procédures plus générales sont apparues : complète liberté des références ; modernisation scientifique ; modernisation des images ; survol de l´Histoire ; tenue constante d´un vrai dialogue, fortement théâtralisé. Évidemment, ma propre pensée et plus généralement le contexte philosophique contemporain se sont infiltrés dans le traitement du texte de Platon, et sans doute d´autant plus quand je n´en étais pas conscient. Le résultat, bien qu´il ne soit jamais un oubli du texte original, pas même de ses détails, n´est cependant presque jamais une "traduction" au sens usuel. Platon est omniprésent, sans que peut-être une seule de ses phrases soit exactement restituée. J´espère être ainsi parvenu à combiner la proximité constante avec le texte original et un éloignement radical, mais auquel le texte, tel qu´il peut fonctionner aujourd´hui, confère généreuse- ment sa légitimité. C´est cela, après tout, l´éternité d´un texte. » Alain Badiou
-
L'éthique est un texte dense, vif et facile d'accès, qui n'a rien perdu de son actualité. Ce petit livre polémique est par ailleurs un véritable manuel, au sens classique, où Alain Badiou expose son éthique des vérités, à savoir « les orientations majeures d'une éthique véritable, qui préserve, et même exige, les droits de la création, de l'invention dans la pensée, de la politique d'émancipation, de l'art d'avant-garde. » Alain Badiou dira plus tard de ce livre qu'il est « une introduction à la fois animée et consistante aux vastes entreprises par lesquelles je tente de déplacer les enjeux de la philosophie contemporaine. » Vingt cinq ans après sa première publication - et parmi la bibliographie si copieuse d'Alain Badiou - L'éthique reste l'introduction idéale à la philosophie d'Alain Badiou. Le plus traduit des livres de Badiou (désormais disponible dans une trentaine de langues), L'éthique est la meilleure vente des éditions NOUS.
« Droits de l'homme », « bio-éthique », « respect de l'autre » : l'éthique est aujourd'hui à la mode. Mais ses valeurs (l'Homme, l'Autre, la Vie...) sont trop générales pour permettre une pensée des situations singulières. Contre cette vague « éthique des principes », surtout habile à dénoncer partout un Mal radical, une éthique des vérités concrètes - vérités de la politique, de la science, de l'art et de l'amour - nous permettrait d'identifier autrement le Mal, pour pouvoir alors y parer.
-
Pourquoi saint Paul ? Pourquoi requérir cet « apôtre », d'autant plus suspect qu'il s'est, de toute évidence, auto-proclamé tel, et que son nom est couramment associé aux dimensions les plus institutionnelles et les moins ouvertes du christianisme ? Et quel usage prétendons-nous faire du dispositif de la foi chrétienne, dont il semble proprement impossible de dissocier la figure et les textes de Paul ? Pourquoi invoquer et analyser cete fable ?
Ce qui va nous retenir, quant à nous, dans l'oeuvre de Paul est cette connexion paradoxale, dont il est l'inventeur, entre un sujet sans identité et une loi sans support, qui fonde la possibilité dans l'histoire d'une prédication universelle. Le geste inouï de Paul est de soustraire la vérité à l'emprise communautaire, qu'il s'agisse d'un peuple, d'une cité, d'un Empire, d'un territoire, ou d'une classe sociale.
Repenser ce geste et sa force instituante, en déplier les chicanes, est à coup sûr une nécessité contemporaine.
-
Né d'une rencontre avec une classe de lycéens belges, ce livre incarne l'accomplissement d'un défi : celui qui consiste, pour un philosophe célèbre pour l'ambition et la richesse de son travail, à en proposer une introduction qui n'en perde pourtant jamais la pointe. C'est ce défi qu'a relevé Alain Badiou dans ce petit livre, mêlant entretiens et textes inédits, qui parcourt avec autant d'allégresse que de pédagogie plus de soixante années de publications, et traverse la totalité des domaines dans lesquels sa pensée s'est illustrée : ontologie fondamentale, mathématiques, politique, poésie ou amour - non sans multiplier les digressions en direction des grandes figures de l'histoire de la philosophie.
A l'heure où l'oeuvre d'Alain Badiou est enseignée et commentée dans les universités et les grandes écoles du monde entier, il était temps qu'on dispose d'une boussole fiable afin de s'orienter dans son fantastique foisonnement. On la tient entre les mains.
-
Les esprits éclairés aiment à se moquer de Donald Trump. Il serait le symbole d'une forme de stupidité politique qui n'attendrait que le réveil des gens de bonne volonté pour s'évanouir comme un mauvais rêve. Mais rien n'est plus faux. Plutôt qu'un symbole, Trump est un symptôme : celui de la disparition progressive de la politique dans un gigantesque processus d'unification, où les camps en apparence les plus hostiles se tiennent en réalité la main. Pour en finir avec Trump, c'est cette disparition qu'il convient de combattre, en restaurant les possibilités d'une opposition qui résiste au consensus fondamental de notre temps. Ce consensus porte un nom : capitalisme démocratique. Son opposition aussi : idée du communisme. Toute la difficulté tient donc dans la façon dont Trump et ses semblables rendent chaque jour plus impossible de la rendre effective - au moment même où nous en avons le plus besoin.
-
«Pour les esprits sidérés par la référence constante et élogieuse à la Révolution culturelle et au maoïsme, et qui se montrent sceptiques ou franchement hostiles à l'idée même d'une réactivation de l'idée communiste, il y avait de quoi se réjouir à la perspective de voir Alain Badiou confronté à l'un des plus éminents théoriciens et défenseurs de la démocratie. À l'inverse, pour ceux qui considèrent que les penseurs de l'antitotalitarisme comme Marcel Gauchet ont fait le lit d'une re-légitimation du néolibéralisme en partie responsable de la crise actuelle, il y avait aussi de quoi se frotter les mains à l'idée de le voir débattre avec l'un des critiques les plus consistants et sévères du libéralisme contemporain».
Martin Duru et Martin Legros.
-
Agencement de textes théoriques sur la poésie et de lectures spécifiques de poètes (Pasolini, Hopkins, Stevens, Pessoa, Mallarmé...), ce livre est le premier qu'Alain Badiou consacre à la poésie.
La poésie occupe une place centrale dans le parcours et dans l'oeuvre d'Alain Badiou. Avec la politique, les sciences et l'amour, l'art est désigné comme « procédure de vérité ». Or, parmi les arts, c'est la poésie qu'Alain Badiou a le plus souvent convoqué dans sa pensée. Car il s'agit bien ici de penser le poème, et de penser ce que le poème pense.
Depuis toujours, le poème déconcerte la philosophie. Celle-ci est - depuis Platon, jusqu'à Heidegger et au-delà - en interlocution et en rivalité constante avec la poésie. Alain Badiou, notamment à travers sa proposition-diagnostic, d'« âge des poètes » reprend cette querelle qui semble être l'essence même de leur rapport. Il explore aussi dans ce livre un autre rapport, celui entre poésie et politique. Le poème est une pensée qui est son acte même - voici ce que nous invite à penser cet éloge de la poésie par Alain Badiou.
« À l'opposé de Wittgenstein, le poème dit : 'Cette chose qui est impossible à dire dans la langue du partage et du consensus, je fais silence pour la dire, pour séparer du monde qu'elle soit dite, et toujours redite pour la première fois. ' »