L'autorité a besoin de s'incarner dans un individu de chair et d'os. Loin de se réduire à une simple enveloppe charnelle, le corps des souverains a joué un rôle déterminant dans l'exercice du pouvoir, du Moyen Âge au XIXe siècle. On découvre dans cet ouvrage les ressorts vitaux d'un régime politique constamment tributaire du physique, de l'apparence et des représentations d'un individu à la fois banal et extraordinaire, à la fois éphémère et légendaire. Entre la cérémonie fondatrice du sacre et les funérailles qui cultivent le paradoxe d'une royauté « qui ne meurt point », mariages, cérémonies curiales, rituels thaumaturgiques et épisodes de maladie rappellent, chacun à leur manière, que la nature mortelle des monarques a toujours posé problème.
Stanis Perez retrace avec maestria, archives à l'appui, la longue histoire d'un corps à la fois biologique et politique qui s'est efforcé d'incarner l'État, puis la Nation, en gérant les fatigues, les crises et les aléas d'une existence souvent hors du commun.
L'histoire politique de la France d'Ancien Régime doit beaucoup plus qu'on le dit aux femmes de pouvoir et en particulier aux reines. L'observation de leur place et de leur rayonnement par l'intermédiaire de leur corps - son apparence, naturellement, mais aussi les maladies dont il est atteint, les pratiques quotidiennes imposées et les images qui en sont données - atteste que la fonction ne se limitait pas à l'enfantement mais devenait bel et bien partie prenante du « grand récit », mythique et politique, de la royauté. La symbolique plurielle de ce corps féminin, à la fois fécond, pacifique et gracieux, constituait le pendant essentiel à l'autorité virile, martiale et chevaleresque du roi. Cette complémentarité, avec ses crises, ses évolutions et ses surprises, se déploie, du Moyen Âge au xixe siècle, dans une dimension à la fois politique, artistique et culturelle. À partir d'archives et d'images souvent méconnues ou inédites, Stanis Perez nous invite à redécouvrir cette histoire sensible et stratégique d'un pouvoir féminin trop longtemps occulté.
Une exploration, à travers les méandres des premiers siècles de la modernité, de l'émergence d'un grand mouvement commun aux sciences et aux arts, correspondant à une mode et à un mode de pensée privilégiant la représentation géométrique du monde.
Angles et lignes droites, parallèles et volutes, symétrie axiale et perspective cavalière se sont imposées dans d'innombrables oeuvres «classiques» ; les règles et les équerres avaient banni le dessin à main levée et les perspectives approximatives.
La contrepartie de cette stratégie linéaire, affirmée au moment de la Renaissance correspond-elle à l'avènement d'un sujet moderne, sculpté de plis, et de replis, un être mélancolique qui espère reconquérir sa liberté. Mais pour cela, il faut sortir du labyrinthe.
De l'Antiquité à nos jours, l'historien Stanis Perez retrace les grandes étapes de l'évolution de l'art de soigner. Depuis Hippocrate, le médecin s'est métamorphosé avec le christianisme et l'avènement, au Moyen Âge, d'un savoir essentiellement livresque. A l'époque moderne, cet artisan de la santé, tantôt alchimiste, bonimenteur ou universitaire, s'impose grâce aux cours princières et aux progrès scientifiques. Au xixe siècle, c'est désormais un réformateur qui joue un rôle croissant dans la vie de la Cité... de même que dans les campagnes. Au xxe siècle, il fait face à la faillite de l'État-providence et à une crise de la profession, toujours d'actualité. En même temps qu'il propose ici la grande synthèse attendue au sujet de ce métier millénaire, Stanis Perez nous rappelle toute l'importance de l'art de soigner et de soulager ceux qui souffrent.
L'autorité a besoin de s'incarner dans un individu de chair et d'os. Loin de se réduire à une simple enveloppe charnelle, le corps des souverains a joué un rôle déterminant dans l'exercice du pouvoir, du Moyen Âge au xixe siècle. En passant par les règnes de Saint Louis, François Ier, Louis XIV ou Napoléon, cet ouvrage redécouvre les ressorts vitaux d'un régime politique constamment tributaire du physique, de l'apparence et des représentations d'un individu à la fois banal et extraordinaire, à la fois éphémère et légendaire. Entre la cérémonie fondatrice du sacre et les funérailles qui cultivent le paradoxe d'une royauté « qui ne meurt point », mariages, cérémonies curiales, rituels thaumaturgiques et épisodes de maladie rappellent, chacun à leur manière, que la nature mortelle des monarques a toujours posé problème. Avec une écriture fluide et passionnée, l'historien Stanis Perez retrace, archives à l'appui, la longue histoire d'un corps à la fois biologique et politique qui s'est efforcé d'incarner l'État, puis la Nation en gérant les fatigues, les crises et les aléas d'une existence souvent hors du commun. Au fil des règnes, cette étude met aujourd'hui en lumière des permanences insoupçonnées dans la manière d'incarner l'État depuis Philippe Auguste.
Le roi, de page en page est purgé et chanté : ne nous est épargné aucun détail des tourments subis pendant une cinquantaine d'années par le corps royal. C'est le quotidien physiologique du roi qui est exposé au vu et au su de tous en même temps que ce royal patient semble échapper à l'image figée, idéalisée, désincarnée, léguée aux musées de la mémoire. La pharmacopée, débordante de remèdes étonnants par leur étrangeté et par leur diversité, fait penser au joyeux désordre des cabinets de curiosité. Elle éclaire une partie non négligeable des conceptions thérapeutiques de l'époque, en abordant le versant obscur de cette histoire des médicaments, celui des résultats. Car le roi a guéri de quasiment toutes ses maladies mis à part de sa goutte, transformée en gangrène à la fin de sa vie. Le Journal de santé de Louis XIV est un monument d'histoire médicale et culturelle du XVIIe siècle. Sa réédition promet d'être un événement dans l'histoire de la médecine. Cette nouvelle édition dotée d'un appareil critique et d'un lexique de termes médicaux sera la seule édition disponible d'un texte abondamment cité mais introuvable.
« Je ne vais pas mal. Mais, rassurez-vous, un jour, je ne manquerai pas de mourir ! » C'est ainsi que le général de Gaulle répondit, en 1965, à la question d'un journaliste qui l'interrogeait un an après son opération de la prostate. Toutefois, ce trait d'humour resté célèbre ne doit pas faire illusion : l'exercice du pouvoir génère des fatigues en tout genre et des indispositions plus ou moins graves qu'il vaut mieux dissimuler. Quel que soit le régime politique, il n'est guère d'informations plus sensibles que celles qui touchent à la santé du Prince. Il en va de sa longévité, de son autorité.
De la Renaissance à la Ve République, la dimension sanitaire de l'art de gouverner s'est-elle réellement métamorphosée ? Qu'il soit roi, empereur ou président élu au suffrage universel, ce malade pas comme les autres vit sur une scène de théâtre aux contours indéfinis. Une « grippe » mal soignée, une « fièvre » tenace ou un « lumbago » récalcitrant peuvent devenir une affaire d'État quand la rumeur enfle... et dit la vérité. Le palais déclare pourtant que l'état du malade est « tout à fait satisfaisant ». Mais peut-on faire confiance aux médecins de cour, qu'ils exercent à Versailles, aux Tuileries ou à l'Élysée ?
De la fausse mort de François Ier au « grand secret » de François Mitterrand en passant par l'épisode édifiant de la fistule anale du Roi-Soleil, cet ouvrage explore, du point de vue biohistorique, les arcanes de la gestion politique de ces grands moments de faiblesse qui sont devenus, après coup, de grands moments de vérité. À partir d'exemples célèbres, d'archives et d'une critique de l'impact du pathologique sur le politique, cette enquête consacrée aux fatigues du pouvoir permet de revisiter une partie de l'histoire vivante de l'État.
Professeur agrégé et docteur en histoire de l'EHESS, Stanis Perez est coordonnateur de recherche à la Maison des sciences de l'homme de Paris-Nord. Membre de la Société internationale d'histoire de la médecine, il enseigne l'histoire de la santé à l'université de Paris 13 Villetaneuse. Il est notamment l'auteur de La Santé de Louis XIV, une biohistoire du Roi Soleil (2010) et Histoire des médecins (2015), parus chez Perrin.
À la fois hommes de marbre, géants couronnés et statues de chair, les rois mouraient un jour sur la scène du pouvoir. Une accumulation de fatigue, une fièvre inattendue, une gangrène inévitable, un coup de lance mal placé et des souffrances en tout genre les ramenaient au stade d'êtres comme les autres, suspendus au jugement de médecins parfois mal inspirés. Lancettes, clystères et pilules pouvaient se succéder dans un cortège médicamenteux aux senteurs de rhubarbe, de casse et de séné. Les clercs n'étaient pas en reste avec leur formidable thérapeutique spirituelle composée d'oraisons, de lectures pieuses et de prières. Les derniers jours ne pouvaient pas passer inaperçus et rares étaient ceux qui, suite à une maladie ou à un accident, se réfugiaient dans la solitude des ermites. Leur dernier coup de majesté était là, sous le regard des médecins et des indiscrets, près de l'oreille tendue des confesseurs et des laquais, sous les larmes de proches plus ou moins sincères.
Excellent danseur, chasseur infatigable, gourmand presque glouton, brillant chef de guerre, amant actif, Louis XIV a joui de la réputation d'une santé exceptionnelle. Cependant, la lecture du Journal de santé tenu par ses médecins révèle que son règne de soixante-dix ans, le plus long de la monarchie française, est aussi l'un des plus marqués par les maladies. La santé du roi subit de nombreuses pathologies (gale, blennorragie, dysenterie...) sur fond constant d'indigestions, migraines, maux de dents et attaques de goutte. Entre vie publique et vie privée s'installe un équilibre précaire, surveillé par la Cour et les trônes étrangers. Chaque guérison est brillamment célébrée, de façon à faire taire les rumeurs, et mise au service d'une propagande glorifiant un monarque que rien ne peut atteindre. La santé du Roi-Soleil est ainsi rendue à sa dimension médicale, mais aussi sociale et politique, et apparaît comme un élément déterminant dans la mise en scène du pouvoir tout au long du règne.
Comment comparer la peste de Justinien, qui se répandit comme une traînée de poudre dans tout le bassin méditerranéen dès le VIe siècle, et le sida, ce redoutable fléau que l'on ne découvrit que dans les années 1980 ? Aussi variées que soient leurs manifestations, les pathologies décrites dans cet ouvrage - choléra, syphilis, lèpre, variole... - ont un point commun : toutes sont des pandémies. Transmises par contagion, elles s'étendent en un temps record sur de vastes régions et touchent ainsi une part importante de la population mondiale. Dès lors, comment lutter contre ces ennemis invisibles qui semblent frapper au hasard ? Quelles stratégies adopter pour combattre ces maux, sans laisser la peur et la panique prendre le dessus ? Faut-il s'en remettre aux pouvoirs en place, ou bien chercher des réponses auprès des scientifiques ?
Dans cette enquête totalement inédite, Patrick Berche et Stanis Perez retracent l'histoire mondiale des grandes maladies en adoptant une démarche à la fois globale et critique. Depuis le Paléolithique, les humains font face à des menaces qui ne cessent de se métamorphoser. Et si la peste a laissé place à la tuberculose pendant l'ère industrielle, tandis que la révolution pastorienne au XIXe siècle a momentanément permis de mieux contenir ces maux, de nouvelles pandémies liées à notre mode de vie ont progressivement fait leur apparition. Ainsi, aujourd'hui, la mondialisation et la société de consommation nous obligent à nous réinventer pour protéger la santé publique, notamment à l'ère de la Covid-19. Cette incontournable synthèse, où se mêlent bonheur d'écriture et rigueur scientifique, nous donne enfin les clés pour comprendre les précédents d'un sujet plus que jamais d'actualité.
« Maladie diplomatique : indisposition légère ou fictive servant de prétexte à une absence pour se soustraire à une obligation professionnelle ou politique. » Si l'expression est bien connue, l'histoire de cette stratégie de la temporisation et de la diversion l'est beaucoup moins. Pourtant, à toutes les époques, les hommes et les femmes ayant entre leurs mains une partie du destin de l'Etat ont eu recours à un expédient moralement condamnable mais politiquement efficace. La maladie est un excellent alibi, même si, en face, personne n'est totalement dupe de la stratégie employée, ni le diplomate aux aguets, ni le courtisan manoeuvrier, ni l'historien lucide.
Rassemblant les communications de deux journées d'étude organisées à la Maison des sciences de l'homme-Paris Nord, ce volume explore la thématique très riche d'une diplomatie et d'une politique des états pathologiques en couvrant une période allant de l'Antiquité au XXe siècle.
Publiées avec le soutien de Pléiade, Université Paris 13-Sorbonne Paris Cité et de la Maison des sciences de l'homme Paris Nord ;
Avec les contributions de ;
Élisabeth Belmas ;
Philippe Casassus ;
Françoise Coste ;
Joël Coste ;
Gilles Ferragu ;
Aurélie Godet;
Caroline Husquin ;
Matthieu Lahaye ;
Xavier Le Person ;
Céline Paillette ;
Stanis Perez ;
Anne-Valérie Solignat ;
Sophie Tejedor ;
Eva Yampolski ;
Connaît-on vraiment Louis XIV, l'homme Louis XIV ? Derrière les fastes versaillais et les portraits immortalisant la majesté du Roi-Soleil, se cache une réalité bien différente. Louis Dieudonné de Bourbon était un homme comme les autres, notamment au niveau physique. Si une tradition immémoriale lui attribue une santé exceptionnelle, c'est oublier la longue chronologie des maux qui l'ont indisposé dès son enfance et ce jusqu'à une vieillesse passée en chaise roulante dans les jardins de Versailles. Grâce à l'exceptionnel Journal de santé qu'ont tenu ses médecins et aux témoignages de nombreux courtisans, on a pu reconstituer l'histoire vivante de la santé du souverain qui a eu le règne le plus long et sans doute le plus marqué par la maladie. Goutte, fistule anale, furoncle, indigestions, migraines et bien d'autres pathologies ont ponctué la vie de ce client de choix pour les médecins de la cour. Garants de la santé de Louis XIV, les spécialistes de la saignée et du clystère ont accompagné leur patient dans une aventure scientifique et humaine hors du commun. Au quotidien, la vie du monarque était partagée entre le souci de l'Etat et celui de sa propre préservation : d'où un équilibre instable entre banquets gargantuesques et menus allégés, entre affaires sérieuses et escapades horticoles, entre prouesses physiques et repos forcés. Quand l'équilibre était rompu, quand le corps reprenait ses droits sur l'étiquette, l'information ne tardait pas à parcourir le royaume et même à franchir les frontières. De là, la monarchie s'est évertuée à célébrer avec trompettes et feux d'artifices les guérisons du roi. Voilà sans doute de quoi faire taire les rumeurs. De ces fêtes somptueuses s'est dégagée l'image d'un prince stoïque que rien ou presque ne pouvait atteindre : en 1686, à peine opéré de sa fistule à l'anus, Louis tient conseil dans son lit de souffrance. Artistes et poètes s'en souviendront longtemps. Mais l'image est peut-être trop belle pour être vraie... A mi-chemin entre microhistoire, médecine et anthropologie, cette biohistoire de Louis XIV raconte la simple vie d'un homme dont le destin fut aussi exceptionnel que banal.
Si la cour de France est un sujet classique en histoire moderne, la naissance et la petite enfance dans le milieu curial constituent des thèmes de recherche rarement abordés.
Pourtant, de nombreuses archives permettent de reconstituer ce qui se passe autour des reines ou des princesses "en gésine" et de mieux connaître les acteurs, le protocole, les enjeux et les stratégies impliqués par l'"heureux événement". Car les naissances princières représentent un moment-clé pour celles et ceux ayant la charge de ces enfants pas comme les autres. Consacrées à une période allant de la fin du Moyen Age au XIXe siècle, les contributions rassemblées explorent les multiples facettes de la thématique en rendant aux femmes et aux enfants la place qu'ils occupaient alors.
Des Maisons princières aux discours médicaux, des cérémonies de l'information aux projets éducatifs, de la layette à l'infertilité, ces actes d'un colloque organisé sous l'égide de Cour de France.fr offrent un tableau inédit tiré des recherches les plus récentes.