Vingt-cinq lettres pleines d'esprit, écrites dans les années 1960, par un Doisneau dont elles fixent l'image au quotidien, côté vie et côté métier, restituant la voix si singulière d'un homme de talent qui jamais ne perdit sa fantaisie. À lire ces pages savoureuses que Robert Doisneau (1912-1994) adresse à Maurice Baquet (1911-2005), célèbre violoncelliste et acteur français, à voir les réjouissantes photos qu'il fit de lui, on comprend que ces deux-là s'étaient juré de ne pas se prendre au sérieux, et qu'ils tinrent parole. Ce livre est donc une histoire d'amitié en même temps qu'un hommage. Pour saluer l'artiste. Les artistes.
"Quand j'ai sauté en marche dans la photographie, elle était en bois. Aujourd'hui, la voici devenue quasiment électronique. Je reste le nez à la portière avec la même curiosité que le premier jour".
Celui qui a vu défiler le XXe siècle devant son objectif jamais ne se prenait au sérieux, et c'est lui tout entier, sa verve, sa drôlerie, sa tendresse, qu'on retrouve dans ces textes, fruit d'un échange épistolaire de cinq années avec Jean-Luc Mercié, l'éditeur original du livre (chez Belfond, en 1989).
Ici, souvenirs, anecdotes, portraits s'ordonnent comme autant de prolongements poétiques des images de Doisneau. Et si on voit défiler Cendrars, Braque, Brancusi, Léautaud, Picasso, Léger ou Cavanna, on retourne aussi au temps où le photographe, qui travaillait avec du magnésium en poudre, était reçu à la cuisine avec un verre de rouge...