Créé à l'occasion de Marseille Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture, le chemin de Grande Randonnée GR®2013 traverse 38 communes dans les Bouches-du-Rhône, formant le symbole de l'infini en 365 kilomètres, entre villes et nature.
Yves Gerbal, marcheur et poète, fut le premier à le parcourir intégralement, en 20 étapes, entre janvier et octobre 2013.
Dans la veine des écrivains voyageurs, à la manière de Stevenson ou de Bashô, il nous raconte son cheminement, étape par étape, balisant son récit de haïkus provençaux.
Eloge de la marche et démarche littéraire, ce Carnet de GR, en complément du topo-guide, pourra accompagner tous ceux qui à leur tour s'élanceront sur ce chemin, pour un jour ou pour plusieurs. Ils trouveront dans ces pages une certaine lecture du paysage, naturel et urbain, qu'ils pourront confronter à leur propre expérience du chemin.
Alors, en marche !
Quelque part sur la planète Terre, vers le début du 21ème siècle, un humain écrit à un extra-terrestre...
Est-il fou ? Est-il sage ?
Que peut-il lui dire ? Que veut-il nous dire ?
A Marseille (France), on ne savait pas pourquoi cette plage s'appelle "la plage du prophète". Maintenant on sait.
« Lui, il a grandi entre une autoroute et une voie ferrée. Il tournait autour de la table de la salle à manger avec son tricycle et il parvenait même à soulever une roue dans ce virage à 360 degrés. C'est dire s'il allait vite. C'est dire qu'il était déjà un mec d'élite.
Elle, elle a un visage et des cheveux de madone, mais elle ne connaît pas encore Botticelli. Une Vénus marseillaise, sortie d'un coquillage de la rue Paradis. » C'est une histoire "d'amours"... Et de prophètes. Fatalement.
L'écriture peut-elle faire des miracles ?
L'oeuvre de Gilbert Garcin est une comédie aux cents actes divers, comme disait La Fontaine de ses fables, mais sans un accompagnement de morale.
Les images dans lesquelles il se met en scène ne sont ni des autoportraits, ni les chapitres d'une biographie imaginaire gratifiante. Bien au contraire, chaque photographie est autonome, figure une action parfaitement claire dans son déroulement et son but, et fait sourire des mésaventures de son protagoniste. C'est dire que toutes ces images sont marquées d'humour.
Celui-ci est d'autant plus efficace que le climat de ces images se situe toujours dans un entre-deux, entre drôlerie et pathétique, entre amusement et angoisse, entre étrange et absurde.
A l'heures des images virtuelles, Gilbert Garcin bricole de petites mises en scènes avec trois fois rien, de la colle, des ciseaux, quelques matériaux pauvres. Il multiplie les clins d'oeil, détourne les références, on pourrait dire qu'il s'amuse. C'est tout le contraire: il joue. Car Gilbert Garcin est le sujet et l'objet de ses propres images. Ce détour par soi serait-il un continuel retour sur soi ?
Tout commence l'été 1995, lorsque Gilbert Garcin, alors jeune retraité qui a tout bonnement envie d'une seconde vie, se décide à se lancer dans la photographie et participe pour ce faire à des stages aux Rencontres d'Arles. Il y pratique le photomontage, qui sera sa source d'inspiration première. Depuis lors, il a imaginé à partir de sa propre silhouette un personnage universel dont il emprunte au départ la défroque à Tati. La figure de Gilbert Garcin se bâtit comme une incarnation ambiguë de lui-même à travers laquelle il interprète en acteur des situations mises en scène, faussement burlesques, qu'il qualifie de « petites philosophies » à la manière du grand Hitchcock.
Le charme opère car l'artiste nous parle d'évidences qui nous concernent tous : celle de la vie qui s'écoule, du temps qui fuit, de la ténacité qu'il faut pour continuer... Ainsi, Gilbert Garcin rappelle en images et à l'aide de titres évocateurs qu'il est préférable de « faire de son mieux » et de « connaître ses limites » car au fond on ne fait que « rejouer de vieux airs connus », ceux de « Sisyphe » ou d'« Atlas ».