Le présent recueil, articulé autour du texte "Luttons-nous pour la justice?", de 1943, réfléchit sur le fait d'être soumis à la force et sur les conditions d'un véritable consentement, et offre ainsi une étonnante résonance aux luttes modernes.
En décembre 1934, Simone Weil entre comme «manoeuvre sur la machine» dans une usine. Professeur agrégé, elle ne se veut pas «en vadrouille dans la classe ouvrière», mais entend vivre la vocation qu'elle sent être sienne : s'exposer pour découvrir la vérité. Car la vérité n'est pas seulement le fruit d'une pensée pure, elle est vérité de quelque chose, expérimentale, «contact direct avec la réalité».Ce sera donc l'engagement en usine, l'épreuve de la solidarité des opprimés - non pas à leurs côtés, mais parmi eux.L'établissement en usine, comme, plus tard, l'engagement aux côtés des anarchistes espagnols ou encore dans les rangs de la France libre, est la réponse que Simone Weil a trouvée au mensonge de la politique, notamment celle des dirigeants bolcheviks qui prétendaient créer une classe ouvrière libre, alors qu'aucun «n'avait sans doute mis le pied dans une usine et par suite n'avait la plus faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté des ouvriers».Ce qui, toujours, a fait horreur à Simone Weil dans la guerre, qu'elle soit mondiale ou de classes, «c'est la situation de ceux qui se trouvent à l'arrière».
Le corps a des besoins évidents : de la nourriture, du sommeil, de la chaleur ; mais l'âme, quels sont ses besoins ? Dans ces pages célèbres, Simone Weil aborde une petite quinzaine de thèmes fondamentaux à une société adulte : besoin de cohérence, de sécurité, liberté de parole, consentement, responsabilité, égalité, risque, vérité, propriété, etc.
Partie de la philosophie pour entrer en religion, née dans une famille d'origine juive pour se rapprocher du christianisme, Simone Weil a suivi un parcours étonnant, qui la mènera d'un statut de jeune fille de la bourgeoisie aux confins de la plus atroce misère matérielle. Animée d'une soif absolue qui la fait vivre -comme d'autres vivent de pain- , elle rend compte, dans ses écrits, de cette aventure exceptionnelle. "La pesanteur et la grâce", recueil de ses pensées, de ses réflexions les plus intimes, témoigne de cette exigence et de ce destin. Conçu comme une succession de réflexions sur des thèmes variés, mais dont la cohérence est frappante, ce livre constitue une remarquable initiation à son oeuvre.
Comment sortir de la servitude au travail ? En transformant radicalement l'organisation du travail (c'est-à-dire en quittant le taylorisme et ses avatars) et en s'appropriant son travail pour lui donner du sens. Quatre textes fameux et accessibles de Simone Weil pour ce recueil qui pourra être conseillé aux lycéens et aux étudiants : "La vie et la grève des ouvriers métallos" (1936), "La condition ouvrière" (1937), "Expérience de la vie d'usine" (1941) et "Condition première d'un travail non servile" (1941).
Quel est le plus important : avoir des droits ou des devoirs ? Chef d'oeuvre de la pensée politique, «L'Enracinement» est un livre engagé sur le patriotisme, les déracinements et notre besoin vital d'appartenances, mais aussi de vérité. Il peut se lire comme un "manuel de citoyenneté" qui prône une société où l'épanouissement de chacun est la norme, où des principes moraux nous guident, et où l'argent et la technique ne font plus la loi.
La présente édition comprend d'abord une notice sur la genèse de l'essai de Simone Weil. Suit le texte intégral des Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934), établi et révisé à partir de la dactylographie originale déposée à la BnF. Enfin, une étude intitulée «Transposer la pensée de Simone Weil», par Robert Chenavier, permet au lecteur de poursuivre la réflexion en donnant à la fois un commentaire de la structure du texte et en faisant ressortir l'originalité des thèses de Simone Weil.
Le but de cet essai est de mettre en évidence que les analyses de la philosophe peuvent être transposées aujourd'hui, afin de mieux comprendre le désarroi de notre époque et d'aider à trouver une sortie qui soit à la fois possible et souhaitable à la crise que nous vivons.
« Jamais je n'aurais pu prendre sur moi de vous dire tout cela sans le fait que je pars. Et comme je pars avec plus ou moins la pensée d'une mort probable, il me semble que je n'ai pas le droit de taire ces choses. » Pour la première fois, nous proposons une édition à part, commentée, d'un des textes les plus importants de Simone Weil pour comprendre son itinéraire personnel et spirituel.
Il s'agit d'une lettre écrite au Père Perrin, à Marseille, qui fut tout à la fois son éditeur, son conseiller spirituel, son confident... C'est avec lui que Simone Weil dialogue sur sa foi, sa relation avec l'Eglise catholique, sa décision de demander ou non le baptême...
Cette « confession » ou « autobiographie spirituelle » est aussi une très émouvante lettre d'adieu rédigée alors qu'elle doit fuir la France pour les Etats-Unis. C'est aussi et surtout une mise au point tragique et libre de sa position face à l'Eglise.
Elle revient sur sa découverte de la foi chrétienne, de la prière, lors de rencontres dans des abbayes et des retraites qu'elle y effectua.
Ce texte était depuis longtemps à lire pour lui-même comme une véritable « lettre-testament ».
« Est criminel tout ce qui a pour effet de déraciner un être humain ou d'empêcher qu'il ne prenne racine. » 1942. Résistante, Simone Weil est à Londres, rédactrice au service de la « France Libre ». C'est alors qu'elle écrit, pour l'après-guerre, plusieurs textes ayant vocation à préparer la refondation du pays.
Parmi eux, Étude pour une déclaration des obligations envers l'être humain et Luttons-nous pour la justice ? Suivra, au début de l'année suivante, La personne et le sacré. Trois textes que guident, phares en ces temps sombres, les idées de consentement, de beauté et de communauté humaine. » Un triptyque tout entier imbriqué à la grande oeuvre tardive et inachevée de Simone Weil : L'enracinement.
Écrit en 1942, ce petit texte s'interroge sur ce qu'il advient de la pensée et du rapport à soi dans la force des affects et de l'attachement à autrui. Alliant une psychologie fine de l'attachement à autrui, une mystique du détachement et de l'amour désintéressé, et une philosophie du rapport à l'altérité, Simone Weil propose une réflexion sur la dimension relationnelle de notre existence et sur les contradictions auxquelles elle nous confronte.
Ce recueil réunit cinq textes de Simone Weil écrits entre 1933 et 1943, sur la guerre - et la force en général - et ses effets politiques, moraux et spirituels. Qu'advient-il lorsque la pensée se trouve prise dans des rapports de forces, lorsqu'elle est aux prises avec la force ? La capacité de juger, la lucidité, la capacité de penser et d'affirmer des principes peuvent-elles rester intactes ?
Écrit peu avant sa mort, cet essai de Simone Weil condense les réflexions d'une vie. Premier constat : nulle personne n'est sacrée, mais le sacré est à chercher en l'Homme. À l'heure où la notion de personne est au centre des discours politiques, du marketing et des réflexions morales, ce renversement est salvateur. De cette affirmation, la philosophe nous entraîne dans une réflexion passionnante sur les droits de l'homme. Le terme de "droit" y est jugé opposé à la quête ultime de l'homme : l'attente qu'on lui fasse du bien. Pour la combler, il est urgent d'inventer des institutions qui aboliront ce qui oppresse les humains, cause l'injustice et qui ne se limiteraient pas à protéger leurs droits.
Quelles sont-elles ? Vous le découvrirez au fil de cette pensée extraordinairement lucide.
Les principes fondamentaux de la République sont-ils contraires au colonialisme ? Quels impacts la colonisation a-t-elle sur un État qui se transforme en métropole d'un empire ? Et quels sont ses effets intérieurs ? Dans ces articles, écrits entre 1936 et 1943, le verdict de Simone Weil est sans appel : coloniale, la France opprime des peuples et perd ses principes. La colonisation rend impossible l'amitié entre les peuples (ce qui posera problème, dit-elle, si la France veut de nouveau enrôler les populations des colonies dans une guerre). Ces réflexions sur la colonisation pensée comme déracinement vont la conduire à son oeuvre majeur : «L'Enracinement».
Ce réquisitoire balaie d'un revers de main la démocratie telle qu'elle a cours. Et, ose-t-on ajouter, telle qu'elle a encore cours. Son argumentation repose sur des réflexions philosophiques qui traitent de l'organisation idéale de la collectivité en démocratie, notamment le Contrat social de Rousseau. La raison seule est garante de la justice, et non les passions, nécessairement marquées par l'individualité. Or, les partis, puisqu'ils divisent, sont animés par les passions en même temps qu'ils en fabriquent. Ils défendent leurs intérêts propres au détriment du bien public. Pour Simone Weil, il faut se garder comme de la lèpre de ce mal qui ronge les milieux politiques mais aussi la pensée tout entière. Contre les passions collectives, elle brandit l'arme de la raison individuelle.
Simone Weil laisse le souvenir d'une figure étrange, surhumaine par certains aspects, qui attire et repousse en même temps. On lui reconnaît une puissance intellectuelle exceptionnelle, une force morale digne des héros, un courage et un esprit de résistance hors pair, mais une intransigeance dans l'existence qui fait peur et qui s'accompagne d'une lucidité souvent prophétique.De son vivant, comme aujourd'hui, elle dérange, irrite, scandalise, tout en suscitant l'attachement le plus vif.Plus de cinquante ans après sa disparition, on est enfin en mesure d'embrasser la totalité d'une vie et d'une oeuvre foisonnante, et d'en dégager la cohérence dans toute sa force.Le but de ce volume est de faire tenir ensemble la militante, la philosophe et la mystique, car tout est solidaire dans cette pensée aux vues puissamment convergentes.Enfin, une série de témoignages sur Simone Weil, la réception de son oeuvre (Blanchot, Cioran, Sperber...) et sa diffusion à l'étranger complètent ce volume et lui apportent de précieux éclairages.
En 1943, alors qu'elle a rejoint, à Londres, le commissariat à l'Intérieur de la France combattante, Simone Weil écrit ce qui sera sa dernière oeuvre. Sa mort prématurée quelques mois plus tard met fin brutalement à la rédaction de ce texte majeur par lequel elle entendait apporter sa contribution à la France d'après-guerre.
Prélude à la nouvelle Déclaration des droits de l'homme souhaitée par le général de Gaulle, essai sur les causes du déracinement du peuple français et sur les conditions de sa renaissance, méditation sur la force et sur l'obéissance, L'Enracinement est aussi le testament spirituel de Simone Weil. Selon Albert Camus, qui l'édita pour la première fois en 1949, ce livre « d'une audace parfois terrible, impitoyable et en même temps admirablement mesuré, d'un christianisme authentique et très pur, est une leçon souvent amère, mais d'une rare élévation de pensée ».
Existe-t-il une voie de salut en dehors des dogmes et des rituels de l'Église chrétienne ? La quête de la vérité est-elle compatible avec la religion chrétienne ? Telles sont les interrogations vitales qui habitent, en 1941, la femme de pensée et d'action que fût Simone Weil à propos de sa vocation chrétienne, et qui font obstacle à sa pleine adhésion à l'Église. Rédigée au coeur de la guerre, adressée au père dominicain Couturier, cette Lettre à un religieux expose les questionnements et les réserves qui accompagnent sa quête spirituelle, sa conversion au christianisme. Or son esprit radical, nourri de philosophie grecque, exige des réponses fermes, une clarté absolue sur les points de contradictions de fond et de forme du christianisme. Simone Weil entreprend ici l'examen de conscience de ses valeurs spirituelles.
En mai-juin 1936, une vague de grèves éclate en France, juste après la victoire électorale du Front populaire. Elle atteint son apogée le 11 juin avec près de deux millions de grévistes. La revue syndicaliste La Révolution prolétarienne publie alors, sous pseudonyme, un article devenu célèbre de Simone Weil qui donne tout à la fois une description accablante de la condition ouvrière dans la métallurgie - le secteur le plus en pointe dans le conflit - et un éclairage inégalé sur la nature et le climat de ces grèves en soulignant leur caractère inédit : les occupations d'usines.
En reprenant trois articles, il s'agit de mettre en avant la lucidité et le génie d'une philosophe qui n'hésita pas à se faire ouvrière, et de rappeler que la grandeur et l'importance des combats ouvriers.
«On sait bien que ce qu'on a en fait de bien, richesse, pouvoir, considération, connaissances, amour de ceux qu'on aime, prospérité de ceux qu'on aime, et ainsi de suite, ne suffit pas à satisfaire. Mais on croit que le jour où on en aura un peu plus on sera satisfait. On le croit parce qu'on se ment à soi-même. Car si on y pense vraiment quelques instants, on sait que cela est faux».
Un cheminement vers la paix intérieure servi par une langue belle et simple qui va droit au coeur.
Ce livre nous apprend le vrai sens de l'illumination qui a fait passer Simone Weil d'un agnosticisme anticlérical à une recherche religieuse qui n'a plus cessé jusqu'à sa mort.
Il apporte aussi la réponse à des questions qu'un public de plus en plus étendu, et de tous les pays, n'a cessé de se poser en lisant les différentes publications posthumes qui se sont succédées de façon désordonnée durant ces quinze dernières années.
Le titre Attente de Dieu désigne bien l'attitude spirituelle fondamentale de Simone Weil. A condition de l'entendre, non dans un sens passif et définitif, mais comme l'ardente " vigilance du serviteur tendu vers le retour du maître " et comme le stade provisoire d'une recherche qui préfère au plaisir de la chasse l'écoute de la vérité en une intime communion. L'expérience intérieure s'exprime donc dans ces pages avec le double accent de l'intensité et de l'inachevé. C'est un dialogue avec soi-même, avec les autres, avec Dieu, jusqu'aux niveaux les plus profonds et les plus émouvants de l'existence, dans lequel le lecteur se sent constamment interpellé et entraîné.
Née à Paris le 3 février 1909, Simone Weil a été élevée dans un complet agnosticisme. Elle éprouve un sens aigu de la misère humaine, qui engendre en elle le plus vif sentiment de compassion envers les pauvres, les travailleurs, les deshérités. Elle est anti-religieuse, militante syndicaliste, éprise de la révolution prolétarienne, mais indépendante de tout parti. Jeune agrégée de philosophie elle partage son salaire avec des chômeurs. En 1934, elle abandonne sa chaire de professeur et se fait ouvrière. En 1936, elle s'engage dans la guerre d'Espagne. En 1938, une illumination transforme sa vie: " Le Christ est descendu et m'a prise. ". En 1941, réfugiée dans le midi, elle fait la connaissance des Dominicains de Marseille et de Gustave Thibon; elle diffuse Témoignage chrétien. En 1942, elle s'embarque pour New-York avec ses parents; elle n'a de cesse de servir, à Londres où elle arrive fin novembre 1942. Mais la souffrance morale, intellectuelle, physique l'achemine rapidement à l'hôpital, puis au sanatorium d'Ashford, où elle meurt le 24 août 1943.
De toute son oeuvre, ces pages spontanées et brûlantes sont des plus propres à communiquer ce qu'elle appelait ses " intuitions pré-chrétiennes " et à faire comprendre ses hésitations personnelles devant le baptême sacramentel.
« Les hommes se reproduisent, non le fer. » Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d´alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Elle nous parvient aujourd´hui alors que les menaces qu´elle avait identifiées s´accomplissent : le système capitaliste est sur le point de se heurter aux limites de notre planète. Aucune existence humaine n´échappant à la nécessité des besoins, ceux conjoints du corps et de l´âme, Simone Weil a tenté de concevoir un projet de civilisation capable d´accorder la tension entre liberté et nécessité. Par son exigence d´une pensée lucide, le refus de la force et de la vitesse, la coopération, la décentralisation, l´amitié et le sens de la beauté, son projet annonce celui de la décroissance. Pour Geneviève Azam et Françoise Valon, son appel à une dissidence ultime doit donc plus que jamais être entendu.
"Venise sauvée" est une pièce de théâtre inachevée de Simone Weil sur le projet avorté du renversement de la République Vénitienne par les Espagnoles en 1618. Le texte dramaturgique est intégralement imprégné des idées et de la philosophie de l'auteure, dont il constitue un mode l'exposition tout à fait original et singulier. Il s'agit de l'une des très rares oeuvres "littéraire" dont nous disposons de la main de Simone Weil.
Ecoutons son jugement car il dit vrai : oui, nous avons commis un crime en laissant salir la littérature, en sacrant "écrivains" de vulgaires rédacteurs à peine dignes de signer des réclames pour crème de beauté, en laissant les moeurs littéraires s'abîmer dans des bassesses incroyables. Nous en portons tous, douloureusement, la responsabilité. Ces quatre textes de Simone Weil sont là comme un espoir, pour nous rappeler à "la haute littérature" comme valeur à retrouver, et nous faire "pousser des ailes contre la pesanteur" d'un monde qui s'est séparé de l'esprit.
Sylvie Crossman, directrice éditoriale "Le seul grand esprit de notre temps" , disait, de la philosophe Simone Weil, Albert Camus, son éditeur posthume qui gardait toujours sur lui une photo d'elle. Elle s'engagea en usine pour vivre l'oppression de la condition ouvrière ; rejoignit le camp des anarchistes pendant la Guerre d'Espagne ; la France libre du général de Gaulle, à Londres, limitant sa nourriture par solidarité avec les Français soumis au rationnement.
Elle mourut d'épuisement et de tuberculose, le 24 août 1943, au sanatorium d'Ashford, en Angleterre, à l'âge de 34 ans.
Ce livre permet de suivre la cohérence du parcours de Simone Weil à travers des articles écrits tout au long de sa vie. Partant de son engagement anarcho-syndicaliste et de la critique du marxisme, elle s'immerge dans la vie et le quotidien des ouvriers durant une année. Cette expérience lui inspirera une théorie de la force et du malheur. La force supprime l'humain et transforme l'homme en chose. Le malheur détruit l'âme, rend muet et empêche toute pensée et toute action.
En refusant de détourner le regard de cette violence inouïe, Simone Weil produit une pensée vivante et en mouvement, dont la puissance résonne comme un cri d'alarme épris de liberté pour réveiller nos temps aphones.